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Milieu familial et réseau missionnaire : éléments décisifs dans la vocation

Effectifs des religieux bretons partis en mission selon leur institut

B- Milieu familial et réseau missionnaire : éléments décisifs dans la vocation

1. L’impasse du milieu social : un élément non-déterminant dans la vocation

La carrière ecclésiastique est marquée par une différence sociale où la noblesse se distingue nettement par rapport à la place qu’elle occupe numériquement dans la société. La question mérite évidemment d’être posée à son tour pour les missionnaires. Le seul bémol est la maigreur des informations récoltées à propos de l’arrière-plan social des familles de missionnaires. Nous avons pu compter 603 Bretons dans le répertoire. Cependant, nous ne connaissons l’ordre social que dans 93 cas et le métier dans 72 cas, ce qui représente respectivement 15 % et 12 % de l’effectif total seulement. Il est donc très compliqué de faire des conclusions à partir d’un tel échantillon. En raison de cette faiblesse, nous ne pourrons pas apporter de nuance spatio-temporelle et on se contentera d’un aperçu général1. Nous nous contenterons de donner des tendances à défaut d’une conclusion assurée.

L’analyse sociale à l’époque moderne est l’écueil auquel est confronté tout historien2

. La division de la société de l’époque moderne en ordre, comparée à la division de notre société en groupes sociaux, liés aux débats historiques quant à l’utilisation des ordres et des classes, rend cette question encore plus sensible et difficile à approcher3. En effet qui dit noble, ne dit pas riche, qui dit roturier ne dit pas nécessiteux. La meilleure solution est de mêler les deux strates d’analyse c’est-à-dire de considérer l’état noble ou roturier et le métier. L’idéal serait aussi de prendre en compte la fortune personnelle de ces familles à un moment donné via les registres de capitation du XVIIIe siècle, en prenant bien en compte les limites d’une telle méthode car la richesse des individus en un temps donné n’est pas valable pour toute une vie. Faute de temps je ne pourrai malheureusement pas m’atteler à une telle entreprise…

Le profil social des missionnaires se distingue-t-il de celui des autres ecclésiastiques ? En reprenant les catégories utilisées par Dominique Dinet, on obtient le tableau suivant4 :

1 Le corpus est trop inégal : 35 pour le XVIIe siècle et 58 pour le XVIIIe siècle.

2 Dominique Dinet avait déjà ce problème pour les Réguliers des diocèses d’Auxerre, Langres et Dijon. Nous

avons tenté de récolter un maximum d’informations en consultant les registres paroissiaux pour les missionnaires dont on connaissait la date et le lieu de naissance, et pour lesquels des renseignements sur les parents étaient indiqués. Ce qui, malheureusement, ne fut pas toujours le cas.

3 Voir à ce sujet l’introduction de COLLINS James B., La Bretagne dans l'État royal. Classes sociales, États

provinciaux et ordre public de l'Édit d'Union à la révolte des Bonnets rouges, Rennes, PUR, 2006 (1ère éd.

1994), pp. 19-47.

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Origines socio-professionnelles des missionnaires Catégorie du père

Profession du père Noblesse Roturier

Total général Non-renseigné 19 2 21 Justice 9 9 18 Marchand 1 15 16 Négociant 2 4 6 Médecin, chirurgien… 1 4 5 Ecuyer 5 5 Laboureur 5 5 Armée 5 5 Artisan 3 3 Marin 3 3 Avocat 2 2 Finances 1 1 Bourgeois, échevin… 1 1 Paysan 1 1

Receveur de déclarations à la Compagnie des Indes 1 1

Total général 42 51 93

Tableau 3 : Origines socio-professionnelles des missionnaires (XVIIe-XVIIIe siècles)1

Le premier constat est la forte présence des nobles dans cet échantillon. La noblesse représente un peu moins de la moitié de l’effectif total ce qui est sans commune mesure avec sa faiblesse numérique dans la société, même bretonne où sa part atteint 4 % de la population à la fin du Moyen-Âge et 2 % au XVIIIe siècle, chiffre élevé par rapport au reste de la France et de l’Europe2

. Ce bref échantillon pourrait être grossi car certains individus dont les parents ne nous sont pas connus, portent des noms qui laissent penser qu’ils appartiennent au deuxième ordre : les Gouion, Bonin, Marquez, de Robien, Soubens, Yviquel sont des noms qu’on retrouve parmi les chanoines bretons, qui sont pour 70 % d’entre eux nobles3

, mais pour lesquels nous n’avons pas de preuve tangible de leur appartenance. Le tiers-état forme évidemment l’autre moitié de cet échantillon. Sa place est assez peu importante par rapport à la place qu’il occupe dans la population totale. Bien que les registres paroissiaux mentionnent rarement le métier des humbles paysans et artisans, leur part se trouverait très peu relevée quand on sait que, parmi les clercs, les nobles sont très présents, surtout au XVIIe siècle à la faveur de la Réforme catholique et de la création de nouveaux ordres, les nobles « fuyant »

1 Sont inclus les religieux qui ont désiré les missions mais qui ne sont jamais partis.

2 CROIX Alain, L’âge d’or de la Bretagne (1532-1675), Rennes, Ouest-France, 1993, p. 220. 3

CHARLES Olivier, Chanoines de Bretagne. Carrières et cultures d’une élite cléricale au siècle des Lumières, Rennes, PUR, 2004, pp. 69-71, 350-450.

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quelque peu la carrière au siècle suivant. La surreprésentation des nobles est fréquente dans le clergé régulier ou séculier, même si elle apparaît ici extrêmement importante, peut-être en raison du peu d’informations dont on dispose1

. Rien d’étonnant à cela puisque les missionnaires sont des religieux, considérés comme l’une des élites du premier ordre. Ce qui signifie qu’a priori le groupe social n’a pas plus d’influence sur la vocation missionnaire que sur la vocation religieuse, puisque la vocation missionnaire est tempérée par la vocation religieuse. Par conséquent, l’origine sociale des missionnaires pourrait être similaire à celle des religieux. Finalement, seule l’élite culturelle et dévote se distingue réellement.

Ces deux blocs ne sont pas unis. À l’intérieur même des deux ordres, des tendances émergent avec en tête les professions marchandes et judiciaires qui forment la moitié des professions des pères, si on ne prend en considération que les familles dont le métier est connu. On y trouve de grandes familles sises au Parlement de Bretagne comme Jean de Miniac, greffier en chef des requêtes au Parlement de Bretagne, comme de plus modestes conseillers du roi, procureurs ou avocats. Les marchands et négociants sont bien représentés mais l’aisance d’un membre de la famille Magon ou Picot, tous deux enrichis par le commerce malouin, est sans commune mesure avec celle d’honnêtes marchands comme les Coudé-Métival2, qui vendaient du grain à la Compagnie des Indes orientales, et plus encore avec le modeste loueur de chevaux qu’était le père de Joseph Guéguen3. Le milieu judiciaire est représenté dans les deux ordres alors que les marchands et négociants sont presque tous roturiers à l’exception des Magon et Nouël de Kerven.

Les milieux militaires et des écuyers forment un petit ensemble assez fécond, appartenant dans leur totalité à la noblesse. On observe le même clivage que dans milieux marchands où aux grandes et vieilles familles nobles des Dubreil de Pontbriand et des Dollier de Casson répondent les humbles écuyers comme Gabriel Debien, (père du Carme Boniface de Saint-

1 MINOIS Georges, La Bretagne… op. cit. p. 202, dénombre 12,7 % de nobles parmi les prêtres du Trégor en

1730-1790 ; MINOIS Georges, Les religieux… op. cit pp. 113-114, 125-126, 240-243, constate que la noblesse forme la majeure partie des effectifs réguliers dans le Trégor au XVIIe siècle, puis qu’elle diminue au XVIIIe siècle, atteignant tout de même 30 % des effectifs en 1730-1790 ; BERTHELOT DU CHESNAY, Les prêtres…

op. cit. p. 104, concluait à 3 ou 4 % de nobles parmi le clergé séculier de Haute-Bretagne au XVIIIe siècle, avec des variations selon le diocèse considéré, Rennes et Nantes donnant beaucoup plus que Saint-Brieuc ou Dol par exemple ; PÉRÈS Georges-Henri, La réforme du clergé séculier dans le diocèse de Vannes d’après le catalogue

de 1654, Volume 1, Mémoire, sous la direction de Georges Provost, Rennes, Université Rennes 2 Haute-

Bretagne, 2011, p.106 constate que le diocèse de Vannes n’a que 2,3 % de prêtres nobles en 1654 ; DINET Dominique, Vocation et fidélité… op. cit. pp. 170-171 remarquait que 5,3 % des Réguliers hommes étaient nobles et 11, 5 % des femmes dans les diocèses d’Auxerre, Langres et Dijon sur les deux siècles.

2

HIET GUIHUR Évelyne, « Les réseaux "asiatiques"… art. cit. pp. 29-30.

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Georges)1, et les simples officiers à l’instar de l’Ursuline Marie-Jeanne de Saint-Marc de Sainte-Radegonde qui cède à son couvent de la Nouvelle-Orléans la pension de 150 livres de son défunt père militaire2. Ces deux catégories professionnelles sont également celles qu’on retrouve le plus souvent parmi les religieux français3. Parmi ces militaires, nous pouvons faire un point sur les missionnaires qui furent eux-mêmes d’anciens militaires, à savoir : François Dollier de Casson, capitaine de cavalerie sous les ordres du maréchal Turenne en 1654-16574, Jean Baudouin, mousquetaire dans les gardes du roi5, Toussaint de Landerneau, peut-être ancien soldat6, et Albert de Nantes, ancien soldat7. Ces quatre hommes, si on considère la vocation religieuse des soldats dans la France d’Ancien-Régime, cherchaient peut-être à couper avec le monde, la mission s’offrant à eux comme le désert idéal pour se retirer. La mission leur permettait également de continuer la lutte contre l’hérésie, qu’ils avaient pu combattre au sein des armées, et de racheter leurs péchés par une vie austère qui se trouvait renforcée par les conditions de vie difficiles qui caractérisent la mission. Ce fut le cas d’Albert de Nantes qui désirait imiter le duc de Mercoeur, parti combattre les Turcs, en partant à son tour combattre les musulmans en Hongrie, puis en se donnant aux Capucins qui avaient des missions au Levant8. La mission pouvait aussi être un moyen « d’échapper » à la rigueur qui pouvait caractériser la discipline monastique au sein des couvents en France et de gagner une certaine liberté afin de vivre à la manière d’un soldat, de manière intrépide, comme ils le faisaient autrefois au service du Roi9.

Concernant le panorama social, la seule différence avec le recrutement des religieux en France est la très faible présence des métiers de finance puisque seul Jean Martin de La Baluère (père de Jean-François, MEP) est identifié comme conseiller du roi et maître des comptes de Bretagne. La faute sans doute à un effectif considéré trop restreint.

1 BESNARD Antonin… op. cit. Vol. 1, p. 213.

2 CLARK Emily, Masterless mistresses. The New-Orleans Ursulines and the development of a New World

Society 1727-1834, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2007, p. 207.

3 DINET Dominique, Vocation et fidélité… op. cit. pp. 174-177 ; MEYER Frédéric, Pauvreté et assistance

spirituelle… op. cit. pp. 176-179.

4 Il entra dans les ordres après qu’un boulet de canon lui rasa la tête alors qu’il ramassait son mouchoir qui venait

de tomber selon LOBINEAU Guy (Dom), TRESVAUX François-Marie (éd.), Les Vies des Saints de Bretagne…

op. cit. Vol. 5, pp. 305-306.

5 BERTRAND L., Bibliothèque sulpicienne… op. cit. Vol. 1, p. 111. 6 PLANTÉ Romain… op cit. p. 216.

7 Ms. 1176 : Vita et gesta patris Albertis Nannetensis, missionarii apostolici. Bibliothèque des Capucins de

Paris, pp. 1-2.

8 Ibid. Cet exemple montre aussi combien l’idée de croisade est présente au début du XVIIe siècle, surtout avant

la fin de la Guerre de Trente Ans.

9

DINET Dominique, « De l’épée à la croix : les soldats passés à l’ombre des cloîtres (fin XVIe-fin XVIIIe siècle). Hommage au Professeur André Corvisier », Histoire, économie et société, Vol. 9 n°2, pp. 171-183.

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Le milieu des médecins et apothicaires est plutôt bien représenté puisqu’il a fourni cinq missionnaires (voire huit)1 : Étienne Jolly (père de François-Vincent, séculier), médecin des États de Bretagne, Louis Montalent (père d’Alexandre-Jean-Louis, MEP), docteur-médecin, Charles Normant (père de Louis, Sulpicien), docteur en médecine, Pierre Clément (père de François, Jésuite), maître apothicaire à Nantes, Nicolas de Bonnécamps (père de Joseph- Pierre, Jésuite)2 à qui on pourrait ajouter Gabriel Durocher qui fut médecin-chirurgien avant de se joindre aux Lazaristes3, voire Cassien de Nantes, dont le frère, Gonzalez, était médecin à Saint-Brieuc4 et Jean-François Gleyo qui avait également un frère médecin à Saint-Brieuc5. Cette infime frange de la population est bien représentée ce qui s’explique par l’aisance financière et l’instruction élevée de ce milieu6, ainsi que par sa proximité avec le soin des âmes donné par les religieux et accompagnant systématiquement le soin des corps.

Les bourgeois et échevins ne sont pas très présents car on compte deux maires de Morlaix : Jean-François Le Minihy Durumen (père de Jean-Marie-Mathias, Sulpicien)7 et Olivier Nouël (père de Séverin de Morlaix), qui est en plus impliqué dans le négoce8.

Le reste de l’échantillon est constitué des métiers ruraux ou plus modestes. La catégorie des marins est trompeuse puisque le père de Pierre Belgarde était lié au milieu marin9, celui de François Gleyo (père de Jean-François, MEP) était « capitaine au long-cours »10 alors que le père de Joseph Le Pavec était un simple matelot dont la capitation s’élevait à trois livres dans les années 178011. Parmi les ruraux, on trouve des laboureurs aisés, tels les Lelabousse, Pocard12, Bruno de Saint-Yves1 et sûrement Grégoire de Landivisiau2, et des paysans assez

1

La place des médecins est assez notable. DINET Dominique, Vocation et fidélité… op. cit. pp. 177-179 ; MEYER Frédéric, Pauvreté et assistance spirituelle… op. cit. pp. 178-179.

2 WAQUET Henri, « Un prélat amateur des jardins : François de Coëtlogon, évêque de Cornouaille » Bulletin de

la Société archéologique du Finistère, Vol. 48, 1921, p. 78.

3

Lettre de Gabriel Durocher au Ministre de la Marine, M. de Sartine, 02/12/1775. FR ANOM COL F5A 34.

4 LOBINEAU Guy (Dom), TRESVAUX François-Marie (éd.), Les Vies des Saints de Bretagne… op. cit, Vol. 4,

p.43.

5

Ibid. Vol. 5, p. 482.

6 QUÉNIART Jean, L’Église et Dieu dans la France du XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 1978, p. 79. DINET

Dominique, Vocation et fidélité… op. cit. pp. 177, 180.

7 FichierOrigine : Répertoire des actes des émigrants français et étrangers établis au Québec des origines à

1865 (en ligne) URL : http://fichierorigine.com/app/recherche/detail.php?numero=241430

8 LE GUENNEC Louis, « Excursion sur la commune de Guimaëc » Bulletin de la Société archéologique du

Finistère, Vol. 45, 1918, p. 165.

9 Était-il capitaine de vaisseau ou marchand négrier ? Toujours est-il que sa famille devait être aisée puisqu’il eut

l’occasion de faire des études juridiques à la Sorbonne. PROYART Liévin-Bonaventure, Histoire de Loango…

op. cit. p. 204.

10 LOBINEAU Guy (Dom), TRESVAUX François-Marie (éd.), Les Vies des Saints de Bretagne… op. cit, Vol.

5, p.465.

11

HIET GUIHUR Évelyne, « Les réseaux "asiatiques"… art. cit. p. 29.

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pauvres comme la famille Briand. Des fils d’artisans sont aussi partis comme le père de Pierre Eyot3, humble chapelier, et Jean David (père de Jean-Baptiste David, Sulpicien) perruquier de son état4.

Du point de vue social, on remarque une très grande hétérogénéité entre les ordres et dans leur sein, car les niveaux de richesses varient considérablement. L’arrière-plan social ressemble très fortement à celui des religieux français desquels il ne se distingue que peu, mis à part peut-être par la forte présence de la noblesse, probablement surévaluée par le grand nombre des inconnus de l’échantillon. On peut d’ailleurs raisonnablement supposer que l’évolution du portrait du missionnaire suit celui des prêtres entre les XVIIe

et XVIIIe siècles, c’est-à-dire que les ruraux prennent peu à peu la place des élites, à la faveur d’une alphabétisation progressive5. Il semble tout de même que l’aisance soit une donnée à prendre en compte de laquelle découle très souvent le niveau culturel, indispensable à toute carrière religieuse. Et pourtant, cette remarque n’est pas vraiment pertinente car Jean-Olivier Briand, évêque de Québec, était un fils et petit-fils de paysans qui « se sont comme épuisés en

travaillant pour procurer l’aisance à leurs enfants et une honnête éducation »6

, mais qui avaient accumulé un petit pécule. Il était pourtant l’un des seuls roturiers évêques dans tout le royaume de France au XVIIIe siècle7. Bien que la richesse et le niveau culturel aident pour pouvoir prétendre à une place dans le premier ordre, la richesse n’est pas l’apanage de celui- ci. D’ailleurs on peut aisément supposer que tous les religieux passés par le séminaire du Saint-Esprit étaient pauvres ou modestes puisque leur créateur, Claude-François Poullart des Places, n’admettait dans son séminaire que les personnes les plus pauvres ou déshéritées, à qui il offrait le meilleur cadre d’étude possible pour briguer les carrières ecclésiastiques les plus délaissées : le service des paroisses rurales et la mission8. Ainsi René-Jean Allenou de la Villangevin, bien que noble, ne pouvait même pas payer la rente de 80 livres exigée dans le

1 Bien que métayer, il était aussi le plus riche et le plus considéré des paysans du Cap. LOBINEAU Guy (Dom),

TRESVAUX François-Marie (éd.), Les Vies des Saints de Bretagne… op. cit, Vol. 4, p. 327.

2 Il était peut-être affilié au clan Abgrall, une famille de Julod léonard (paysans aisés), dont le neveu Maurice

était le plus riche Julod du XIXe siècle. ELÉGOËT Louis, Les Juloled, grandeur et décadence d'une caste

paysanne en Basse-Bretagne, PUR, Rennes, 1996, pp. 263-264.

3

HIET GUIHUR Évelyne, « Les réseaux "asiatiques"… art. cit. p. 29.

4 LEMARIÉ Charles, Mgr. J.B. David (1761-1841) et les origines religieuses du Kentucky, 1970 [dact.], p. 2. 5 BRUNET Serge, « Les prêtres des campagnes de la France du XVIIe siècle : la grande mutation » Dix-septième

siècle, Vol. 1 n°234, 2007.

6 BRIAND Catherine-Anne-Marie, « Livre de raison de Mlle Briand sœur de Mgr Briand premier évêque de

Québec sous la puissance anglaise », Rapport de l'Archiviste de la Province de Québec, 1946-1947, p. 62.

7 DU BOIS DE LA VILLERABEL André, « Un Breton au Canada, Mgr Briand, évêque de Québec », Bulletin

archéologique de l'Association bretonne, Vol.16, 1897, pp. 3-4.

8

ERNOULT Jean, KOREN Henry J., « Poullart des Places, les Messieurs du Saint-Esprit et la formation des prêtres 1703-1848 » in COULON Paul (dir.), Claude-François Poullart… op. cit. pp. 253-267.

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diocèse de Saint-Malo pour le titre clérical1. Par conséquent, d’autres données entrent en ligne de compte dans la carrière missionnaire ; et la trajectoire suivie par Jean-Olivier Briand donne une piste : la famille.

2. L’influence du réseau familial

L’influence de la cellule familiale peut être abordée selon deux strates d’analyse : le vécu familial de la religion et la proximité et l’influence d’individus dans cette famille.

a. Un contexte familial favorable

La pratique religieuse au sein de la famille est la première approche que les enfants ont de la religion. Les qualités des religieux encore jeunes, très souvent exagérées dans les textes hagiographiques qui tentent tous de nous présenter les prédispositions naturelles à la vocation sacerdotale des grands religieux ou des martyres dès leur plus jeune âge, cachent peut-être une petite part de vérité. Les textes contemporains de la jeunesse des missionnaires sont rares, et ceux qui y font référence sont souvent des biographies réalisées après coup. Or, ces Vies sont partiellement reconstruites, agrémentées d’éléments descriptifs, ornementaux, destinés à capter le lecteur et à l’édifier2

. Bien que ces vies soient réalisées à partir de sources d’époque, il vaut mieux prendre un peu de recul sur celles-ci. Nous avons la chance, dans le cas des Bretons, d’avoir quelques brèves - mais précieuses - notes sur la jeunesse de Jean-Olivier Briand3, datant à peu près de l’époque à laquelle il vécut.

On peut déceler dans toutes ses biographies une foule de petits indices sur l’intensité de la pratique religieuse au sein de la famille. Catherine Briand dresse le portrait de sa famille, dans laquelle la piété occupe une place de première importance. Nous reproduisons la totalité du passage sur cette famille car c’est le seul passage réellement consistant de nos sources qui évoque l’ambiance familiale d’une famille de missionnaire. Voici ce que la sœur de l’évêque de Québec raconte au sujet de sa parenté :

1 COULON Paul (dir.), Claude-François Poullart… op. cit. p. 107. 2

Pensons notamment aux biographies de l’Abbé Tresvaux, continuateur de Dom Lobineau au XIXe siècle, des siècles après les événements, d’Emmanuel de Rennes et de son histoire des martyrs Agathange de Vendôme et