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Présentation de l’étude et remarques générales

B- ORIGINES DE CETTE RÉFLEXION :

III- OBJET DE CETTE ÉTUDE

Le choix du projet de la Casa de la Mujer de Granada comme sujet d’étude de cas, puis de support de stage professionnel s’insérait pour nous dans la logique des premières approches théoriques, que nous avions abordées durant notre DSA (cf. supra : « Origines de cette étude »), eu égard au rôle de l’habitat et des cultures constructives dans des projets de développement. Nous sentions dès lors qu’il nous permettrait très concrètement de mettre en exergue :

• dans le meilleur des cas : la place primordiale que devrait revêtir les notions de « culture constructive » et de « culture locale du risque » en tant que «

ressources locales » dans le cadre du programme de construction mené par

la FAP, HC et CdM,

• dans le pire des cas : le risque qui existe de renforcer la vulnérabilité à la fois de l’association de la CdM, mais aussi plus largement des populations concer- nées par ce projet, si le programme initié ne se basait pas sur les spécificités culturelles et les techniques constructives locales, mais aussi s’il était déve- loppé trop rapidement, sans prendre le temps nécessaire de la réflexion.

IV- OBJECTIFS

Cette étude avait pour objectifs de :

Découvrir et évaluer : les potentiels des ressources locales, aussi bien matérielles

(matériaux de construction conventionnels et naturels) qu’immatérielles (savoir- faire, intelligence constructive locale, culture constructive du risque, etc.).

Comprendre : le contexte national et local du secteur de l’habitat, de ses déficits

réels, de son financement, de ses filières, de ses décideurs, de ses impacts socio- économiques, des enjeux et des opportunités et potentiels mobilisables.

Repérer : les tenants et aboutissants, les stratégies d’acteurs, les bras de leviers

et les freins à l’utilisation de matériaux locaux et/de systèmes constructifs tradi- tionnels.

S’interroger sur : la pertinence et la légitimité de notre présence, sur la qualité

des interventions sur l’habitat réalisées jusque-là, sur les ouvertures possibles à d’autres pratiques, sur les manière de faire émerger des dynamiques, des moyens et des activités non-délocalisables pour y parvenir.

Préciser : quel est le niveau minimum d’interférence et d’ingérence permettant

d’accompagner les activités existantes de la Casa de la Mujer par des « prothèses cognitives » conçues sur la base d’intelligences locales.

V- PROBLÉMATIQUES

Plusieurs problématiques ont pu être soulevées dès que nous avons eu connais- sance du travail à réaliser. Certaines ont trouvé un éclaircissement, d’autres sus- citent davantage de questions :

• Quelle est la situation du secteur de l’habitat et plus particulièrement de l’habitat social au Nicaragua ? Représente-t-il un bras de levier économique pour stimuler l’industrie de la construction ? un poids pour l’économie ? un facteur de développement et d’intégration des couches de population les plus pauvres ? Celles-ci ont-elles accès au financement et à la construction ? Selon quelles modalités ? Quel rôle peut jouer la coopération internationale ? Quels effets collatéraux son intervention peut-elle entraîner ?

• Existe-t-il des exemples de projet d’habitat intégrant des intelligences constructives locales ? des cultures constructives dites « traditionnelles » ? Des systèmes constructifs parasinistres vernaculaires existent-ils à Granada? Le cas échéant, que peuvent-ils représenter aujourd’hui en termes de poten- tiels pour un habitat contemporain ? Les ressources matérielles et humaines pour sont-elles réunies à l’heure actuelle pour s’en inspirer ?

• Comment prendre en compte les problèmes relevés liés au mal-logement et dans ce cas précis, comment l’inspiration tirée d’une architecture verna- culaire peut-elle constituer un marqueur positif et un bras de levier (culturel, économique, environnemental, social) pour concevoir un programme d’ha- bitat contemporain dans le cadre d’un projet de coopération internationale ? • Quelles méthodologies pourraient être suivies ou proposées pour la construc-

tion et l’aide à la décision ?

• Quelles peuvent être les conséquences positives et négatives sur la «  pra- tique » d’une architecture contemporaine en matériaux locaux dans le futur ? Dans l’optique de répondre à ces questionnements, nous devrons mettre en perspective  les choix à faire, notamment architecturaux, eu égard  à plusieurs

Quelques définitions essentielles1

> Risque  : il correspond à la combinaison de la probabilité d’un événement et de ses consé-

quences négatives. Il résulte de la confrontation d’un aléa avec un ou plusieurs enjeux (RISQUE

= Enjeu X Aléa). Le risque peut se caractériser par une relation entre sa probabilité de réalisation

et sa gravité. Il peut donc s’agir d’un accident d’une gravité très élevée mais d’une probabilité d’occurrence très faible. Les risques ne se maîtrisent pas en tant que tels (mais on peut agir sur leurs enjeux).

> Aléas  : probabilité de survenue d’un phénomène (un phénomène dangereux, une substance,

une activité humaine ou condition (processus) pouvant causer la mort, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, des pertes de moyens de subsistance et de services, des perturbations socio-économiques, ou des dommage écologiques). Ses origines peuvent être : socio-naturelles (Phénomène qui résulte de l’augmentation de la fréquence de certains risques hydrométéorologiques et géophysiques), biologiques, géologiques, hydrométéorologiques, na- turels, technologiques.

> Enjeux : personnes, biens, systèmes, ou autres éléments (sociaux, économiques, culturels) pré-

sents dans une zone de risque et qui sont ainsi soumis à des pertes potentielles. C’est l’ensemble

des personnes et des biens susceptibles d’être affectés par un phénomène.

> Vulnérabilité : les conséquences d’un risque sur les enjeux se mesurent en termes de vulné-

rabilité. C’est-à-dire les caractéristiques et les circonstances d’une communauté ou d’un système qui le rendent susceptible de subir les effets d’un danger. La seule prévention pour diminuer la vulnérabilité consiste à gérer l’équilibre des enjeux (Équilibre des enjeux = faible vulnérabilité, donc faible risque).

> Catastrophe : Rupture grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société impli-

quant d’importants impacts et pertes humaines, matérielles, économiques ou environnemen- tales que la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources.

> Préservation2 : est l’action raisonnée permettant de conserver en l’état ce qu’un danger me-

nace. Elle se décline en un ensemble d’activités permettant d’éviter complètement l’impact négatif des aléas, et de minimiser les catastrophes environnementales, technologiques et bio- logiques qui leur sont associées. Par exemple les études d’ingénierie sismique et qui assurent la survie et la fonction d’un bâtiment en cas de tremblement de terre.

> Protection : est l’ensemble de mesures dont on dispose pour empêcher la réalisation de un

risque et informer ceux qui en sont menacés.

> Prévention : ensemble d’actions visant à la diminution de la vulnérabilité. Actions de Préven-

tion : construction para-sinistre, éducation, gestion de risques, aménagement du territoire, dimi- nution de la vulnérabilité, normes de construction, sensibilisation, etc. Donc il s’agit d’actions qui peuvent être prises individuellement ou collectivement pour réduire l’exposition et la vulnérabi- lité aux aléas.

> Résilience : la capacité d’un système, une communauté ou une société exposée aux risques

de résister, d’absorber, d’accueillir et de corriger les effets d’un danger, en temps opportun et de manière efficace, notamment par la préservation et la restauration de ses structures essentielles et de ses fonctions de base.

> Adaptation : L’ajustement dans les systèmes naturels ou humains en réponse à des changements

actuels ou attendus, ou à leurs effets, qui atténue les dommages ou en valorise les bénéfices.

> Ressources locales : Matière première ou source d’énergie naturelle permettant de subvenir

aux besoins une société humaine dans un endroit précis. Cette matière première peut être de type immatériel (telles la tradition et les coutumes) ou matériel (la nature, des capacités techno- logiques etc.).

1 Les définitions proposées ici viennent pour la plupart du document en ligne téléchar- geable sur le site Internet de l'UNISDR (United Nation International Strategy For Disaster Re- duction: http://www.unisdr.org/eng/terminology/UNISDR-Terminology-French.pdf), UNISDR,

Terminologie pour la prévention des risques et de catastrophe Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nation Unies, Campagne mondiale 2010-2011 pour la prévention des catas-

trophes, Genève, Suisse), 2009. Une note de bas de page sera ajoutée aux définitions provenant d'autres références et précisera leur sources.

postures et paramètres :

• les acteurs de projet locaux et internationaux et leurs objectifs respectifs,

• la relation du contexte au projet : un contexte général ou une situation par-

ticulière influencent le projet (conception, choix des systèmes constructifs, matériaux, modes de construction),

• la relation du projet  au contexte : des choix de projet (conception, sys-

tèmes constructifs, matériaux, modes de construction  : auto-construction, construction assistée, etc.) influencent réciproquement un contexte général en en modifiant certains aspects, ne serait-ce que par le résultat construit,

• la gouvernance ou la gestion de projet : la manière de faire (le processus de

l’action) est liée à un contexte et peut avoir une influence sur les choix opérés en matière d’intervention sur l’environnement, à la fois dans les dimensions physiques de la construction (dimensions matérielles) et sociales des commu- nautés considérées (dimensions culturelles, économiques).

Ainsi, les problématiques principales soulèvent la question de savoir en quoi les décisions prises en matière de conception, de systèmes constructifs et de maté- riaux utilisés :

• pourront-elles être liées ou non au contexte et refléteront véritablement une prise en compte de ce dernier dans les ressources mobilisées (humaines et matérielles) ?

• induiront des effets collatéraux favorables ou non au développement local ?