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La notion d’identité régionale et les significations du concept de région

1.2 Identité, territoire et région: dialogue entre spatialité et relations sociales Avant d’entamer notre immersion dans les catégories théoriques d’identité, de territoire et de

1.1.3. La notion d’identité régionale et les significations du concept de région

Il ne fait aucun doute que le concept de région s’articule sur ceux de territoire et d’identité pour appréhender la relation de pouvoir entre les différents acteurs et, par conséquent, de leurs relations avec l’espace, constituant et reconstituant des territorialités, tant dans la région semi-aride que dans les APL objets d’étude de cette thèse. Les appropriations du pouvoir sont faites de manières différentes par les acteurs sociaux. Les stratégies différenciées d’accès au pouvoir, traduites par le processus de territorialisation, se font en fonction du groupe social dans lequel l’acteur s’insère et la condition de « dominant ou dominé » du groupe social dans le contexte des relations politiques, socioéconomiques et culturelles établies. Michel De Certeau (1994) évoque les « arts de faire », les « astuces » du quotidien, les élaborations et les itinéraires propres, à travers lesquels les individus parviennent à échapper à l’oppression des forces hégémoniques globales de la société urbaine moderne. L’auteur distingue ces derniers, qui exercent des actions tactiques, des acteurs décideurs qui exercent des actions stratégiques: « la tactique est déterminée par l’absence de pouvoir, de même que la stratégie est organisée sur le postulat d’un pouvoir » (De Certeau, 1994, p.101).

Faisant référence à ces différences d’actions entre les acteurs, Milton Santos (1996) affirme qu’au quotidien, se manifestent parallèlement l’ordre de la forme juridique (qui suppose l’obéissance aux formalismes juridiques, économiques et scientifiques), l’ordre de la forme technique (qui conduit aux interactions requises par la technique) et l’ordre du symbolique (qui comprend des formes affectives, déterminées per les modèles généraux de signification et de représentation). Ainsi, à partir de leurs pratiques quotidiennes, les acteurs sociaux se territorialisent dans le lieu à travers une action symbolique (comme l’action tactique chez De Certeau):

« Mais si, d’un côté, l’ordre technique et l’ordre de la norme s’imposent comme des données, d’un autre côte, la force de transformation et de changement, la surprise et le refus du passé, viennent de l’agir symbolique, où ce qui est force est dans l’affectivité, dans les modèles de signification et de représentation. L’importance du lieu dans la formation de la conscience vient

du fait que ces formes de l’agir sont inséparables, bien que leur importance relative ne soit pas la même en chaque circonstance » (Santos, 1996, p.67).

Les relations entre les acteurs et entre ceux-ci et l’espace, à partir des pratiques du quotidien, expriment les conflits, les stratégies et les tactiques comme réponses aux conflits, les territorialités imposées, concédées ou conquises, les résistances, les adaptations, les mécanismes de dépassement de situations extrêmes. Ces pratiques quotidiennes sont des expressions de l’identité humaine, unité de la subjectivité et de l’objectivité, métamorphose (qui, à son tour, apparaît comme non-métamorphose, comme non-transformation). L’identité n’est pas statique, dans la réélaboration constante de sa représentation initiale, elle se reconstitue comme un processus d’identification, qui peut être extrapolé par les espaces vécus au quotidien, comme le signale Ciampa :

« L’identité est fréquemment vue comme représentation (représentée), vue comme donnée; la considérer uniquement du point de vue représentationnel (en tant que produit), c’est laisser de côté l’aspect constitutif (en tant que production), tout comme les implications réciproques de ces deux moments. Toutefois notre point de départ peut être la représentation elle-même, mais en la considérant aussi comme processus de production, de façon que l’identité est comprise comme le processus même d’identification » (Ciampa, 1996, p.160).

Les transformations de la région semi-aride découlent des interventions des politiques publiques visant à consolider l’infrastructure du réseau des villes et à contenir la migration des populations vers les grands centres urbains. La croissance des villes moyennes par le processus d’urbanisation accompagne la modernisation technologique de l’agro-industrie et l’installation d’entreprises dans les espaces ruraux. Peu à peu, les relations entre les acteurs sociaux, plus circonscrites au niveau local, sont alimentées par la dialectique local-global et traversées par l’information, et l’on assiste à l’arrivée de nouveaux acteurs (entrepreneurs, ONG), comme les populations installées dans le cadre de la réforme agraire. Avec les intérêts de ces nouveaux acteurs territorialisés dans la région et l’amplification des canaux d’accès à l’information, les autres acteurs locaux tendent à voir se métamorphoser leurs rapports à l’espace, leurs quotidiens, leurs relations interpersonnelles, et finalement leur vie.

Comme l’affirme Ciampa (1996) la métamorphose est une caractéristique inhérente à la vie même, traduisant le processus de la construction et de la reconstruction de l’identité humaine:

« (...) si l’identité est identité de penser et d’être, la réponse que nous cherchons est une réponse toujours vide, comme un saut, car elle est métamorphose. Le contenu qui surgira de cette métamorphose doit se subordonner à l’intérêt de la raison et découler de l’interprétation que nous faisons de ce qui mérite d’être vécu. C’est la recherche de signification, l’invention du sens. C’est l’autoproduction de l’homme. C’est la vie. Cela peut répondre à la question de l’identité humaine » (Ciampa, 1996, p.241).

Dans son approche dialectique de l’identité sociale sous le prisme de la psychologie sociale, Ciampa (1996) établit des relations d’aspects individuels avec des aspects sociaux,

politiques, économiques, historiques etc. L’individu est perçu comme un ensemble de relations sociales à l’intérieur de l’histoire et l’identité n’apparaît pas seulement comme une question scientifique, mais surtout politique. Pour l’auteur, la structure sociale élargie offre les modèles d’identité dans la mesure où le réseau de représentations touche toutes les relations, où chaque identité reflète une autre identité. Dans le jeu de réflexions multiples, qui structure les relations sociales, les identités non seulement reflètent la structure sociale, mais agissent aussi sur elle, pour la conserver ou la transformer (p.171).

L’identité, en tant que métamorphose, est le fruit d’un processus permanent de construction, qui se définit dans les dimensions sociale et culturelle. Lorsqu’une identité présupposée n’est pas reposée, il y a métamorphose. Néanmoins, ce n’est pas uniquement sous cette forme qu’elle a lieu, mais à chaque fois que sont changés les personnages et que d’autres entrent en scène. De même que la non-métamorphose se produit comme l’inverse de la métamorphose, à travers le mécanisme de (re)position / présupposition et de l’identité comme monotonie. Comme l’explique Ciampa :

« (...) Cette expression de l’autre autre qui est aussi moi, consiste en la métamorphose de mon identité, dans le dépassement de mon identité présupposée. (...) La négation de la négation permet l’expression de l’autre autre qui est aussi moi : cela consiste en l’altérisation de mon identité, en l’élimination de mon identité présupposée (qui cesse d’être reposée) et dans le développement d’une identité posée comme métamorphose constante, où se concrétise toute l’humanité contenue en moi. Cela permet de me représenter toujours comme différent de moi-même (ne plus reposer une identité présupposée) » (Ciampa, 1996, pp.180-181).

Ces différentes formes de rapport entre les acteurs sociaux qui interagissent entre eux et avec le milieu dans la région semi-aride et dans les territoires des APL que nous analyserons, construisant ou détruisant leurs territorialités, produisant ou consommant, régulant ou permettant, interférant ou s’omettant, induisant ou empêchant, expriment le processus de production des différentes identités, qui tantôt concrétisent la métamorphose, tantôt la non-métamorphose. Ciampa (1996) souligne que les différents acteurs représentent des rôles multiples et assument donc différents personnages, constituant différentes manières de les structurer. Tantôt ils consolident l’identité présupposée, qui est alors reposée, tantôt ils assument de nouvelles identités.

« L’homme est un acteur – et non pas une marionnette –, l’acteur qui est participant actif et solidaire d’une production réalisée collectivement. Nous sommes tous des co-créateurs. Dans cette création, nous construisons nos personnages – personnages qui se construisent les uns aux autres, en même temps que nous constituons un univers de significations qui nous constitue » Ciampa (1996, p.212).

La métamorphose des identités des acteurs sociaux accompagne la métamorphose des identités de la région semi-aride, dans un processus si entremêlé qu’on ne peut identifier laquelle des deux est cause ou effet, car elles sont aussitôt engendrées dans un nouveau tourbillon de métamorphoses. Les acteurs décideurs participent à la métamorphose de la

région, puisque, comme le montre Ciampa (1996) les organisations et les institutions ont aussi besoin de subir leurs métamorphoses pour préserver leur rationalité et sont également présents les acteurs non-décideurs dont l’action s’exerce à travers leurs pratiques quotidiennes (comme l’affirme Certeau). Si un individu, avant sa naissance, a déjà une identité présupposée (fils de M. X, agriculteur, qui habite à telle adresse) cette identité peut se consolider dans le processus de (re)position. Mais, à l’identité présupposée s’ajoutent également des nouvelles identités qui contribuent à la métamorphoser.

Une région a pareillement une identité présupposée, construite au long de l’histoire des générations qui y vécurent, de même que de celles qui y vivent encore et celles qui viendront y construire l’avenir. À cette identité présupposée, qui peut être reposée, viennent s’ajouter beaucoup d’autres. En faisant un parallèle avec la région semi-aride, une identité construite par les politiques publiques qui cherchent à produire une nouvelle image de la région, pourra ou non être incorporée par les acteurs locaux. Complétant le cycle du processus d’identification, ils pourront tous, ou une partie d’entre-eux, la concrétiser dans une nouvelle métamorphose.

La question majeure fait apparaître les éléments identitaires d’une région, ses singularités.

Le premier élément est sa position géographique. Le fait d'être localisée dans le semi-aride (du Brésil) lui confère des spécificités morphologiques (facteurs climatiques, topographiques, géologiques etc.) qui impliquent des stratégies de lutte contre la sécheresse. Ces spécificités régionales sont comparables aux caractéristiques physiques d’un individu (la race, la couleur de la peau, des cheveux et des yeux, l’âge, les conditions physiques). Le deuxième élément fait référence à l’histoire déjà ancienne de l’occupation humaine par des activités de type extensif, ce qui pose la question de la dynamique démographique, économique et du poids des traditions. La question historique, celle de la présence de l’homme et des relations sociales dans le temps, apporte une autre marque indélébile: la construction culturelle du peuple, sa dynamique démographique, les migrations, les activités économiques, les traditions religieuses et artistiques. Ces facteurs sont comparables à ceux d’un arbre généalogique, de la formation intellectuelle et professionnelle d’un individu.

La localisation et l’histoire constituent la matrice fondamentale de l’espace et du temps qui s'entrecroisent en définissant une région ainsi comme l’ADN et l’histoire de vie identifient un individu. Toutefois, cette matrice ne se complète qu’avec un troisième élément qui, sauf rares exceptions, se matérialise à partir des deux premiers : l’insertion régionale. Celle-ci est comparable à la façon d’un individu de s’insérer dans la société, soit-elle une « bonne » ou une « mauvaise » insertion sociale. De la même façon, les régions connaissent différents niveaux d'intégration entre elles en fonction de plusieurs facteurs. D’un coté, le niveau d'urbanisation, la capacité informationnelle et technologique, la production de richesses et la circulation du capital, les indices de bien-être social (santé, éducation, habitabilité, sécurité),

le degré de conservation environnementale et la valorisation de la culture locale sont des facteurs qui définissent le positionnement hiérarchique dans le réseau globalisé de villes, soit comme des villes globales (comme São Paulo), soit comme des villes qui donnent le substrat à celles-ci. Les villes du semi-aride comptent parmi ces dernières.

D'un autre côté, ces facteurs reflètent le niveau de développement durable d’une région, au sens large du terme. Néanmoins, il est important de remarquer qu’une région n’existe pas par elle-même. Elle est la représentation des individus et des groupes sociaux et de leurs identités individuelles et sociales qui lui confèrent une identité régionale. Comme le processus d’identification présuppose la reconnaissance de l’altérité, il se produit à travers les relations et les changements entre les différents groupes. Jean Pierre Vernant (2004) clôture son dernier livre « La traversée des frontières » avec une métaphore de l’homme-pont qui exprime poétiquement les échanges entre les individus:

« (…) Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est étranger, se prolonger dans et par lui.

Demeurer enclos dans son identité c’est se perdre et cesser d’être. On se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec l’autre, entre les rives du même et de l’autre. L’homme est un pont » (Vernant, 2004, p.179).

En se servant du personnage d’Ulisses, Vernant analyse comme l’identité sociale se constitue à partir de la reconnaissance de soi par l’autrui. L’auteur raconte que cet héros grec d’un véritable dieu se transforme en un homme repoussant et défiguré par force d’un enchantement de la divinité Athéna. Après le retour d’Ulisses à Ithaque, depuis vingt ans d’absence pour la conquête du monde, son identité est reconstruite, par lui-même et par les autres au fur et à mesure que, même physiquement méconnaissable, il est reconnu par ses proches. Ulisses réintègre la position sociale qu’il avait avant de partir et récupère donc son identité sociale.

« En résumé, je ne dis pas que les gens ne sont rien et que seul le regard social les constitue.

Je dis que ce que les gens sont, leur identité, se construit et se déconstruit en fonction du rapport social qu’ils entretiennent et de ce que les autres voient d’eux » (Vernant, 2004, p.95).

L’importance qui Vernant donne au rôle des rapports sociaux dans le processus d’identification de l’individu, en tant que sujet social, nous la trouvons également chez Ciampa et bien d’autres. Bourdieu (2001) à son tour met l’accent sur l’identité ethnique ou régionale qui, selon lui, sont résultantes des luttes entre les groupes du monde social pour imposer une vision homogène.

« Les luttes à propos de l’identité ethnique ou régionale, (…) sont un cas particulier des luttes des classements, luttes pour le monopole de pouvoir de faire voir et de faire croire, de faire connaître et de faire reconnaître, d’imposer la définition légitime des divisions du monde social et, par là, de faire et de défaire les groupes : elles ont en effet pour enjeu le pouvoir d’imposer une vision du monde social à travers des principes de division qui, lorsqu’ils s’imposent à l’ensemble d’un groupe, font les sens et le consensus sur le sens, et en particulier sur l’identité

et l’unité du groupe, qui fait la réalité de l’unité et de l’identité du groupe » (Bourdieu, 2001, p.282-283).

La relation entre identité et région chez Bourdieu est conçue par l’imposition, à travers un acte d’autorité, d’une régionalisation qui légitime la division du monde social.

« (…) La regio et ses frontières (fines) ne sont que la trace morte de l’acte d’autorité consistant à circonscrire le pays, le territoire (qui se dit aussi fines), à imposer la définition (autre sens de finis) légitime, connue et reconnue, des frontières et du territoire, bref le principe de division légitime du monde social » (Bourdieu, 2001, p. 283).

Si pour le sens commun la région est fréquemment comprise comme une unité territoriale administrative définie à partir de caractéristiques naturelles et humaines qui la différencient des régions voisines, à son origine, dans l’Empire Romain, regione désignait les zones ayant une administration locale subordonnée au pouvoir central de Rome. Pour la géographie, le concept de région occupe un lieu essentiel, réalisant un parcours épistémologique qui privilégie des aspects divers pour le discerner, associés à différentes méthodes de régionalisation.

La notion de régions naturelles a un rapport avec le déterminisme environnemental, apparu vers la fin du XIXème siècle. Pour ce paradigme le milieu naturel assume le rôle de définisseur du degré de développement de la société. Les représentants de ce courant, tels Frédéric Ratzel, affirmaient que les conditions naturelles, surtout climatiques, déterminent le comportement humain et influencent la capacité de progrès des régions. Dans ce sens, la géographie humaine ou antropogéographie est fortement influencée par les sciences naturelles. Selon la définition de Roberto Lobato Corrêa (1987) « une région naturelle est un écosystème dans lequel ses éléments se trouvent intégrés et interagissent » (R. Corrêa, 1987, p.24).

Les régions géographiques, ou régions-paysage, dans la bibliographie allemande et anglo-saxonne, associées au possibilisme36, « existent comme unités basiques du savoir géographique, et non comme unités morphologiques et physiquement préconstituées, mais plutôt comme le résultat du travail humain dans un environnement déterminé » (Gomes, 1995, p.60). La méthode descriptive, développée par Paul Vidal de la Blache (1921), privilégie l’observation et la description détaillée des particularités des aspects naturels et des modes de vie qui se développent dans chaque région. Ce courant de pensée géographique, connu au Brésil comme « École Française de Géographie », a influencé la formation universitaire de la géographie brésilienne dans les années 30 et 40.

La région en tant que produit de la différenciation des zones découle de l’interaction de phénomènes hétérogènes dans une portion déterminée du globe. Dans cette optique, la connaissance régionale, principal produit de la géographie, traduit la rencontre entre

36 Apparus à la même époque, le possibilisme s’oppose au déterminisme environnemental car, bien qu’il focalise les relations entre l’homme et le milieu naturel, il ne considère pas que ce dernier détermine le comportement humain. Le géographe Vidal de la Blache en est le principal défenseur (Corrêa, 1987, p.11-14).

l’homme et sa culture avec la nature. La méthode régionale37, recherche la connaissance synthétique de différentes zones pour la consolidation de la géographie régionale. Pour Hartshorne, la région est un produit mental, une façon de voir l’espace, qui met en évidence les fondements de l’organisation différenciée de l’espace.

La nouvelle géographie théorétique-quantitative38 montre la rupture avec la géographie traditionnelle, et représente un second moment dans le concept de région, « devenant un milieu et non plus un produit » (Gomes, 1995, p.63). La région cesse d’avoir un caractère d’exception pour être le fruit d’une classification générale qui définit comme régions homogènes (unités regroupées d’aires définies par l’invariabilité des caractéristiques analysées) ou régions fonctionnelles (espaces structurés de flux et d’échanges de personnes, de marchandises ou de services). Dans cette perspective, régionaliser, c’est l’action de diviser l’espace selon différents critères explicités qui varient en fonction des intentions de chaque étude. L’analyse régionale, en tant que nouvelle méthode proposée, présuppose l’objectivité maximale dans laquelle les régions, définies statistiquement, ne possèdent pas de base empirique préalable.

En opposition aux fondements économiques des régions fonctionnelles, les géographes de la géographie critique ou radicale39 (années 70), d’inspiration marxiste, prétendent que la classification des régions fonctionnelles camoufle les inégalités entre possesseurs et dépossédés, promues par le système capitaliste. Bien que les défenseurs de ce courant proposent de concevoir la région sur la base de la division régionale du travail, ils ne rejetaient pas la notion de totalité socio-spatiale de la région dans le processus de production de la vie, dans lequel les sociétés produisent leur espace et sont déterminées par lui. Pour Santos (1978), la région est « la synthèse concrète et historique de l’instance spatiale ontologique des processus sociaux, produit et moyen de production et de reproduction de toute la vie sociale » (cité par Gomes, 1995, p.66).

La région, dans la perspective de la géographie humaniste et culturelle40, est à son tour définie par la solidarité territoriale dans l’espace vécu, et la conscience régionale et le

37 Considéré comme le troisième paradigme de la géographie, la méthode régionale a été élaborée par Carl Ritter (première moitié du XIXe s.) sous l’influence de la pensée de Kant (fin do XVIIIe) ainsi que par Alfred Hetter (fin du XIXe). Aux États-Unis, dans les années 40, cette méthode prend de l’importance avec le géographe Richard Hartshorne (Corrêa, 1987, pp.14-16).

38 De formation logico-positiviste, ce courant surgit vers le milieu des années 50, dans le contexte de la reconstruction de l’Europe et de la « guerre froide ». L’approche locationnelle (comme dans la théorie des pôles) se pose en alternative face aux grandes transformations spatiales et prône une nouvelle division sociale et

38 De formation logico-positiviste, ce courant surgit vers le milieu des années 50, dans le contexte de la reconstruction de l’Europe et de la « guerre froide ». L’approche locationnelle (comme dans la théorie des pôles) se pose en alternative face aux grandes transformations spatiales et prône une nouvelle division sociale et