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1 - La notion de « besoin en fonds de roulement » (BFR)

a) Le cycle d'exploitation

Dans le cadre de son activité courante, une entreprise effectue des opérations répé-titives dont le renouvellement définit son « cycle d'exploitation ».

Pour une entreprise industrielle, agricole ou artisanale, ce cycle d'exploitation com-porte trois étapes fondamentales qui se déroulent chaque fois que l'entreprise lance une nouvelle « vague » de production.

Approvisionnement Production ou

ï

transformation Vente de produits finis

ï

Pour une entreprise de distribution qui acquiert des marchandises pour les revendre en l'état sans les transformer, le cycle comporte deux étapes fondamentales.

Approvisionnement Vente de produits finis

±

b) Le besoin en fonds de roulement

Les opérations d'exploitation entraînent la formation de besoins de financement, mais elles permettent aussi la constitution de moyens de financement. La confrontation glo-bale de ces besoins et de ces moyens de financement permet de dégager un « besoin de financement induit par le cycle d'exploitation » ou « besoin en fonds de roulement»

(BFR).

Les besoins de financement entraînés par le cycle d'exploitation, ou « emplois cycli-ques », correspondent aux avances de fonds que l'entreprise est contrainte d'effectuer pour constituer ses stocks et pour accorder des délais de paiement à ses partenaires débiteurs.

Pour ce qui concerne les stocks, l'entreprise doit accumuler des marchandises pour les mettre à la disposition de sa clientèle si elle exerce une activité de distribution ; elle doit accumuler des matières premières, des produits semi-finis et en cours de production, des produits finis, si elle exerce une activité de production. Dans tous les cas, l'entreprise effectue une avance de fonds, elle « gèle » des liquidités pour constituer son stock ; elle est donc confrontée à un besoin de financement du stock.

De même, lorsqu'elle accorde des délais de règlements à certains de ses partenaires, notamment aux clients, l'entreprise accumule des créances. Ces dernières constituent cer-tes un « avoir » ; mais elles représentent aussi un gel momentané de liquidités qui ne reviendront dans les caisses de l'entreprise qu'au terme de plusieurs semaines ou de plu-sieurs mois. À ce sujet, les praticiens disent d'ailleurs, de façon très expressive, que l'entreprise a « de l'argent dehors ». Cette accumulation de créances suscite également un gel de liquidités et donc un besoin de financement pour l'entreprise.

En revanche, l'activité engendre des moyens de financement liés au cycle d'exploita-tion ou « ressources cycliques », chaque fois que l'entreprise obtient de ses créanciers des délais de règlement. Ces délais se traduisent bien sûr par la constitution d'engage-ments à la charge de l'entreprise. Mais ils permettent à cette dernière de bénéficier des apports de ses partenaires sans décaissement immédiat et s'analysent donc comme des sources de fonds ou comme des moyens de financement. Le crédit accordé par les four-nisseurs apparaît à cet égard comme la forme la plus typique de ressource cyclique.

On peut dès lors formuler comme suit le besoin de financement induit par le cycle d'exploitation ou besoin en fonds de roulement (BFR).

BFR = Emplois cycliques - Ressources cycliques

V V

(stocks, créances clients...) ( crédits fournisseurs...)

Ce BFR est ainsi calculé grâce à la prise en compte d'éléments à court terme de l'actif et du passif. Mais, si chacun de ces éléments est supposé demeurer dans l'entreprise sur une courte période, il fait également l'objet d'un renouvellement permanent. Ainsi, un lot de marchandises entrant dans le stock d'une entreprise de distribution peut être considéré individuellement comme un emploi à court terme. Mais, le stock dans son ensemble fait l'objet d'un réassortiment permanent. En conséquence, le renouvellement des emplois et des ressources cycliques confère au BFR le caractère d'un besoin de financement per-manent, durable, même si chacune de ses composantes apparaît à première vue comme un élément à court terme du bilan.

c) BFRE et BFRHE

Dans la définition formulée ci-dessus, le BFR est défini à partir de la comparaison entre « emplois cycliques » et « ressources cycliques ». Une analyse plus fine peut conduire à rechercher une identification rigoureuse des éléments strictement liés à l'exploitation et de ceux qui sont rattachés à l'exploitation de façon moins étroite.

L'ANALYSE FINANCIERE DU BILAN

Les éléments strictement liés à l'exploitation correspondent à des grandeurs d'actif et de passif mises en mouvement par les opérations d'approvisionnement, de production et de vente. A l'actif, ces grandeurs englobent essentiellement les stocks, les créances sur les clients et les avances versées par l'entreprise à l'occasion de commandes qu'elle a pu passer auprès de fournisseurs ; ces éléments constituent des « emplois d'exploitation » ou des « emplois cycliques » stricto-sensu. Au passif, ces éléments englobent essentielle-ment les dettes contractées par l'entreprise à l'égard de ses fournisseurs et de certains clients qui lui ont adressé des avances sur commandes en cours ; ces éléments cons-tituent des « ressources d'exploitation » ou « ressources cycliques » stricto-sensu. On peut alors formuler comme suit le BFRE ou « besoin en fonds de roulement d'exploitation ».

BFRE = Emplois d'exploitation - Ressources d'exploitation

Quant aux éléments moins étroitement liés à l'exploitation, ils correspondent à des composantes d'actif et de passif qui sont influencées par l'activité courante de l'entreprise sans être strictement inscrites dans le cycle d'exploitation. C'est le cas, à l'actif, de postes de « débiteurs divers » sur lesquels l'entreprise a pu acquérir des créances à l'occasion d'opérations courantes extérieures à l'objet principal de son activité ; les créances sur des salariés auxquels des avances sur salaires ont été consenties constituent un exemple clair de ce type « d'emplois hors exploitation ». Au passif, les postes concernés cor-respondent à des dettes également contractées à l'occasion d'opérations hors exploitation : ces « ressources hors exploitation » englobent par exemple les dettes fiscales liées à l'impôt sur le bénéfice dans la mesure où le paiement de cet impôt ne peut être considéré comme relevant strictement de l'exploitation ; elles peuvent également inclure des dettes à l'égard de fournisseurs d'équipements qui ont consenti un crédit à l'entreprise à l'occa-sion d'une opération d'investissement manifestement extérieure à l'exploitation. On peut alors écrire :

BFRHE = Emplois hors exploitation (EHE) - Ressources hors exploitation (RHE)

Par la suite, le BFR global pourra être défini comme la somme du BFRE et du BFRHE:

BFR= BFRE + BFRHE

La distinction entre BFRE et BFRHE est aujourd'hui consacrée par la littérature financière. Elle a certainement permis d'affiner l'analyse du besoin de financement induit par le cycle d'exploitation (ou BFRE) en montrant que l'activité de l'entreprise suscite un besoin durable de financement qui pèse sur les équilibres financiers au même titre que le besoin de financement entraîné par les investissements en immobilisations.

En revanche, la notion de BFRHE est assez délicate à interpréter. Si elle traduit indis-cutablement l'existence d'un fardeau de financement lié à des opérations diverses de l'entreprise (opérations de transfert, opérations fiscales, opérations de répartition ...), cette notion demeure cependant composite et hétérogène.