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L’absence d’études régionales pour la période moderne

Très peu d’auteurs se sont intéressés directement à l’histoire des missions dans un cadre régional, y compris pour la période contemporaine. Concernant plus particulièrement la Bretagne, la bibliographie, ancienne comme récente, ne se focalise pas sur le fait missionnaire « extérieur » voire ne s’y intéresse pas du tout.

1. Les missions intérieures face aux missions extérieures

On a observé les divisions qui existaient entre les « types » de missions, mais s’y ajoute en quelque sorte une « concurrence » dans le champ historiographique, bien visible dans le cas breton. Ces limites sémantiques ont leur incidence sur la réflexion historique.

Les missions extérieures tiennent une place marginale, ou sont clairement absentes des histoires de la Bretagne. Lorsque sont évoquées les missions, ce sont aux missions internes à la Bretagne et à leurs grandes figures que les auteurs dédient leurs chapitres1. Que ce soit dans les synthèses sur la Bretagne ou dans les travaux d’histoire religieuse sur la Bretagne, les missions extérieures ne trouvent pas leur place2 ; comme si elles ne méritaient pas qu’on en parle, que ces Bretons, en partant outre-mer et en ne revenant jamais, avaient renoncé à leur identité et par le même coup à intégrer l’histoire de leur région3

. Prenons par exemple deux

1

Là encore une division s’opère puisque la Basse-Bretagne a longtemps éclipsé les actions en Haute-Bretagne. LEBRUN François, « Les missions des Lazaristes en Haute-Bretagne au XVIIe siècle » Annales de Bretagne et

des pays de l'Ouest, Vol.83 n°1, 1982 p. 15.

2

Les histoires de Bretagne n’ont à la limite pas réellement besoin de les mentionner puisqu’elles se concentrent principalement sur le territoire. Alain Croix et Jean Quéniart cantonnent l’ouverture de la Bretagne vers les Nouveaux Mondes à un point de vue économique et colonial (la mission appartenant pourtant au colonial). Mais leurs synthèses commencent à dater : CROIX Alain, L’âge d’or de la Bretagne (1532-1675), Rennes, Ouest- France, 1993 ; QUÉNIART Jean, La Bretagne au XVIIIe siècle (1675-1789), Rennes, Ouest-France, 2004. Pour

Joël Cornette, le propos des missions ne concerne que Le Nobletz et Maunoir : CORNETTE Joël, Histoire de la

Bretagne et des Bretons. Tome 1, Paris, Le Seuil, 2008, pp. 580-603. Concernant l’histoire religieuse, Georges

Minois, Charles Berthelot du Chesnay, Alain Croix ou Jean Quéniart n’y font pas référence puisqu’ils se concentrent sur une géographie bretonne restreinte aux neuf diocèses. On n’y trouve (presque) aucune allusion aux missions extérieures.

3 DUFOURCQ Élisabeth, Les congrégations religieuses féminines hors d’Europe de Richelieu à nos jours :

histoire naturelle d’une diaspora, Volume 1, Paris, Librairie de l’Inde éditeur, 1993, pp. 34-35 faisait déjà une

réflexion sur l’identité des religieux et missionnaires « une population qui existe réellement mais ne figure, en

tant que telle, dans aucun des recensements nationaux : une population vaste, mouvante, disséminée dans le monde entier et pourtant cohérente par la force de traditions et d’une histoire rétrospective et prospective dont les composantes culturelles sont essentielles ; une population originale qui ne s’est pas reproduite selon les lois biologiques mais qui, pourtant, s’est renouvelée, sans solution de continuité depuis plusieurs siècles selon des lois propres aux familles spirituelles ».

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dictionnaires sur la Bretagne : celui du Patrimoine breton1 et celui d’histoire de Bretagne2 à l’entrée « mission ». Cette entrée est divisée entre les missions intérieures et les missions extérieures. Le constat est sans appel : l’article des missions intérieures accorde une part égale à l’époque moderne et à l’époque contemporaine, avec une bibliographie plus centrée sur le XVIIe siècle, à laquelle s’ajoutent les biographies de Maunoir et Le Nobletz ; à l’inverse les missions « extérieures » ou « outre-mer » sont principalement centrées sur le XIXe siècle ce que la bibliographie reflète à la perfection puisqu’elle ne mentionne que la thèse et l’histoire missionnaire du diocèse de Rennes du Père Joseph Michel, toutes deux centrées sur le XIXe siècle. La période moderne n’y garde qu’une place ténue, réduite à quelques fondations d’instituts missionnaires, mais jamais à l’envoi en mission3

Comment expliquer cette situation où même l’histoire religieuse marginalise un pan entier de son domaine ? On pourrait avancer l’idée de la domination des figures missionnaires bretonnes de l’intérieur. Les missionnaires les plus connus comme Michel Le Nobletz ou Julien Maunoir ont donné lieu à une abondante bibliographie, de leur vivant jusqu’à aujourd’hui. Ces hommes ont imprimé un type de religion particulier en Bretagne, se sont distingués par leurs méthodes et leurs actions et par leur attitude hors-du-commun. Ils furent élevés au même rang que les bienheureux ou les saints même s’ils n’étaient pas - et ne sont toujours pas - considérés comme tels par Rome4. Les biographes successifs, pour édifier les fidèles ou pour affirmer l’identité bretonne, ont réussi à ancrer ces quasi-saints dans la mémoire à laquelle des célébrations diverses rappelaient le souvenir, et ce jusqu’au XXe siècle5. Leur caractère d’exception et leur anormalité ont entraîné un flux de publications sur eux et sur leurs missions afin de comprendre justement en quoi ils constituaient une exception. La présence obsédante de ces missionnaires de l’intérieur, combinée à la faveur

1 CROIX Alain, VEILLARD Jean-Yves (dir.), Dictionnaire du patrimoine breton, Rennes, Apogée, 2000, pp.

655-657.

2 CASSARD Jean-Christophe, CROIX Alain, LE DRIAN Jean-Yves, LE QUÉAU Jean-René, VEILLARD Jean-

Yves (éd.), Dictionnaire d'histoire de Bretagne, Morlaix, Skol Vreizh, 2008, pp. 500-502

3 De même dans le documentaire ROTURIER Patrice, Missionnaires en Bretagne [DVD], Rennes, PUR /

Université Rennes 2 : Pôle européen d'enseignement à distance, 1995. 28 min. les missions intérieures bretonnes occupent une place très importante et lorsque les missions « extérieures » sont évoquées, elles ne le sont que pour la période contemporaine.

4 Seul Julien Maunoir est Bienheureux depuis 1951. Albert le Grand et Dom Lobineau les intègrent d’ailleurs

dans leurs vies des saints de Bretagne.

5

Les surnoms de ces religieux, « ar beleg foll » (le prêtre fou) pour Le Nobletz et « tad mad » (le bon Père) pour Maunoir, contribuent à élever leur figure dans la population. La réutilisation des cantiques et taolennou lors des retraites paroissiales ou des missions et les procédures de béatification successives ont contribué à les inscrire dans le paysage historique breton. En 1951, la béatification de Julien Maunoir a donné lieu à des célébrations rappelant son souvenir.

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donnée aux études sur l’institution religieuse et la croyance des fidèles dans les années 19801, a dû inciter à se pencher sur les autres missions intérieures en Bretagne, moins extraordinaires mais nombreuses, aux dépens des missions extérieures. Les missions extérieures, qui n’avaient pas de protagonistes équivalents aussi charismatiques et exceptionnels, ont donc été passées sous silence, écrasées par leurs consœurs continentales. Les missionnaires partis à l’étranger n’ont pas laissé de traces en Bretagne à la différence des territoires de missions comme au Canada où le souvenir de certains d’entre eux est bel et bien resté2

. Il faut aussi ajouter que la période moderne ne constitue le plus souvent que l’ombre de la glorieuse aventure missionnaire du XIXe siècle, bien mieux connue et plus importante du fait des effectifs envoyés. Une différence visible des mouvements s’exprime dans les chiffres : entre 1662 et 1800, les Missions Étrangères de Paris - seule société exclusivement missionnaire de l’époque moderne - n’ont envoyé que 2 missionnaires par an, contre 10 entre 1801 et 1870, 54 entre 1871 et 1910 et moins de vingt entre 1911 et 19373. Des rapports inégaux qui n’ont peut-être pas favorisé les études sur les missions extérieures durant la période moderne.

La tendance était donc aux missions intérieures dans le cadre d’une histoire centrée sur la religion des fidèles. De plus le contexte historiographique n’était pas encore à l’ouverture sur les autres parties du monde. Ainsi Claude Langlois en 2000 avançait : « On peut encore

déplorer - manque rituellement pointé en pareille circonstance - le faible investissement des chercheurs hors de nos frontières, hormis l'Italie et l'Allemagne, peut-être l'Afrique et plus largement les missions. Cette manière hexagonale de travailler est compréhensible, mais il est vrai aussi que notre objet même - une religion à prétention universelle - requiert que nous ne nous contentions pas d'un gallicanisme de fait »4. Cette constatation est à rapprocher de la faible percée de l’histoire globale dans le monde universitaire français où les pesanteurs du cadre franco-français se font sentir et forment un barrage à des études transnationales et habillent les chercheurs d’œillères qui les empêchent de regarder vers d’autres latitudes5

. L’histoire française en général n’était pas réellement encline à tourner le regard ailleurs, mais

1 FOA Jérémie, « Histoire du religieux » in DOSSE François, DELACROIX Christian, GARCIA Patrick,

OFFENSTADT Nicolas (dir.), Historiographies, Volume 1 : concepts et débats, Paris, Gallimard, 2010, pp. 268- 282.

2 Leur nom est par exemple resté dans la toponymie : LE NAIL Bernard, Noms de lieux bretons à travers le

monde, Rennes, les Portes du large, 2001. Par ailleurs les évêques bretons Henri-Marie Dubreil de Pontbriand et

Jean-Olivier Briand sont encore connus au Canada.

3 MICHEL Joseph, « Géographie de l'élan missionnaire français » in Les réveils missionnaires en France du

Moyen Age à nos jours (Lyon, 1980), Paris, Beauchesne, 1984, p. 385.

4 LANGLOIS Claude, « Les champs délaissés » Revue d’histoire de l’Église de France, Vol.86 n°217, 2000, p.

759.

5

DOUKI Caroline, MINARD Philippe, « Histoire globale, histoires connectées : un changement d'échelle historiographique ? » Revue d'histoire moderne et contemporaine, n°54-4 bis, 2007/5, pp. 7-21.

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l’histoire religieuse le semblait encore moins. Il n’est pas étonnant alors de voir des sources sous-exploitées pourtant conservées à proximité, aux archives départementales1. Heureusement le retard est peu à peu comblé.

Les missions extérieures apparaissaient négligées il y a encore peu de temps ce qui peut surprendre quand on sait que toute une geste autour des marins bretons partis à l’aventure dans les mêmes Nouveaux Mondes s’élaborait dans un cadre commercial et/ou colonial.

2. Une histoire coloniale

Les pages « glorieuses » de l’histoire de France se sont écrites par les expéditions menées outre-mer. L’extension du territoire français a été glorifiée par les acteurs politiques en particulier sous la IIIe République, thème refoulé après les décolonisations, ses incidents et la force mémorielle actuelle qui rendent difficile l’écriture d’une telle histoire2. L’histoire coloniale à ses débuts, vers la fin du XIXe siècle, et jusque dans les années 1960 n’a pas réellement pris du fait justement de son programme trop porté sur l’exaltation des conquêtes et la volonté de légitimer celles-ci3. Du peu de succès de cette histoire et dans un contexte de combat contre l’Église au début du XXe

siècle couplé à une laïcisation progressive de la société, le roman national ne pouvait pas s’appuyer sur l’action de religieux qui plus est destructeurs de cultures millénaires. Surtout, la place de l’État dans le système politique français et le rôle qu’il joua dans l’expansion coloniale contribua à le mettre au premier plan de toute cette histoire. Aux religieux, on préférait ces explorateurs, administrateurs, militaires et scientifiques qui contribuèrent à l’exaltation du « Génie national » et qui fondèrent à leur manière les récits de l’expansion française tous azimuts à l’origine de l’empire colonial français4.

Même la Bretagne n’échappe pas à cette règle. L’exemple le plus révélateur en serait le personnage de Jacques Cartier dont l’ombre plane sur toute l’aventure coloniale française et

1

Je pense notamment aux sources concernant les missions des Récollets aux Archives départementales du Finistère (23H14/15/16) ou à celles des Carmes aux Antilles aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine (9H7) heureusement récemment étudiées par Antonin Besnard, qui faisait le même constat de sous-exploitation de ces sources : BESNARD Antonin… op. cit. Vol. 2, pp. 13-15.

2 LEMÉNAGER Grégoire, « Des études (post)coloniales à la française » Labyrinthe, Vol.24, 2006, pp. 85-90. 3

BANCEL Nicolas, « 6. L'histoire difficile : esquisse d'une historiographie du fait colonial et postcolonial » in La Fracture coloniale, Paris, La Découverte, 2005, pp. 83-92 ; PLATANIA Marco, « L'historiographie du fait colonial : enjeux et transformations » Revue d'histoire des Sciences Humaines, Vol.1 n°24, 2011, pp. 189-207.

4

Sarah Curtis faisait ce même constat en 2010 dans CURTIS Sarah A., « À la découverte de la femme missionnaire », Histoire et missions chrétiennes, Vol. 4 n°16, 2010, pp. 5-18.

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bretonne. Cartier occupe une place très importante dans la mémoire mais aussi dans l’histoire bretonne1 puisqu’il est considéré comme le premier Français – et le premier Breton – à s’être rendu dans les Nouveaux Mondes et apparaît par à-coup comme le fondateur des colonies françaises d’Amérique. La mémoire québécoise, puis plus tard française, s’est approprié cet individu et l’a érigé en un mythe, ferment du sentiment national québécois pour les uns, héros national pour les autres2. Malgré tout, il est aussi bon de remarquer que dans le cas québécois, les religieux sont bien mis en avant comme défenseurs des catholiques francophones3, mais que dans le cas français ils ne représentent presque plus rien. Les premiers cherchent à se différencier des anglophones majoritaires en en appelant à un fonds culturel commun ; les seconds ne s’en préoccupent pas en raison d’un anticléricalisme patent transformé en manque d’intérêt.

Dans l’ouvrage d’Henri Bourde de la Rogerie sur les Bretons aux Mascareignes de 19344, c’est bien l’histoire coloniale où s’illustrent des Bretons qui prime sur tout le reste. Les religieux ne sont pas évoqués comme des membres du clergé mais comme des administrateurs5 ou de simples acteurs de passage, éclipsés par d’autres individus à l’origine du développement de l’île et chargés de préserver les colonies d’Inde6

. Si on étend nos recherches à ses notes non-publiées, on peut remarquer qu’il s’intéressa quand même aux missions ce qui peut en faire le précurseur des études sur les missionnaires bretons7. Outre ce type de récit qui constitue la forme ancienne de la mise en œuvre de l’histoire coloniale, l’histoire quantitative et sérielle a amené à se pencher sur le domaine économique et

1 Il suffit de regarder les Annales de la Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Saint-Malo

dans lesquelles paraît dans chaque nouveau numéro au moins un article sur un marin.

2 PORTES Jacques, « Jacques Cartier » Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française (en ligne)

URL : http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-46/Jacques_Cartier.html#.VyCqur5SE0Y

3

Voir les nombreux travaux québécois concernant les religieux de Cyprien Tanguay, Jean-Baptiste-Arthur Allaire, Henry-Raymond Casgrain, Honorius Provost, Marcel Trudel, Henri Gauthier etc. Le Dictionnaire

Biographique du Canada accueille également de très nombreuses entrées aux religieux.

4 BOURDE DE LA ROGERIE Henri, Les Bretons aux Îles de France et de Bourbon (Maurice et La Réunion)

aux XVIIe et XVIIIe siècles, Rennes, La Découvrance, 1998 (1ère éd. 1934).

5 Ibid. pp. 34-68. Les Capucins Hyacinthe de Quimper et Bernardin de Quimper sont présentés comme les

administrateurs de l’île Bourbon.

6 En Bretagne il fut le chercheur le plus actif dans ce secteur historique. Il restait quand même isolé et se

cantonnait à la Bretagne. Les ADIV conservent toutes ses notes à la cote 5J. Le contenu de toutes ces notes était déjà très riche.

7 Plusieurs dossiers concernent spécifiquement les missions ADIV 5J129 et 5J135. On trouve en 5J129 une petite

correspondance avec le Père Joseph Michel au sujet de son Histoire missionnaire du diocèse de Rennes de 1939 ; une lettre en 5J135 de Joseph Michel à Henri Bourde de la Rogerie datée du 19/12/1937 ; une lettre en 5J150 du même au même datée du 7/05/1937. Dans ces quelques lettres le Spiritain remercie de son aide l’archiviste rennais pour ses conseils éclairés et le temps qu’il lui a accordé, preuve que Bourde de la Rogerie est bien spécialiste de cette question des mondes extérieurs et de ses sources en Bretagne. Par ailleurs l’archiviste peut être considéré comme un des co-auteurs de la petite thèse de Joseph Michel au vu des nombreux renseignements qu’il a récolté sur le sujet.

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commercial. Ces questions d’échanges où les Bretons et surtout les Malouins ont excellé, s’immisçant dans tous les espaces possibles du globe, et d’entreprises commerciales implantées en Bretagne à l’instar de la Compagnie des Indes à Lorient ou de la compagnie du Sénégal à Saint-Malo1, ont retenu l’attention. Le domaine économique remettait en perspective les relations de la Bretagne avec d’autres mondes au moment où la région était considérée comme une périphérie de la France.

L’espace colonial se trouve saturé par des aventuriers de toutes conditions ce qui se reflète sur la faiblesse des études sur les missionnaires dans un cadre scientifique, à l’intérieur même d’une histoire coloniale largement boudée. La France a laissé de côté l’histoire coloniale ce que les historiens cherchent à réhabiliter progressivement malgré leur retard. Pour la période moderne la mission reste isolée, exclue de l’histoire coloniale alors que les missionnaires en étaient des acteurs de premier plan, agents de l’État et de ses projets outre-mer. Si la France était en retard sur l’histoire coloniale, l’histoire des missions s’en trouvait encore plus touchée, il y a encore très peu de temps2. L’analyse du fait missionnaire se limitait alors à quelques traces diffuses issues d’une littérature spécialisée : les répertoires et dictionnaires.

3. Les limites des répertoires et dictionnaires

Les seules traces des missionnaires existantes en dehors des rares études approfondies comme celles du Père Joseph Michel, ou des biographies, typiques du milieu des études missionnaires, mais s’approchant parfois de l’hagiographie3, se trouvent dans les répertoires biographiques.

Ces répertoires sont très divers selon les thématiques abordées. En Bretagne, on trouve trace de missionnaires dans les répertoires biographiques des Bretons. Prosper Levot s’était concentré dans les années 1840-1850 sur son repérage de tous les Bretons s’étant illustrés par

1 On trouve plusieurs expéditions commerciales bretonnes et installations de compagnies en Bretagne dans

VERGÉ-FRANCESCHI Michel, « La Bretagne et la mer : chronologie commentée » in SABIANI Tony (dir.),

Encyclopédie de la Bretagne, Volume VI : La Bretagne et la mer, Rennes, EURL Encyclopédie de la Bretagne,

2013, pp. 178-195.

2

CURTIS Sarah A., « La religion et les missionnaires dans l'Empire français 35e Congrès annuel de la Société d'Histoire Coloniale Française » Histoire et missions chrétiennes, Vol.2 n°10, 2009, p. 221.

3 Le nombre de biographies de missionnaires est extrêmement important. Les trois tomes sur les missionnaires

bretons aux États-Unis de Charles Lemarié se structurent autour des trois évêques bretons Jean-Baptiste David, Simon Bruté de Rémur et Célestin de la Hailandière.

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leurs actes1. Quant à René de Kerviler, il tenta de référencer les Bretons et les traces bibliographiques qui les évoquaient afin de faciliter les recherches sur la Bretagne et ses habitants2. Dans ces deux vieux travaux d’érudition, on note de temps à autre la présence d’un missionnaire. Mais ces sommes, bien qu’elles soient une base de travail appréciable, n’en restent pas moins difficiles d’accès car peu diffusées. D’autres répertoires plus grand public se concentrent également sur la thématique bretonne comme les très nombreux ouvrages de Bernard Le Nail3 qui recensent les Bretons qui se sont distingués pointant à l’occasion quelques missionnaires. Mentionnons aussi le recensement effectué par Marcel Fournier de tous les Bretons partis en Nouvelle-France parmi lesquels des missionnaires éparpillés dans tout l’ouvrage4

. Tous sont difficilement maniables lorsqu’on ne connaît pas le nom d’un missionnaire particulier puisqu’ils ne sont pas spécialisés.

D’autres répertoires purement missionnaires existent. Ces inventaires suivent tous une logique qui leur est propre s’attachant à un ordre, à une nation ou à une région de mission spécifique, combinant parfois plusieurs de ces caractéristiques. Le plus souvent ils ont été réalisés par les religieux eux-mêmes, à partir des sources glanées dans les congrégations auxquelles ils appartenaient ou dans les lieux dans lesquels ils exerçaient leur tâche. Citons une nouvelle fois des auteurs comme les Jésuites Pfister5 et Dehergne6, les Frères mineurs Courtecuisse7 et Jouve8, les Spiritains Koren9 et Michel10, les séculiers Tanguay11, Allaire12 et David1 et le

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LEVOT Prosper, Biographie bretonne, recueil des notices sur tous les Bretons qui se sont fait un nom, Paris-