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3 - Développement financier et différenciation des institutions et des marchés financiers

Le développement du système financier se traduit par une diversification des instru-ments ou actifs financiers. Or, cette diversification n'est possible que grâce à l'inter-vention d'opérateurs spécialisés, qui assurent la création, le stockage, la mise en circula-tion de ces actifs et qui, le plus souvent, jouent un rôle essentiel pour l'encadrement et l'exécution des opérations financières, c'est-à-dire les transactions auxquelles ces instru-ments donnent lieu. Les opérateurs concernés interviennent dans le cadre d'institutions et de marchés financiers dont la différenciation et la multiplication constituent une seconde manifestation marquante du développement financier.

Le système financier comporte un ensemble hiérarchisé d'institutions, de circuits et de marchés qui permettent aux entreprises et autres organisations exprimant des besoins de financement de se procurer les ressources nécessaires au maintien ou au développement de leurs activités. Le schéma 5 fournit une représentation du système financier dans ses principales composantes. Il met en évidence l'intervention d'un ensemble d'institutions, les « intermédiaires financiers » (1) et (2), et d'un ensemble de marchés [(3), (4), (5)]

qui assument cette mission générale d'organisation du financement.

STRUCTURE FINANCIERE ET DEVELOPPEMENT FINANCIER

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Figure 5 - Les composantes du système financier

Entreprises et autres agents à besoins de financement

Intermédiaires financiers non

bancaires (2)

Ménages et autres agents à capacités de financement

a) Les intermédiaires financiers

Les intermédiaires financiers sont des organismes spécialisés dans la conduite d'opé-rations financières [(1) et (2)], sans en avoir toutefois le monopole. En effet, l'ensemble des entreprises industrielles, commerciales ou tertiaires exécutent également des opéra-tions financières - ainsi d'ailleurs que les particuliers, les associaopéra-tions et les organisaopéra-tions en général. Mais pour tous ces agents, les opérations financières ont un caractère soit occasionnel, soit subordonné à des considérations extra-financières : elles sont le plus souvent induites par des opérations d'approvisionnement, de consommation, d'investisse-ment, de production, de vente liées à l'objet économique fondamental de ces unités.

Les institutions appartenant au système financier ont, au contraire, pour vocation pro-pre de conduire des opérations financières, à titre principal sinon exclusif. Parmi les institutions jouant un rôle effectif en matière de financement, une distinction tra-ditionnelle s'impose cependant entre celles qui se bornent à assurer une fonction d'inter-médiation et celles qui exercent conjointement une fonction d'interd'inter-médiation et une fonc-tion de créafonc-tion monétaire.

Les institutions de crédit non monétaires n'ont en effet qu'un rôle d'intermédiation.

Elles se bornent donc à collecter, à transformer des ressources d'épargne, pour distribuer et pour financer des crédits. Pour ces organismes, c'est la collecte d'épargne et elle seule qui permet ainsi d'assurer le financement des crédits.

STRUCTURE FINANCIÈRE ET DÉVELOPPEMENT FINANCIER

Quant aux institutions de crédit monétaires qui, au sens large, correspondent au sys-tème bancaire, elles se caractérisent par le fait qu'elles assurent à la fois une fonction d'intermédiation et une fonction de création monétaire. Ces institutions jouent certes un rôle d'intermédiation puisqu'elles cherchent à drainer des ressources pour distribuer et pour financer des crédits. Mais elles ont, en outre, un pouvoir spécifique de création monétaire. À l'occasion d'un crédit à l'économie, elles peuvent par exemple créer du pou-voir d'achat monétaire à la disposition d'un emprunteur un dépôt à vue. Dans ce cas, ce sont alors « les crédits qui font les dépôts » : c'est parce qu'elles créent de la monnaie pour consentir un crédit que les banques constatent un accroissement de leurs dépôts.

Bien sûr, la monnaie créée à l'occasion de l'octroi d'un crédit sera ultérieurement détruite lorsque l'emprunteur le remboursera et on observe ainsi un flux et un reflux de la masse monétaire correspondant aux phases alternées de création et de destruction. Mais le renouvellement des opérations bancaires assure une certaine stabilité au stock d'avoirs monétaires et, généralement, sa croissance.

Ainsi, la base fonctionnelle, qui justifie la distinction entre institutions de crédit moné-taires et institutions de crédit non monémoné-taires apparaît fondamentale. Toutefois, l'évolu-tion récente tend à atténuer le caractère tranché de cette distincl'évolu-tion au moins dans le cas des pays à système financier développé.

b) Le rôle des différents marchés de capitaux

En outre, les systèmes financiers développés comportent un ensemble de marchés. Ces derniers représentent des « espaces » sur lesquels des titres s'échangent contre d'autres titres ou contre de la monnaie. Les titres circulant sur ces marchés représentent des droits de propriété (actions) ou de créance (obligations, bons, effets, billets de trésorerie, cer-tificats de dépôts ...)

Les transactions dont ils font l'objet peuvent être centralisés dans des lieux déterminés.

C'est le cas par exemple pour les « bourses de valeurs », principale composante du mar-ché financier, qui bénéficient d'une localisation précise. Certains autres marmar-chés ne cor-respondent au contraire qu'à un ensemble d'opérations effectuées par des opérateurs dis-persés dans l'espace, sans que l'offre et la demande soient centralisées en un lieu donné : c'est notamment le cas pour le marché monétaire.

La notion de marché ne correspond donc pas à une indication matérielle puisque le marché peut être totalement « délocalisé ». Cette notion s'impose essentiellement pour des raisons qui tiennent à la nature des transactions, à leur fréquence, à leur régularité, à l'homogénéité des titres échangés et à l'uniformisation relative des conditions dans les-quelles s'établissent les transactions portant sur ces titres.

Enfin, les intervenants sur ces marchés peuvent être exclusivement des intermédiaires financiers spécialisés (le marché monétaire fournit l'exemple d'un tel marché ainsi fermé), ou à la fois des intermédiaires financiers, des entreprises et autres organisations non finan-cières, voire de simples particuliers (c'est ce que l'on observe sur le marché financier).

Les trois marchés représentés dans la figure 5 interviennent, soit de façon directe, soit de façon indirecte, pour le financement des entreprises et de l'économie en général.

c) Le marché financier

En ce qui concerne le marché financier, il intervient directement dans le financement.

En effet, le marché financier remplit deux fonctions essentielles. D'une part, il permet à

des entreprises ou à d'autres institutions ayant des besoins de fonds de se financer en cédant à des apporteurs de capitaux des titres qui représentent soit des droits de propriété (par exemple des actions ), soit des droits de créance (par exemple des obligations). Ces opérations s'effectuent sur un marché primaire qui regroupe les nouvelles émissions, c'est-à-dire celles qui mettent effectivement en relation des agents à besoins de finance-ment et des agents à capacité de financefinance-ment.

Mais d'autre part, le marché financier comporte également un marché secondaire sur lesquels s'échangent en quelque sorte des titres « d'occasion ». De façon plus précise, les transactions concernées permettent à un porteur de titres (par exemple un détenteur d'actions émises lors d'une augmentation de capital) de les céder à un tiers. Dans ce cas, l'opération se traduit par une cession de titres contre de la monnaie entre le vendeur et l'acquéreur, sans que l'entreprise qui a créé les titres soit directement mise en cause. Elle subit un changement d'actionnaires ou un changement de créanciers mais ne supporte pas d'engagement nouveaux : le cédant des titres se contente de transférer les droits qu'il détenait sur l'entreprise à l'acquéreur. Inversement, l'entreprise émettrice des titres ne reçoit pas non plus d'apports nouveaux de fonds. Le marché secondaire ne joue donc pas un rôle direct de financement mais se borne à accroître la mobilité des placements financiers.

L'existence d'un marché secondaire actif assure aux investisseurs sur le marché finan-cier qu'ils pourront se dégager commodément et rapidement en cas de besoin, en cédant les titres qu'ils ont acquis à un tiers. Cette possibilité de cession est fondamentale car elle permet aux investisseurs de surmonter leurs réticences pour l'acquisition des titres à long et parfois à très long terme. A cet égard, le marché secondaire exerce donc une influence indirecte (mais qui peut être déterminante) sur la capacité de financement du marché financier dans son ensemble.

d) Le marché hypothécaire et le marché monétaire

Quant au marché hypothécaire et au marché monétaire, ils fournissent tra-ditionnellement des sources de refinancement pour les intermédiaires, financiers. C'est sur ces marchés que ces derniers peuvent, en effet, se procurer de l'argent frais pour pour-suivre leur activité de financement.

L'importance des mécanismes de refinancement est clairement illustrée par le fonc-tionnement du marché hypothécaire qui permet la « mobilisation » de créances à échéance généralement éloignée. En effet, des intermédiaires ayant financé des opéra-tions immobilières se trouvent détenir des créances sur les entreprises, instituopéra-tions ou par-ticuliers qui ont bénéficié de leurs concours. Ces créances à moyen ou long terme sont fréquemment assorties d'hypothèques, c'est-à-dire de gages qui en garantissent le recou-vrement. En cas de défaillance du débiteur lors d'une échéance d'intérêts ou de rem-boursement, le créancier bénéficiant de l'hypothèque pourra exiger la vente du bien hypo-théqué pour rentrer dans ses fonds. Compte tenu de la durée des crédits concernés, les intermédiaires qui financent des opérations immobilières engagent en principe leurs fonds à moyen ou long terme, même si le mécanisme hypothécaire leur donne des garanties quant à la bonne fin de l'opération. Or, la longueur de ces opérations pourrait décourager les initiatives des intermédiaires concernés, s'il n'existait pas de mécanisme leur per-mettant de se dégager avant terme, c'est-à-dire de rentrer dans leurs fonds avant l'échéance normale du prêt immobilier qu'ils ont consenti. Le marché hypothécaire assure précisément la mise en œuvre d'un tel mécanisme ; il permet aux intermédiaires, sous

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certaines conditions, de mobiliser leur créance, c'est-à-dire de la recouvrer avant son échéance normale. On dira que le marché hypothécaire permet aux intermédiaires concer-nés de se refinancer grâce à la cession de créances hypothécaires.

Le marché monétaire joue également un rôle de refinancement, mais utilise pour sup-port de ses transactions du papier généralement à court terme. Sur ce marché se ren-contrent d'abord des intermédiaires financiers. Mais, dans la plupart des pays à système financier développé, le marché monétaire n'est plus strictement un « marché inter-bancaire ». Il constitue aussi une instance de financement qui s'ouvre aux organismes financiers spécialisés, aux établissements financiers et même à des entités non finan-cières. Certains de ces intervenants présentent une situation d'excédent de trésorerie immédiate ou à telle ou telle échéance. D'autres intervenants présentent au contraire des besoins de trésorerie immédiats ou à terme. Le marché monétaire permet précisément d'orienter les excédents des uns vers les intervenants en déficit, permettant ainsi des ajus-tements de trésorerie.

En fin de compte, les marchés monétaire et hypothécaire apparaissaient traditionnelle-ment comme des marchés internes au système financier, comme des circuits financiers

« au second degré ». Contrairement au marché financier, leur rôle traditionnel ne consis-tait pas à nouer des relations de financement, mais visait à permettre aux institutions financières de s'engager dans des opérations de financement à terme, avec l'assurance qu'elles pourraient se « refinancer » en cas de besoin. Les tendances majeures de déve-loppement financier ont cependant conduit à l'ouverture de ces marchés à des opérateurs autres que des intermédiaires financiers et élargi notablement les fonctions qu'ils assu-ment. Ainsi, le marché monétaire joue, par exemple, un rôle nouveau dans la gestion de la trésorerie des grandes entreprises en leur permettant de placer leurs excédents éven-tuels. De même, il leur permet, à l'occasion de l'émission de billets de trésorerie (com-mercial paper) d'emprunter des ressources à court terme, en se plaçant directement en concurrence avec les établissements de crédit.

SECTION 2 - LES TENDANCES