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5. THÉORIE DES CHAMPS CONCEPTUELS ET SES CONCEPTS

5.1. Les fondements de la théorie des champs conceptuels

5.1.1. La notion de conceptualisation

La théorie des champs conceptuels est « une théorie psychologique du

concept, ou mieux encore, de la conceptualisation du réel » (ibid., p. 133). À

l’origine, la conceptualisation est une notion piagétienne désignant « le passage de

l’action à sa représentation cognitive sur le plan supérieur » (Portugais, 1995, p.

46). Elle résulte d’une prise de conscience « à travers la transformation de

schèmes d’action en notions et opérations » (Portugais, 1995, p. 46).

Il y a donc une relation de filiation entre l’action et sa représentation

abstraite sous forme de conceptualisation. Selon Piaget, la conceptualisation est motivée par « le caractère inévitable du besoin d’explication causale » (Piaget, 1974a). Mais plus encore, la conceptualisation devient, lorsque constituée, un moyen d’influencer l’action par le caractère prédictif qu’elle développe et permet.

(ibid., p. 46-47) 5.1.2. La notion de représentation

La représentation détient un rôle décisif « dans les processus de pensée et

dans l’organisation des conduites supérieures » (ibid., p. 47). Selon Vergnaud, ce

concept est fondamental à l’analyse de la formation des connaissances opératoires, de même qu’à l’analyse des processus spécifiques liés à la transmission des connaissances (1985, p. 245). Sa fonction principale est de conceptualiser le réel dans le but d’agir efficacement. La représentation concerne « la formation de

l’expérience dans son ensemble, que cette expérience soit sociale ou privée, systématiquement organisée ou ouverte, discursive ou non discursive » (ibid., p.

246). Ainsi :

L’interaction du sujet avec le réel est essentielle puisque c’est dans cette

interaction que le sujet forme et éprouve ses représentations et conceptions, en même temps que celles-ci sont responsables de la manière dont il agit et dont il règle son action.

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En d’autres mots, le sujet élabore et corrige ses représentations par le biais de ses actions, mais celles-ci sont réglées par ses propres représentations. Toutefois, pour que la représentation soit fonctionnelle, elle doit être impliquée non seulement dans le réglage de l’action, mais aussi dans les attentes de l’individu. Selon Vergnaud l’adaptation au réel « ne peut pas avoir d’autres

critères que celui de la conformité entre les attentes du sujet et les effets réels qui se produisent »; c’est ce qui permet « l’action efficace » (loc. cit.).

On peut dire que la théorie des champs conceptuels cherche entre autres à élucider le fonctionnement de la représentation. Dans son texte intitulé Concepts et schèmes dans une théorie opératoire de la représentation Vergnaud a publié la figure et les remarques ci-dessous, exposant ainsi le lien existant entre la représentation et le réel (p. 249).

Figure 2

Rapports entre représentation et réel selon Vergnaud (1985)

RÉEL aspects transformation effets

actions du sujet SIGNIFIÉ invariants opératoires de différents niveaux inférences règles d’action prédictions, attentes SIGNIFIANT langage naturel autres systèmes de signifiant

1. La fonction de représentation vise à établir des homomorphismes entre réel et signifié.

S1 S2

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transformation

aspects effets

invariants prédictions

2. La représentation calcule des règles d’actions qui engendrent elles- mêmes des actions. Ces actions ont pour but de transformer le réel, ou de l’interroger (écart effet-prédiction) et conduisent de ce fait à l’évolution adaptative du système d’invariants constitutif de la représentation.

3. Les signifiants peuvent désigner des invariants, accompagner des inférences ou des prédictions, expliciter des règles d’action. Mais tout le travail qui s’accomplit au plan du signifié ne s’accompagne pas nécessairement de manipulations symboliques ; et en outre la correspondance n’est pas univoque entre le plan signifié et celui du signifiant.

4. Les systèmes de signifiants sont en relation avec le signifié et sont en relation entre eux. Le langage naturel jour un rôle privilégié, mais n’est pas un intermédiaire obligé pour la raison entre un signifiant Si et le

signifié. Enfin, il serait aberrant d’imaginer une relation directe entre le réel et le plan du signifiant : les homomorphismes éventuels transitent nécessairement par le signifié.

Vergnaud soutient trois positions concernant la notion de représentation. Ces dernières, publiées en 1985, ont été reprises et synthétisées par Portugais de la façon suivante:

- La représentation n’est pas épiphénomène, elle est au contraire

fonctionnelle et indispensable au traitement des situations par le sujet;

- La représentation n’est pas enfermée dans une logique d’utilisation

par le sujet de « systèmes de signifiants sociaux langagiers ou non langagiers » car même si elle de réfère à ses signifiants sociaux, elle peut aussi témoigner de l’apparition, en situation, de nouvelles conduites;

- La représentation doit être analysée dans tous ses aspects

fonctionnels à savoir à la fois dans ses composantes symboliques et dans ses composantes procédurales.

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Afin de bien saisir le fonctionnement de la représentation, il semble important de distinguer, dès lors, les concepts de signifié et de signifiant. Le signifié concerne les schèmes et « se manifeste par une variété de composantes :

invariants, inférences, règles d’actions et prédictions ». En d’autres mots, il

« renvoie au sens mathématique du concept » (loc. cit.). Le signifiant, quant à lui, se rapporte plutôt « au langage naturel, iconique et graphique, aux symboles

écrits, aux tableaux, diagrammes, etc. » (loc. cit.). Ainsi :

Les signifiants disponibles, sociaux pour la plupart d’entre eux, peuvent

évidemment jouer un rôle important dans cette adaptation au réel, mais il faut aussi reconnaître que c’est essentiellement au plan du signifié que se règlent les rapports entre réel et représentation.

(Vergnaud, 1985, p. 250) 5.1.3. La notion de langage

Il est difficile de parler de signifiant sans aborder brièvement la notion de langage. La première fonction de l’activité langagière est celle de la communication. La fonction de représentation ne peut s’exercer utilement sans s’appuyer sur la première. Toutefois, selon Vergnaud, les fonctions de l’activité langagière ne se limitent pas à la communication et à la représentation :

En relation avec ces deux fonctions, on observe une autre fonction du

langage : l’aide à la pensée et à l’organisation de l’action. Cette fonction s’appuie elle-même sur la fonction de représentation, mais ce qui est représenté alors c’est à la fois les éléments de la situation pris en compte, l’action et leurs relations.

(1991a, p. 168) L’activité langagière joue donc un rôle non négligeable dans la représentation et la conceptualisation. Vergnaud souligne que l’homomorphisme entre le réel et la représentation mentale « ne doit pas être recherché au niveau des

symbolismes d’abord », mais plutôt « au niveau des invariants opératoires contenus dans les schèmes. C’est là que se situe la base principale de la conceptualisation » (loc. cit). Ainsi, le langage et les symboles mathématiques

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demeurent directement impliqués dans la conceptualisation et l’action, mais sans «les schèmes et les situations, ils resteraient vides de sens » (loc. cit.)28.