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ET LE DÉVELOPPEMENT DE L'ENTREPRISE

Si le contenu de la gestion financière est lié au développement du système financier global, il est également déterminé par le développement de l'entreprise elle-même. La transformation de la gestion financière aux différents stades du développement de l'entre-prise sera d'abord mise en évidence dans le cadre d'une référence au modèle du cycle de vie de la firme (§ A). Elle sera ensuite replacée dans le cadre d'une confrontation plus large entre les stades de développement de l'entreprise et les phases de développement de son environnement financier global (§ B).

A - LE CONTENU DE LA GESTION FINANCIERE ET LE CYCLE DE VIE DE L'ENTREPRISE

Au différentes étapes de leur cycle de vie, les entreprises sont confrontées à des besoins de financement spécifiques ; mais elles dégagent des sources de fonds dans des conditions qui se transforment également et qui permettent ainsi de poser les problèmes d'ajustement financier dans des termes propres à chaque stade de leur développement.

La formulation habituelle du « modèle » du cycle de vie met en évidence la succession de quatre étapes, nettement typées sur le plan commercial, stratégique, technique, finan-cier (Figure 3).

Figure 3 - Gestion financière et cycle de vie de l'entreprise

Chiffres d'affaires

et Résultats

I Démarrage

\

II Croissance

/

/

y / y

Maturité

IV Déclin

Chiffres d'affaires

Résultats

Temps

Dans la phase de démarrage, l'entreprise naissante connaît une croissance modérée et encore instable de sa production et de ses ventes. Ses résultats sont le plus souvent néga-tifs, compte tenu des charges fixes qu'elle supporte et de leur imputation sur un volume de production encore restreint.

En termes financiers, les résultats ne permettent pas de dégager des ressources internes suffisantes ; l'entreprise se trouve par ailleurs contrainte de solliciter des concours exter-nes dans des conditions défavorables du fait de sa faible notoriété, de ses résultats encore médiocres et des incertitudes qui pèsent sur son développement futur. Si l'accès aux res-sources apparaît aussi précaire dans cette phase, l'entreprise est par ailleurs confrontée à des besoins de financement élevés, notamment liés aux investissements requis par le démarrage de la production et des ventes. Cette phase apparaît ainsi dominée par l'impé-ratif de recherche de fonds externes : pour la gestion financière, le problème essentiel porte alors sur la recherche de moyens de financement permettant de maintenir la sol-vabilité et de financer les dépenses courantes ainsi que les investissements incom-pressibles requis par le démarrage.

Dans la phase de croissance, l'entreprise qui a survécu aux incertitudes du démarrage connaît une augmentation rapide de sa production et de ses ventes. En termes financiers, cette croissance se traduit par une forte progression des besoins de financement liés tant aux investissements requis par l'extension des capacités, qu'aux besoins en fonds de rou-lement (ou en capital circulant) induits par la nécessaire constitution de stocks et par les crédits à la clientèle. Les ressources d'autofinancement demeurent insuffisantes pour cou-vrir ces besoins, puisque les résultats sont encore limités par le poids des charges fixes induits par le démarrage et la croissance des activités. En revanche, l'entreprise est dés-ormais mieux placée pour obtenir des financements externes, notamment bancaires. Pour

GESTION FINANCIÈRE DE L'ENTREPRISE ET DÉVELOPPEMENT FINANCIER

la gestion financière, la phase de croissance reste donc dominée par les préoccupations d'équilibre financier et, en conséquence, par le souci de maîtriser le gonflement des besoins en capital fixe et en fonds de roulement et d'obtenir une enveloppe suffisante des ressources externes.

Dans la phase de maturité, l'entreprise connaît une croissance ralentie de sa pro-duction et de ses ventes. Ses besoins de financement additionnels connaissent donc une forte réduction puisque l'entreprise se trouve tout au plus tenue de maintenir son avance en capital fixe et en capital circulant et n'a plus à entretenir leur croissance. Par ailleurs, le niveau de production déjà atteint permet d'absorber largement les charges fixes et de dégager d'abondantes ressources d'autofinancement. Dans cette phase de maturité, la ges-tion financière se trouve ainsi confrontée à une contrainte de financement nettement atté-nuée. Il est même fréquent que les entreprises parvenues à la maturité présentent une situation de surliquidité. Elles doivent alors se poser davantage de problèmes de place-ment ou d'investisseplace-ment de leurs excédents que de problèmes de recherche de finance-ments supplémentaires.

Lorsque l'entreprise aborde la phase de déclin, la réduction de la production, des ven-tes et des résultats constituent des manifestations claires du repli qui s'amorce. En termes de gestion financière, le déclin pose d'abord des problèmes de désinvestissement et de déplacement vers des activités nouvelles ; l'abandon d'activités compromises peut encore permettre de dégager des ressources susceptibles d'être investies dans de nouvelles acti-vités offrant des perspectives favorables. Si le problème du dégagement n'est pas traité à temps, l'entreprise s'expose à une érosion accélérée de ses activités et de ses résultats.

Elle risque de ne pouvoir en retirer aucune ressource réinvestissable et d'être alors privée de toute possibilité de redéploiement.

Le déroulement du cycle de vie ainsi décrit apparaît à première vue comme un pro-cessus inexorable et linéaire. Or l'observation de l'évolution effective des entreprises montre que les cheminements suivis sont en fait beaucoup plus complexes. D'une part, le cycle de vie de la plupart des entreprises est marqué par des phénomènes de dis-continuité : l'accélération du vieillissement, le déclin prématuré ou au contraire le pro-longement durable de la phase de croissance fournissant de fréquents exemples d'une telle évolution non linéaire. D'autre part, le cycle de vie ne se déroule pas de façon uniforme mais peut comporter des retournements dûs aux initiatives de l'entreprise elle-même : la relance d'une phase de croissance alors que la maturité semble déjà en cours ou la remise en cause d'un processus de déclin constituent deux exemples de réactions volontaristes et combatives susceptibles d'entraver le déroulement inexorable des étapes du cycle de vie.

Le tableau 4 résume les principales implications que le modèle du cycle de vie com-porte pour la gestion financière. Quant au tableau 5, il présente une adaptation des indica-tions fournies par le modèle en les appliquant au cas particulier des petites et micro-entreprises dans les pays en développement.

Figure 4 - Les implications du cycle de vie pour les principales variables de gestion financière et instable des ventes Charges fixes élevées

GESTION FINANCIERE DE L'ENTREPRISE ET DEVELOPPEMENT FINANCIER

Figure 5 - Les implications financières du cycle de vie pour les petites et micro-entreprises : le cas des P.E.D

Variables financières

• Recours à des modes de financement donneurs d'ordre en cas de sous-traitance

• Accès aux sources de financement formel, notamment bancaires

* Les précisions fournies pour ce tableau sont adaptées de l'étude de Cari Liedolm. Voir Liedholm (Carl), 1989.

B - DÉVELOPPEMENT EXTERNE,

DÉVELOPPEMENT INTERNE ET GESTION FINANCIÈRE

Le rapprochement entre le développement externe (c'est-à-dire la transformation de l'environnement financier) et le développement interne de l'entreprise permet d'éclairer de façon encore plus synthétique l'ensemble des caractères structurels qui déterminent le contenu et les orientations de la gestion financière.

Les indications fournies par cette confrontation entre développement interne et externe sont résumées dans le tableau suivant.

Figure 6 - Développement externe, développement interne et gestion financière

\ . Développement

\. financier N. externe

\

Développement \ ^ financier \ . interne \ ^ Micro-entreprises du secteur informel (pays en développement ou

« économie souterraine » des pays développés) Petites et moyennes entreprises « régulières »

Grandes entreprises sans accès au marché boursier

• Gestion des règlements en monnaie (recettes, dépenses)

• Recherche de moyens de financement informels

• Gestion des règlements en monnaie

• Recherche des crédits bancaires à court terme, d'exploitation ou de trésorerie

• Gestion des règlements en monnaie

• Crédits bancaires à court terme et à moyen terme

Exceptionnelles dans ce type d'économie

• Gestion des règlements en monnaie

• Crédits bancaires à court terme et à moyen terme

• Concours du Trésor public et d'autres crédit dans la collecte et l'allocation des fonds prêtables

• Gestion des règlements en monnaie (recettes, dépenses)

• Recherche de moyens de financement informels

• Gestion des règlements en monnaie

• Recherche des crédits bancaires à court réduits dans ce type d'économie

• Gestion des règlements en monnaie

• Crédits bancaires à court terme et à moyen terme

• Concours du Trésor public et d'autres actifs et des institutions financiers

• Rôle actif des marchés de capitaux

• Gestion des règlements en monnaie (recettes, dépenses)

• Recherche de moyens de financement informels

• Gestion des règlements en monnaie

• Recherche des crédits bancaires à court produits de marché ou en banque

• Crédits d'équipement

• Placements de trésorerie sur des produits de marché

• Appel à l'épargne par émission d'actions, d'obligations, de billets de trésorerie

• Gestion des règlements en monnaie

• Crédits bancaires à court terme et à moyen terme

• Concours du Trésor public et d'autres organismes publics