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3 - L'équilibre du bilan et sa signification

a) L'égalité entre les montants de l'actif et du passif

Le maintien d'une égalité entre les montants totaux inscrits à l'actif et au passif cons-titue une règle qui doit être strictement respectée lors de l'établissement du bilan. Cette règle est souvent présentée comme l'expression des conventions comptables et des options techniques qui président à la confection de cet état. En fait, elle traduit le prin-cipe financier fondamental qui sous-tend la constitution du patrimoine d'une entreprise ou de toute autre entité économique.

L'équilibre du bilan peut en effet être justifié d'un point de vue financier, grâce à deux formulations complémentaires.

Dans une première formulation, on peut relever que, si le passif recense les sources des fonds rassemblés par l'entreprise, l'actif recense les emplois, auxquels ces fonds sont affectés. Aucune ressource ne peut dès lors rester sans emploi. Inversement aucun emploi n'est possible s'il n'est pas appuyé sur une source de fonds. Dans ces conditions, l'égalité entre le montant de l'actif et celui du passif ne fait que traduire l'égalité nécessaire entre le montant des financements obtenus par l'entreprise et celui des emplois qu'ils per-mettent de réaliser.

Dans une deuxième formulation, on peut observer que le montant total du bilan cor-respond à celui de l'enveloppe globale de fonds que l'entreprise a obtenue, grâce aux apports de ses propriétaires et d'autres partenaires créditeurs, (fournisseurs, banquiers, pouvoirs publics...). Cette même enveloppe se trouve présentée au bilan selon deux clas-sifications distinctes, mais complémentaires. Le passif propose une classification de cette enveloppe selon l'origine ou la source des fonds ; quant à l'actif, il présente une ven-tilation de la même enveloppe selon les destinations ou les emplois des fonds. Ainsi, l'actif et le passif ne proposent que deux points de vue différents sur la même masse globale : l'enveloppe de fonds confiée à l'entreprise. Dès lors, l'égalité des montants glo-baux figurant à l'actif et au passif est nécessaire, non pour des raisons techniques ou conventionnelles, mais parce qu'elle traduit une identité fondamentale entre l'actif et le passif qui ne sont que deux présentations différentes de la même grandeur économique.

b) La prise en compte du résultat

À la fin de chaque exercice comptable, l'entreprise dégage un résultat qui apparaît comme la sanction globale de son activité. L'incidence de ce résultat sur le bilan peut être mise en évidence selon son signe.

Si le résultat correspond à un bénéfice, c'est que l'activité de la période écoulée se trouve sanctionnée de façon favorable. Les produits ayant excédé les charges, l'entreprise a créé une richesse supplémentaire qui constitue une source de fonds additionnels : le bénéfice apparaît alors comme une ressource qui vient augmenter le passif de l'entreprise.

Si le résultat correspond à une perte, c'est que l'entreprise a consommé des charges qui excèdent ses produits. Elle a donc détruit de la richesse : elle a employé des fonds de façon stérile. Dans ces conditions, la perte peut faire l'objet de deux inscriptions théo-riquement équivalentes dans le bilan. Elle peut être soustraite au passif puisqu'elle signale une destruction de ressources ; c'est l'option retenue par le plan comptable de l'OCAM et par le plan comptable général français de 1982 actuellement en vigueur. Mais elle pour-rait être également considérée comme un emploi de fonds (certes inopportun) et être alors inscrite positivement à l'actif ; c'est l'option jadis retenue par le plan comptable français de 1947-1957, en vigueur jusqu'en 1983.

Figure 2 - Inscription du résultat dans le bilan avant affectation Cas n° 1 - Bénéfice :

Principe : Dégagement d'une ressource additionnelle qui augmente le passif.

a - La solution du Plan Comptable OCAM

b - La solution du PCG français

Total actif 60 000 000

Capitaux Propres

24 000 000 Dettes

32 000 000 Bénéfice

4 000 000 Total passif

60 000 000 Total actif 60 000 000

Capitaux Propres 24 000 000 + 4000000

Dettes 32 000 000

Total passif 60 000 000

L'ANALYSE FINANCIÈRE DU BILAN

Cas n° 2 - Perte

Principe : Destruction d'une ressource propre ou emplois de fonds à un usage stérile.

a - Solution du plan comptable OCAM

b - Solution du PCG français de 1982

c - Solution de l'ancien PCG français

On remarque cependant que le résultat reste sans effet sur les dettes : les créanciers de l'entreprise n'ont aucun droit sur un bénéfice éventuel, mais n'ont aucune raison de pâtir d'une perte éventuelle. L'incidence du résultat est limitée aux capitaux propres.

On remarque en outre que le bilan fait l'objet de deux présentations successives. Dans sa présentation avant affectation, le résultat apparaît selon l'une des modalités reprises dans la figure 2. Dans la présentation après affectation, le résultat n'apparaît plus puisqu'il a été ventilé entre les différents comptes correspondant à ses affectations ou des-tinations. S'il s'agit d'un bénéfice, le résultat aura été ainsi viré en capitaux propres (pour la partie non distribuée qui demeure à la disposition de l'entreprise) et en dettes (pour la partie destinée à être distribuée et donc exigible à court terme par les propriétaires béné-ficiaires). S'il s'agit d'une perte, le résultat est déduit des capitaux propres, généralement par soustraction du compte « report à nouveau ».

B - LES PRESENTATIONS NORMALISEES DU BILAN : UNE ANALYSE COMPARATIVE

La formulation de règles générales concernant l'analyse financière du bilan se heurte d'emblée à un problème de méthode. Les modèles retenus pour la présentation et l'éta-blissement du bilan varient en effet d'un pays à l'autre et, dans une certaine mesure, d'une entreprise à l'autre. Dans ces conditions, il est aisé de conclure à l'impossibilité d'énoncer des principes généraux d'analyse du bilan et de limiter les ambitions du diagnostic finan-cier à l'identification de quelques recettes empiriques, adaptées au contexte de chaque pays et de chaque entreprise.

Pourtant, un examen approfondi des présentations normalisées permet d'observer que ces présentations mettent toujours en œuvre des principes communs suffisamment nets pour justifier la formulation de méthodes générales d'analyse financière statique (§ 1).

Bien entendu, des différences de présentation demeurent ; mais elles impliquent une sim-ple adaptation des méthodes d'analyse et non la remise en cause de leurs principes mêmes (§2).