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2 2 Les niveaux de compétences : une population hétérogène S’inspirant de la méthodologie de conception et d’exploitation de PISA, une

échelle en niveaux de performances a été élaborée. Au lieu de « niveau », le terme « groupe » a été choisi par la DEP. Les caractéristiques de chacun des groupes en termes de réussite aux trois « compétences » sont portées dans le tableau suivant.

Tableau 2. Le tableau présente le pourcentage de réussite par « compé- tences » pour chacun des groupes (G). À la dernière ligne, figure le pourcentage moyen d’élèves affecté à ce niveau de réussite.

G 0 G 1 G 2 G 3 G 4 G 5 Moyenne

Prélever 34,60 60,80 77,50 87,20 92,30 96,10 81,60

Organiser 22,60 38,50 56,10 71,50 82,50 91,40 65,50

Exploiter 20,90 30,10 42,70 58,00 73,30 85,20 54,20

% d’élèves 2,00 13,00 30,00 30,00 16,00 10,00

Dans chaque colonne, on trouve les caractéristiques des élèves de ce groupe et le pourcentage concerné dans la population.

Avant de passer à une exploitation un peu détaillée, il faut dégager les grandes lignes de résultats. La réussite par compétence se fait selon la hiérarchie attendue et elle est valable pour tous les groupes. Le prélèvement d’informations basé sur un repérage d’éléments présents dans le texte est le mieux réussi. Cette réussite fléchit dès qu’il faut organiser l’information prélevée en triant, associant, appliquant une règle, effectuant une inférence simple à partir de vocabulaire inconnu, à partir d’indices textuels ou typographiques ou d’accords éventuels… Enfin, l’exploitation de l’information de manière complexe n’est réalisée que par une bonne moitié d’élèves ; elle est basée sur le raisonnement déductif et la cons- truction d’inférences complexes nécessaires à la compréhension de l’implicite… En fin de collège, on peut penser qu’il est nécessaire de savoir organiser l’infor- mation et d’en effectuer divers traitements.

Les acquis des groupes varient fortement. Les élèves du groupe G0 (2 % de l’échantillon) ne sont capables de répondre correctement qu’à un tiers des items « Prélever une information », définis comme les plus simples. En fin de collège, leurs compétences générales se révèlent extrêmement faibles et leurs lacunes ont certainement une origine lointaine dans leur scolarité. Même si plusieurs champs disciplinaires sont concernés et intriqués dans ce protocole, on peut légitimement pronostiquer qu’ils seront classés en très grande difficulté à la JAPD (Journée d’Appel de Préparation à la Défense), ne maitrisant pas les méca- nismes de base de la lecture.

Les élèves du groupe G1 (13 % de l’échantillon) sont capables de « prélever une information » explicite lorsqu’elle est facilement repérable ; mais ils sont mis

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REPÈRES N° 31/2005 M. RÉMOND

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en difficulté devant un texte complexe ou renfermant un vocabulaire peu fréquent ou spécifique d’une discipline. Ils font partie, avec le G 0, des élèves en grande difficulté classiquement détectés par les études de la DEP, ne possédant pas les compétences de base aux Évaluations nationales de 6e et sans doute, pour un certain nombre, à celles de CE2.

Les élèves du groupe G2 (30 % de l’échantillon) réussissent en moyenne la moitié des tâches du protocole. S’ils dominent le « prélèvement d’information », ils ne maitrisent pas les deux autres « compétences ». Ainsi, ils peuvent combiner plusieurs éléments prélevés dans un document, ou extraire une information perti- nente selon plusieurs critères, mais ils ne parviennent pas toujours à organiser plusieurs informations pour en effectuer un traitement. Leur compréhension du cadre spatial et temporel reste encore défaillante.

Les élèves du groupe G3 (30 % de l’échantillon) savent bien « prélever l’infor- mation » et assez bien « organiser l’information prélevée » dans l’ensemble de ses aspects. Ils sont capables d’identifier l’auteur ou le genre d’un texte, de trouver les référents des substituts et de justifier une réponse en utilisant, par exemple, les marques anaphoriques leur permettant de déterminer les personnages d’un récit. Ils sont capables de choisir une conclusion en utilisant des éléments présents dans un texte littéraire ou dans un texte présentant une expérience scientifique. En revanche, ils ne maitrisent pas la compétence « exploiter l’information de manière complexe ». Il faut remarquer qu’ils semblent comprendre assez bien les relations de causalité et de conséquence (69 % de réussites aux items impliqués) et parviennent assez bien à tirer la conclusion d’une expérience (67 % de bonnes réponses), en identifiant la modalité pertinente parmi d’autres dans un QCM.

Les élèves du groupe G4 (16 % de l’échantillon) et ceux du groupe G 5 (10 % de l’échantillon) ont acquis une bonne maitrise des compétences évaluées. En plus de toutes les compétences dominées par le G3, les élèves du G4 sont capables de saisir l’implicite d’un texte et de l’interpréter avec finesse. Ils sont capables de résumer et de synthétiser un texte ou un document, de choisir une argumentation, de décider d’une méthode et de l’utiliser pour résoudre un problème. Ils peuvent aussi mener un raisonnement complexe. En moyenne, ce groupe G4 réussit 81 % des items et le groupe G5 90 %. Ces deux groupes sont proches pour la compé- tence « Prélever », mais ils se différencient sur « Organiser » et « Exploiter l’infor- mation ». Contrairement au G4, le G5 réussit particulièrement bien les items qui évaluent les formes de raisonnement complexe, mettant en jeu le raisonnement hypothético-déductif, comme celles qui sont liées à la capacité d’accepter ou de rejeter une procédure permettant la résolution d’un problème.

Il convient de rappeler que le format de question a mis les élèves dans une situation de choix de la modalité de réponse leur paraissant correcte parmi quatre ou cinq. Comme le rappelle Vrignaud (2003), il s’agit d’une tâche d’identification ou de sélection de la réponse dans un matériel fermé. En termes de traitement, on peut penser que l’élève confronte les solutions proposées dans le QCM à la réponse qu’il a lui-même élaborée, mais aussi, qu’il raisonne à partir des possibi- lités offertes pour éliminer celles qui ne sont pas pertinentes. Aussi, il est possible d’affirmer que les élèves du groupe 5, par exemple, savent choisir le bon résumé, la bonne synthèse d’un texte, mais la présente évaluation ne les place pas dans la situation de réalisation directe de ces tâches.

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Regards croisés sur les évaluations institutionnelles

133 La présente évaluation ne permet pas de distinguer les domaines discipli- naires car elle a été conçue pour effectuer un bilan de compétences générales qui conduit à estimer qu’environ 60 % des élèves achevant la classe de 3e en 2003 semblent avoir une maîtrise des compétences attendues à ce stade de la scolarité.

De cette première analyse ressort le constat d’une population fortement hétérogène en termes d’acquis en fin de collège. Quels facteurs invoquer pour expliquer cette hétérogénéité parmi ceux qui sont disponibles ? Le déroulement du cursus fait partie des variables dites contextuelles, classiquement enregistrées dans les évaluations françaises et dans beaucoup de travaux sur l’éducation. Le facteur redoublement semble intéressant à étudier dans le cas présent.

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