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LA DÉMYSTIFICATION DE L’UNIVERSALISME TRONQUÉ

Un des premiers combats des féministes a été de montrer que leur légitimité n’était pas moindre que celle des hommes au sein de l’université. Le début du féminisme universitaire a eu pour objet de montrer que la science objective ne l’était nullement : l’universalité comme

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légitimation de l’objectivité des scientifiques1 a dû être déconstruite. L’objectivité des scientifiques hommes blancs riches hétérosexuels n’avait pas plus de réalité que celles des femmes noires pauvres homosexuelles : à toute position sexuelle, culturelle et sociale s’attachent des biais, et les hommes n’en sont pas plus dépourvus que les femmes.

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La base du raisonnement fondant la standpoint theory2 est que la science moderne se bat contre l’irrationnel tout en ignorant ses propres biais irrationnels. Beaucoup de travaux scientifiques se basent par exemple sur des préjugés contre les femmes (de nombreux cas en

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biologie, mais aussi en sociologie, anthropologie, etc.)3 ou des groupes ethniques (le scandale

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de la Bell Curve4 par exemple). Comment des scientifiques peuvent-ils légitimer leur pouvoir sur le combat contre l’irrationnel sans questionner leur rapport personnel (à travers leur sexe, leur race…) à la « réalité » ? Les auteures féministes ont ainsi utilisé les armes de la science officielle pour en montrer les limites sexuelles, ethniques, mais surtout scientifiques ! La force de ces auteures a été donc de parvenir à montrer les incohérences de nombreux systèmes

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de pensée « scientifique » sans avoir à entrer dans les débats ouverts par ces systèmes5. Que des auteures aussi brillantes et désormais respectées que Sandra Harding, Joan Scott, Judith Butler ou Donna Haraway aient réussi à faire accepter leur point de vue au sein de l’establishment intellectuel occidental a ouvert la voie à d’autres remises en cause. Ainsi, si l’universalité des hommes riches blancs et hétérosexuels est remise en question au sein de l’intelligentsia, pourquoi ne pas le faire au sein du champ de la représentation politique ? Il me semble que la standpoint theory féministe est une avancée majeure dans la mesure où elle démystifie l’objectivité scientifique des élites académiques masculines et blanches, mais aussi parce qu’elle légitime la participation académique de ceux qui ont toujours été perçus comme « biaisés » car n’appartenant pas au groupe dominant. Cette victoire de

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l’universalisme réel6 ouvre des perspectives à beaucoup de minorités dans beaucoup de champs différents, en particulier celui de la représentation politique. Pour reprendre Anne

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Philips7, rien ne s’oppose à ce que des hommes blancs représentent des femmes noires, mais rien n’interdit non plus que l’universel ne puisse s’incarner au parlement aussi à travers une femme noire. Ce n’est pas la légitimité de l’homme blanc qui est remise en cause, mais son monopole à l’universalité. Certaines féministes se sont par ailleurs fourvoyées dans la question de la représentation en voulant trouver des arguments légitimant la présence des

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femmes en politique8, mais cela n’enlève rien à l’ouverture pratiquée par la standpoint theory : l’objectivité n’est pas de ce monde, et l’universel n’est pas uniquement blanc et masculin, même s’il n’est pas non plus ni uniquement ni noir, ni féminin, ni prolétarien, ni quoi que ce soit.

→ La standpoint theory a non seulement commencé à émanciper la science de ses biais sexistes et xénophobes, mais a surtout légitimé une lecture plurielle de l’universalité, que ce soit à l’université ou en politique.

L’ÉCONOMIE POLITIQUE DU SEXE

La féministe américaine Gayle Rubin écrit en 1975 (elle est alors encore étudiante) un article qui fera date, et dans lequel elle montre les ressorts essentiels de ce qu’elle appelle

« l’économie politique du sexe ». Elle y explique aussi les ressorts de l’homophobie, qu’elle inscrit non pas comme un rejet particulier, mais comme l’application d’un réflexe beaucoup plus large de hiérarchisation des genres et des sexes. Citons quelques extraits du fameux article de Rubin, dans lequel elle décrit les différentes théories anthropologiques et psychanalytiques qui analysent et expliquent le rapport entre les hommes, les femmes et le rapport entre le sexe biologique et le genre social:

Le genre est une division des sexes socialement imposée. Il est le produit des rapports sociaux de sexualité. Les systèmes de parenté reposent sur le mariage. Ils transforment donc des mâles et des femelles en “hommes” et en

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“femmes”, chaque catégorie étant une moitié incomplète qui ne peut trouver

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la plénitude que dans l’union avec l’autre.9

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Cette transformation ne se fait pas sans coût : la richesse personnelle de chacun est sacrifiée

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au « sexage »10 en deux catégories, mais elle exclut aussi ceux qui ne veulent/peuvent pas se

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résoudre à l’obligation d’accouplement11 homme/femme. Cela explique pour beaucoup l’homophobie institutionnelle des sociétés patriarcales:

Le refoulement de la composante homosexuelle de la sexualité humaine, avec son corollaire, l’oppression des homosexuels, est par conséquent un

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produit du même système qui, par ses règles et ses relations, opprime les

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femmes 12

L’homosexualité n’est pas combattue en soi, puisqu’elle peut être légitime sous certaines formes dans certaines sociétés (homosexualité institutionnelle parmi certains groupes de Nouvelle-Guinée ou le “transvestisme” institutionnel des Mohaves par exemple), c’est sa déviance éventuelle par rapport aux structures de parenté qui est mal vue. Elle tire des théories de Lévi-Strauss que la contrainte sexuelle des femmes est intimement liée à toute une structure de pensée:

En résumé, on peut déduire d’une exégèse des théories de Lévi-Strauss sur la parenté quelques généralités de base quant à l’organisation de la sexualité humaine. Ce sont le tabou de l’inceste, l’hétérosexualité obligatoire et une

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division asymétrique des sexes. L’asymétrie du genre - la différence entre

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échangeur et échangé - entraîne la contrainte de la sexualité des femmes. 13

A l’inverse de nombreuses féministes de son époque, elle conclut que ce ne sont pas les hommes que les féministes doivent combattre mais le sexisme.

L’exégèse de Lévi-Strauss et de Freud incite à une certaine vision de la politique et de l’utopie féministe - à savoir que notre visée devrait être, non l’élimination des hommes, mais l’élimination du système social qui crée le sexisme et le genre. (…) mais nous ne sommes pas seulement opprimées en tant que femmes, nous sommes opprimés par le fait de devoir être des femmes ou des hommes selon le cas. Mon sentiment personnel est que le mouvement féministe doit rêver à bien plus encore qu’à l’élimination de

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l’oppression des femmes. Il doit rêver à l’élimination des sexualités

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obligatoires et des rôles de sexe. 14

→ L’apport essentiel de Rubin a été de montrer que le système patriarcal n’est nullement basé sur la biologie, mais sur la croyance en la naturalité des différences sexuelles. Elle montre que l’oppression des homosexuel-le-s est une conséquence d’une idéologie plus large qui ordonne strictement les rapports sexe/genre/culture et dont les femmes sont les premières victimes.

Enfin elle ouvre la voie au féminisme constructiviste qui cherche à faire disparaître le genre en tant que structure d’oppression.

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Rubin a été très critiquée15 pour avoir fait dire à Lévi-Strauss et à Freud que les systèmes

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qu’ils décrivent sont une norme universelle16. Pour Rosi Braidotti, Gayle Rubin se trompe car ni Lévi-Strauss ni Freud n’obligent à l’hétérosexualité, et ils ne font que rapporter ce qu’ils voient : ce que Rubin appelle « norme hétérosexuelle » aux Etats-Unis est appelé « pouvoir » en Europe. La force de Rubin est d’arriver à montrer en quoi le genre est le fondement essentiel de l’économie politique du sexe, mais sa faiblesse est de considérer qu’il s’agit d’une oppression purement hétéronormative. En effet, au-delà de cet hétéronormatisme, c’est sur la pluriformité du pouvoir, dont l’oppression des femmes ne serait qu’un avatar, qu’il faut se pencher.

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LA NATURE EN QUESTION

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La sociologue française Christine Delphy (se désignant elle-même comme féministe

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matérialiste17 ) résume dans la préface de L’ennemi principal vol.2 sa méthode de déconstruction des rapports que nous entretenons avec le « naturel ». Son approche nous intéresse parce qu’elle ne se contente pas de déconstruire le système d’oppression patriarcal dont la femme est la première victime, mais d’étendre son influence à tous les groupes minoritaires, stigmatisés pour leur appartenance ethnique ou leur orientation sexuelle, quel que soit leur genre/sexe. Son point de départ est que le concept marxiste de classe est obsolète car il ne prend pas en compte le travail privatisé des femmes : comment peut-on considérer

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que les deux tiers du travail mondial ne compte pas car il est effectué par des femmes18 ? Dès lors, Delphy essaie d’approfondir les notions de « nature » et de « différence » en quatre points. Le premier point (1) est que les différences ne sont jamais naturelles :

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Ces différences ont été créées de toutes pièces, précisément pour constituer des groupes. Elles sont ensuite « découvertes » comme des faits extérieurs à

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l’action de la société.19

Le deuxième point (2) est que les différences sont avant tout des hiérarchies :

Ces différences ne sont pas seulement des différences, mais aussi des hiérarchies. La société s’en sert pour justifier son traitement « différentiel » – en réalité inégal, hiérarchique – des groupes et des individus. […] En effet une

« vraie » différence est d’une part réciproque – le chou est aussi différent d’une carotte qu’une carotte l’est d’un chou –, et d’autre part n’implique pas de comparaison au détriment de l’un des termes. Or la différence invoquée sans arrêt à propos des femmes, mais aussi des homosexuel-les, des

« Arabes », des Noirs, n’est pas réciproque, bien au contraire. Ce sont elles et eux qui sont différents ; les hommes, les hétérosexuels, les blancs, quant à eux, ne sont « différents » de personne, ils sont au contraire « comme tout le monde ». Cette différence est un stigmate.

Les deux derniers points, essentiels à la théorie de Delphy, vont plus loin : (3) la hiérarchie n’intervient pas quand les groupes déjà existants sont mis en rapport, et (4) cette logique de la

« différence » s’impose de plus en plus à ces groupes dominés comme voie unique d’émancipation. Cette réflexion sur les voies d’émancipation est essentielle car elle montre les limites du système :

Ainsi l’égalité serait retrouvée, non seulement dans la différence, mais aussi par la différence. Mais défaite aussi pour les personnes. Car cette égalité n’est pas l’égalité entre les individu-es : c’est – au mieux, c’est-à-dire dans le rêve caressé par le groupe dominé - une égalité entre groupes. Pour avoir droit à ce

« respect » et à cette « valorisation », il faut absolument que les individu-es se tiennent dans les limites de ce qui est reconnu comme spécifique à leur groupe. […] Le groupe identitaire reste « minoritaire » - dans un statut mineur,

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inférieur - quelle que soit sa taille, dans la mesure précisément où il reste

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spécifique par rapport à ce qui est vu comme la norme.20

Le point essentiel avancé par Delphy est que la nature n’existe pas en ce monde. Beaucoup de féministes se sont embourbées dans des problèmes de type essentialistes parce qu’elles n’ont pas pu/voulu questionner quelques-uns des termes qu’elles ont employés. Delphy s’est depuis longtemps employée à montrer que non seulement le genre (« le sexe social ») mais aussi le sexe (biologique) sont des constructions sociales. Elle affirme même que le genre préexiste au sexe, qui est instrumentalisé (voire créé) pour lui servir de légitimité au sein d’une cosmologie basée sur la nature et/ou la volonté divine.

A mes yeux, la démarche naturaliste est fausse principalement parce qu’elle ignore les bases de la perception et de la cognition : parce qu’elle prétend que l’humanité peut percevoir des différences avant de leur avoir donné un sens, et que la matière comporte sa propre signification. Cette première – mais fatale – erreur, qui consiste à chercher dans la nature l’origine d’un

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phénomène social, amène ensuite la démarche naturaliste à respecter la

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spécificité de la division genrée, qu’elle appelle « différence des sexes ».21

→ L’apport essentiel de Delphy est que tout ce qui nous semble « naturel » est une construction, et que seule une déconstruction systématique des catégories « naturelles » peut nous amener à reconsidérer les hiérarchies existantes, qu’elles soient sexuelles, culturelles ou raciales.

LA DÉMOCRATIE PLURIELLE POST-ESSENTIALISTE

Dans les nombreux écrits féministes se penchant sur la démocratie, peu sont ceux qui ont réussi à faire cohabiter correctement universalisme et féminisme. L’article de la

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philosophe/politologue Chantal Mouffe22 résume assez bien l’ensemble de ses prises de

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positions23. Mouffe commence par rappeler que la révolution psychanalytique a fait exploser les conceptions liées au sujet politique et héritées des Lumières : l’idée d’une nature unifiée du sujet a été remise en cause et la pluralité des registres traversant l’identité a été ainsi mise en évidence. Cette déconstruction du sujet a permis de critiquer la conception rationaliste de laquelle découle l’ensemble des règles de représentation démocratique.

Cependant la question de la raison menant à pousser vers l’intégration des femmes en politique a poussé de nombreux auteurs à se retrouver dans des positions intenables. Elle cite

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ainsi Carol Gilligan24 qui oppose une éthique de la sollicitude (« ethics of care ») féminine à une éthique de la justice (« ethics of justice ») : en mettant en exergue la maternité et le soin domestique comme qualités intrinsèquement féminines (on se demande d’ailleurs ce qui arrive aux femmes qui ne peuvent ou ne veulent pas avoir d’enfants, ni s’occuper des soins domestiques !), elle pense que la frontière privé/public sera amoindrie et qu’on abolira la domination (structurelle et culturelle) des hommes sur la politique. De même, Sara Ruddick et

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Jean Bethke Elshtain25 privilégient l’identité des « femmes comme mères ». Ces maternalistes, comme les appelle Mouffe, essentialisent l’identité féminine et la réduisent aux tâches dont justement beaucoup de femmes voudraient s’émanciper. Carole Patman, bien que

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libérale, est assimilée par Mouffe26 aux maternalistes car c’est au nom de cette faculté à materner qu’elle demande à ce qu’une place soir faite aux femmes en politique, et en vient au

« dilemme de Wollstonecraft » :

Demander l’égalité signifie accepter une conception patriarcale de la citoyenneté qui implique que les femmes deviennent semblables aux hommes. Au contraire, insister sur le fait que les caractéristiques, les capacités et les activités spécifiques des femmes soient exprimées et reconnues comme une contribution à la citoyenneté, c’est demander

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l’impossible, car une telle différence est justement exclue par la citoyenneté

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patriarcale.27

Même si Patman déconstruit correctement le biais patriarcal de nombre de théoriciens de la démocratie, Mouffe pense qu’elle se fourvoie en essentialisant la condition de femmes : le problème de la citoyenneté basée sur le modèle masculin ne peut aucunement être dépassé si

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on réintroduit la distinction homme/femme au sein du système politique28. Selon elle, la citoyenneté doit s’articuler autour de l’individu, quel que soit son genre/sexe mais aussi ses diverses appartenances :

Ma thèse est que dans le domaine de la politique et en ce qui concerne la citoyenneté, la différence sexuelle ne devrait pas être une distinction pertinente. […] Je crois qu’un projet de démocratie plurielle et pluraliste n’a pas besoin d’un modèle de citoyenneté sexuellement différencié dans lequel

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les tâches spécifiques des hommes, autant que celles des femmes, seraient

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valorisées de manière égale.29

Mouffe utilise donc la déconstruction des valeurs patriarcales contenues dans les notions de citoyenneté proposée par les maternalistes tout en refusant de se laisser enfermer dans les dogmes essentialistes menant à une sexualisation de la politique.

Par ailleurs, à la suite de certaines féministes non-essentialistes, Mouffe montre que les luttes des femmes doivent être articulées de la même façon que celles des autres minorités.

Cependant, tout comme les féministes peuvent chercher à promouvoir l’émancipation des femmes (quelles que soient les identités couvertes par cette catégorie) sans nécessairement essentialiser la différence femmes/hommes, les autres minorités doivent se garder de se réfugier dans le communautarisme. Selon elle, les communautaristes tombent dans le même travers que les maternalistes en « mettant l’accent sur une définition substantielle du bien commun et valorisent les valeurs morales partagées, ce qui est incompatible avec le

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pluralisme constitutif de la démocratie moderne »30. Ainsi au lieu de s’opposer (parce qu’émancipation communautaire et émancipation féministe ne sont pas toujours compatibles,

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loin de là31), les différents mouvements d’émancipations devraient lutter pour une

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radicalisation des principes démocratique et la dé-andrification32 de celle-ci. Par ailleurs,

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delà de cette déconstruction, nous allons le voir dans les chapitres suivants33, une dé-ethnicisation de ces principes est aussi nécessaire :

Les différents groupes qui luttent pour une extension et une radicalisation de la démocratie reconnaissent qu’ils poursuivent un objectif commun. Ce qui devrait conduire à l’articulation des demandes démocratiques présentes dans une variété de mouvements : les femmes, les ouvriers, les Noirs, les homosexuels, les écologistes, aussi bien que d’autres « nouveaux mouvements sociaux ». Le but est de construire un « nous » partagé en tant

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que citoyens démocratiques radicaux, une identité politique collective

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articulée autour du principe de l’équivalence démocratique.34

Mouffe conclut en rappelant que c’est d’un point de vue féministe qu’elle rejette les théories essentialistes et que ce n’est pas la catégorie stricto sensu de femme qui sert de légitimité à la déconstruction des principes démocratiques, puisque cette catégorie est elle-même le produit de toute une idéologie et une pratique patriarcale, mais sa position de catégorie de citoyen/ne/s subordonné/e/s.

→ Ce que je souhaite emprunter à Mouffe, c’est l’idée que la démocratie n’est pas intrinsèquement opposée à l’accès des citoyens aux identités multiples. Il est souhaitable de radicaliser ses principes et déconstruire sa subordination au modèle patriarcal qui n’oppresse pas que les femmes (dont la catégorie même est discutable), mais aussi tout ce qui diffère de ce qui a été construit comme l’universalité (femme, ouvrière, gaie, non-ethnique, etc.).