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La Conduite des écoles chrétiennes

D e l’ombre aux lumières : l’édificati on de la

4. Une réflexion pédagogique évolutive mise en débat

4.3. La Conduite des écoles chrétiennes

Dans le microcosme intellectuel de leur époque, Madame de Maintenon et Fénelon incarnent donc des précurseurs qui ont avancé dès la fin du XVIIe siècle des idées nouvelles sur l'éducation des filles, souvent très négligée.

Quelques années plus tôt Jean-Baptiste de La Salle, quant à lui, s’était préoccupé de l'éducation des jeunes gens démunis qui n'avaient pas d’emblée accès à l'instruction. Son action en direction des milieux sociaux défavorisés, joue un rôle important dans la réflexion pédagogique du XVIIIe siècle, notamment au niveau des principes didactiques à appliquer

dans la relation éducative collective. C’est dans ce cadre qu’est écrit l’ouvrage pédagogique

La Conduite des écoles chrétiennes, considéré par Dominique Julia comme le signal de la

« naissance de la pédagogie moderne »364.

4.3. La Conduite des écoles chrétiennes

Les écoles chrétiennes ainsi créées sont destinées à la scolarisation des enfants démunis parce que « priorité est de transmettre à ces pauvres le minimum d'éducation »365. La réalisation de ce minimum passe par quelques étapes essentielles qui ont été soulignées par Christophe Mory dans son étude consacrée à Jean-Baptiste de La Salle. Pour le pédagogue

362 Brouard-Arends, Isabelle et Plagnol-Diéval Emmanuelle. Op. cit., p. 256.

363 Salignac, François de Salignac de La Mothe-Fénelon. De lÉducation des filles. Op. cit., p. 28.

364 Chartier, R., Julia, D., Compère, M.-M. Op. cit., p. 114.

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chrétien, l’école doit bénéficier d’une respectabilité à partir de laquelle se construit la

reconnaissance scolaire ; respectabilité à la fois des dirigeants, des enseignants et des écoliers qui fréquentent ces établissements. Dans ce but, il est important de favoriser la motivation de chacun – « on ne fait bien et volontiers une chose, autant qu'on la fait avec goût » 366 – et

l’implication des personnels associés à la création de son projet, car « l'estime de l'école porte à ne rien négliger pour se procurer toutes les connaissances dont on a besoin, pour s'acquitter parfaitement de cette fonction »367.

En associant l’idée de qualité à celles de « goût » et d’ « inclination » des professeurs, Jean-Baptiste de La Salle souligne également le rôle déterminant de la conscience professionnelle du corps enseignant. Établissant un parallèle entre l’enseignant et ses élèves, d'un côté, et Jésus-Christ et les enfants d'un autre côté368, l'initiateur des petites écoles chrétiennes invite par ailleurs à une sorte de mimétisme dans lequel le professeur est mû par

un sentiment de bienveillance à l’égard de la jeunesse à instruire. Caractérisée par la « bonté » et la « tendresse », la relation éducative lassallienne se nourrit d'indulgence, de générosité, de charité et d'affection, bien loin des châtiments corporels violents et injustes dont étaient victimes les jeunes générations, à la même époque. Si le modèle religieux dicte l'organisation nouvelle des rapports entretenus entre maître et élève, selon Christophe Mory le pédagogue donne toutefois à ce modèle une haute signification :

L'exemple de Jésus-Christ n'est pas le seul motif propre à exciter le jeune maître à se livrer à l'instruction des enfants, avec une affection, une ardeur, une patience et une résolution, que rien ne puisse rebuter ; la foi lui fait découvrir qu'il n'y a pas de fonction plus honorable que d'amener les enfants à Jésus-Christ, et en même temps de tenir sa place, de faire son office, pour les recevoir, les élever, les instruire, remplir leurs esprits de ses maximes, leur procurer sa protection, sa bénédiction, sa grâce ; leur apprendre la voie qui conduit au ciel. Jésus-Christ les lui confie pour veiller à la conservation de leur innocence, pour leur apprendre tous les mystères de sa vie, sa mort, tous les préceptes, à l'observance desquels il a attaché leur salut et la vie éternelle369.

Comme on le voit, les qualités professionnelles dont doit faire montre le jeune maître sont « l'affection, l'ardeur, la patience et la résolution », qualités qui contribuent à donner une nouvelle dimension au cadre scolaire où l'enseignant joue un rôle fondamental de proximité et d'écoute à l'égard des jeunes gens à éduquer.

Pour donner un caractère encore plus concret aux méthodes à appliquer face à ses

366Ibidem.

367Ibidem.

368 Voir Ibidem.

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élèves, Jean-Baptiste de La Salle apporte un soin particulier à l’organisation du lieu et du

temps scolaires :

Sa classe bien tenue servira à plier de bonne heure l'esprit des enfants à la vertu, à l'ordre, à la soumission, à arrêter leur légèreté naturelle ; ils y apprendront la manière de résister aux tentations, d'éviter les occasions de faire le mal ; de faire un bon emploi du temps, et de remplir la fin de leur création. Ses instructions bien faites deviendront un préservatif contre la contagion des maximes, […] et des mauvais exemples du monde corrompu370.

Le lieu et son organisation tiennent un rôle primordial dans les conditions qui président à la transmission des savoirs et savoir-faire. Cet aspect matériel n'est pas anodin puisque l'estime pour l'école se construit également grâce au bon entretien des locaux dont les inspecteurs, qui font aussi office de directeurs d'établissement, ont quotidiennement la responsabilité371. En évoquant les différents responsables de l'organisation scolaire de la petite école chrétienne, le frère montre son attachement pour une rigoureuse hiérarchie dans laquelle l'inspecteur assure le double rôle de directeur et d'intendant : Jean-Baptiste de La Salle prévoit donc les différentes charges qui relèvent de la tenue d'un établissement scolaire.

Ainsi, les frères des écoles chrétiennes souhaitent dispenser un enseignement de qualité selon les principes de discipline et de bonne tenue qui correspondent à la bienséance d'une éducation vertueuse372. Ce qui est inédit dans la démarche du religieux repose sur la

création d’un code éducatif qui prend en compte la situation de l'élève, la manière de

l'instruire, mais surtout le futur maître et les différentes connaissances à maîtriser pour remplir

ses missions éducatives. La Salle s’approprie des traités et ouvrages édités sur la question de

l'éducation, puis s'en détache avec le recul nécessaire pour édifier sa propre réflexion éducative. Dès la préface de son ouvrage Conduite des Écoles chrétiennes, est soulignée la particularité d’une démarche élaborée « en forme de règlement après un très grand nombre de conférences avec les frères de cet institut les plus anciens et les plus capables de bien faire

l’école »373. Est rappelée également l’« expérience de plusieurs années »374 du pédagogue qui lui a permis de ne retenir dans son écrit pédagogique « rien […] qui n’ait été bien concerté et bien éprouvé, dont on n’ait pesé les avantages et les inconvénients, et dont on n’ait prévu

autant qu'on a pu les bévues ou les mauvaises suites »375. Ce propos introductif fournit aussi 370Ibid., p. 301. 371Ibid., p. 338 & 339. 372Ibid., p. 114 & 115. 373Ibid., p. 115. 374Ibidem. 375Ibidem.

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des précisions sur les procédures concertées et réfléchies permettant la mise à plat des différents codes éducatifs appliqués dans les écoles chrétiennes.

Très attaché aux idées d'excellence et de perfection qu'il souhaite faire rayonner dans

les classes pour satisfaire aux exigences d’une grande renommée, le frère préconise la mise en place d'une discipline active, afin que cesse l’habituel chahut des classes surchargées, face auxquelles les enseignants ont des difficultés à intervenir sereinement. De même, le pédagogue invite à suivre de manière très rigoureuse les élèves : le maître apprend alors à les connaître afin de les aider du mieux possible à réussir leurs apprentissages. À cette obligation

envers l’écolier s’ajoutent des règles plus institutionnelles comme l’assiduité, la ponctualité et

le respect du voisinage parce que le maître « ne souffrira pas qu[e] […] [les élèves] s'amusent à courir et à jouer pendant ce temps dans le quartier voisin de l'école ; et qu’ils incommodent

en quelque façon que ce soit les voisins »376. Si les écoliers doivent donc adopter une attitude irréprochable hors de leur établissement, dès qu’ils franchissent le seuil de leur lieu d’étude, ils sont priés de respecter le silence pour ne troubler ni l’attention ni la concentration du

groupe.

D'un point de vue pédagogique La Salle prévoit neuf modalités d'enseignement définissant des contenus de savoirs à dispenser par les maîtres. Ces leçons correspondent à une sorte de programme d'enseignement qui aborde les sujets à traiter en classe : « la table d'alphabet »377, « la table des syllabes »378, « le syllabaire »379, « le deuxième livre pour apprendre à épeler et à lire par syllabes »380, « le même second livre dans lequel ceux qui savent parfaitement épeler commencent à lire »381, « le troisième livre qui sert à apprendre à lire par pause »382, « le psautier »383, « la civilité chrétienne »384, « les lettres écrites à la main »385. La progressivité et l'utilisation de manuels scolaires appropriés caractérisent

l’apprentissage de la lecture. De même, il est tenu compte des avancées de chacun des élèves

et, pour cela, le frère prévoit trois groupes de besoins afin de répondre du mieux possible à ce qui pourrait ressembler à une sorte d’individualisation de l'enseignement : « Tous les écoliers

de toutes les leçons […] seront distribués en trois ordres : le premier des commençants, le

376Ibid., p. 116.

377 La Salle, Jean-Baptiste. Op. cit., p. 37 et 38.

378Ibidem. 379Ibidem. 380Ibidem. 381Ibidem. 382Ibidem. 383Ibidem. 384Ibidem. 385Ibidem.

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second des médiocres, et le troisième des avancés et des parfaits dans cette leçon »386. Cette approche souligne le souci d'évoluer de manière quasi différenciée selon le rythme

d’évolution de chaque apprenant, à qui l’on donne la possibilité de perfectionner ses

connaissances de la langue française.

À la différence des collèges destinés aux futures élites, et dans lesquels domine l'enseignement sévère du latin, dans les écoles chrétiennes de Jean-Baptiste de La Salle prime

l'utilisation de la langue française qui, on le sait, n’est pas toujours la langue maternelle dans

la France d’Ancien Régime, comme en témoignent, entre autres, certains dialogues de Molière387. Soucieux de former les élèves des écoles chrétiennes à une langue française débarrassée des tournures dialectales, onomatopées et incorrections multiples, Jean-Baptiste

de La Salle accorde une importance particulière à cet aspect de l’enseignement. En procédant

de la sorte il espère conduire ces jeunes recrues à s'exprimer, non seulement de façon plus appropriée mais également, comme le souligne Christophe Mory, plus consciente des enjeux que mobilise le maniement du langage :

L'apprentissage de la langue maternelle exercée avec la plus grande rigueur débouche sur l'exercice de la langue fraternelle. En apprenant à dire JE, on éveille la conscience ; TU, l'altérité ; VOUS, le respect et la forme. L'école est le lieu des exigences du langage. Quel langage demande-t-on à l'école des enfants de pauvres ? […] Jean-Baptiste de La Salle va écrire avec méthode les conseils pour parler, pour écouter, pour entreprendre une conversation qui permette autant de s'exprimer que d'apprendre : de dialoguer388.

Pour le pédagogue, le langage est l’instrument qui permet d’entrer en relation avec autrui afin d’établir un échange. C’est pourquoi la diction et l’élocution ont leur importance :

une chose qui est des plus importantes quand on parle, est de bien faire sonner toutes les lettres toutes les syllabes, et de prononcer tous les mots séparément les uns des autres. Il faut aussi ne pas manquer de prononcer la consonne qui finit un mot, lorsque ce mot est suivi d'un autre qui commence par une voyelle ; et on ne doit pas, au contraire, prononcer la consonne finale, lorsque la première lettre du mot suivant est aussi une consonne389.

Mais derrière l’insistance de La Salle on devine aussi les nombreuses difficultés des

élèves pauvres à s’exprimer en langue française. On notera également la volonté et le souci de

386Ibidem.

387 Voir par exemple les personnages de Charlotte et Mathurine dans Dom Juan.

388 Mory, Christophe. Op. cit., p. 220.

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remédiation qui passe par une formulation de manière claire et précise des consignes facilitant l'expression de la parole.

Toutefois, si contrairement aux pratiques pédagogiques des collèges, l’ecclésiastique choisit d’améliorer l’oral de ses élèves, il accorde aussi un soin particulier à l’écriture de la langue française qu’il considère comme une priorité pédagogique. Dans le long chapitre consacré à cet apprentissage, il insiste sur le matériel à utiliser pour parvenir à une écriture de qualité – le papier, les plumes et le canif, l’écritoire et l'encre – objets peu familiers aux élèves recueillis dans les écoles chrétiennes qui n'avaient pas les moyens de se les procurer,

raison pour laquelle était prévue la gratuité de cet outillage. Selon l’habitude de l’époque, la calligraphie n’est pas oubliée390

mais, là comme ailleurs, loin d’être esthétique l’objectif

demeure bien concret et utilitariste :

La manière de leur apprendre l'orthographe, sera de leur faire copier des lettres écrites à la main, surtout des choses qu’il leur sera utile d'apprendre à faire, et dont ils pourront avoir besoin dans la suite ; comme sont des promesses, des quittances, des marchés d'ouvriers, des contrats de notaires, des obligations, des procurations, des baux à louages et à fermes, des exploits et procès-verbaux, afin qu'ils puissent s'imprimer ces choses dans l'imagination, et apprendre à en faire de semblables391.

La nouveauté dont témoignenet les théories éducatives lassalliennes est l'expression d'un besoin qui jusqu'alors n'avait pas été pris en considération : la formation des maîtres. Pour prétendre dispenser un enseignement de qualité, il est indispensable, que celui-ci soit pris en charge par des personnels qualifiés, formés et compétents. Afin d'atteindre cet objectif est prévue la mise en place d'un inspecteur vigilant qui surveille les maîtres pour garantir leur

efficacité et leur professionnalisme. L’enseignant se doit donc d'être irréprochable dans ses

comportements personnels et ses attitudes professionnelles, aspect essentiel et fondamental pour construire une relation éducative dans laquelle « l'exemplarité est au fondement du message lassallien » 392

. En effet, « de même que son exemple [celui de Jean-Baptiste de La Salle] s'impose aux frères des écoles chrétiennes, leur exemple s'imposera aux enfants afin que du respect naisse la pédagogie élémentaire »393.

Cette « pédagogie élémentaire » permet à l’élève de s'imprégner des agissements et

attitudes dont il est le spectateur : il apprend ainsi à se construire en appliquant des procédures d'imitation, sorte de mimétisme inné qui participe activement à sa progression personnelle.

390 La Salle, Jean-Baptiste de. Conduite. Op. cit., p. 76.

391Ibid., p. 99.

392 Mory, Christophe. Op. cit., p. 294.

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Dans l'objectif que les écoliers puissent s'appuyer sur une observation instructive est établie une liste de seize défauts dont le jeune enseignant doit se départir pour être assuré de remplir ses missions éducatives :

Les défauts ordinaires aux jeunes maîtres sont :1. La démangeaison de parler ; 2. La trop grande activité, qui dégénère en pétulance ; 3. la légèreté ; 4. la préoccupation et l'embarras ; 5. la dureté ; 6. le dépit ; 7. les acceptions de personne ; 8. la lenteur et la négligence ; 9. la pusillanimité et la mollesse ; 10. l'abattement et le chagrin ; 11. la familiarité et la badinerie ; 12. les distractions et pertes de temps ; 13. les variations de l'inconstance ; 14. l'air évaporé ;15. une trop grande concentration sur soi-même ; 16. le manque d’égard pour la différence des caractères, et des dispositions des enfants confiés394

.

L'évocation de ces défauts nécessite d’être traduite positivement pour déterminer les

qualités indispensables à l'exercice de l'éducation. Cela signifie que le maître doit faire preuve

d’une grande écoute à l’égard de ses classes en amenant les élèves à s’exprimer en sachant limiter la parole professorale pour nourrir les silences et les interventions orales des élèves.

De même, l’enseignant efficace et sérieux n’a pas à gaspiller son énergie en agitations

vaines et perturbatrices, car il doit user de profondeur et de réflexion en évitant toute forme de

pensée superficielle. La situation pédagogique conduite en classe fait l’objet d’une pleine maîtrise, car l’intervention professorale a été préparée au préalable, ce qui crée une fluidité

naturelle avec des repères de compréhension pour l’assemblée d’élèves.

L’enseignant apprend également à garder ses distances par rapport aux apprenants. La

Salle conseille un comportement professoral établissant une barrière virtuelle sensible entre le maître et sa classe. Cet intervalle spatial et intellectuel assoit la crédibilité de l’enseignant,

distingue le maître de la masse scolaire, bannit toute forme de « familiarité et badinerie »395 dans la relation éducative des écoles chrétiennes :

Un moyen de corriger la familiarité, est d'empêcher le maître de parler aux écoliers, sans une vraie nécessité ; de rien faire de contraire à la gravité ; de ne pas souffrir qu'il leur parle jamais en riant ; qu’il ne leur donne rien par amitié particulière, qu’il ne leur fasse rien faire, ni qu'il accorde rien de particulier à aucun, par ce principe vicieux. Il faut l'engager à ne pas tolérer les fautes de ceux pour qui il sentirait de la sympathie, à ne pas souffrir qu'aucun lui parle jamais trop haut, sans respect, sans retenue, sans être debout et découvert. Il n'en doit pas faire venir auprès de lui, ni leur parler à tout propos, et sans gravité, ni réserve, comme il ferait avec ses compagnons396.

394 La Salle, Jean-Baptiste de. Conduite. Op. cit., p. 321.

395Ibid., p. 334.

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Cette section souligne la nature des liens entretenus entre maître et élève et aborde le

sujet de la relation magistrale face au groupe d’apprenants. Il est important que le maître fasse

preuve d'un grand sens de l'équité : il lui est conseillé d'éviter toute forme d'empathie particulière à l'égard d'un seul écolier. En fustigeant le favoritisme, néfaste à la dynamique et aux avancées d'une classe, Jean-Baptiste de La Salle rejette ce qu’il nomme «un principe

vicieux». Dans une optique similaire, l'élève ne doit pas être considéré comme le semblable du maître, c'est la raison pour laquelle ce dernier s'adresse à lui d'une manière complètement différente de celle utilisée avec ses collègues. Les recommandations soulignent également que l'enseignant se contraint à une ligne de conduite et s'y tient fidèlement en faisant preuve de constance, de patience et de persévérance. Cet aspect constitue une caractéristique importante

sur laquelle reposent l'efficacité et la qualité de l’enseignement exemplaire :

Lors[…]que les enfants aperçoivent leur maître marcher invariablement sur une même ligne, tracée par la prudence et la droite raison, ils prennent aussi l'habitude de tenir une conduite réglée et uniforme. Après qu'ils ont vu un maître pendant huit jours, ils sont en état de juger ce qu'il sera toujours, de concevoir ce qu'ils doivent être eux-mêmes comme écoliers397.

La continuité favorise l'acquisition d’une méthodologie de travail acquise grâce à l’imitation du modèle professoral. En agissant à l'image de leurs formateurs, les écoliers

explorent les atouts de « la droite raison » et leur aptitude au jugement personnel. Raison et jugement indiquent les deux nouvelles directions prises par les innovations pédagogiques du siècle des Lumières.

Les successeurs du frère pédagogue se sont saisis de ces caractéristiques, émanations