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Ce travail s’appuie sur deux matériaux principaux. D’abord le répertoire des missionnaires bretons1 dont la mise en série des données permettra de dresser des statistiques dans une perspective d’histoire quantitative brute. Ensuite les écrits des missionnaires eux-mêmes, à savoir leurs lettres et leurs publications, qui pourront être complétés par les écrits émanant de confrères, de religieux ou de laïcs, évoquant la Bretagne et les missionnaires bretons. L’exploitation de ces sources doit permettre de comprendre le vécu missionnaire et d’ajouter à la statistique des éléments d’explication.

1. La constitution d’un répertoire missionnaire

Afin de pouvoir analyser le recrutement missionnaire et ses caractéristiques et d’apprécier l’impact des Bretons sur l’ensemble du mouvement missionnaire français, il a fallu dresser un répertoire à la manière des travaux érudits qui avaient déjà pu être réalisés. Malgré les critiques qui ont pu être formulées à leur propos, ces répertoires constituent des bases de travail bienvenues pour tout chercheur surtout si ces informations se trouvent informatisées, donc maniables et plus facilement diffusables.

Pour réaliser ce répertoire, il a fallu recenser tous les missionnaires bretons partis aux missions à l’étranger (hommes et femmes), des plus illustres aux plus communs. Pour se faire, l’Essai de répertoire des bretons partis dans les missions étrangères avant 1800 réalisé par le Père Joseph Michel en 1946, constituait la base de travail la plus proche de mon sujet et la plus complète réalisée à ce jour. Malgré son ancienneté, il faut louer ce travail, dans lequel peu d’erreurs se sont glissées, et qui vient compenser le peu de travaux réalisés sur ce thème. Ce répertoire, bien qu’incomplet recensait 328 missionnaires, n’en mentionnant pas 17 autres qui se trouvaient pourtant dans sa précédente Histoire missionnaire du diocèse de Rennes, soit un total de 345 recensés contre les 604 Bretons de ce présent travail2, puisant dans les mêmes sources que lui et dans les nouvelles recherches publiées depuis. Il avait donc répertorié près des 3/5e de l’ensemble actuel ce qui n’est pas rien compte tenu des moyens alors à sa disposition.

1 Les Annexes présentent leurs biographies en version papier. On le retrouvera aussi en version numérique sous

la forme d’un tableur où sont présents les biographies, le dépouillement total et des statistiques multiples.

2

Ne sont pas inclus les 38 religieux bretons déportés de Cayenne, à l’exception de Julien Delacroix qui resta plusieurs années pour desservir les cures de la colonie.

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C’est à partir d’une large bibliographie que le nombre de missionnaires a pu être augmenté. Faute de pouvoir consulter certaines sources dans les nombreux endroits de mission sillonnés par nos religieux bretons, il a fallu se contenter de sources de seconde main présentes dans les livres1. Il a fallu réactualiser la bibliographie ancienne et recouper au mieux les informations, ce que le renouveau historiographique des années 1980, activé par la tendance à « l’histoire connectée », a justement permis. L’information n’était pas consultable directement ou pas toujours très accessible. Mais les efforts de numérisation et de mise en ligne des sources et des ouvrages - par les bibliothèques du Canada en particulier - ont été précieux pour cette présente recherche tel le Dictionnaire biographique du Canada et d’autres outils de travail.

Des sources sont venues compléter l’ensemble comme les lettres de Récollets conservées aux Archives départementales du Finistère2, un document non-exploité par Antonin Besnard3 et surtout les papiers d’Henri Bourde de la Rogerie aux Archives départementales d’Ille-et- Vilaine4. Ce dernier fonds contient une documentation fourmillante mais bigarrée et difficile à déchiffrer. Malgré tout, j’ai pu constater que les informations réunies par ce grand érudit dénombraient déjà un bon nombre des missionnaires recensés. Il est un complément utile au répertoire de Joseph Michel. Les Catalogues (Primus et Secundus), utilisés par Amélie Vantard5, conservés aux Archives jésuites à Rome ainsi que le mortuologe jésuite sont très riches en informations pour réaliser la biographie des missionnaires6. Des documents épars aux Archives nationales d’Outre-mer ou aux archives de la Congrégation de la Mission complètent l’ensemble7

. Ils ont permis de trouver la trace de nouveaux missionnaires et de compléter ou corriger des erreurs qui avaient pu se glisser dans la vie de certains individus.

1

Pour les Capucins au Brésil, MINGOTTI GABRIELLI GOMES, Cassiana Maria, Capuchinhos bretoes no

estado do Brasil, Sao Paulo, Université de Sao Paulo, 2009 ; pour les Ursulines en Louisiane, CLARK Emily, Masterless mistresses. The New-Orleans Ursulines and the development of a New World Society 1727-1834,

Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2007 ; pour les Récollets au Canada JOHNSTON A.J.B., Life

and religion at Louisbourg 1713-1758, Canada, McGill-Queen's University Press, 1984 et j’en passe…

2 ADF 23H14-15-16 et le registre des prises d’habit 23H22-23.

3 Un mémoire du XVIIIe siècle aux ADIV 9H7 pièce 70 ainsi que des documents non-retranscrits. 4 ADIV 5J.

5

VANTARD Amélie, Les vocations pour les missions ad gentes (France 1650-1750), CEHRIO, Le Mans, Université du Maine, (Thèse de doctorat dirigée par Pierre-Antoine FABRE et Frédérique PITOU), 2010, pp. 27- 31.

6 Aux ARSI, dans le fonds de l’Assistance de France, provinces de France et d’Aquitaine. Le mortuologe a été

mis en ligne sur le site des ARSI. Je remercie d’ailleurs M. Georges Provost de s’être rendu à Rome et d’avoir bien voulu consulter les catalogues et les Indipetae.

7 Les Archives nationales d’outre-mer ont entrepris une vaste campagne de numérisation. On trouve quelques

documents concernant les missionnaires bretons. Mais la grande majorité sont des documents administratifs (rôles d’embarquement, traites, affaires judiciaires…) qui, bien que forts utiles pour trouver de nouveaux missionnaires, ne sont pas toujours riches en informations sur la mission en elle-même…

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Le répertoire contient des critères élémentaires concernant la vie du missionnaire : date et lieu de naissance, date d’entrée en religion, institut ou ordre d’appartenance, dates et lieux de missions successifs, date et lieu de mort. Même ces données ne sont pas toujours disponibles, mais elles apparaissent en nombre suffisant. D’autres informations plus secondaires sont répertoriées mais elles sont déjà bien plus lâches comme les détails sur les études, sur le milieu social et la famille. De telles informations peuvent quand même être utiles mais leur analyse n’est pas aisée. Pour chacune des catégories, on a tenté d’être le plus précis possible même si certaines dates se contredisent en raison de transcriptions difficiles ou de documents contradictoires1. Le choix des missionnaires présentés, l’incertitude concernant certains personnages quant à leur appartenance à la Bretagne sont autant d’obstacles qui ne dépendent que de définitions, de choix et de ce que contiennent les sources. Tout du moins avons-nous tenté de limiter les erreurs en consultant le plus de documents possibles pour dresser une prosopographie des missionnaires bretons la plus correcte qui soit. Un tel travail ne prétend ni à l’exhaustivité absolue ni à l’infaillibilité la plus totale. Par exemple on pourra trouver différentes dates pour différents critères mais ces décalages sont la plupart du temps question de quelques jours ou mois, plus rarement d’une année, que de plusieurs années. Les localités de naissance, d’origine ou de fonctions peuvent n’être dans certains cas que partielles ou supposées… Mais là se trouve l’écueil auquel est confronté tout historien. Ce répertoire n’est pas exhaustif puisque des Bretons ont pu faire profession dans les provinces normandes, du Poitou ou à Paris sans qu’on puisse les retrouver. Ces fonds n’ont pas été consultés mais quels résultats donneraient-ils par rapport au travail à fournir ?

Le répertoire mis sous forme de tableur permet de manier les chiffres, de regrouper un grand nombre de données et de visualiser de grandes tendances. Mais le travail ne peut pas se limiter à une simple exposition de chiffres et à leur interprétation. S’intéresser aux missionnaires, ce n’est pas seulement comprendre leur recrutement et leur destination, il faut prendre en compte l’aspect culturel, quasi-personnel, qui sous-tend ces deux termes à savoir la vocation et le vécu, ce qu’un autre type de source permet d’analyser.

Aux archives de la Congrégation de la Mission, se trouve une liste des missionnaires ayant eu une cure à l’Île Bourbon du XVIIe au milieu du XVIIIe siècle. FAMVIN dossier Mascareignes, 143 d. : Suite chronologique des

pasteurs de l'Ile Bourbon depuis 1667 jusqu'en 1758 exclusivement.

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Et ils sont très nombreux. Des doutes subsistent pour de nombreuses dates du fait de transcriptions difficiles. De ce fait les auteurs se contredisent entre eux très souvent. Mais les différences restent le plus souvent infimes.

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2. Lettres et relations : des sources riches en informations

Pour appréhender la vie des missionnaires et leurs attentes, les lettres que’ils ont envoyées à leurs supérieurs ou à leurs familles, les relations qu’ils ont pu rédiger sont autant de ressources appréciables par leur contenu. Elles sont un témoignage direct de leurs conditions de vie, de leurs espoirs, de leurs déceptions. Elles couvrent des pans variés de la vie du missionnaire, des sociétés rencontrées, des situations politiques. Les chercheurs peuvent y puiser des renseignements dans une optique religieuse, géographique, anthropologique, économique, sociologique, militaire… Une richesse documentaire reconnue par tous les historiens. Pour les Bretons, l’arsenal documentaire mobilisable est très étendu et extrêmement dispersé1. Nous ferons une présentation brève de toutes ces sources et de leur utilité.

Les sources privilégiées dans ce mémoire seront celles qui ont été écrites par des Bretons puisqu’elles constituent les pièces les plus directes de leur expérience personnelle. Ils font le récit de leur mission et ne manquent pas de noter leur quotidien : leurs souffrances, leurs déboires, leurs appréhensions, leurs bonheurs aussi. Ces récits témoignent de la perception de la mission à l’échelle d’un individu. Le croisement avec d’autres expériences sur d’autres lieux et au sein d’autres ordres autorise ainsi à dégager le portrait de nos Bretons.

Les lettres semblent ouvrir de manière concrète à la vie des missionnaires même si des limites évidentes se posent comme l’obligation d’écriture au supérieur qui implique une contrainte pour l’écrivain. Par conséquent l’écrivain peut omettre ou amplifier ce qu’il présente en raison de ce rapport d’autorité. Les publications édifiantes sont encore plus sujettes à ces limites puisqu’elles sont lues au sein des collèges et parmi les laïcs. Elles sont donc préalablement soumises à la censure afin de ne pas donner un aspect négatif de la mission qui serait par trop dommageable à la réputation et à la subsistance de celle-ci.

1 Malheureusement certaines sources n’ont pu être dépouillées du fait de leur localisation. Les manuscrits

sulpiciens comme les dictionnaires de langues indigènes auraient peut-être pu apporter à l’ensemble documentaire par le vocabulaire présenté mais ils sont conservés à Québec. Des relations au titre inconnu n’ont pas pu être mobilisées non plus telle la relation d’un confrère de Martin de Nantes, le Père Bernard de Nantes, désormais détenue par un collectionneur privé brésilien. Voir GADENNE Clotilde, « Martin de Nantes, Prédicateur capucin, missionnaire apostolique dans le Brésil parmi les indiens appelés carisis » Cahiers du Brésil

contemporain, Vol. 32, 1997, p. 51. Le nom de cette relation serait : Relation inédite des PP. Bernard de Nantes et François de Lucé, et concernerait les missions du Sao Francisco selon LEITE DE FARIA Francisco, « Os

Capuchinhos Bretoes na ilha de Sao Tome (1639, 1641 e 1652-1653) e resumo da sua activida de no Brasil (1642-1702) e em Lisboa (1648-1833) » in La Bretagne, le Portugal, le Brésil. Échanges et rapports. Actes du

Colloque du cinquantenaire de la création en Bretagne de l’enseignement du portugais, décembre 1971, Volume 1, Rennes, Publications de l'Université de Haute-Bretagne, de l'Université de Bretagne occidentale et de

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Afin de compenser le regard unilatéral des sources religieuses, des pièces doivent être ajoutées à l’ensemble comme les réponses aux lettres envoyées aux missionnaires ou des documents émanant d’autres institutions. Elles sont peu nombreuses pour le moment mais leur contribution témoigne de notre volonté à vouloir faire contrepoids aux écrits peut-être exagérés de nos missionnaires, toujours en quête d’aide dans des milieux hostiles.

a. Des publications nombreuses

Les sources publiées ne sont pas nouvelles pour la plupart d’entre elles. Il en va ainsi pour les Lettres édifiantes et curieuses1 jésuites qui constituent une ressource inépuisable pour l’historien tout comme le sont celles de leurs collègues des Missions Étrangères de Paris2

. Ces publications dont l’existence remonte au XVIIIe

siècle ont été largement commentées. Nombre d’historiens se sont penchés sur celles-ci et nous les réutiliserons à notre profit selon l’axe des Bretons et de la Bretagne. En tout cas les Bretons y sont suffisamment représentés. D’autres documents provenant des Jésuites ont aussi été publiés par Reuben Gold Thwaites3

. On y retrouve certaines lettres des Lettres édifiantes et curieuses mais d’autres documents inédits ont été transcrits et publiés qui viennent s’ajouter aux ressources jésuites.

Toujours concernant les publications, certaines ne semblent pas avoir intéressé beaucoup d’historiens dans le cadre du vécu missionnaire. Elles ont surtout servi à dresser les biographies de certains individus4 ou à décrire le milieu de vie et les sociétés indigènes. Pourtant le nombre de publications de relations et lettres aux XIXe-XXe siècles est impressionnant et offre un large panel de documents à grand potentiel.

Le Canada est très bien pourvu du fait d’une politique de publication puis de numérisation très active : les Sulpiciens sont particulièrement bien représentés. On trouve trois récits de voyage de René Bréhant de Gallinée, Jean Baudoin5 et de Joseph Dargent et une Histoire du Montréal laissée par Dollier de Casson, et la très intéressante correspondance de Jean-Baptiste Curatteau avec son frère6. Ajoutons à ces documents canadiens la très riche correspondance

1

Nous utilisons la version de MARTIN Louis-Aimé (éd.), Lettres Édifiantes et Curieuses, Auguste Desrez Imprimeur-Éditeur, Paris, 1838-1843, 4 Vol.

2 Nous utilisons la version des Nouvelles Lettres édifiantes des missions de la Chine et des Indes orientales, Ad.

Le Clere, Paris, 1818-1823, 8 Vol.

3 THWAITES Reuben Gold, The Jesuit Relations and Allied Documents: Travels and explorations of the Jesuit

missionaries in New France, 1610-1791, Cleveland, Burrows Bros. Co., 1896 – 1901, 71 Vol.

4 Il en va ainsi pour l’Abbé Leloutre, accusé des pires maux au Canada. 5 Jean Baudoin est un Sulpicien affilié au Séminaire des Missions Étrangères. 6

DU HALGOUËT Hervé, « Lettres de l’abbé J.-B. Curatteau à son frère », Bulletin des Recherches historiques, Vol.38, juin 1932, pp. 356-380.

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de l’abbé de l’Isle-Dieu, en charge de la gestion des missions de la Nouvelle-France, entre 1742 et 1774 et publiée dans le Rapport de l’Archiviste de la province de Québec, et qui recèlent nombre d’informations sur les Récollets et Spiritains bretons au Canada ainsi que des Ursulines de Louisiane1.

On dispose également d’autres documents très riches et peu utilisés à l’instar de la correspondance de la mission des MEP sur les côtes d’Afrique occidentale qui contient 8 lettres de Bretons2 ainsi que des comptes-rendus et documents de la Propaganda Fide.

Au Levant, la relation du Capucin Ambroise de Rennes3 et les publications d’Ubald d’Alençon4

et d’Apollinaire de Valence5 sur les écrits laissés par les Capucins au Levant et en Afrique contiennent des lettres de missionnaires bretons.

Chez les Lazaristes, les tomes II et III des Mémoires de la Congrégation de la Mission contiennent la vie et des extraits de lettres de trois vicaires apostoliques bretons à Alger. Le tome IX est quant à lui une compilation de plusieurs ensembles documentaires réalisée par Marc Thieffry sur les Lazaristes aux Mascareignes, et le tome X, une publication inédite du travail inachevé et resté manuscrit du Père Gabriel Perboyre où des Bretons de plusieurs instituts sont mentionnés. Ces mémoires devaient servir à garder le souvenir de l’action lazariste, d’en faire l’histoire. Ils ont pour point commun de dresser la vie des missionnaires de la Congrégation de la Mission d’une manière un peu romancée mais à partir de sources, récits et témoignages.

b. Des imprimés variés

Aux publications religieuses et érudites, s’ajoutent des imprimés dont la diversité est surprenante et vient combler des manques.

1 ROY Pierre-Georges (éd.), « Lettres et mémoires de l’Abbé de l’Isle-Dieu », RAPQ, 1935-1936, 1936-1937 et

de manière secondaire 1937-1938.

2 Les nommés Belgarde et Jolly dans CUVELIER Jean (Mgr.), « Documents sur une mission française au

Kakongo 1766-1776 » Institut Royal Colonial Belge, Tome XXX, Bruxelles, 1953.

3 Armel d’Étel (éd.), Ambroise de Rennes, « De Missionibus Fr. Minorum Capucinorum in Aegypto, Syria,

Mesopotamia, Persia et India orientali, Relation inedita » Analecta Ordinis Minorum Capuccinorum, Vol. XLIII (43) n°11, 15/11/1927, pp. 250-267.

4 Ubald d'Alençon (éd.), Colombin de Nantes, Relation inédite d'un voyage en Guinée : adressée en 1634 à

Peiresc, Vannes-Paris, Lafolye frères-Honoré Champion, 1906.

5 Apollinaire de Valence, Correspondance de Peiresc avec plusieurs missionnaires et religieux de l'ordre des

capucins, Paris, Alphonse Picard, 1892 ; Il a aussi publié Histoire de la mission du P. Martin de Nantes, Capucin de la province de Bretagne, chez les Cariris, tribu sauvage du Brésil (1671-1688), Archives Générales de l'ordre

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L’Afrique se trouve bien représentée puisque Pierre Belgarde et Godefroy Loyer1

évoquent leur mission sur les côtes occidentales du continent.

Plus surprenant peut apparaître l’imprimé de René Courte de la Blanchardière2

puisqu’il est le seul missionnaire breton, et sûrement l’un des rares Français, à s’être rendu sur les côtes occidentales de l’Amérique du Sud. Bien qu’il ne fasse état que de son voyage, il vient couvrir un espace de mission a priori insoupçonné.

Les rares imprimés du Sulpicien Pierre Huet de la Vallinière pourraient être très intéressants puisque sa carrière de quasi-aventurier et sa volonté de se disculper des accusations portées contre lui au Canada en font un religieux hors-norme ; mais ils sont très difficiles à consulter en France3.

D’autres espaces sont couverts telles les Antilles sur lesquels des Bretons ont écrit comme Jacques Bouton dont le livre est important car il était le premier Jésuite français à se rendre dans cet espace. L’Extrême-Orient est couvert par une relation de Jean de Fontaney et les écrits de Charles le Gobien, grand connaisseur des missions bien que non-praticien.

D’autres lettres ont pu être puisées dans des ouvrages isolés dans lesquels les auteurs inséraient directement des lettres ou s’en inspiraient comme c’est le cas d’une lettre de François Clément, un des premiers jésuites bretons à se rendre en Chine en 1657 dont la trame globale se trouve dans un imprimé de 16594.

Les imprimés qu’ont laissés les missionnaires sont intéressants pour approcher leurs motivations. Le récit de la mission est en lui-même intéressant par les informations présentées et la confrontation avec l’Autre. Plus intéressantes sont les préfaces car elles sont un des rares espaces de liberté où s’expriment personnellement nos missionnaires, sur les raisons qui les ont poussés à partir et à écrire. Souvent écrits suite à une demande d’un supérieur, il faut rester circonspect face à certains détails.

1

PROYART Liévin-Bonaventure, Histoire de Loango, Kakongo, et autres royaumes d'Afrique, Paris-Lyon, C.P. Berton et N. Crapart-Bruyset – Ponthus, 1776 ; LOYER Godefroy, Relation du voyage du royaume d'Issyny :

Côte d'Or, païs de Guinée, en Afrique qui décrit un peuple africain, Paris, Arnoul Seneuze et Jean-Raoul Morel,

1714.

2 COURTE DE LA BLANCHARDIERE René, Nouveau voyage fait au Pérou, Paris, Delaguette, 1751. 3

Je n’ai pas pu le consulter. On trouvera des fragments de texte dans TURGEON Charles, "Monseigneur,

pardonnez-moi parce que j'ai péché" : la régulation de la dissidence au sein du clergé canadien, au moment de