• Aucun résultat trouvé

Observation des données : des postures différentes de praticiens et de patients

Dans le document DOCTORAT EN MEDECINE (Page 57-60)

Chapitre 3 – RESULTATS

C. La représentation sociale de Posture

1. Observation des données : des postures différentes de praticiens et de patients

a. La posture de « sachant » du praticien

Nous avons constaté dans notre étude, des postures de médecins de « sachant » dans tous les cas, plus ou moins affirmées, variant entre les consultations et en leur sein.

Exemple de posture de « sachant » marquée selon notre analyse : consultation D019 :

dépistage du cancer du col utérin par frottis cervico-vaginal :

- M « Le frottis, vous savez à quoi ca sert ? »

- P « Oui, tout à fait »

- M « C’est…qu’est-ce que vous…en savez ? »

- P « C’est pour détecter euh les éventuelles bactéries ou microbes qui sont euh au niveau de l’utérus euh… »

- M « Non alors, c’ est pas tout à fait ça. C’est une histoire de virus effectivement…Donc c’est pour vérifier l’aspect du col. Le col, c’est la partie qu’il y a entre l’utérus et le vagin. Donc c’est une zone fragile parce que c’est pas la même muqueuse qu’il y a à l’intérieur de l’utérus et à l’intérieur du vagin. Donc c’est une zone de transition qui est donc sensible à ces fameux virus…qui peuvent donner un cancer du col. Donc le frottis, l’idée, c’est d’aller voir régulièrement, si y a pas des anomalies cellulaires qui sont dûes à ces virus (…) »

- P « D’accord ».

Exemple de posture de « sachant » peu marquée : consultation B019 : prévention de

l’hépatite B par la vaccination, vérification sérologique sur le bilan biologique sanguin

- M (en analysant les résultats) « (…) Le cholestérol est parfait. Le foie, ça va. Et l’hépatite B, vous n’avez pas d’anticorps. Euh pourquoi on avait fait l’hépatite B ? »

- P « C’était pour voir »

- M « Ah, voilà ! »

b. Les postures de praticiens

Toutes les postures (collaboratif, informatif, paternaliste aidant, paternaliste prescriptif) sont

retrouvées dans notre étude.

57

Le praticien collaboratif

Le médecin se met parfois dans la représentation sociale de posture du praticien collaboratif avec recherche d’alliance thérapeutique.

Il s’agit d’une représentation de posture exprimée par des éléments discursifs tels que « faire ensemble », l’emploi du « on » ou encore de la recherche de l’assentiment par l’expression « D’accord ? ».

Exemple : consultation C004 : dépistage d’anomalies du bilan biologique sanguin (suspicion

de diabète)

- M « C’est bien (…) c’est important de vous occuper de votre propre santé hein (en souriant, avec un sourire de la patiente en réponse), de c’qui vous concerne (…) J’veux dire, on est là pour faire les choses ensemble euh… »

Les autres postures de praticien : informatif, paternaliste aidant, paternaliste prescriptif

sont illustrées par les exemples suivants :

Exemple depraticien informatif : consultation B019 (prévention de l’hépatite B) :

- M « Et l’hépatite, vous n’avez pas d’anticorps (…). Donc vous n’êtes pas protégé. Euh oui c’est ça. Si vous souhaitez le faire (…) comme vous voulez, oui vous pouvez hein. Comme vous voulez Monsieur, hein »

Exemple de praticien paternaliste aidant : consultation C002 (prévention de l’obésité

constituée, au sujet de la patience nécessaire dans le cadre du suivi nutritionnel) :

- P « La patience n’étant pas… ma vertu principale (rire) »

- M « Oui, c’est pas grave, c’est pas grave, j’suis là pour…vous en donner, et puis de remettre sans arrêt en perspective le projet, j’veux dire, c’est dans la durée »

- P « Ouais »

Exemple de praticien paternaliste prescriptif : consultation A023 (prévention de l’obésité

constituée) :

- P « Faut pas vous précipiter sur c’que vous mangez (…). Vous prenez vot’ temps justement pour manger, puis évitez d’boire pendant les repas »

c. Les postures de patients

Concernant les patients, les profils varient avec par exemple, certains patients plus directifs et

affirmés voire revendicatifs, tandis que d’autres sont d’avantage réservés, soumis.

Exemple de demande de la patiente formulée avec « des pincettes » : demande de

renouvellement de certificat de non contre-indication à la pratique d’un sport, périmé d’une semaine (consultation B013) :

- P « Et j’ai juste une petite question (…). Alors je sais pas, est ce que…est-ce que c’est possible de faire euh… modifier juste la date euh… »

58

Exemple de demande plus insistante « revendicative » : consultation A075 : suivi du

nourrisson, demande de vaccination par le BCG (prévention de la tuberculose) :

- P « Par contre, je voulais savoir, euh vous le faites pas le BCG ? »

- M « Non. Il va, il va en crèche lui ? »

- P « Non »

- M « Non (en secouant la tête)… »

- P « C’ est pas la peine ? »

- M « Non. Maintenant c’est plus obligatoire (…) »

- P « D’accord. Non parce que, y a sa tante, pareil, elle a un fils de son âge et elle lui a fait faire. Le médecin, il disait que c’était encore en Ile-de-France en fait … »

- M « … » (en secouant la tête)

- P « Non, c’ est pas la peine ? »

d. Variabilité des postures des médecins et des patients

Nous avons constaté que ces postures varient :

- de manière inter-individuelle : d’un patient à l’autre, d’un praticien à l’autre, d’une

consultation à l’autre

- de manière intra-individuelle au sein d’une même consultation : les postures évoluent

souvent au fil de la consultation chez le médecin et/ou le patient. Il s’agit d’un processus dynamique.

Qu’en est-il exactement ?

Nous nous sommes, à partir de ces données d’observations sur les consultations de notre étude, penchés sur la littérature. Nous y avons trouvé une proposition de modèle pour

approcher la représentation sociale de posture dans le cadre de la relation médecin-malade.

L’objectif était de chercher à savoir si le modèle est applicable dans notre étude, en faveur de l’alliance ou de la discordance, conformément à notre axe de recherche autour de la représentation sociale de posture.

Il s’agit du modèle des 4 grands styles relationnels(ou types sociaux de personnalité).

Ce modèle existe pour les relations inter- humaines en général, et a été appliqué à la relation

médecin-malade grâce à certains auteurs comme A. Golay 52 et A. Grimaldi 53.

Il a, comme tout modèle, ses limites.

52 Golay A., Lehmann T., Jacquemet S., Jagstaidt V., Nicolet J., Assal J.-P. (1995). « Comment améliorer l’observance des patients ? », in Psychothérapies, vol. 15, n° 3, p 137-144, Hop. cantonal univ. Genève, div. enseignement thérapeutique maladies chroniques, 1211 Genève, Suisse.

53

Simon D., Traynard P.-Y., Bourdillon F., Gagnayre R., Grimaldi A. (2013). Education thérapeutique : prévention et maladies chroniques, Elsevier Health Science, p 272

59 Par définition, un modèle ne peut expliquer toute la réalité dans son entière complexité et n’en est qu’une simplification imparfaite.

Il ne représente qu’un outil et il serait réducteur de ne pas en tenir compte.

Ce modèle du style social relationnel, permet de proposer un éclairage pratique pour les

situations de discordance dans les relations, en particulier, dans la relation de soin.

Dans le document DOCTORAT EN MEDECINE (Page 57-60)