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Vers l’unité d’action : une analyse de la mission dans un cadre régional

Nombre de lettres et relations mobilisés par décennie

C- Vers l’unité d’action : une analyse de la mission dans un cadre régional

1. Éléments de définition

Avant de se lancer dans toute explication, il est primordial de déterminer qui sont les missionnaires qui seront pris en compte dans cette étude. L’indétermination et le flou des termes missionnaires et Bretons invitent justement à les définir.

a. Quels missionnaires ?

Pour tenter de comprendre comment était conçu le missionnaire aux XVIIe-XVIIIe siècles, plutôt que de tenter directement une approche de la mission avec nos critères contemporains, on peut tenter d’utiliser les définitions données dans les dictionnaires de l’époque. Dans le dictionnaire d’Antoine Furetière de 1684, qui précéda le dictionnaire de l’Académie paru en 1694, le missionnaire « est un Ecclesiastique zelé qui s'adonne au soin des missions

estrangeres, ou du Royaume. On donne encore ce nom aux Prestres qu'on voit vivre dans une

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plus grande reforme et une vie plus reguliere que les autres. »1. Dans le dictionnaire de l’Académie française de 1694 il est « Celuy qui est employé aux Missions pour l'instruction et

la conversion des peuples. Les Missionnaires ont fait de grands fruits dans les Indes. il y a des Missionnaires dans cette Province, dans cette Paroisse. c'est un Missionnaire fort zelé, fort habile. On appelle plus particulierement, Missionnaires, Les Peres de la Mission. Les Missionnaires sont establis en un tel endroit. ce sont les Missionnaires. qui desservent cette Cure. »2. L’Encyclopédie le définit comme un « ecclésiastique séculier ou régulier envoyé par le pape, ou par les évêques, pour travailler soit à l'instruction des orthodoxes, soit à la conviction des hérétiques, ou à la réunion des schismatiques, soit à la conversion des infideles. Il y a plusieurs ordres religieux employés aux missions dans le Levant, les Indes, l'Amérique, entre autres les Carmes, les Capucins, les Jésuites, & à Paris un séminaire d'ecclésiastiques pour les missions étrangeres. On donne aussi le nom de missionnaires aux prêtres de saint Lazare. »3. Que tire-t-on de ces trois définitions échelonnées dans le temps ? Le point commun à toutes ces définitions est qu’elles accordent à la mission le rôle d’instruire4

et distinguent missions intérieures et extérieures, distinction plus étoffée dans

l’Encylopédie. Le Furetière et le Dictionnaire de l’Académie ajoutent un élément qualitatif en

considérant le missionnaire comme un religieux supérieur aux autres par son zèle, ce qui n’est plus le cas pour l’Encyclopédie au XVIIIe

siècle. Toutes les définitions font une bonne place aux missions étrangères citant même les lieux traversés par les missions ainsi que les ordres engagés. En somme le missionnaire serait donc un religieux chargé d’instruire des peuples ignorants ou infidèles et qui se distinguerait tout particulièrement à l’extérieur du royaume par ses qualités spirituelles. Ces définitions restent vagues et peuvent difficilement être retenues pour notre définition de ce qu’est le missionnaire.

Les définitions restent intéressantes pour comprendre comment le missionnaire était perçu dans la société. Pour mieux définir le missionnaire, remontons plutôt aux origines du mot. Le terme mission est apparu au XVIe siècle, mais n’est entré dans le vocabulaire catholique qu’en 1622 au moment de l’érection de la Sacrée Congrégation de Propaganda

1

FURETIÈRE Antoine, Essai d’un dictionnaire universel, 1690 ; La première version du dictionnaire de 1684 est incomplète et c’est dans la réédition de 1690 qui est complète. Le mot est écrit « missionaire » ; Voir aussi le terme mission qui complète la définition du missionnaire « [la mission] se dit aussi en parlant de ces gens zelez

qui vont prescher l'Evangile chez les infidelles, et chez des peuples fort esloignez. Les Jesuïtes ont des Missions à la Chine et en tout lOrient, Il y a aussi plusieurs Prestres qui vont à des missions estrangeres ».

2

Dictionnaire de l’Académie française, 1694 ; La définition reste exactement la même dans les éditions suivantes jusqu’à celle de 1932-1935.

3 Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Vol. 10, 1765, p. 578 ; Les

volumes de l’Encyclopédie ont été publiés de 1751 à 1772.

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Fide. Il reprend le mot latin mittere qui signifie envoyer : dans la Bible, il désignait plus

précisément l’envoi du Fils par le Père, puis celui des Apôtres par Jésus pour finalement s’identifier à l’envoi des chrétiens (religieux ou non) dans des contrées éloignées1

. Si on prend cette racine, caractériser le missionnaire reviendrait à le conditionner au déplacement. Pascale Girard met en valeur la dimension idéologique forte que contient le terme missionnaire et le fait qu’une telle caractérisation ne peut qu’être sélective2. Elle aborde justement la complexité de définir le missionnaire et souligne ce rapport à l’envoi où le décompte dépend de ce que le missionnaire soit parti d’Europe ou qu’il soit arrivé en terre de mission3

. Elle ne prend en compte que les missionnaires arrivés en mission et y ayant exercé un temps acceptable : pour son étude elle élimine la moitié des missionnaires recensés par Joseph Dehergne4. Dans le cas des Bretons, si on retranche toud ceux qui ne sont pas réellement Bretons, qui restent moins de deux ans en mission5 et dont on ne possède que des dates isolées, c’est un peu moins de la moitié de l’effectif qui disparaît. M’est avis que le critère du voyage est bien adapté pour établir une définition du missionnaire mais qu’il reste partiellement réducteur.

Réduire le missionnaire à celui qui a exercé dans les missions dans le but d’étudier le recrutement et la vocation missionnaire priverait d’un nombre très considérable d’individus d’autant que pour nombre d’entre eux, on ne connaît qu’une simple date de présence... Il faut ratisser large pour ensuite effectuer une sélection selon d’autres critères. Pourquoi se priver de celui qui est parti et n’est jamais arrivé ou n’est resté que peu de temps alors que justement il réalisait le déplacement voire arrivait à destination. Ils offrent à l’historien des indices sur l’appréhension de la mission et du vécu missionnaire.

Mais se cantonner au départ et à l’arrivée - autrement dit à ce qui relève de la destination – et à l’apostolat « direct » n’est pas non plus suffisant. Le frère Carme Crépinien de l’Enfant- Jésus ne part pas en mission mais en pèlerinage avec une statue de la Sainte-Vierge à Jérusalem en 1660-16626. Il n’a pas le devoir de prêcher mais cherche à obtenir le salut personnel par son geste et par extension d’en faire profiter la chrétienté. Une telle action ne

1 PRUDHOMME Claude, Missions chrétiennes et colonisation, Paris, Cerf, 2004, pp. 11-13.

2 GIRARD Pascale, Les religieux occidentaux en Chine à l’époque moderne. Essai d’analyse textuelle

comparée, Lisbonne, Fondation Calouste-Gulbenkian, 2000, pp. 164-165.

3 Ibid. p. 173.

4 Elle exclut les missionnaires morts en route, ainsi que ceux qui ont abandonné ou qui n’étaient que de passage.

Ibid. pp. 171-172.

5 Je prends l’exemple de deux ans car les dates de mission du tableur incluent les dates de voyage qui peuvent

même dépasser ce délai… Si on prend le groupe des six Jésuites mathématiciens envoyés par Louis XIV en Chine dont les Bretons Claude Visdelou et Jean de Fontaney font partie, leur voyage dura près de trois ans avant leur arrivée à Pékin. Un autre exemple exceptionnel est celui de Godefroy Loyer qui ne put pas réellement missionner en raison d’incidents divers. Ses pérégrinations durèrent de 1701 à 1706…

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relève pas strictement de la mission. Pour autant la vue du Carme dans le diocèse de Vannes en 1663 intrigue les habitants1. Il faudrait ajouter en plus de ces deux ressorts, celui de la volonté de partir et de l’exemple donné. Bien que ces religieux ne soient pas des missionnaires à proprement parler puisqu’ils ne sont jamais partis, leurs vœux éclairent sur l’idéal de la mission, sur la spiritualité et l’attrait que le travail apostolique lointain peut exercer sur les mentalités. Par ailleurs, les déterminants de volonté et d’apostolat peuvent se lier puisque certains religieux qui ne sont jamais partis en mission ont pourtant participé à cet effort en endossant des charges liées aux missions qui nécessitaient de rester en Europe ou en promouvant la mission par la littérature ou la recherche de fonds, donc en la faisant vivre indirectement. Cette distinction existait chez les contemporains des missions, pour autant ils considéraient le rôle des uns et des autres comme complémentaire et égal. Ainsi un mémoire de 1764 au sujet des missions du Séminaire des Missions Étrangères au Canada, rappelant la fondation du séminaire et les fonctions des religieux rapporte à ce propos que « les Évêques,

de retour en France, crurent devoir se préparer dans la retraite à leur œuvre sainte. Ils vouloient y éprouver aussi la vocation de ceux qui devoient passer avec eux dans les Pays infidèles, ou qui devoient rester en France pour préparer des sujets, persuadés qu'il ne faut pas moins de capacité & de courage pour élever des Missionnaires que pour l'être »2. Se dessinent donc des portraits de missionnaires extérieurs actifs à l’étranger et de ceux restés en France, motivés par les mêmes desseins missionnaires. La mission se joue bien à l’extérieur mais elle dépend aussi de ce qui se passe en province : l’absence de la dernière empêche la première d’exister3

.

Par contre la définition de missionnaire exclut le religieux-soldat. L’Ordre de Malte était le principal ordre religieux et militaire de la période moderne, encore actif en Méditerranée. Les moines-soldats, retirés à Rhodes puis à Malte, envisageaient pourtant eux aussi l’extension du règne du Christ dans des parties du monde qui étaient à reconquérir, à l’instar d’un missionnaire. Si on reprend la définition du missionnaire, il semblerait normal de les inclure dans l’ensemble des missionnaires puisque ces hommes ont un statut religieux, sont motivés par un idéal spirituel, partent volontairement et s’engagent dans les Nouveaux- Mondes, comme défini précédemment. Mais ces militaires étaient mus par le désir de

1 ADIV 9H47 Lettre du 16/08/1663. 2

Mémoire pour les sieurs Girard, Manach, & Le Loutre, missionnaires du Séminaire des missions etrangeres

dans les Indes occidentales, appellans comme d'abus contre les superieur & directeurs du Séminaire des missions etrangeres, Paris, 1764, p. 7 ; également disponible aux AMEP Vol.26, p. 325.

3

PRUDHOMME Claude, « Cinquante ans d’histoire des missions catholiques en France : l’âge universitaire »

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croisade qui passait par une reconquête militaire qui n’impliquait la conquête spirituelle qu’après cette première étape terminée. Cette conception de la « conquête religieuse » tranche avec l’idéal de la mission – pourtant elle aussi envisagée comme une conquête religieuse – qui envisage quant à elle la conquête « par la croix et la prière [plutôt] que par la force et les

armes »1. Ces deux conceptions ambivalentes font que l’aspect militaire doit être écarté de

notre définition de missionnaire car la croisade s’oppose véritablement à la mission, et ce malgré l’action de ces « vrais » guerriers de Dieu en Afrique du Nord et au Levant, et leurs motivations spirituelles. On remarquera pourtant l’intéressante analogie entre le militaire et le spirituel, tous deux envisagés sous des termes militaires avec une conquête opérée par des soldats armés, mais usant de moyens totalement opposés : la paix contre la force, la croix contre l’épée, le dialogue contre le combat2

.

Le parfait missionnaire est celui qui part volontairement en mission, arrive sur le territoire en question et instruit de la foi pendant un certain temps. Nécessairement le statut d’un ensemble d’individus gravite autour de cette description. La définition du missionnaire peut être très large ou réduite selon le point de vue du chercheur. Restrictivement le missionnaire est le religieux qui est envoyé pour instruire de la foi. Cette caractérisation relève du déplacement et de l’apostolat. Mais on peut étendre cette définition à ceux qui ont souhaité partir ou se sont investis dans des charges. Leur courte présence due à la peur ou à une maladie, ou l’échec d’un départ, à cause d’une guerre ou d’interdictions, ne doivent pas cacher leur implication dans le mouvement missionnaire. Bien qu’ils soient des missionnaires incomplets ou inaboutis, ils n’en restent pas moins des acteurs de la mission. D’autres ont affiché leur volonté de partir ce qui peut les relier à la mission lointaine. Il est tout de même important de réaliser un tri parmi tous ces hommes situés aux marges de notre sujet à savoir les missionnaires refoulés et les aumôniers de vaisseau.

1 CERTEAU Michel (de), Les Jésuites. Spiritualité et activités, jalons d'une histoire, Paris-Rome, Beauchesne-

Centrum Ignatium, 1974, p. 142, cité par TAILLANDIER Marie-Françoise, Des réseaux… op. cit. p. 485.

2 Vincent de Meur fait même une analogie entre les vocations « administratives » et religieuses : « Et si un

offic[i]e[r] de con[seill]er dans un parlement [???] des 40 ou 50 m[ille] escu, que ne faudroit il pas faire pour mériter une charge […] que Jésus Christ promet à ceux qui quitteront tout pour son amour. Quoy ne voions nous pas tous les jours de jeunes seigneurs qui quittent leurs amis, leur pais et leurs parens pour aller exposer leur vie à mille hasards sur un peut-estre que s'ils échapent des mains des ennemis ils pouront estre considérés du général ou du Roy, et quand ils arriveroient au but de leurs prétentions ils n'auroient qu'un peu de vent et de fumée ; quelle honte pour nous autres prebstres qu'il se trouve des gens du siècle qui pour plaisir à un prince mortel font si aisément ce que nous craignons de faire pour un Dieu qui nous promet des récompenses si grandes et si certaines. Il faut ou que nous n'aions pas de foy, ou que nous soions ennemis de nostre propres bonheur, car enfin qu'y a [t] il de si difficile à quitter parens et biens pour un laïque j'avoue que cela est considérable, mais nous autres ne sommes-nous pas prebtres, [...] que nous sommes pèlerins en ce monde [...] et que toute la Terre est le lieu de nostre exil ». Lettre de Vincent de Meur à M. Gazil, vers 1658 ou 1666 (?).

66 b. Des destins missionnaires déçus

On peut affiner la définition du missionnaire en prenant en compte les missionnaires déçus. Ce groupe rassemble tous ceux qui ont eu la volonté de partir mais n’en ont pas eu l’occasion. Pour eux la mission n’est restée qu’un doux rêve. La volonté de partir peut les affilier au groupe des missionnaires mais le lien est ténu pour les intégrer complètement dans le groupe. On trouve plusieurs sortes de missionnaires déçus qui se différencient par leurs parcours individuels.

Parmi ces « faux » missionnaires, on trouve les missionnaires qui ont émis le vœu de partir en mission mais qui n’ont jamais abordé les territoires païens du fait de contraintes diverses. De grands noms avaient alors pu rêver d’évangéliser les infidèles voire de subir le martyre. Le Jésuite Julien Maunoir rêvait de partir en mission comme l’affirme son biographe qui écrivait « le danger des Canadois lui paraissoit plus grand que celui des Bas Bretons, et

l’ignorance crasse de ceux-ci piquoit beaucoup moins son zèle que l’idôlatrie de ceux-là »1

tout comme Claude-François Poullart des Places qui rêva un temps de s’en aller lui aussi : « Je ne prétendais me réserver de tous les biens temporels que la santé dont je ne souhaitais

faire un sacrifice entier à Dieu dans le travail des missions, trop heureux si, après avoir embrasé tout le monde de l'amour de Dieu, j'avais pu donner jusqu'à la dernière goutte de mon sang pour celui dont les bienfaits m'étaient presque toujours présents »2. D’autres

exemples de vœux inaboutis existent chez les religieux bretons célèbres3

. Tous se sont illustré ensuite dans les missions intérieures ou dans leurs activités dans le diocèse. Mais plusieurs limites empêchent de les intégrer dans l’ensemble missionnaire. D’abord, on ne connaît les vœux que des plus célèbres d’entre eux, et encore pas de manière directe pour la plupart. Or combien de religieux ont pu émettre un tel vœu sans jamais être exaucé ? Que dire de ces six Capucins anonymes du couvent de Rennes qui auraient voulu partir en mission, mais qui ont été refusés ou qui tombèrent malade avant le départ, mentionné par Martin de Nantes4 ? Leur nombre est incalculable puisqu’ils devaient être nombreux et parce qu’on en n’a pas forcément trace. Ainsi des Jésuites ou des prêtres du Séminaire des Missions Étrangères ont pu demander à partir mais leur départ n’a peut-être pas été accordé du fait de trop faibles

1 Phrase du biographe Boschet citée dans DESLANDRES Dominique, Croire… op. cit. p. 159.

2 Notes sur la retraite de 1704 cité dans DIATTA Nazaire, « Dans la forêt d'initiation avec Poullart des Places »

in COULON Paul (dir.), Claude-François Poullart des Places et les Spiritains : de la fondation en 1703 à la restauration par Libermann en 1848, Karthala, Paris, 2009, p. 144.

3 Voir dans les Annexes (pp. 221-234) la partie sur les religieux bretons ayant souhaité partir en missions à

l’étranger.

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capacités ou de l’existence d’une nécessité plus urgente1

ou bien sont restés inconnus. Il est aussi bon de noter que même la volonté de partir n’est pas suffisante pour en faire des missionnaires en raison de l’artificialité de l’écrit. Un missionnaire, pour faire bonne figure auprès de ses supérieurs, peut très bien écrire sans jamais vouloir partir afin de se conformer au statut du bon religieux2. Entre afficher sa volonté de partir et franchir le pas, il existe un gouffre ou du moins un écart de perception.

Pourtant cette remarque ne suffit pas : d’abord parce que des candidats aux missions ont pu essayer de se rendre en mission. Les conditions de traversée sont responsables de ces échecs comme c’est le cas pour le Lazariste Robert Ménand qui tenta par deux fois de se rendre à Bourbon mais que deux tempêtes successives ont fait échouer en 16643. Parfois la mort empêche ce destin de se réaliser. Tel fut le cas des Jésuites Rodolphe de la Germandière et François Lallouet qui firent naufrage tous les deux en 17254. Ensuite, des religieux qui ne sont jamais partis font autant partie du groupe missionnaire par leurs actes qu’un religieux sur le terrain. Peut être considéré comme missionnaire celui qui travaille à promouvoir, soutenir, gérer et défendre les missions en Europe. Ces individus sont des missionnaires imparfaits qui participent néanmoins du mouvement missionnaire. Ils n’en connaissent pas réellement les stigmates mais subissent des fatigues et autres tracasseries dans un travail qui tend vers le même but. Par exemple Charles le Gobien qui s’est occupé sa vie entière des missions avait fait les Quatre Vœux, qui correspondent chez les Jésuites à un serment d’obéissance qui impliquait qu’il pouvait être appelé à partir à tout moment par ses supérieurs sans qu’il n’ait rien à redire. Il est d’ailleurs mort à 55 ans, ce qui correspond à l’espérance de vie des Jésuites bretons dans les missions. De plus d’anciens missionnaires ont pu occuper ce genre de responsabilité après leur retour en France. Autant d’exemples qui démontrent qu’un missionnaire, malgré son statut attaché au déplacement, peut très bien ne pas avoir fait de mission. Même si leurs travaux diffèrent et que leurs fonctions sont tout aussi dissemblables,