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SITUATION ACTUELLE DE LA PÊCHE DANS LES PROVINCES DE L’ESTUAIRE

4.1. La pêche industrielle côtière et sa pression sur les ressources halieutiques dans ces deux provinces

4.1.1. L’évolution de la capacité de la pêche industrielle dans ces deux provinces

La capacité d'exploitation est le produit de l'effort de pêche et de l'efficacité conjuguée de l'engin de pêche et du navire de pêche (par exemple, la capacité de chargement, la puissance du moteur, le rayon d'action, l'équipement de navigation et de détection du poisson), ainsi que des compétences de l'équipage (Bjordal, 2001).

Le concept d'utilisation de la capacité est une notion bien connue en économie, qui comporte de nombreuses applications dans le domaine industriel. Toutefois, l'application de cette notion au secteur de la pêche est relativement nouvelle et limitée (Ward et Metzner, 2004).

La capacité de pêche est analysée à travers un ensemble d’indicateurs décrivant la flottille de pêche et ses caractéristiques techniques, notamment la puissance motrice et le nombre de tonneaux de jauge brute (TJB). La flottille renvoie au nombre d’unités de pêche (bateaux) impliquées dans les pêcheries et son rôle apparaît primordial dans l’efficacité de tout acte de pêche depuis de longue date (Doumengue, 1965). En effet, la capacité technique, au centre de laquelle il y a les armements, détermine en partie l’importance des captures de chaque zone de pêche.

Bref, au cours de la période 1980-200949, la flotte industrielle dans ces deux provinces a augmenté de manière régulière et peut être répartie en deux périodes entre 1980 et 2009, marquée par de fortes fluctuations (figure 6). Ainsi, de 1980 à 2000, la flottille augmente de façon relativement régulière, ponctuée par quelques baisses (1994 et surtout en 1997 causée par le pavillon étranger). Elle passe ainsi de 31 bateaux en 1980 à 126 bateaux (le pic de la flottille) dont 92 bateaux battants pavillons étrangers pour 34 bateaux sous pavillon gabonais. A partir de 2001, la flottille s’oriente vers un déclin progressif, en dépit d’une légère remontée

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Nous avons décidé de partir de 1980, période à partir de laquelle la Convention des Nations Unies sur le droit

de la mer a été adoptée et la mise en place des ZEE. 49

Nous nous sommes arrêté en 2009 parce qu’il n’a pas été possible d’obtenir les dernières données de 2010 et 2011, en cours de traitement. Le Gabon connait, en effet, une difficulté de traitement de données à temps, suite à un problème de collecte de celles-ci sur l’ensemble du pays dû à une insuffisance d’agents et de moyens matériel et financier.

en 2002, et se retrouve actuellement à une quarantaine de bateaux depuis 2009 (43 bateaux).

Figure 6 : Évolution des navires de pêche dans l’Estuaire et l’OM50 de 1980 à 2009

0 20 40 60 80 100 120 140 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 Année N a v ir e Total navire Gabonais Etrangers

Source : Données de la DGPA

Sur les 1900 bateaux ayant exercé dans les eaux sous juridiction gabonaise, sur l’ensemble de la période, 1092 (soit 57,47%) étaient des navires sous pavillon étranger et seulement 808 (soit 42,52%) sous pavillon gabonais. La domination du pavillon gabonais s’observe uniquement au début des années 80 et légèrement en 2007 et 2008 avant d’être encore dépassée en 2009.

La flotte gabonaise s’est amenuisée au fil des années alors qu’on recensait une quarantaine de navires en 1995. Selon Ndjimbi (2011), la plupart des 16 navires identifiés en 2009 n’auraient aucune partie liée avec des intérêts proprement gabonais, même s’ils battent pavillon du pays. A ce jour, l’Armement de pêche gabonaise (APG), financée par le Crédit maritime de Bretagne, reste la seule entreprise de pêche industrielle encore en activité au Port-môle, port de pêche de Libreville. Ses bateaux battent pavillon étranger et l’essentiel de sa production est vendue au Cameroun où il s’approvisionne en gas-oil parce qu’il y est meilleur marché. « Après avoir pêché sur les 800 km de côtes du Gabon, il n’y revend qu’une partie résiduelle de sa production», assure un membre de la capitainerie du Port-môle qui ne cache pas son agacement.

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Par ailleurs, ces différents navires sont répartis en plusieurs catégories. Dans le détail, l’évolution du nombre de navires entre 1995 et 2009 par catégorie de pêche est indiquée dans le tableau suivant :

Tableau 7 : Évolution de navires par catégorie de pêche 1995-2009

Années Chalutiers Crevettiers

Poiss-

Crevet Collecteurs Crabiers Langoustiers Caseyeurs Thoniers Tot

1995 35 29 0 13 0 0 0 34 11 1996 20 24 0 9 0 0 0 33 86 1997 19 25 0 6 0 0 0 0 50 1998 36 29 0 3 0 0 0 21 89 1999 33 31 0 3 0 0 1 17 85 2000 34 35 0 6 0 0 1 50 126 2001 26 32 0 0 0 0 1 0 59 2002 36 42 0 0 0 0 1 8 87 2003 23 33 0 4 2 1 0 11 74 2004 29 35 0 2 2 0 0 10 78 2005 38 22 0 1 0 0 0 0 61 2006 25 14 16 3 2 0 0 0 60 2007 23 14 11 3 2 0 0 0 53 2008 21 12 9 2 2 0 0 0 46 2009 20 12 8 2 1 0 0 0 43 Source : Données de la DGPA

Le segment chalutier (poissons et crevettes) est actuellement de loin le plus important dans la mesure où il représentait en 2009 plus de 90% des navires. A noter que les navires crevettiers se distinguent en deux sous segments : les navires exploitant les crevettes côtières de type Penaeus et les navires exploitant les crevettes profondes situées en bas de la pente du plateau continental autour de 500 m de fond. Ces derniers navires sont de capacité supérieure à celles de navires travaillant la crevette côtière.

Parallèlement à cette évolution de la flotte, les caractéristiques techniques des navires de la pêche industrielle, c’est-à-dire la puissance motrice et le nombre de tonneaux jauge brut, ont connues aussi des évolutions. Dans les années 70-80, les navires avaient une capacité (TJB) variant entre 51 et 500 TJB et une puissance de 330 CV environ (FAO, 1986). Aujourd’hui, le nombre de TJB n’a presque pas changé (49-436 TJB, pour les bateaux étrangers et 30-337 TJB pour les navires gabonais) mais l’accent est mis sur la puissance motrice pour aller de plus en plus loin et de plus en plus vite. Cette puissance varie entre 220 et 1858 CV pour le pavillon étranger et entre 166 et 1170 CV, pour le pavillon gabonais (cf. annexe 2). C’est le navire collecteur de la société coréenne SEOKYUNG CORPORATION (battant pavillon étranger avec pour port d’attache Las Palmas) qui est actuellement le plus grand des bateaux de pêche industrielle au Gabon avec une capacité de 395 TJB et une puissance de 1858 CV. On peut également citer, comme exemple, les navires crevettiers de la société gabonaise de pêche (GABOPECHE) (dénommés ONTRE 4 et ROSA MADRE) d’une capacité, respectivement de 267 et 270 TJB pour une puissance de 1170 chacun. Leur port d’attache se trouve à Sao Tomé et Principe.

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