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- LES ORIENTATIONS DE LA GESTION FINANCIÈRE AUX DIFFÉRENTS STADES

PAR L'ENVIRONNEMENT FINANCIER SUR LA GESTION FINANCIÈRE

SECTION 2 - LES ORIENTATIONS DE LA GESTION FINANCIÈRE AUX DIFFÉRENTS STADES

DU DÉVELOPPEMENT FINANCIER GLOBAL

Aux différents stades du développement financier, le contenu et les orientations de la gestion financière sont conditionnés par les caractéristiques générales de l'environnement dans lequel l'entreprise s'inscrit.

A - LA GESTION FINANCIERE DES ENTREPRISES DANS UN SYSTÈME FINANCIER ÉMERGENT

Les orientations de la gestion financière dans un système financier émergent sont d'abord déterminées par la faiblesse des possibilités de financement externe.

1. Par exemple, l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) dispose d'un marché monétaire depuis le lerjuillet 1975. Voir Bulletin de la Banque des États de l'Afrique de l'Ouest. N° 395. Juillet 1990.

Les limites inhérentes aux taux d'épargne intérieure, aux capacités de collecte et de transformation des établissements de crédit, affectent défavorablement l'offre de fonds prêtables. Ces limites se font sentir de façon d'autant plus sévère que les prélèvements opérés par les administrations et entités publiques se traduisent par une éviction partielle des emprunteurs privés. En conséquence, la gestion financière des entreprises est contrainte de veiller à la formation et à l'allocation de ressources d'autofinancement qui constituent la seule source régulière de fonds, accessible à la plupart des unités.

Par ailleurs, l'absence d'une gamme étoffée d'instruments de placements modernes res-treint les possibilités de gestion d'un portefeuille d'actifs financiers émis sur le marché intérieur. En conséquence, la gestion des excédents de liquidités, lorsque certaines entre-prises parviennent à en dégager, reste enfermée dans des possibilités de choix étroites et ne requiert pas une technicité très élaborée.

Enfin, les difficultés de fonctionnement des systèmes de règlement, les délais d'encais-sement de créances et même des chèques mis en recouvrement sont une source de risques et de coûts particulièrement préoccupante pour les entreprises. Les financiers sont donc contraints de consacrer une large part de leurs efforts à la gestion des règlements reçus ou effectués. Dans le contexte des économies à système financier émergent, la gestion finan-cière se trouve ainsi principalement orientée vers la maîtrise des règlements et vers la for-mation et l'utilisation des ressources d'autofinancement pour la plupart des entreprises.

Leur accès au financement externe, assuré par les banques ou autres établissements de crédit, constitue pourtant un enjeu majeur. Cependant, la faiblesse des mécanismes de mobilisation et d'allocation de l'épargne entraîne un double effet de rationnement du cré-dit. Du côté de la demande de fonds, les entreprises sont dissuadées d'exprimer une demande de financement externe et sont incitées à subordonner leur rythme de déve-loppement aux possibilités de financement interne. Du côté de l'offre de fonds, les épar-gnants et les établissements de crédits peuvent pour leur part regretter l'absence d'oppor-tunités de placement ou de crédit, orientées vers des projets viables et dignes de confiance.

B - LA GESTION FINANCIERE DES ENTREPRISES

DANS UNE ÉCONOMIE D'INTERMÉDIATION FINANCIÈRE

Dans une économie d'intermédiation financière, la gestion financière des entreprises s'oriente principalement vers la conduite des relations avec les banques et autres éta-blissements de crédit.

En premier lieu, il revient aux responsables financiers d'assurer le suivi et l'ajuste-ment des flux de règlel'ajuste-ment transitant par les comptes bancaires de l'entreprise. Dans les économies à système financier émergent, le développement des transactions moné-taires se heurtait à des obstacles ou à des difficultés dûs à la faiblesse des supports insti-tutionnels qui lui étaient ménagés ; dans des économies d'intermédiation, le fonctionne-ment des mécanismes de règlefonctionne-ment est au contraire assuré de façon fiable et régulière par les établissements de crédit. Ces derniers centralisent la plus grande part des avoirs moné-taires détenus par les entreprises et les particuliers sur des comptes courants bancaires, alors que les avoirs en billets occupent désormais une place réduite. Les établissements de crédit centralisent également l'essentiel des placements en mobilisant les ressources des particuliers sur des comptes d'épargne et autres produits classiques, celles des entre-prises sur des dépôts à terme (« comptes bloqués »).

GESTION FINANCIERE DE L'ENTREPRISE ET DEVELOPPEMENT FINANCIER

En second lieu, les responsables financiers adressent principalement leurs demandes de financement aux établissements de crédit. Ceux-ci constituent désormais la source principale de financement externe et, le plus souvent, sa source exclusive. D'abord orien-tés vers le financement de concours à court terme, les intermédiaires financiers étendent progressivement leur domaine d'intervention pour y intégrer le crédit à moyen et long terme, notamment orienté vers l'investissement. Cependant, cette extension ne s'opère pas de façon linéaire et fluide. Elle est passée dans la plupart des pays, par des crises de recouvrement dues à une mauvaise appréciation des risques liés à ces engagements dura-bles : les établissements de crédit ont été ainsi soumis à un processus d'apprentissage périlleux et coûteux, jalonné de faillites bancaires et de périodes de repli.

Pour les gestionnaires financiers des entreprises, cette évolution se traduit par une nette modification de leurs solutions de financement. Dans une première étape, ils s'adressent aux banques pour le financement de leurs opérations à court terme mais doivent couvrir leurs besoins d'équipement sur des ressources propres ou sur l'autofinancement ; dans cer-tains cas, l'existence d'intermédiaires financiers spécialisés permet bien d'obtenir des fonds destinés à financer l'investissement, mais cette contribution reste marginale. Dans une seconde étape, la diversification des modes de crédit proposés par les intermédiaires permet aux responsables d'entreprises de négocier auprès d'eux des concours à court, mais aussi à moyen et long terme.

Enfin, dans les économies d'intermédiation financière, les marchés de capitaux conti-nuent de jouer un rôle secondaire dans la mobilisation et l'allocation des fonds prê-tables. En conséquence, la plupart des gestionnaires financiers d'entreprise ne peuvent envisager de faire appel à ces marchés pour se procurer des fonds par émission d'actions, d'obligations ou de titres à court terme. Seules les unités les plus importantes peuvent éventuellement recourir à de telles opérations et donc conserver une réelle pos-sibilité d'arbitrage entre financement par le marché et financement par les établisse-ments de crédit.

Au total, les économies d'intermédiation financière mettent à la disposition des res-ponsables d'entreprises des moyens de financement, des instruments de placement et toute une gamme de services qui tendent à répondre, de façon plus diversifiée, à leurs dif-férents besoins. Cependant, ces économies n'offrent pas aux gestionnaires financiers de solutions alternatives par rapport à celles proposées par les établissements de crédit ; elles ne peuvent faire jouer la concurrence entre les solutions de financement et de placement proposées par les marchés des capitaux et celles proposées par les intermédiaires financiers.

C - LA GESTION FINANCIERE DES ENTREPRISES DANS UNE ÉCONOMIE DE MARCHÉ FINANCIER

Pour les responsables des entreprises, les économies de marché financier semblent, à première vue, multiplier leurs possibilités de choix. Elles leur permettraient ainsi de rechercher les solutions de financement, de placement ou de couverture des risques qui leur assurent une réponse ajustée aux besoins de l'entreprise, au meilleur coût (pour les instruments de financement et de couverture) ou au meilleur rendement (pour les instru-ments de placement).

Cette extension des possibilités de choix est due au développement conjoint de mar-chés et d'institutions financières plus ou moins spécialisés, mais reliés les uns aux autres pour constituer un vaste marché de l'argent. Cette « banalisation » de l'espace financier favorise la multiplication des instruments financiers répondant à des besoins diversifiés.

Elle donne aux particuliers comme aux entreprises la possibilité de mettre en concurrence des produits et des circuits alternatifs pour rechercher la solution qui correspond le mieux à leurs contraintes et à leurs préférences. En outre, la cohérence d'ensemble du système financier reste assurée par des mécanismes de transmission qui mettent en relation les dif-férents marchés (marché financier pour les opérations à long et moyen terme et marché monétaire pour les opérations à court terme), les différents produits, les différents taux d'intérêt.

Cependant, les économies de marché financier exposent les gestionnaires des entre-prises à des difficultés nouvelles. D'une part, les marchés financiers subissent des phé-nomènes d'instabilité qui affectent les taux d'intérêt, les taux de change et la valeur des actifs financiers. Or, l'instabilité de ces variables peut entraîner des pertes sévères et des perturbations graves pour la gestion financière des entreprises ; elle constitue donc la cause d'une aggravation des risques financiers. D'autre part, les économies de marché exercent une contrainte financière plus sévère sur les entreprises. Si celles-ci ont dés-ormais accès à des possibilités de financement élargies sur les marchés des capitaux, elles sont également soumises à une pression continue des acquéreurs de titres (actions et obli-gations notamment) qui, ayant apporté des ressources aux entreprises, contrôlent en per-manence l'évolution de leurs performances et de leurs risques. En outre, les possibilités de placement offertes sur les marchés des capitaux conduisent à comparer avec plus de rigueur le rendement offert par les produits financiers et celui attendu d'investissements réels, industriels et commerciaux ; de ce fait, la sélection des projets d'investissement pro-ductifs devient plus sévère et seuls les plus efficaces d'entre eux peuvent bénéficier d'une confrontation favorable avec des placements financiers alternatifs.

En fin de compte, les économies de marché financier fournissent à la gestion financière des possibilités de choix élargies, mais rendent aussi les décisions plus complexes et plus risquées. Il reste que cet enrichissement des tâches de la gestion financière affecte inéga-lement les entreprises. Les plus grandes bénéficient pleinement de la possibilité de com-biner relations avec les marchés et relations avec les établissements de crédit, au mieux de leurs intérêts. En revanche, les petites et moyennes entreprises paraissent moins bien armées pour accéder aux marchés et peuvent donc redouter de se trouver enfermées dans un rapport obligé avec les établissements de crédit. Cependant, même dans ce cas, l'exis-tence de marchés actifs exerce une pression sur ces établissements et les contraint à tenir davantage compte des besoins de leurs clients qu'ils ne le feraient dans une économie d'intermédiation.

GESTION FINANCIERE DE L'ENTREPRISE ET DEVELOPPEMENT FINANCIER

Figure 2 - Le financement externe

Économie