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LES PEUPLES

3. LA MISE EN PLACE DES NGBANDI

3.16. NDALANGI ET MBUI

Les Ndalangi sont à rattacher aux Nzele (Nzere), dont la grosse partie habite l’entre­Mbomu­Bili, dans la collectivité actuelle de Monga ; on les appelle

« Dendi ». Les Nzele, les Nbuna, les Mani.

Après le passage de l’Ubangi, les Ndalangi sui­

virent les Dunga dans leur migration vers le sud­est ; ils traversèrent la Legbala et s’installèrent sur la rive gauche, sur la rivière Lole. Les Mbuyi qui eux appar­

tenaient au groupe Gboma et non aux Mbambu les rejoignirent. À la suite d’un conflit entre aîné et cadet, les Mbuyi se scindèrent en deux groupes ; le premier (aîné) s’installa chez les Kando (aînés des Gboma), ils y sont de nos jours ; on les appelle « les Mbuyi Kando ». Le deuxième groupe, surnommé

« Mbuyi Nvenetalo », descendit la Longe et s’installa à l’embouchure de cette rivière, sur la rive droite de la Legbala. Attaqués par les Gboze, les Mbuyi pas­

sèrent sur la rive gauche où ils entrèrent en contact avec les Ndalangi. Les deux groupes marchèrent ensemble à partir de ce moment. De là, ils prirent la direction du sud et rencontrèrent les Dinde et les Zezo, deux clans huma et donc des Bantu de langue pagebete. Les deux groupes ngbandi s’allièrent aux Bantu et de nombreuses relations matrimoniales les unirent. De ce long contact, les Ndalangi et les Mbuyi apprirent le pagebete (comme les Dunga), la langue de leurs alliés. Aujourd’hui, les Ndalangi et

les Mbuyi parlent indistinctement ngbandi et page­

bete (Ngbakpwa 1992 : 68).

Pendant leur séjour à Nyole, Nzengo, l’auxi­

liaire des marchands arabo­swahili, appelés aussi

« Zanzibaristes » (parce qu’originaires de Zanzibar), attaqua les Ndalangi. Il les força ensuite à s’établir près de son camp (actuellement Abumombazi) (Piérard, Rapport d’enquête pour la création de la chefferie Bondalangi, archives Yakoma). Après l’occupation de la Haute­Mongala par l’EIC, les Ndalangi regagnèrent leur ancien emplacement sur la Nyole. Mais ils se regroupèrent de nouveau vers 1898 autour de la factorerie Mogbogoma de L’Anversoise. Après la suppression de cette facto­

rerie en 1890, ils descendirent vers le sud occuper leurs terres actuelles, sur la rivière Gigile, le long de la route Abumombazi­Bumba.

3.17. GOLONGBE : VÔTÊ, BASA ET GEMU

3.17.1. VÔTÊ

Les Vôtê, qui occupent le pied de la colline Kota­Koli à l’ouest des Dondo, sont un clan ban­

dia. Pourtant, ils se réclament de la descendance de Golo (Ngolo) autour de qui il demeure une certaine confusion. Tanghe soutient que Ngolo était l’aîné de Bibino et de Bandombe. De cet ancêtre seraient issus aussi les Golo (Bogolo ou Baguru). En effet, les Golo (à l’est des Lite et dans la forêt de la Likati)

Au village Ngama.

(AP.0.2.1301, collection MRAC Tervuren ; photo H. Rosy, 1938 © MRAC Tervuren.)

Un couple au village Bakpa.

(AP.0.2.1218, collection MRAC Tervuren ; photo H. Rosy, 1938 © MRAC Tervuren.)

se disent Ngbandi, quoiqu’ils parlent aujourd’hui le pagebete, la langue des Bati (Bantu). Si les Vôtê des­

cendent de Ngolo, alors ce même Ngolo ne peut pas être l’ancêtre des Bogolo. Les voisins des Vôtê affir­

ment cependant que ces derniers sont des Abandia.

Ngolo serait un nom étranger pris par un clan ban­

dia ; pour quelles raisons ? Nous ne le savons pas. Les Vôtê avaient traversé l’Ubangi en aval du lieu de pas­

sage des Ngbandi, ce qui explique que les Ndekere et les Dondo, dans leur migration vers l’ouest, les aient trouvés déjà installés sur leurs terres actuelles. Et c’est à l’issue de plusieurs batailles que les Vôtê leur cédèrent du terrain pour occuper leur emplacement actuel sur la route Kota­Koli­Mobayi­Mbongo.

La tradition rapporte que les Vôtê s’appelaient

« Nze ». Ils reçurent Le nom « Vôtê » dans les cir­

constances suivantes  : le fils unique d’une femme vôtê, mariée dans un village voisin, mourut lors d’une bagarre avec ses cousins. En représailles de l’assassinat de leur neveu, les Nze razzièrent le vil­

lage incriminé. Cet acte de vengeance leur valut le nom de Vôtê (« Vô » = « acheter » et « tê » = « dent » ;

« Vôtê » signifie « les vengeurs » (Kuma Fambindoni et Bambe Konyilo, entrevue du 28 juin 1988, village de Vote). Pareille légende se trouve à l’origine de plu­

sieurs groupes ngbandi, elle est destinée à vanter la bravoure ou l’héroïsme du clan.

3.17.2. BASA

Les Basa désignent Dumbi comme l’ancêtre fon­

dateur de leur clan. Basa engendra cinq fils : Sangba, Wônêngê, Bondo, Yangba et Ngoto. Chacun d’eux est à l’origine d’un des cinq clans qui composent le grou­

pement Basa.

Dumbi mourut sur la rive droite de l’Ubangi et ce fut son fils Bale qui conduisit la migration sur la rive gauche. Les Basa viennent de la moyenne Koto et sont probablement des Mbangi ou des Nzakara. Ils tra­

versèrent l’Ubangi au même endroit que les Vôtê, les deux groupes se tenaient de près dans leur migration vers l’ouest. Sur la rive gauche, les Basa s’installèrent successivement sur la Dondi, sur la Ngukongo (affluent de la Tembo) et la Ngaima, territoire actuel des Ndekere ; puis de nouveau sur la Bolongo, ter­

ritoire actuel des Vôtê. De là, ils se fixèrent sur la Yembe (affluent de Boloki, leur territoire actuel) où les Blancs les trouvèrent. Les Basa habitent à l’est des Nzakara, sur la route Mobayi­Kota­Koli.

Les Basa prétendent que toute leur migration était pacifique. Cependant, force est de consta­

ter qu’à chaque retrait des Basa, correspondait une avance des Vôtê dans la même direction. Ce fut donc sous la poussée des Vôtê que les Basa arrivèrent à l’emplacement qu’ils occupent de nos jours.

3.17.3. GEMU

Les Gemu donnent comme ancêtre direct Mokuli ; celui­ci engendra Gemu, qui à son tour donna naissance à quatre enfants  : Wongia, Kuvô, Gbiagemu et Zezo. Wongia et Gbiagemu restèrent sur la rive droite de l’Ubangi. Seuls Kuvô et Zezo passèrent sur la rive gauche. Les descendants de Kuvô sont au village ngbandi Vumi, tandis que ceux de Zezo occupent le village Gbiaka ; les deux villages forment le groupement Gemu.

Les Gemu sont de la même origine que les Basa ; ils viennent de la moyenne Koto et sont probablement des Mbangi ou Nzakara, conquis par les Bandia.

Les Gemu eux­mêmes déclarent que leur ancêtre Mokuli descend de Monengba, qui appartiendrait à la branche cadette de Kolangbandi. Tanghe note que l’ancêtre des Gemu s’appelait Ngosambia, un Mbangi. Mais les Gemu ignorent tout de cet ancêtre.

Venant de la moyenne Koto, Gemu s’installa sur le ruisseau Mokumba, affluent de la rive droite de l’Ubangi, qui débouche au pied de la colline Kutu, en face de l’emplacement actuel des Yomba (clan Vôtê). Son successeur Kuvô, pourchassé par les

Déformation de l’oreille. Type d’indigène du village Dondo.

(AP.0.2.2924, collection MRAC Tervuren ; photo H. Rosy, 1938 © MRAC Tervuren.)

Kata (Mbindo), expulsa les Vanga de l’île Ya, pour s’installer à leur place. Les Vanga vinrent occuper le rapide Mobayi, avant que les Sango les en délogent de nouveau (Hutereau 1922 : 135). Ils descendirent alors l’Ubangi pour s’installer à leur emplacement actuel, à cinq kilomètres en aval de Mobayi. C’est sous Dagbeti, cinquième fils de Yasu, de la lignée Kuvô, que se place l’arrivée des Européens.

3.18. NZAKARA

Les Nzakara habitent à l’est du rapide Mobayi, sur la route Mobayi­Mbongo­Kota­Koli. Ils s’apparentent aux Nzakara de Wango et de Bangasu en République centrafricaine. Ils affirment avoir quitté leur terri­

toire à cause de conflits internes. D’après Hutereau, Mbali, le père de Bangaso, chassa les Nzakara de la rive gauche de l’Ubangi (Hutereau 1922 : 135). Cette affirmation est plausible. Car, selon le récit recueilli par Tanghe, les Nzakara auraient quitté leur région à la suite de la guerre contre leurs frères restés sur la rive droite. La volonté des Bangaso de réquisitionner la viande de buffle chez les Nzakara provoqua cette guerre. Nous pensons que les Nzakara sont partis de la rive droite au début de la conquête bandia. Nous ignorons les étapes successives de leur migration ; ils ont peut­être suivi l’itinéraire semblable à celui qu’avaient emprunté les Basa. Les Nzakara vivaient en bon voisinage avec les Ngonda (groupe Mando).

À l’arrivée des Européens, les Nzakara étaient fort

« ngbandéisés », ce qui suppose un long contact avec leurs alliés. Ils parlent de la fuite des Ngbandi devant la colère de Ngalongu. Ils ajoutent toutefois que « les Nzakara n’avaient pas tous passé l’Ubangi : parce que le fils de Nzakara était à l’abri » (Ngbakpwa 1992 : 72). Le gros des Nzakara demeure sur la rive droite de l’Ubangi en République centrafricaine où ils for­

ment une population importante avec les Langba (Wango). Les Nzakara fondèrent dans le Mbomu un grand royaume avec à sa tête des rois bandia, un clan ngbandi, dont le plus célèbre était Bangaso, qui signa en 1889 le traité d’amitié avec le capitaine Vangele.

Les Nzakara étaient divisés en trois clans  : les Kerekanza, les Bonga et les Pamba. Mais tous étaient sous les ordres des Kerekanza. Après le passage de l’Ubangi, les Nzakara prirent la direction du sud, sous la direction des Kerekanza ; les Kerekanza s’éta­

blirent sur le mont Tongia, près de la rivière Wange ; les Bonga s’installèrent sur la colline Mawo, près de la rivière Wandia et les Pamba occupèrent la

colline Gubutu proche de la rivière Tenegbia. Le ter­

rain sur lequel sont établis aujourd’hui les Nzakara appartenait aux Ngonda ; ils l’occupèrent en vertu du traité d’alliance conclu avec le chef des Ngonda (Ngbakpwa 1992 : 72).

3.19. NGBUGBU (AUTRES GRAPHIES NGBUBU OU BUBU)

Parmi les Sango vivent des familles ngbugbu que les premiers considèrent comme des esclaves. Les Ngbugbu appartiennent à la famille langba, de la grande tribu banda. Les Ngbugbu vivent nombreux sur la rive droite de l’Ubangi en République centrafri­

caine. Ce sont eux qui, le 17 mai 1892, massacrèrent le Français de Poumayrac, douze Sénégalais et cin­

quante­cinq Nzakara (de Dampierre 1967 : 103). Les Ngbugbu et les Langba constituèrent longtemps la mine d’esclaves pour les tribus voisines. Ce fut contre eux que les rois bandia­nzakara menaient des guerres annuelles pour obtenir des esclaves à échanger contre les armes à feu apportées par les marchands du Soudan. Sous le chef Pelenge, les Gbiasu organisèrent une expédition pour capturer des esclaves sur la rive droite de l’Ubangi, un peu en amont des rapides de Mobayi. Le chef Dayi des Ngbugbu­Langba massa­

cra tous les aventuriers et quelques Biasu revinrent au pays (de  Dampierre  1967  : 421­423). L’histoire des Ngbugbu de la rive gauche de l’Ubangi est diffi­

cile à tracer en l’absence de toute source écrite et de témoignage des Ngbugbu eux­mêmes.

Selon les Sango, l’arrivée des Ngbugbu chez eux commença avec la construction de la route Bangui­Bangasu en AEF (l’actuelle République centrafricaine). Le chantier draina les Ngbugbu pour faire les travaux, mais la famine qui régnait à cette époque dans le territoire les obligea à traverser l’Ubangi pour échanger leurs enfants contre du maïs chez les Sango.

Peu à peu, des familles entières ngbugbu s’éta­

blirent dans des villages sango où elles échangèrent leurs services contre de la nourriture, de sorte que chaque famille sango avait son petit groupe de Ngbugbu qui travaillait pour elle. Ils devinrent ainsi des esclaves des Sango (Nzwambe, ancien chef de secteur Mobayi­Mbongo, entrevue du 3 août 1988).

De Jonghe­De Cleene confirme ces renseignements par des notes. Il écrit notamment qu’en 1911 existait encore chez les Sango du village Kambo un mar­

ché périodique d’esclaves, constitué principalement

d’enfants (Kadoc, série De Jonghe­De Cleene, n° 3).

L’histoire des Ngbugbu sur la rive gauche de l’Ubangi doit dater, à notre avis, d’avant l’occupation euro­

péenne. En effet, les guerres annuelles que menaient les rois bandia­nzakara, Mbali et son fils Bangaso, contre les Ngbugbu et les Langba, entraînèrent pro­

bablement la fuite vers la rive gauche de groupes ngbugbu. Ce passage se fit par petits groupes ou, plutôt, par infiltration, ce qui ne leur permit pas de se constituer en groupes importants et mériter leur reconnaissance par l’autorité coloniale pour former un groupement autonome.

3.20. LES GROUPEMENTS ACCULTURÉS DE BUSINGA :