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Les Oratoriens : une certaine conception de l’Homme

D e l’ombre aux lumières : l’édificati on de la

2.2. Les Oratoriens : une certaine conception de l’Homme

À la veille de la Révolution Française, la congrégation des oratoriens comptabilise environ sept cent cinquante membres et approximativement soixante-dix maisons. C’est

Pierre de Bérulle – né en 1575 dans la région de Troyes – qui établit en France, non seulement l'ordre des Carmélites en 1604, mais aussi la fondation séculière de l'Oratoire en 1611. Pour le religieux, nommé cardinal en 1627, la condition de l'homme est marquée par le triple sceau de l'énigme, la complexité et l'imperfection. Créé par Dieu à son image, l'homme a pour mission, selon Bérulle, de développer son humanité grâce à la quête du bien, du vrai et du beau.

De la sorte, les oratoriens considèrent que Dieu établit avec l'être humain une puissante relation de confiance qui permet à celui-ci d’atteindre une incommensurable dignité,

car Dieu lui remet les clés d’accès à la pleine et entière réalisation de sa propre personne. En renonçant à la satisfaction souvent illusoire et factice de vains désirs qui l’assujettissent et le

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dispersent, en relevant le défi de devenir un acteur investi, responsable et conscient de son existence personnelle, l'être humain trouve la voie appropriée pour découvrir et accéder à une liberté véritable que nul autre ne peut remettre en cause à part soi.

Pour les oratoriens, Jésus-Christ incarne le symbole vivant d'une humanité réalisée et accomplie de même qu'il représente la révélation de la grandeur propre à la vocation humaine.

Éclairé par les lueurs christiques d’un infaillible chemin de vérité, l'homme réussit à

s'épanouir grâce à sa propre libération associée à l'unification de l’être qu'il incarne. Le professeur oratorien, comme ses coreligionnaires, met donc en avant une certaine conception de l'homme – chaque être humain est unique et singulier –et il ne néglige jamais l’importance

première du pouvoir divin dans le secret profond de l’individu, donc de son élève. En acceptant et faisant siens les écrits de Saint-Paul qui affirme que « celui qui plante n'est rien ni non plus celui qui arrose, seul compte celui qui donne la croissance, Dieu »196, le maître oratorien doit enseigner avec une humilité avérée et un détachement attesté pour lui-même. De même, il lui est recommandé de poser sur chacun des collégiens un regard contemplatif, d'observateur aguerri, et de lui accorder son plus profond respect.

Gabriel Compayré décrit ces principes éducatifs respectueux de la personne enseignée à qui sont dispensées des connaissances historiques et scientifiques :

L'Oratoire tient une place à part dans l'histoire de la pédagogie française, comme il a sa physionomie propre au milieu des autres congrégations. Une certaine liberté unie à l'ardeur intelligente du sentiment religieux, la réconciliation du christianisme et des lettres profanes, le désir très marqué d'introduire plus d'air et plus de lumière dans le cloître et dans l'école, le goût des faits historiques et des vérités de la science substitué au culte de la forme, tels furent les mérites essentiels de l'Oratoire et les principes d'où sortit une éducation à la fois libérale et chrétienne, religieuse sans abus de dévotion, élégante sans raffinement, solide sans excès d'érudition digne enfin d'être admirée comme un des premiers et un des plus louables efforts tentés par l'esprit du passé pour se rapprocher de l'esprit moderne197.

Au travers de sa conception déférente pour l'homme libre, on le sait, la congrégation des oratoriens souhaite établir un rapport éducatif nouveau dans les établissements dont elle a la responsabilité. Alliant à la fois conception religieuse et vocation éducative, les pratiques des oratoriens s’inspirent de l’idée selon laquelle « régir une âme, c’est régir un monde, et un

monde qui a plus de secrets et de diversités, plus de perfections et de raretés que le monde que nous voyons »198. Une telle mission formatrice ainsi remplie en profondeur – comme

l’explique Bérulle – vise à ouvrir la conscience, afin de lui apporter toute la lumière

196 Prat, Ferdiand. La Théologie deSaint-Paul. Paris : édition Beauchesne, 1937, p. 109.

197 Compayré, Gabriel. Op. cit., p.208.

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nécessaire à son réveil, pour qu'elle s'épanouisse librement et dans un permanent souci de vérité.

Selon les oratoriens, éduquer signifie aussi prendre en compte l’originalité de chaque

âme dans un élan de vocation spirituelle qui cultive l’art de rendre l'élève libre et responsable.

Cette conception, très positive et optimiste, de l'être humain – créature respectable et digne –

convie les différents membres de la congrégation à s'impliquer de manière approfondie et réfléchie dans l'acte éducatif. En fins examinateurs, ces religieux entendent remédier à ce

qu’ils considèrent comme des faiblesses de la Congrégation rivale, la Compagnie de Jésus, et contribuent à renouveler des méthodes et des pratiques en les adaptant aux nouveaux besoins de la société du XVIIIe siècle.

Par ailleurs, ainsi que le rappelle Voltaire, les enseignants oratoriens bénéficient d'une liberté individuelle avérée puisque « la congrégation de l'Oratoire est la seule où les vœux soient inconnus, et où n’habite pas le repentir »199. L'ordre des oratoriens n'exige donc pas un engagement total et définitif de la part de ses membres mais leur laisse une sorte de libre choix et notamment celui d'abandonner l'Oratoire. Cette prise en compte de la liberté individuelle a une importance certaine au niveau de l'implication des enseignants dans leurs fonctions éducatives, parce que le professeur oratorien exerce ses fonctions de formation et

d'éducation conformément aux motivations profondes et choisies qui l’habitent. De la sorte,

les maîtres de l'Oratoire forment un groupe d'éducateurs pour lesquels importent avant tout l'étude et le travail, dans une atmosphère remplie de dévotion et de prière. Comme l'écrit Gabriel Compayré, «l'Oratoire ne songeait nullement à sacrifier la culture intellectuelle à des pratiques ascétiques ou à d'oisives contemplations »200. Les établissements oratoriens sont donc avant tout des lieux d'instruction où l'on valorise l'appétence intellectuelle et culturelle des élèves. Le Père Lamy –membre de l’Oratoire – expose l'objet de la quête instructive qui anime l'esprit de l'oratorien :

Nous aimons la vérité ; les jours ne suffisent point pour la consulter autant de temps que nous le souhaiterions, ou pour mieux dire, on ne s'ennuie jamais de la douceur qu’il y a de l'étudier. On a toujours eu cet amour pour les Lettres en cette maison. Ceux qui l'ont gouvernée ont tâché de l'entretenir. Quand il se trouve parmi nous quelque esprit pénétrant et étendu, qui a un rare génie pour les sciences, on le décharge de toute autre affaire201.

199 Voltaire. Œuv es o pl tes. Essai su les œu s, volu e IV. Paris : Delangle, 1828, p. 436.

200 Compayré, Gabriel. Op. cit., p. 212.

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À ce rapport très positif avec le savoir s'ajoute le regard admiratif et élogieux porté sur les « rares génies » ou esprits plus pénétrants dont l’Oratoire facilite l'épanouissement et l'avancée, favorisant ainsi la progression scientifique non seulement des élèves, mais aussi des professeurs, à l’égard desquels la congrégation manifeste son légitime souci de la professionnalisation enseignante.

À cette innovation s'ajoute également l'intérêt marqué pour les arts car les collèges oratoriens, dont les prêtres étaient autrefois surnommés « les pères au beau chant »202, ont introduit l'enseignement de l'art musical dans différentes classes. Expression de la quête esthétique souhaitée par le fondateur de la congrégation, cette nouveauté atteste d'une sensibilité particulière partagée par le maître oratorien avec les jeunes gens dont il a la responsabilité éducative. Il convient toutefois d’ajouter que cette initiation artistique, véritable

évolution pédagogique , n'a pas toujours fait l'objet d'un accueil très favorable au début du siècle des Lumières203.

À la différence des jésuites, les oratoriens prônent également dans leurs établissements

l’emploi, à titre de langue pédagogique, du français, langue maternelle des élèves préférée aux longues explicitations en langue latine. Cependant, « une pareille révolution, […] ne pouvait

s'accomplir tout entière du premier coup. L'usage du latin était interdit jusqu'en quatrième. À partir de cette classe, il redevenait obligatoire »204. La langue française et ses ressorts sont précisément exploités pour enseigner l'Histoire.

Dans les institutions oratoriennes, cette discipline acquiert un statut d’objet d’étude à part entière et donne lieu à l’élaboration de leçons. En accordant cette importance à

l'enseignement de l'Histoire, les oratoriens montrent combien il est important, pour eux, de placer l’élèvedans une continuité historique. Préparer et mettre en œuvre des leçons d'histoire

sont des activités confiées à un enseignant spécifique pour lequel, comme pour ses

contemporains, l’histoire est avant tout celle de l'Antiquité, étudiée selon différentes entrées –

histoire, grammaire latine et littérature. L'étude des Belles-Lettres anciennes va toutefois de

pair avec une attention marquée pour d’autres branches du savoir, comme les sciences qui

font l’objet d’un enseignement novateur, car pour les oratoriens il est important de se saisir des nouvelles connaissances scientifiques de leur temps et de les partager avec les apprenants

dont ils assurent l’instruction. La géographie est également mise à l’ordre du jour et des

programmes des cours, à l’occasion desquels des cartes géantes placardées sur les murs des

202 Compayré, Gabriel. Op. cit., p. 212.

203 Voir ibid., p. 213.

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salles de classe ouvrent les esprits des élèves vers les nouveaux horizons du monde.

Le même souci du monde présent anime les maîtres qui, plus rapidement que d’autres,

intègrent à leur enseignement des leçons de Descartes et du cartésianisme, sans pour autant négliger celles de Platon et Augustin. Cette ouverture propice à des pratiques didactiques

jusqu’alors inexplorées induit une organisation particulière de l'établissement oratorien. De manière très globale, celui-ci modèle son fonctionnement sur la maison de Juilly, sorte d'étalon, à partir duquel s'ordonnent toutes les institutions de la congrégation. Par exemple,

l’acte de fondation du collège des Oratoriens d’Angers, ouvert en 1624, liste les articles du

règlement intérieur auquel est soumise la communauté éducative :

[…] 7. Les pensionnaires et autres écoliers du […] collège seront tenus d’assister à la sainte messe qui sera dite […] par chaque jour […] en la chapelle dudit collège et à la fin d’icelle sera faite prière pour le roi et la maison royale.

8. Les pensionnaires et autres écoliers seront tenus d’assister au catéchisme qui se fera audit collège tous les dimanches et fêtes.

9. Il y aura au moins six classes audit collège, savoir quatre pour enseigner les lettres humaines, langues grecque et latine et deux pour la philosophie dont le cours se finira en deux ans pendant lesquels l’on y enseignera la logique, la morale, la physique et la métaphysique.

10. L’exercice commencera tous les ans le troisième jour de novembre auquel jour se fera l’ouverture solennelle […] et finira pour les lettres humaines la veille de Saint-Michel et pour la philosophie la veille de Notre-Dame de septembre. […]

12. Auront lesdits principal et régents le soin et autorité requise pour faire que la jeunesse soit bien disciplinée, retenue et réglée en toute modestie tant au-dehors ou dedans du collège en gardant l’ordre et les lois. […]

13. Pour l’entretènement des prêtres dudit collège, réparations et autres nécessités d’icelui, le principal fera recevoir […] 8 sols par mois de chacun des écoliers de la quatrième classe, 12 sols des autres de troisième, 16 sols des autres et de la seconde et 20 sols des autres de la première et de la philosophie.205 Soumis au régime de l'internat pendant toute l'année scolaire – généralement, du 18 octobre au 20 ou 25 août – les élèves scolarisés dans un tel collège ne sont pas autorisés à retourner auprès de leur famille : « Il n'était accordé dans le cours de l'année aucune sortie chez les parents »206. En éloignant de la sorte les jeunes gens du contexte familial, les oratoriens cherchent à préserver la jeunesse des influences néfastes du monde, parmi lesquelles ils rangent celle de la famille : « [Ils] ne voyai[en]t le salut de l'enfance que dans une claustration complète »207. Ce régime d'internat, strict et parfois un peu difficile pour les pensionnaires, prévoit leur répartition au sein de six salles d'études différentes, nommées

205 Rapporté in Jean-François Solon [Dir.]. “ou es d histoi e de la F a e ode e XVIe XVIIe XVIIIe si les. Paris : Larousse, coll. « Textes essentiels », 1994, pp. 424 à 425.

206Ibid., p. 221.

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«chambres »208, mises à la disposition des élèves dès huit heures et demie, horaire à partir duquel il est possible d'étudier en autonomie.

En effet, bien que levés dès cinq heures du matin, en été comme hiver, les collégiens sont placés en autonomie parce que leurs professeurs, les régents, ne débutent leurs enseignements qu'à partir de neuf heures. La première demi-heure de la matinée de cours est consacrée d'abord à la collecte des travaux écrits réalisés par les collégiens, puis à la récitation des leçons. Des enfants sont désignés pour remplir ces tâches, « besogne monotone, sous la surveillance du préfet »209. Ensuite, avant l’entrée véritable dans la phase des apprentissages,

les élèves récitent une prière, « Le Veni sancte Spiritus »210. À cette oraison, succède la découverte de quelques extraits du Nouveau Testament, sous forme de lecture collective. Les pratiques religieuses du collège sont donc scandées par différents rituels comme les prières et lectures précédemment évoquées, mais aussi agrémentées par « le chant des litanies de la

Sainte Enfance de Jésus, à onze heures, après la classe, et la lecture des Vies des Saints

pendant les repas »211.

Considéré comme l’accomplissement des « exercices classiques »212, l’enseignement de la matinée applique le principe d’une diversification environ toutes les demi-heures. En instaurant cette variété pédagogique, les enseignants oratoriens se prémunissent contre la monotonie de leurs enseignements et le désintérêt des élèves. Attentifs à soutenir sur une durée longue la concentration et l'attention de l'apprenant, ces maîtres adoptent un sujet différent lors de chaque nouvelle demi-heure, ce qui facilite l'implication des collégiens : « Le principe de la variété [est] excellent quand il s'agit des exercices oraux de la classe qui fatiguent plus vite l'attention »213.

Dès l'achèvement du dîner, en fin de matinée aux alentours de onze heures, l'organisation du collège consent un temps de récréation à l'ensemble des effectifs. Puis, de douze heures trente à treize heures trente, c'est la reprise de l'étude pour tout le monde. Les cours de l'après-midi se déroulent ensuite de treize heures trente à seize heures trente. Sur une

journée complète, le temps des apprentissages s’élève à une durée totale d'environ quatre

heures et demie : cet horaire journalier, loin d'être surchargé, semble respecter le rythme des acquisitions nouvelles dont sont capables les collégiens. Après le repas du soir – de dix-neuf 208Ibid., p. 220. 209Ibidem. 210Ibidem. 211Ibidem. 212Ibidem. 213Ibid., p. 221.

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heures à vingt heures trente –les apprenants s’adonnent à des lectures qui confortent leur goût pour l’Histoire ou mettent à profit ce moment de détente pour entretenir une correspondance suivie avec leurs familles.

L'organisation du collège oratorien, bien que très structurée, suscite quelques critiques en raison de la dispersion chronologique des leçons et études que certains considèrent comme néfaste à l'appropriation suivie de connaissances nouvelles : « Il est permis de constater que le temps à Juilly était trop émietté, trop coupé ; les études n'étaient pas assez longues, puisqu'aucune ne durait même deux heures »214. Outre cette prise de position, on peut mettre en avant la pratique oratorienne très innovante qui propose des activités de loisirs et de distractions pendant les périodes hors temps scolaire. Ainsi, les collégiens de l'Oratoire avaient la possibilité de pratiquer l'équitation, d'apprendre la musique et le chant, mais aussi de s'adonner à la danse. Ces espaces d'oisiveté pouvaient également être agrémentés par des activités ludiques de l'académie littéraire au cours desquelles les élèves se distinguaient grâce à des jeux de représentation mettant la prise de parole à l'honneur.

Les établissements oratoriens veulent aussi honorer et récompenser leurs meilleurs élèves. Pour cela, ils adoptent le principe du «Palmarès des prix d'examen »215, épreuves organisées en fin d'année scolaire, et dont le résultat sanctionne le passage dans la classe supérieure. La remise des prix s'effectue lors d'une cérémonie privilégiée à laquelle participent souvent les représentants qui occupent une place d'autorité dans la hiérarchie de

l'Oratoire : «À Juilly, [les jurys de la remise des prix] […] étaient présidés par le général

même de l'ordre»216.

La structure hiérarchique de ces institutions prévoyait aussi une surveillance vigilante des pratiques pédagogiques par les «visiteurs »217 – sorte de corps d’inspection – qui se rendaient tous les ans dans les différents établissements. À l’occasion de ces visites où était vérifiée la qualité enseignante des collèges, des critiques pouvaient être émises à l’encontre

des certaines pratiques autoritaires et rudes auxquelles était préférée l'efficacité de l'aménité : « Il y a plusieurs autres voies que le fouet, et pour amener les enfants à leur devoir, une caresse, une menace, l'espérance d'une récompense ou la crainte d'une humiliation font plus d'effets que les verges»218. Néanmoins, bien que rare, la pratique du fouet n’était pas totalement bannie, usage qui aujourd’hui semble être en discontinuité avec les nombreuses

214Ibid., p. 221. 215Ibidem. 216Ibidem. 217Ibidem. 218Ibid., p. 207.

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affirmations témoignant d’une attention à la psychologie de l’enfant et d’un souci de ne pas le blesser ou l’exaspérer afin de ne pas compromettre son parcours scolaire : «Il y a des temps

d'opiniâtreté où un enfant se ferait plutôt tuer que de plier »219. Les collèges oratoriens mettent ainsi en pratique de nouvelles formes d'organisation didactique qui invitent à porter un regard neuf sur la personne de l'élève en ménageant progressivement le renouvellement de la relation

éducative. Les enseignants de l'Oratoire à l’initiative de telles méthodes sont conviés à exercer leur profession conformément à l'esprit d’amabilité, de bienveillance et de modération

valorisé par le fondateur de l'ordre – le cardinal de Bérulle – qui conseille de faire montre d'exemplarité et de déférence à l'égard les élèves :

Veillez sur votre charge. Ayez un grand respect envers les âmes de vos inférieurs ; commandez rarement, reprenez peu et montrez beaucoup d'exemples. Exhortez souvent. Soyez plus père que supérieur ; ayez plus de patience que de zèle. Pâtissez plutôt que de faire pâtir les autres. Disposez doucement les âmes à ce qui leur est convenable et ne reprenez jamais qu’après quelque récollection précédente en vous-même220 .

Les termes « respect, exemple, patience, doucement » caractérisent clairement les modalités éducatives selon lesquelles les enseignants oratoriens officient. La réciprocité du respect dans la relation éducative constitue un point de départ fondamental pour mettre l'apprenant en confiance. De même, en se montrant exemplaire, l'enseignant oratorien affiche concrètement ses attentes en matière d'éducation. La patience et la douceur favorisent la mise en place de conditions optimales d'enseignement qui s'adaptent aux différents rythmes d'acquisition des apprentissages : ce sont là aussi les outils de la différenciation pédagogique. Fidèles aux orientations données par le fondateur de la congrégation, ces préceptes pédagogiques repris par les enseignants de l'Oratoire fondent la qualité professionnelle de

certains professeurs oratoriens dont l’un des plus connus est le Père Lamy qui, en 1683, publie

un ouvrage de référence Les Entretiens sur les sciences, dans lequel il décrit les conceptions

éducatives qu’il a faites siennes :

On leur donne d'habiles maîtres qui leur font aimer les livres, qui règlent leurs études, et leur marquent les livres qu'ils doivent lire : qui président aux conférences qu'ils doivent faire. Là chacun selon sa capacité apporte quelques petites pièces, sur laquelle tous disent leurs sentiments. On propose de discuter sur l'histoire, sur les coutumes des Anciens, sur la grammaire. L'on ne nous propose pas la