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Observation et analyse

A- LE NICARAGUA ET SON DÉFICIT DE LOGEMENT

3- Les déficits actuels sont de diverses natures et résultent de multiples causes :

Les rapports nationaux et internationaux que nous avons consultés sur la ques- tion du logement au Nicaragua mentionnent le plus souvent un déficit en habitat tournant autour de 500 000 logements. D’aucuns d’évaluer la demande à 410 000 habitations quand d’autres portent leurs évaluations à 800 000 (GRUET, 2009 : 31), ou encore avancent le chiffre d’un déficit de plus de 900 000 habitations (Ruban Selvanayagam15, 2011). Face à de telles imprécisions, il est important de fournir

quelques explications quant à la nature exacte de celui-ci et à son estimation.

3.1- Problème de surpopulation des logements

La «  croissance démographique  » en tant que telle ne peut être considérée comme un problème. La réelle difficulté provient de réponses inadaptées qui im- pliquent directement l’habitat. On entend par « problème de surpopulation des logements » les conséquences à l’échelle nationale du déficit en matière de dis- ponibilité en logements, mais aussi ses conséquences directes à l’échelle de la « cellule » de l’habitat.

« On considère qu’il y a surpopulation dans un logement à partir de deux personnes et plus par pièce. […] la fondation PRODEL va jusqu’à estimer à 58% la part des familles [nicaraguayennes] vivant en surpopulation. »

(GRUET, 2009, p. 32) Certaines ONG estiment qu’un tiers du parc national des logements est surpeu- 15 Source  : http://www.habitationfortheplanet.org/blog/2011/10/nicaragua-lacking-cohesive-

base-of-the-pyramid-housing-solutions/. Page consultée le 11.10.2011. Figure 16- (Source : IVème recensement sur l’Habitat (2005)

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plé16. D’autres évaluations nationales parlent elles de 43.7% de la population vi-

vant entassée dans des logements trop petits17.

3.2- Déficit qualitatif

Il est très important de prendre en compte les aspects qualitatifs des logements pour évaluer le véritable déficit national.

«  La BID18 évalue à 70 % la part du stock de logement requérant des rénovations. La moitié de ces logements, pourrait même tout bonnement

nécessiter un remplacement. » (GRUET, 2009 : 32) Cette estimation confirme l’évaluation effectuée fin 2004 au Nicaragua19 par le

plan national de logement, Plan Nacional de Vivienda, qui chiffrait le déficit quali- tatif de logements à 800 000 habitations, dont 400 000 sont considérées comme indignes. La question de savoir si ces dernières nécessitent une « rénovation » ou une « reconstruction » est toujours posée.

3.3- Déficit quantitatif

Le IVème recensement de l’Habitat qui a été effectué en 2005 pendant l’adminis-

tration d’Enrique Bolaños a établi qu’il existait alors un total de 978.335 maisons habitées dans le pays, incluant les cas de surpeuplement extrêmes et d’habita- tions construites dans les zones à hauts risques (sismiques, cycloniques et de glis- sements de terrain). Cette même étude identifia un déficit quantitatif d’environ 400.000 logements.

Des ONGs spécialisées dans les enjeux liés à l’Habitat s’insurgèrent alors contre les résultats et la méthodologie du recensement, les mettant directement en cause et déclarant que l’étendue des problèmes du mal-logement dans le pays a été sous-estimée20.

Selon l’économiste Nestor Avendaño21, le déficit « (…) pourrait dépasser les 700

000 logements et non les 500 000 dont on parle généralement ». De fait, il a été dé- 16 Source téléchargeable à l’URL suivant: http://www.habitat.org/lac/pdf/situacion_vivienda_ni-

caragua.pdf.

17 « Mercado de la vivienda en Nicaragua aún es pequeño », In : El Nuevo Diario (13/01/2008, Source URL / http://www.elnuevodiario.com.ni/economia/5760, page consultée le 11.10.2011).

18 BID : Banque Interaméricaine de Développement

19 IVème recensement national de l’Habitat, 2005, source téléchargeable à l’URL suivant: http:// inide.gob.ni/censos2005/VolVivienda/Vol%20I/Vol.I%20Vivienda%20Departamentos%20Re- giones%20Autonomas.pdf.

20 « The Housing Deficit : One of the most shocking reminders of Nicaragua's neoliberal past », Karla Jacobs, In  : http://tortillaconsal.com/housing_2010.html (03/09/2011, page consultée le 11.10.2011).

21 « Urgen parar el déficit de viviendas », In : El Nuevo Diario (19/08/2006, Source URL / http:// impreso.elnuevodiario.com.ni/2006/08/19/economia/26890, page consultée le 13.10.2011).

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montré que les logements nécessitant des réparations structurelles et des amé- liorations majeures (les abris, cabanes et les taudis constitués de matériaux de construction inadéquats à la construction - bouts de tôles, bâches en plastique, etc.) étaient inclus dans le nombre de maisons existantes au lieu d’être recensés comme éléments du déficit.

Pourcentage des habitations dont les murs sont constitués de matériaux hétéro- gènes (donc considérés ici comme « inadéquats ») :

National

Total Dépt. Ma-nagua Rural Total Rural RAAN Rural Chi-nandega Mixe Béton/ contrepla- qué, etc. 40.4% 63.8% 18.3% 6.8% 32.8% Moitié béton / moitié bois 8% 17.5% 6.3% 4.2% 2.8% Adobe / Terre 18% 0.8% 22.6% 0.5% 26.5% Bois 24% 8.8% 40% 74.5% 15.3% Tôle ondulée 3% 6.8% 1.7% 0.4% 2.6% Bambou / feuilles 3% 0.2% 6.5% 11.8% 9.8% Débris / déchets 1.8% 1.5% 2.3% 0.7% 6%

Ainsi, malgré la diversité des estimations communiquées un consensus évident existe sur la précarité de la situation et sa constante aggravation. Il est par ail- leurs intéressant de souligner que le matériau « terre » est également considéré

ici comme impropre à la construction, malgré l’existence et la valorisation d’un riche patrimoine constructif érigé en terre (réglementations visant à la protec-

tion du patrimoine colonial, reconnaissance de son potentiel touristique, etc.). Nous verrons que ce paradoxe se constate aussi à Granada, ville pourtant très touristique et dont le patrimoine des constructions en terre est considérable. SYNTHÈSE DES ESTIMATIONS :

recensement national: 1.000.000 de logements

Déficit global en logements : plus de 900.000 logements.

Figure 18- (Source téléchargeable à l’URL suivant : http://www.habitat.org/lac/pdf/situacion_ vivienda_nicaragua.pdf.)

Celui-ci représente en fait :

• un déficit quantitatif représentant un besoin urgent de 400.000 nouvelles

constructions,

• un déficit qualitatif désignant près de 500.000 habitations délabrées (soit la moitié du parc immobilier actuel) qui nécessitent des réparations et amé- liorations majeures à réaliser.

Cela signifie que le Nicaragua n’est en fait doté que d’un peu plus du tiers du parc de logements requis pour répondre aux besoins réels de la population.

Sachant que le Nicaragua compte environ 1 million d’habitations pour 5,7 mil-

lions d’habitants et que 500.000 habitations sont délabrées, le degré de gravité

de la situation est considérable. De fait, cela implique qu’en se basant sur une cellule familiale de 5 personnes, près de la moitié de la population (soit presque

3 millions d’habitants) vit entassée dans des logements surpeuplés, dangereux ou indignes.

4- Persistance et augmentation annuelle du déficit VERSUS