Chapitre 3 – RESULTATS
E. La représentation de Contexte
Nous allons à présent nous pencher sur la représentation de contexte, pour tenter d’expliquer l’alliance ou la discordance, dans la relation de soin.
Nous avons observé qu’elle semble influer à la faveur de l’alliance ou de la discordance.
1. En faveur de l’alliance
En voici une illustration :
Exemple : consultation A050 : en contexte de consultation empreinte de complicité
médecin-malade (prévention de l’Interruption Volontaire de Grossesse, par la pilule contraceptive) :
- P « Et puis j’aimerais bien prendre la pilule aussi »
- M « Ah bon ?... Jusque là, tu prenais pas d’pilule hein ?
- P « Non, du tout »
- M « D’accord…Alors, y a pas d’soucis ! »
- P « Et si c’est possible, une qui fait pas grossir car j’ai tendance à grossir (sourire de la patiente et du médecin, échange de regards complices, suivi d’un rire de la patiente)
- M « On va essayer, voilà ! (en souriant avec contacts oculaires directs complices avec la patiente) »
2. En faveur de la discordance
En voici une illustration :
Exemple : consultation D020 (prévention de maladies à couverture vaccinale - Tétanos) en
contexte difficile de consultation (patiente qui n’honore pas toujours les rendez-vous, feuille de protocole de soins Affection de Longue Durée à refaire par le médecin car la patiente l’a perdue, carte vitale non à jour…Le médecin est mis en difficulté. De plus, les difficultés de compréhension de la patiente renforce encore celles du médecin…) :
- M : « J’ai vérifié vos vaccins, je sais plus. Non, j’ ai pas vos vaccins (en regardant sur le dossier informatisé).
- P : « … »
- M : « Vous savez ce que c’est les vaccins ? Quand vous êtes arrivée en France, on vous a fait des piqûres dans l’épaule ou le bras, pour vous protéger de certaines maladies ? »
- P : « Je ne me souviens pas »
- M : « Vous vous rappelez pas ça ? On vous a fait une carte avec les noms des vaccins qu’on vous a fait ? »
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- M « Faudrait retrouver ça (…). Il faut vérifier que certains vaccins aient été fait. Alors, quand vous avez été à l’hôpital pour la plaie l’autre fois, il y a 6 mois, ils ont dû regarder déjà ? »
- P « Oui »
- M « Ils ont pas revacciné, vous vous souvenez pas ce qu’ils ont fait ? »
- P « Non »
- M « Mais vous avez pas un espèce de carnet euh. Des vaccins, vous savez pas ce que c’est un vaccin ? »
- P « Si je sais »
- M « Bon. Et vous avez pas de carnet de vaccination ?! »
- P « Non, je n’ai pas de carnet de vaccination »
Ainsi, nous venons d’étudier l’axe de recherche sur les facteurs autour des représentations,
pouvant tâcher d’expliquer ce qui détermine l’alliance ou la discordance dans la relation de
soin.
Nous allons à présent, nous concentrer sur notre autre axe de recherche : l’impact des
représentations sur la communication, la relation de soin, la transmission du message et l’adhésion aux conseils préventifs et gestes de dépistage (comportement induit) à la faveur de l’alliance ou de la discordance.
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III. Les représentations au cœur de la relation de soin et de la
communication
A. Un médecin rencontre un malade : se laisser déplacer ?
Nous avons constaté que le fait de se laisser déplacer, d’accepter de se remettre en question,
pour le praticien et/ou le patient lorsque la situation le nécessitait (blocage/discordance), était
en faveur de l’alliance (retour à l’alliance).
A défaut, nous avons observé de la discordance.
a. En faveur de l’alliance
Voici un exemple illustratif.
Exemple : consultation D019 : suite à une demande de renouvellement de la pilule
oestro-progestative de la patiente, le médecin fait une association entre pilule et sexualité (alors qu’elle a été prescrite à la patiente par un autre médecin pour de l’acné ce qui se découvre et révèle par la suite, d’où le quiproquo). Il est sous-tendu par le stéréotype « Toutes les femmes ayant la pilule, l’ont forcément en raison de la sexualité » et le préjugé « Cette femme de 30 ans a forcément déjà eu des rapports sexuels » :
- M « (…) Vous l’avez fait quand vot’ frottis ? (…) »
- P « Le frottis, euh… »
- M « Ben pour le renouvellement de la pilule, vous avez fait un frottis quand ? »
- P « Jamais… (sourire discrètement gêné de la patiente qui baisse ensuite les yeux) »
- M « Ah, c’est intéressant… ! »
- P : sourire discrètement gêné de la patiente qui baisse encore une fois les yeux
- M « …Vous avez déjà eu…des rapports sexuels ? »
- P « Non »
- M « Non, bon ben c’ est pas la peine. Donc faut qu’j’le marque. J’l’ai marqué déjà ou pas ?... Non, j’l’ ai pas marqué. Ca m’évitera d’vous reposer la question. Donc ‘ Frottis…pas encore nécessaire’»
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b. En faveur de la discordance
Nous avons constaté qu’en cas de discordance persistante, aucun protagoniste ne se laisse
déplacer au cours de la consultation avec un « dialogue de sourd » et une incompréhension.
La communication ne passe pas car personne ne fait l’effort de quitter sa position pour « rejoindre l’autre sur le chemin ».
Chacun reste comme bloqué sur son point de vue, dans sa représentation individuelle et/ou
sociale.
Ces phénomènes sont inconscients ici et échappent autant au médecin qu’au patient.
En voici un exemple illustratif :
Consultation D020 : Prévention de maladies à couverture vaccinale (Tétanos) :
- M « J’ai vérifié vos vaccins, je sais plus ? Non, j’ai pas vos vaccins (en regardant sur l’ordinateur) »
- P « … »
- M « Vous savez ce que c’est les vaccins ? Quand vous êtes arrivée en France, on vous a fait des piqûres dans l’épaule ou le bras, pour vous protéger de certaines maladies ? »
- P « Je ne me souviens pas » (sourire du praticien et de la patiente)
- M « Vous vous rappelez pas ça ? On vous a pas fait une carte avec les noms des vaccins qu’on vous a fait? »
- P « … »
- M « Faudrait retrouver ça (…). Il faut vérifier que certains vaccins aient été fait. Alors, quand vous avez été à l’hôpital pour la plaie l’autre fois, il y a 6 mois, ils ont dû regarder déjà ? »
- P « Oui »
- M « Ils ont pas revacciné, vous vous souvenez pas ce qu’ils ont fait ? »
- P « Non »
- M « Mais vous avez pas un espèce de carnet euh. Des vaccins, vous savez pas ce que c’est un vaccin ? »
- P « Si je sais »
- M « Bon. Et vous avez pas de carnet de vaccination ? »
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