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1 - Les modes de financement fondamentaux

a) Le problème général du financement

À un instant donné, trois types de situations coexistent au sein d'une économie nationale.

Certains opérateurs, particuliers, entreprises ou institutions diverses, ménagent un équi-libre rigoureux entre leurs ressources et leurs dépenses, immédiates et à venir. Ils cou-vrent leurs besoins de financement grâce à leurs ressources d'autofinancement et se trouvent donc totalement autonomes à l'égard de financements externes.

Certains agents prévoient des ressources qui dépassent leurs intentions de dépenses. Ils disposeront donc d'un excédent de ressources qui pourrait rester inutilisé, sauf si son détenteur trouve un moyen pour le mettre à la disposition d'autres agents susceptibles de lui trouver un emploi. Ces agents disposent d'une capacité de financement, c'est-à-dire de ressources qui pourraient être avancées à des tiers.

D'autres agents ont, au contraire, pour la période à venir, des projets de dépenses dont le montant dépasse celui de leurs revenus et de leurs disponibilités prévisibles. Il s'agit en particulier d'entreprises ayant des projets d'investissement ou d'extension de leur pro-duction. Il peut également s'agir de l'État si son budget est voté en déficit, de particuliers ayant l'intention de réaliser des dépenses exceptionnellement importantes (acquisition de biens durables, projets immobiliers...). Tous ces agents se trouvent donc en situation de déficit prévisionnel et devront renoncer à certains de leurs projets, sauf s'ils se procurent des fonds pour combler leur insuffisance de ressources. S'ils y réussissent, on dira alors qu'ils parviennent à financer leur déficit, ou à couvrir leurs besoins de financement.

La répartition des excédents et des déficits présente des caractères de régularité tels, qu'ils traduisent des données structurelles des problèmes du financement. En effet, cer-taines catégories d'agents sont essentiellement excédentaires. Il s'agit surtout des particuliers. D'autres agents sont, dans leur ensemble, structurellement déficitaires ; il

s'agit principalement des entreprises. Enfin, les autres catégories ont une situation variable et peuvent être, selon leurs opérations de la période, excédentaires ou déficitaires. Ainsi, l'État dégage une capacité ou un besoin de financement suivant le solde de son budget.

La figure ci-dessous résume la situation des principales catégories d'agents dans une situation fréquemment rencontrée dans la conjoncture mondiale actuelle.

Figure 1 - Capacités et besoins de financement dans l'économie nationale ENTREPRISES

ETAT ET SECTEUR

PUBLIC

^ MÉNAGES

\ / Système \ / financier \ 1 (circuit du l financement ,

\ externe) /

. INSTITUTIONS DE CREDIT

RESTE DU MONDE

Le problème technique du financement soulève donc, à l'échelle de l'économie natio-nale deux interrogations majeures.

En premier lieu, il conduit à s'interroger sur les moyens grâce auxquels les agents à capacité de financement peuvent être convaincus de mettre leurs ressources excédentaires à la disposition des agents en déficit, en acceptant de se dessaisir momentanément de leurs excédents. Cette première question pose le problème des instruments et des méca-nismes qui permettent d'assurer la collecte de l'épargne.

Le problème du financement soulève également la question des modalités grâce aux-quelles l'épargne pourra être canalisée vers les agents présentant des besoins de finance-ment. Il permet de s'interroger sur les instruments et les mécanismes de financement et de distribution du crédit.

Ainsi les problèmes de financement, de la collecte de l'épargne, de la distribution du crédit posent globalement la question de la mise en relation des agents en excédent et des agents en déficit. Or, cette mise en relation peut s'effectuer selon les deux modalités fon-damentales du financement externe, celle de la finance directe et celle de l'inter-médiation financière.

b) Le financement externe .-finance directe et intermédiation financière

Dans le cas d'une relation de finance directe, un contact direct s'établit entre les agents à excédent de financement et les agents à déficit de financement. Les premiers mettent leur épargne à la disposition des seconds sans qu'un intermédiaire s'interpose entre eux.

C'est ce type de situation qu'on observe lorsqu'une entreprise « fait appel à l'épargne publique » à l'occasion d'un emprunt obligataire ou de l'émission d'actions nouvelles.

Dans ce cas, les épargnants apportent de l'argent liquide représentant la fraction de leur épargne qu'ils mettent à la disposition de l'entreprise. En contrepartie, ils reçoivent de cette dernière un titre, c'est-à-dire un document qui représente un engagement de l'entre-prise à leur égard. S'il s'agit par exemple d'un emprunt obligataire, l'obligation remise à l'épargnant représente à la fois une reconnaissance de dette de la part de l'entreprise

STRUCTURE FINANCIERE ET DEVELOPPEMENT FINANCIER

(« l'émetteur ») et l'engagement pris par cette dernière de verser des intérêts et de rem-bourser l'emprunt selon des conditions fixées à l'avance. S'il s'agit d'une émission d'actions, l'épargnant devient associé de l'entreprise : il reçoit donc une action repré-sentant une fraction du capital et qui lui assure une participation à certaines décisions de l'entreprise, aux distributions de bénéfices qui pourront intervenir, et au partage du patri-moine en cas d'interruption future de l'activité.

Figure 2 - Le principe de la finance directe Agents à

besoin de financement

Argent liquide

Agents à excédent de financement Obligations,

actions, ou bons...

Le marché financier, espace sur lequel se déroulent ces opérations de financement à long terme, représente ainsi la principale manifestation concrète du mécanisme de la finance directe. Toutefois ce mécanisme tend également à s'appliquer à des opérations à court terme. C'est le cas notamment lors des émissions de bons qui peuvent être libellés à court terme et, plus largement, pour l'émission, sur les marchés monétaires, de titres tels que les billets de trésorerie (commercial paper) ou les certificats de dépôt.

Les marchés qui centralisent ces opérations de finance directe peuvent être plus ou moins organisés. Dans certains pays, il atteignent un haut niveau d'institutionnalisation et sont régis par un ensemble complexe de règles juridiques et techniques ; c'est le cas notam-ment lorsqu'il existe un marché boursier officiel, assez vaste et actif pour constituer la pièce maîtresse du marché financier. Mais, même en l'absence de bourse officielle, comme c'est le cas dans de nombreux pays d'Afrique, des opérations de finance directe à long et moyen terme se concluent chaque fois qu'intervient une émission à l'occasion de « placements pri-vés » ou une cession d'actions, par exemple ; il existe alors un marché financier non insti-tutionnalisé et, éventuellement, d'autres formes vivaces de finance directe.

L'intermédiation financière correspond au second mode fondamental de finance-ment. Elle se traduit par l'apparition d'un intermédiaire entre agents à déficit et agents à capacité de financement De façon plus précise, l'intermédiaire est un organisme spécialisé dans la collecte de l'épargne (principalement auprès de particuliers), et dans le finance-ment de crédits (notamfinance-ment aux entreprises). Le principe de l'intermédiation financière est représenté dans le schéma de la figure 3.

Figure 3 - Le schéma de l'intermédiation financière

Agents à déficit de financement

Crédits

Remise de Titres Primaires

Intermédiaires financiers

Apports d'épargne

Remise de Titres Secondaires

Agents à excédent de financement

(2) Financement (1) Collecte

L'intermédiation financière conduit ainsi à une relative dissociation de la collecte d'épargne et du financement de crédits. Pour ce qui concerne la collecte d'épargne, les intermédiaires financiers cherchent à drainer l'épargne des agents à excédent de finance-ment (et notamfinance-ment des particuliers) en leur proposant des instrufinance-ments de placefinance-ment diversifiés et adaptés à leurs préférences. Quoiqu'il donne lieu à des opérations plus concentrées, le financement des crédits tend également à une certaine diversification des techniques, des procédures et des durées.

2 - Développement financier et différenciation