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4. Pour une autre définition de la compétence interculturelle

2.2. Les opérations discursives

Un discours peut être considéré comme la condensation d'opérations dont certaines sont obligatoires quant à leur place dans ce discours qu'elles

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"Techniques d'expression", ALLOUCHE V., BOUYON-PENIN Cl., COIANIZ A., CFP, Université Paul Valéry Montpellier III, 1980.

caractérisent, et d'autres, facultatives, tiennent à l'intention du scripteur ou du locuteur.

Ainsi, dans un exposé, on est amené obligatoirement à

 annoncer le plan

 introduire

 faire des transitions

 développer - conclure Par contre  désapprobation  la restriction  l'opposition  la supposition

Dépendent de l'intention du scripteur ou du locuteur, de la position qu'il a par rapport au sujet.

Il paraît indispensable de pouvoir utiliser de manière automatique les phrases qui réalisent les opérations discursives, avant de s'essayer à la composition de discours complexes.

C'est la raison pour laquelle les "techniques d'expression" s‘ouvrent sur des O.D. accompagnées de nombreux exercices qui libéreront les étudiants de la recherche laborieuse des formes de phrases adéquates.

Les opérations discursives peuvent être classées en trois groupes:

a) Opérations discursives constitutives de la plupart des discourset

qui ont une place conventionnellement fixée dans ces discours :

L'analyse du sujet L'introduction La conclusion Le résumé Le développement La transition

b) Opérations discursives relationnelles, qui relient deux éléments discursifs L'Ajout La Différence Le But L'Exclusion La Cause L'Exemple La Comparaison L'explication La Condition L'Identité La Conséquence L'Inclusion La Constatation La Précision

La Datation et la Durée La Présupposition La Déduction Le Rappel

La Dépendance Le Rapprochement La Référence

c) Opérations discursives positionnelles

L'Affirmation L'Opposition L'Approbation La Relativisation La Concession La Restriction La Désapprobation La Supposition La Mise en question Remarque :

L'Insistance n'est pas une opération discursive positionnelle explicitement, mais peut l'être implicitement. Cette classification n'a qu'une fonction pédagogique, et ne prétend nullement à un statut de rigueur scientifique.

- Les verbes scripturaux

Ont été rassemblés sous ce vocable peut-être inadéquat, en cela qu'il laisse à penser que seuls des verbes peuvent remplir cette fonction, le matériel linguistique permettant l'expression de l'interprétation d'un texte. Il est en effet essentiel de pouvoir nommer les opérations effectuées par un Emetteur dans un

discours. A ce propos, quelques remarques s'imposent. Reconnaître des opérations dans un discours semble présupposer qu'il s'agit là d'une activité technique, relevant d'une compétence linguistique, et qu'il suffit de connaître suffisamment bien les paraphrases réalisant un CL pour reconnaître celui-ci. Or il n'en est rien. BESSE1 souligne à juste titre que plusieurs analystes reconnaissent des CL différents dans un même discours. Cela ne réfute en rien la notion de CL, mais souligne que toute activité discursive est tributaire d'une construction de la signification qui engage et E et R, et que les ratés sont nombreux. L'effort est à faire porter, didactiquement, sur la compétence interprétative de l'étudiant, non sur une quelconque compétence linguistique qui devrait lui permettre à coup sûr d'analyser correctement (?) un texte. Car le terme d'analyse employé à-propos de l'approche du texte ne doit pas faire illusion. Discours sur un autre discours, discours d2 d'un sujet s2 à propos d'un discours dl produit par un sujet si, une distance interprétative est à considérer entre dl et d2. Imaginer qu'une analyse rende compte des mécanismes producteurs de dl, traduise fidèlement en d2 les comportements de si, est une illusion. Pas plus l'analyse de textes que le discours rapporté ne se plie à cette transparence. Cette interprétation doit cependant, dans le cas de l'analyse, être ramenée au minimum de distance d2-dl, c'est-à-dire que s2 se doit, autant que faire se peut (et que sa compétence interprétative le lui permet), fonder un discours analytique d2 sur des traces formelles présentes en dl (ceci pour le texte écrit), ou sur l'ensemble des paramètres de l'interlocution qu'il lui semble devoir être affectés de pertinence pour construire la signification de dl.

L'hésitation de s2 quant à l'interprétation à donner à tel ou tel passage de dl, à propos duquel les intentions de si n'apparaissent pas clairement, peut se marquer en d2 par le marquage interprétatif (Il semble que si ait voulu exprimer... X serait, etc.). A partir d'un même discours dl, deux analystes

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peuvent fort bien parvenir à des discours d2 et d'2 légèrement différents, la détermination des OD réalisées en dl n'étant pas, encore une fois, mécanique, et ce pour deux raisons :

1. aucune théorie du texte n'offre actuellement suffisamment de

profondeur pour fonder une analyse ;

2. spécialement dans un discours écrit, les paramètres permettant de

construire la signification1 sont moins nombreux qu'à l'oral, et la situation d'interlocution ne permet pas de développer des stratégies de demande d'éclaircissement à E.

Ainsi, le vocabulaire analytique est-il également un vocabulaire interprétatif, une lecture parmi d'autres effectuées par l'analyste. Le travail de ce dernier consiste à se démarquer au maximum de ses propres options (son préconstruit), pour tenter de nommer les OD inscrits dans le discours original qu'il traite. Ce matériel linguistique, constitué de verbes, d'expression verbales, de locutions, peut se répartir grossièrement comme suit (mais seule une analyse du fonctionnement des discours analytiques permettrait de spécifier cette classification)

- matériel linguistique orienté vers le texte - matériel illocutoire nommant les opérations, désignées par un indicateur discursif dans le texte, ou non désignées, voire présupposées par celui-ci.

Le matériel linguistique orienté vers le texte décrit les formes du DIRE (dire, affirmer, introduire, exposer, conclure, affirmer, s'interroger, etc.)

Le matériel illocutoire recouvre le FAIRE FAIRE (demander, interdire, exiger, etc.), le FAIRE (excuser, contester, se démarquer), en particulier le FAIRE logique appréciatif (approuver, soutenir) dépréciatif (désapprouver, critiquer), neutre (juger), le FAIRE impressif appréciatif (se convaincre, s'enthousiasmer, adhérer à), dépréciatif (douter, s'étonner) neutre (penser,

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ABBOU A., "Bilan et perspectives de l'enseignement des Techniques d'expression", ELA N° 14, avril-juin 1974, Didier, Paris, p. 8 et sv.

croire). En outre, les marqueurs de l'EIRE (décrire, illustrer, exemplifier). Ce ne sont ici que des suggestions, qui demanderaient à être vérifiées, modifiées après enquête des marqueurs analytiques.

On peut dès lors concevoir des exercices, dont nous ne donnerons pas un échantillon ici, mais que nous situerons, en considérant deux types d'activités

- l'organisation sérielle de CL par les étudiants, à partir d'un thème proposé par eux-mêmes ou par l'enseignant. (type : introduire, développer, conclure, ou : présenter un avis, approuver, etc.)

- l'organisation multipolaire de CL où, à partir d'un CL, d'un EL, réagissent des E2, E3... En par des Cl différents.