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CADRE GÉNÉRAL DE L’ÉTUDE

1.1. Le développement de la pêche de capture

1.1.2. Les facteurs explicatifs du développement de la pêche

1.1.2.4. La modernisation du secteur de la pêche

a) La révolution des moyens de transports et de conservation des produits halieutiques

Du fait du caractère périssable du poisson, les progrès accomplis dans le transport réfrigéré sur longue distance ainsi que les expéditions accélérées de volumes importants de marchandises ont facilité les échanges et, partant, la consommation d’un échantillonnage élargi d’espèces et de types de produits, y compris le poisson vivant ou frais. En effet, il faut bien reconnaître que cette extension n’aurait pu se produire si, parallèlement, des progrès décisifs n’avaient été accomplis dans la conservation et le traitement des denrées périssables. Les procédés de mise en conserve, de réfrigération et de congélation, l’amélioration des méthodes traditionnelles de salage, séchage, fumage, la mise au point de nouvelles techniques de préparation (marinades), de conservation sous vide, de valorisation d’espèces jusque-là délaissées (surimi), autant d’innovations qui permirent d’apporter une réponse au problème capital posé depuis toujours par le caractère hautement périssable des animaux aquatiques (Chaussade, 1998).

Selon Chaussade (ibid), la grande nouveauté du XIXe siècle vint aussi de la possibilité d’organiser la diffusion des produits frais sur une base régulière et de porter le volume des transactions à un niveau jamais atteint auparavant. Cela fut rendu possible par la double révolution de la glace et des transports. En effet, la création d’un réseau de chemin de fer et plus tard la modernisation du réseau routier contribuèrent à accroître d’une manière radicale la vitesse d’acheminement des prises depuis les lieux de pêche jusqu’aux centres de consommation. A ce gain de temps, il faudrait ajouter d’autres innovations aussi importantes, comme la fabrication artificielle de la glace, l’isolation thermique des cales de bateaux, les emballages en carton ou en polystyrène, la réfrigération des wagons et des camions de transport, l’installation des comptoirs réfrigérés dans les magasins de distribution, la diffusion des réfrigérateurs chez les particuliers, etc. Toutes ces innovations n’ont d’autre but que d’établir une véritable chaîne du froid sur tout le trajet qu’effectue le poisson, depuis le moment où il est sorti de l’eau jusqu’à celui où il est apprêté et cuisiné. Les consommateurs des pays riches réclament de plus en plus des normes élevées pour ce qui a trait à la fraîcheur des aliments, à la palette de choix, au caractère pratique et à la sécurité sanitaire, en particulier

pour ce qui est des garanties de qualité telles que la traçabilité, les prescriptions en matière d’emballage et la surveillance des processus de transformation (FAO, 2010).

b) Le progrès technique et technologique

L’extension considérable du marché des produits de la mer a eu pour effet d’activer les activités de pêche et de leur faire bénéficier de toutes les avancées scientifiques et techniques réalisées dans le domaine de la navigation maritime, des systèmes de détection et de capture des poissons. En effet, depuis quelques décennies, les techniques se sont modernisées avec une véritable industrialisation de la pêche. Ainsi, les progrès accomplis en matière de propulsion ont permis au bateau d’acquérir plus de puissance et donc d’autonomie vis-à-vis des aléas climatiques conditionnant les sorties en mer et les retours de pêche. Cette envie d’aller de plus en plus loin est alimentée par le besoin pour les marins pêcheurs soit de capturer des espèces rares à haute valeur ajoutée, soit de rechercher des espèces prolifiques que l’on est assuré de pêcher en masse, soit, de plus en plus, parce que les eaux proches des littoraux s’épuisent.

L’infinie diversité des conditions de captures et l’intarissable ingéniosité des hommes ont abouti à un très riche catalogue d’engins de pêche. Le principal bénéficiaire en fut le chalut (Chaussade, 1998). Grâce à la force de traction plus forte et plus régulière qu’offraient les nouvelles unités de pêche, son usage s’étendit à l’ensemble des flottes des pays développés. Dragues à coquillages, casiers pour crustacés, filets traînants comme le chalut ou tournant comme la ligne flottante, ligne de fond, etc., tous ces engins ont été révolutionnés. Aujourd’hui, les filets tournants peuvent atteindre 1000 m de long et 100 m de haut, les lignes pour les thons des dizaines de km de long (Bavoux et Bavoux, 1998). Autre point capital, l’apparition des fibres synthétiques, offrant des qualités de solidité que ne possèdent pas les fibres de coton. Aussi, on a vu apparaître des navires-usines dans les pays développés de plus en plus gros, avec des équipages de plusieurs centaines de personnes, capables de traiter plus de 300 tonnes de poisson par jour.

Simultanément, les techniques de repérage de captures firent de gros progrès au point de substituer la pêche sur cible à la pêche en aveugle largement pratiquée jusque-là. Le point de départ en fut donné par les sondeurs-détecteurs travaillant à la verticale du navire puis par le sonar dont la très grande puissance d’émission et de sensibilité à la réception rend possible la

détection des bancs de poissons situés à plusieurs kilomètres du bateau. De plus, pour mieux contrôler l’engin au travail et sa localisation par rapport au fond, l’idée vint de monter un sondeur sur la corde de dos du chalut ; ce dispositif électronique informe le pêcheur de la profondeur à laquelle se trouve le chalut, de sa hauteur d’ouverture et de la présence ou non de concentrations à l’entrée de l’engin. Enfin, l’application à la pêche des différents systèmes de radionavigation (Decca, Loran-C, Omega) facilita le repérage en mer et rendit possible l’établissement de véritables circuits de chalutage à travers les hauts fonds autrefois inaccessibles. Le positionnement en mer a encore été amélioré ces dernières années par l’utilisation de satellites qui, tel le GPS (Global Positioning System), couvre pratiquement l’ensemble des mers du monde.

Ainsi, un nombre incalculable d’innovations sont menées dans le secteur des pêches. Ce qui d’ailleurs avait amené Chaussade (1998) à affirmer que « Dans le domaine maritime, plus que

partout ailleurs peut-être, le progrès technique s’est intégré dans une chaîne où chaque perfectionnement en a généré d’autres dans une spirale sans fin et une course effrénée à l’investissement ».

L’offre mondiale en protéines aquatiques a certes considérablement augmenté depuis un demi- siècle ; pourtant, elle ne contribue pas suffisamment à améliorer la sécurité alimentaire et elle génère des dysfonctionnements, des effets pervers qui, à terme, peuvent conduire à de graves conséquences socio-économiques et environnementales.

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