• Aucun résultat trouvé

Section 1 : Histoire de l’aide internationale au développement

1.2. Organismes de pilotage de l’aide

Pour la mise en application de ces accords, des organismes d’aide internationale au développement sont créés. C’est ainsi qu’en 1948 l’Organisation Européenne de Coopération Économique (OECE) voit le jour, puis devient en 1961 l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE). Cette organisation se dote, en 1961, du Comité d’Aide au Développement (CAD4) dont la création marque l’institutionnalisation de l’aide internationale au développement. Formant ainsi le CAD de l’OCDE, en abrégé : le CAD- OCDE.

4 Initialement appelé Groupe d’Assistance pour le Développement (GAD), il devient le Comité d’aide au

46 Le CAD-OCDE est chargé de : promouvoir des politiques, notamment de coopération pour le développement, qui contribuent à l’instauration d’un développement durable, y compris à une croissance économique pro-pauvre ; lutter contre la pauvreté et pour l’amélioration du niveau de vie dans les pays en développement, promouvoir un avenir où plus aucun pays ne sera tributaire de l’aide (OCDE, 2010).

Le CAD-OCDE est chargé des missions suivantes :

1) suivre, évaluer et rendre compte des ressources concourant à un développement durable, tel que précédemment défini, et en promouvoir la mobilisation en recueillant et analysant des données et des informations sur l’Aide Publique au Développement (APD) et les autres apports publics et privés ;

2) passer en revue les politiques et pratiques en matière de coopération pour le développement, en particulier au regard des objectifs et cibles convenus au niveau international et à celui des pays, et favoriser l’apprentissage collectif ;

3) effectuer des analyses, définir des orientations et recenser les bonnes pratiques, afin d’aider ses membres et la communauté des donneurs dans son ensemble à rehausser la qualité et l’efficacité de l’aide internationale au développement, pour ce qui est en particulier d’induire une croissance économique pro-pauvres et de faire reculer la pauvreté ;

4) analyser et contribuer à façonner l’architecture mondiale du développement, en rapide mutation, de façon à optimiser les résultats obtenus sur la voie du développement ;

5) promouvoir des perspectives concernant des biens publics mondiaux et de la cohérence des politiques au service du développement en concertation avec des spécialistes d’autres domaines d’intervention des pouvoirs publics au sein de l’OCDE ;

6) engager le dialogue avec : des pays non membres (en particulier ceux qui sont dotés d’importants programmes de coopération pour le développement), des organisations internationales, des organismes du secteur privé et des représentants de la société civile, de façon à garantir la pertinence et le caractère inclusif des travaux du CAD-OCDE.

Le CAD-OCDE va ainsi contribuer à insérer les pratiques de l’aide internationale au développement dans un cadre davantage institutionnel et formel. Il a permis de créer un

47 ensemble de principes et de procédures qui continuent de réguler le régime de l’aide. En effet, jusqu’alors l’aide au développement était attribuée selon la convenance de chaque pays donateur et perçue comme un instrument politique et stratégique de domination dans le but de préserver l'influence des anciennes métropoles dans le contexte géopolitique de la guerre froide. Avec le CAD-OCDE, ces flux financiers devraient être orientés vers la mise en place de projets concrets et durables : infrastructures essentielles, actions de lutte contre la faim, santé, éducation, etc. Avec le CAD-OCDE, l’aide est systématiquement assortie de données statistiques. De plus, le Comité a aidé à rehausser l’efficacité de l’aide, grâce notamment à une amélioration de l’alignement des efforts d’aide, de leur harmonisation, de leur ciblage sur les résultats, et de leur déliement. Le CAD-OCDE participe aussi aux échanges de bonnes pratiques entre pays donateurs. Ainsi, depuis les années 1960, le CAD-OCDE collecte et diffuse régulièrement les statistiques de l’aide (OCDE, 2001) qui visent à éclairer la communauté de l’aide, les États et les citoyens sur l’utilisation des fonds. À travers ses publications, et par la suite son site internet, il met à la disposition de toutes les informations relatives à l’aide internationale au développement.

Simultanément, les années 1960 marquent l’éclosion de nombreuses institutions de développement, chargées de favoriser la coopération internationale et/ou de gérer l’aide. Parmi celles-ci :

 Le PNUD, programme des nations unies pour le développement, a vu le jour le 1er janvier 1966 aux États-Unis. L'objectif essentiel du PNUD est d'aider les pays à se venir eux- mêmes en aide pour parvenir à un développement durable, axé sur les personnes. Ses activités se concentrent sur l'éradication de la pauvreté, la création d'emplois, l'avancement des femmes et la régénération de l'environnement. De plus, le PNUD est de plus en plus appelé à prêter son assistance dans des élections démocratiques et à soutenir le processus de réconciliation et de reconstruction engagé à l'issue de conflits.

 L’ONUDI, organisation des nations unies pour le développement industriel est devenue, depuis le 17 novembre 1966 à Vienne en Autriche, une institution spécialisée du système des nations unies. L’ONUDI a pour objectif de réduire la pauvreté grâce au développement industriel durable. Tous les pays devraient avoir la possibilité de mettre en place un secteur de production prospère, d’accroître leur participation au commerce international et de protéger leur environnement. Ayant comme objectif central de lutter contre la pauvreté, l'ONUDI favorise la

48 croissance et la productivité dans les pays où l'économie est en transition. Par ses divers projets, l'ONUDI met en place des projets spécifiques à la région qui en a besoin et mobilise la population à la concrétisation de ceux-ci, notamment en créant de l'emploi pour les travailleurs locaux.

 L’UNESCO, l'organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture est une institution spécialisée de l'organisation des nations unies créée le 16 novembre 1945 à Londres, au Royaume-Uni. L’UNESCO s’emploie à créer les conditions d’un dialogue entre les civilisations, les cultures et les peuples, fondé sur le respect de valeurs partagées par tous. C’est par ce dialogue que le monde peut parvenir à l’édification de la paix, à l’élimination de la pauvreté, au développement durable par l’éducation, les sciences, la culture, la communication et l’information.

 L’UNICEF, fonds des nations unies pour l'enfance, est une agence de l'organisation des nations unies consacrée à l'amélioration et à la promotion de la condition des enfants. Il a été créé le 16 décembre 1946 à New York, aux États-Unis. Cette organisation a comme mission principale d'aider les pays à réaliser des politiques et services en faveur des enfants et des familles, d'aider les enfants vulnérables victimes de la guerre, de catastrophes, de la pauvreté, de violence ou victimes d'handicaps, de favoriser et promouvoir l'éducation des filles, l'implication sociale de celles-ci et l'égalité des droits des femmes et des hommes et de favoriser la vaccination de tous les enfants afin de les protéger contre les maladies évitables.

 Le FAO, organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, est une organisation spécialisée du système des nations unies, créée en 1945 au Québec. Sur son logo, figure l'expression latine « Fiat panis », qui signifie : qu'il y ait du pain pour tous. Elle a donc pour mission principale d’aider à construire un monde libéré de la faim. À ce titre, elle se concentre sur trois grandes missions : (1) Contribuer à éradiquer la faim, l'insécurité alimentaire et la malnutrition, (2) Éliminer la pauvreté et favoriser le progrès social et économique pour tous et (3) Gérer et utiliser de manière durable les ressources naturelles.

 L’OMS, organisation mondiale de la santé, est une institution spécialisée des nations unies pour la santé publique fondée le 7 avril 1948 à Genève, en Suisse. L’OMS a pour objectif d'amener tous les peuples du monde au niveau de santé le plus élevé possible, la santé étant définie, par cet organisme, comme un état de bien-être physique, mental et social et ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité.

49  L’IDA, association internationale de développement, est le fonds de la banque mondiale destiné aux pays les plus pauvres. L’IDA est l’une des principales sources d’aide dans le monde. Depuis sa création le 24 septembre 1960 au sein de la Banque Mondiale, l'IDA accorde des dons et des crédits pour financer des mesures visant à stimuler la croissance économique, à atténuer les inégalités et à améliorer les conditions de vie des populations.

 L’ACDI est l'agence canadienne de développement international. Elle est née en 1968 afin de gérer la majorité des APD du Canada envoyée en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique et en Asie. L'ACDI s’est donnée pour mission de venir en aide aux personnes qui vivent dans la pauvreté. Pour y arriver, elle oriente ses efforts autours de trois priorités à savoir : (1) accroître la sécurité alimentaire, (2) assurer l’avenir des enfants et des jeunes, (3) favoriser une croissance économique durable.

 L’AFD, agence française de développement, est une institution financière publique qui met en œuvre la politique définie par le gouvernement français pour combattre la pauvreté et favoriser le développement durable dans les pays du sud. L’origine de l’AFD remonte au 2 décembre 1941. Réfugié à Londres, le Général de Gaulle crée la caisse centrale de la France libre dont est directement issue l’AFD. Elle a pour mission de fournir des subventions, des prêts, des fonds de garanties ou des contrats de désendettements. Elle finance des projets, des programmes et accompagne ses partenaires du Sud dans le renforcement de capacités.

 La BAD, banque africaine de développement, est une institution financière multinationale de développement, établie le 10 septembre 1964 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, dans le but de contribuer au développement et au progrès social des États africains. Le Groupe de la BAD a pour objectif premier de faire reculer la pauvreté dans ses pays membres régionaux en contribuant à leur développement économique durable et à leur progrès social.

 La BID, banque interaméricaine de développement, est la principale source de financement multilatéral en Amérique Latine œuvrant à réduire la pauvreté, les inégalités, améliorer la santé, l'éducation et les infrastructures. Elle est aussi conçue comme une institution appelée à jouer un rôle catalyseur dans la mobilisation des ressources destinées au développement économique et social de l’Amérique latine. Avec une création qui remonte en avril 1959 à la suite de la révolution cubaine dont il s'agit désormais de prévenir une éventuelle

50 contagion, elle voit le jour sous la houlette des États–Unis. Elle offre des prêts, des dons et une coopération technique dans le but de financer des projets viables dans le développement économique, social et institutionnel tout en promouvant l'intégration commerciale au niveau régional en Amérique latine et dans les Caraïbes.

 La BASD, banque asiatique de développement, est une banque de développement régionale créée le 22 août 1966 à Manille en Philippines pour soutenir le développement économique et social dans les pays d'Asie et du Pacifique en fournissant des prêts et de l'assistance technique. Elle est une institution financière multilatérale pour le développement ayant pour mission de libérer la région de la pauvreté. La BASD a calqué son fonctionnement sur celui de la Banque Mondiale.

 Etc.

L’éclosion de ces institutions de développement a contribué à jeter les bases du système actuel de l’aide ; mais surtout, à œuvrer pour sa pérennité, par la mise en place et le suivi de son financement. En effet, par le biais de ces institutions de développement, bilatérales et multilatérales précitées, sans pour autant faire preuve d’exhaustivité, l’aide va converger vers « les pays en voie de développement ». Les pays en voie de développement, les pays du sud ou les partenaires du sud encore appelés « pays moins avancés » sont les pays moins développés économiquement que les pays du nord ou pays développés.