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Migration, immigration, espace et capital

DE LA DIVISION SOCIALE DE L’ESPACE

Chapitre 2 : Espace, capital et migrations

II) Migration, immigration, espace et capital

Nous partons de l’hypothèse générale que les migrations internationales font partie de l’ensemble de la mobilité du travail nécessaire au fonctionnement du mode de production capitaliste. Schématiquement, le procès de rencontre entre le capital et le travail s’opère de trois manières : 1) le capital et le travail partagent le même espace, 2) le capital va à la force de travail par l’investissement ou la délocalisation, 3) la force de travail va au capital par la migration. Nous considérons que la dynamique spatiale du capital conditionne et oriente la mobilité du travail. La dynamique des migrations internationales est ainsi en corrélation avec le contexte du capitalisme historique, donc a priori avec la mondialisation contemporaine.

La complexité du phénomène migratoire, dans ses formes comme dans les processus dans lesquels il peut s’inscrire, ne peut nous faire écarter une théorie de la migration d’où la dynamique du capital serait absente (Nikolinakos, 1974). Cette théorie générale de la migration met celle-ci en relation avec le mode de production capitaliste et son caractère de classe comme fondement structurel de la formation sociale. Le phénomène central de la migration est la mobilité de la force de travail à des fins d’exploitation ; celui de l’immigration est l’intégration de cette force de travail disponible afin d’appliquer ce rapport d’exploitation.

1) Mobilité du travail et capital

La mobilité du travail est structurellement liée à la dynamique du capital. Gaudemar (1976) pose comme central le concept de “mobilité du travail” comme plus large que le déplacement des hommes en lien avec l’espace de l’emploi, et qui peut être résumé par la mise en adaptation du travail au service de la valorisation du capital.

D’après la théorie néo-classique, les flux de main d’œuvre ont lieu afin d’équilibrer l’offre et la demande de travail : dans un système de vases communicants, la migration correspond à une correction du déséquilibre entre un territoire en sur-capacité d’offre de travail, et un autre territoire dont l’offre de travail locale est insuffisante pour répondre aux besoins des secteurs économiques en croissance. Il s’agit d’un transvasement de sur- population relative selon les besoins localisés du capital. Selon cette théorie, les exodes ruraux et inter-régionaux répondent ainsi aux besoins de l’industrialisation, et ont contribué à l’urbanisation. Cette théorie se nourrit de l’approche micro-économique, qui s’appuie sur l’idéologie individualiste, selon laquelle le déplacement des individus est motivé par la recherche de meilleures conditions d’emploi, et donc de vie, entre deux territoires inégalement dotés en ressources. Dans ce cadre, la migration est le fruit d’une décision

individuelle qui a évalué de manière rationnelle les coûts et les bénéfices de la mobilité. La migration est ainsi un indicateur de déséquilibre entre offre et demande de travail : la main- d’œuvre doit se déplacer vers les zones d’activité qui l’emploieront. La mobilité du travail doit suivre et se conformer aussi bien à la localisation qu’à la mobilité des activités économiques. L’exode rural représente la réalisation de la maximisation de la satisfaction de la population des campagnes en ville où elle va en outre trouver tous les éléments de la modernité ; de même que la migration internationale est motivée par la recherche à l’étranger de meilleurs salaires et de conditions de vie. Cette recherche de l’équilibre entre offre et demande de travail génère cependant un déséquilibre entre les territoires inégalement dotés : les déséquilibres spatiaux entre centre et périphérie sont exacerbés.

D’après la théorie de Marx, la mobilité du travail s’effectue avec l’avènement de la catégorie théorique du travailleur “libre”, lequel est par définition libéré des rapports sociaux non capitalistes ou pré-capitalistes, donc disponible pour le capitaliste s’il veut assurer sa subsistance. Cette “liberté” est indispensable à la force de travail pour qu’elle soit amenée à se vendre en tant que marchandise. La mobilité renvoie à la fois au mouvement et à la capacité d’adaptation du travailleur à aller vendre sa force de travail, mais celle-ci ne peut être vendue n’importe où ni à n’importe qui : la mobilité du travailleur est soumise aux exigences du marché de l’emploi, en fonction de la polarisation territoriale imposée par les exigences de valorisation du capital. La mobilité du travail traduit à la fois la disponibilité et la capacité d’adaptation du travailleur libre, en fonction du procès de circulation de la main-d’œuvre (Gaudemar, 1976, pp 181-182).

En théorie, le passage d’une condition sociale à une autre, qui soit conforme au mode de production capitaliste, ne se fait pas ex nihilo. Le passage d’un mode de production non capitaliste au mode de production capitaliste n’est possible que s’il y a passage, pour le travailleur libéré, d’une « soumission formelle » à la « soumission réelle », la première forme de soumission étant l’étape indispensable (Gaudemar, 1976). Ce processus contribue à la prolétarisation de la main-d’œuvre, c’est-à-dire qu’en passant d’un rapport social à un autre, le travailleur rendu “libre” tombe sous les fourches caudines du rapport d’exploitation. De la même façon que l’exode rural contribue à la prolétarisation des anciens actifs agricoles (ou leurs enfants, le processus ayant surtout lieu entre deux générations) dans les villes, l’immigration de masse du Tiers Monde, qu’elle soit d’origine rurale ou urbaine, participe à la formation d’un nouveau prolétariat à une échelle géographique plus étendue.

La théorie néo-marxiste pose la question, au lieu de l’évincer, de la place de l’individu dans des rapports de forces qui le dépassent. Il s’agit d’interroger le lien structurel entre niveau macro-économique et niveau micro-économique, en posant comme niveau intermédiaire les classes sociales et les structures politiques, économiques, idéologiques (culture, famille). Ainsi, les faux-semblants du libre choix rationnel sont guidés par un système plus large de forces de domination dont l’individu n’a pas forcément conscience. D’une part les inégalités économiques conditionnent les perspectives individuelles, mais celles-ci tiennent compte également du contexte, du rôle de la société locale, de la perception de l’ici et du là-bas au sein de la formation sociale. En somme, on se pose la question des

raisons de la migration, mais aussi des raisons de la non-migration : vus les écarts de richesse, pourquoi les populations de la Périphérie n’ont-elles pas encore envahi le Centre et abandonné leur terre d’origine ?

2) Migrations et dynamique du capitalisme : a) Migrations internationales et capital

Le processus d’extension spatiale du mode de production capitaliste, dans sa fuite en avant du procès de valorisation et d’accumulation, gagne d’autres formations sociales aux modes de production différents (pré-capitalistes), en détruisant ces derniers, en les digérant ou en en faisant des auxiliaires, en tout cas en les englobant au sein du mode de production dominant. Nous avons déjà vu que la « mondialisation capitaliste » consiste, dans un mouvement progressif et global, à l’asservissement des formations sociales et des espaces capitalistiquement non mûrs, et transforme les habitants en forces de travail pour le rapport d’exploitation. Le capital élargit spatialement, mais aussi dans d’autres dimensions, son procès d’extorsion de plus-value, et contribue ainsi un schéma Centre - Périphérie. Les formations sociales périphéries se situent à des distances variables vis-à-vis des formations sociales centrales, en fonction de leur degré d’intégration dans le mode de production capitaliste et de leur place au sein du « développement inégal » et de la division internationale du travail. Selon cette approche, l’existence de migrations internationales est une manifestation des rapports Centre – Périphérie entre formations sociales inégalement intégrées dans le mode de production capitaliste en procès d’extension ; différentes les unes des autres, ces formations sociales sont mobilisées à des moments également différents selon des phases migratoires.

D’un niveau théorique au niveau général, force est de constater que les migrations internationales ont une dynamique autonome de la mobilité du capital : dans la réalité générale, la théorie des migrations ici soutenue est soumise au principe de tendance qui indique la direction globale sans préjuger de la diversité des possibilités concrètes. Les rapports entre mobilité du capital et migrations internationales ont varié selon les périodes historiques, et donc suivant le degré de maturation capitalistique des formations sociales centrales. Au XIXè siècle lors de l’émergence du mode de production capitaliste, les migrations entre formations sociales périphériques sous la coupe du mode de production esclavagiste, ont été remplacées par les migrations centrifuges de surpopulation relative latente latente provenant des formations sociales centrales. A la période des colonisations, même si la plus grande partie des mouvements de capitaux se réalisaient entre pays du Centre, il y avait un double mouvement, de populations et de capitaux, du Centre vers la Périphérie (Adda, 2001). L’émigration de la force de travail européenne, dirigée surtout vers le Nouveau Monde, ne représentait pas tant le débouché d’un trop-plein de main-d’œuvre, qu’une non- redistribution des revenus du capital ; la mobilité centrifuge du travail était le signe de la centralisation du capital accompagnant l’extension du Centre. A la fin du XXè siècle, la situation se caractérise par la mobilité centripète du travail et des capitaux : la phase de

mondialisation financière entérine la centralisation à la fois du capital et du travail. L’asymétrie de la mondialisation du capital a favorisé le cercle des pays riches en premier lieu, et, en Périphérie, les territoires et des pays où les conditions de valorisation étaient possibles et sécurisées, c’est-à-dire surtout vers les régions urbaines capitalistiquement développées ou bien des zones restreintes (i.e. les zones franches, les maquiladoras) où les migrations mettaient à disposition de la demande de travail une force de travail en condition de meilleures conditions d’exploitation.

La colonisation a pu être possible par la violence de l’accumulation primitive du capital. Sans même parler de néo-colonialisme, les processus d’assujettissement des formations sociales périphériques ont continué après leurs indépendances formelles, par le biais des mécanismes financiers et commerciaux imposés par les pays riches régnant dans les institutions internationales (FMI, Banque Mondiale, OMC, etc.). La dette représente l’arme d’assujettissement financier qui sert à maintenir les pays du Tiers Monde en situation de dépendance vis-à-vis des pays riches (cf supra). Une part importante des migrations en provenance des pays pauvres est la conséquence des politiques de libéralisation des échanges et des services prônées par les pays riches, qui déstructurent les sociétés locales, en premier lieu les sociétés paysannes.

b) Exode rural et migrations internationales

L’habitude est de séparer les questions de mouvements de population dans l’espace suivant leur forme, leur occurrence historique, leur échelle, etc. . Ainsi en va-t-il de l’exode rural considéré séparément des migrations internationales. De toute évidence, les modalités de ces deux types de mobilité sont très différentes, et, vues de l’histoire du continent européen, en France comme en Italie, leur intensité correspond à des moments distincts. Il s’agit cependant d’une même logique, à savoir l’extension spatiale du mode de production capitaliste et d’assujettissement-destruction d’une formation sociale périphérique au bénéfice d’une formation sociale capitalistiquement plus développée (Sayad, 2006, pp 135-136). En ce sens, nous estimons que l’exode rural et les migrations internationales correspondent à un même phénomène, à des phases historiques successives de mobilité ainsi qu’à des échelles différentes qui sont fortement déterminées par l’évolution de la co-existence de deux formations sociales – celle de départ et celle d’arrivée – sous l’effet du procès d’extension du mode de production dominant. D’un point de vue temporel, la migration internationale représenterait la forme successive de l’exode rural, de concert avec, d’un point de vue géographique, son extension à une échelle supérieure : à la campagne succède le Tiers Monde (Gaudemar, 1976, p 179). Dans ce sens, aux migrations internationales comme forme plus évoluée de la mise en exploitation (prolétarisation) de la surpopulation relative latente, correspond la « mondialisation » en tant que dernière phase du développement capitaliste.

Tout comme la campagne et le pays pauvre, en tant que point de départ, représentent la forme spatiale antérieure de la dynamique capitaliste, la ville et le pays riche constituent, en tant que point d’arrivée, la modernité de cette dynamique. En leur temps, Marx et Engels

opposaient déjà la campagne et la ville du point de vue des forces productives, des types de bourgeoisies et de la division du travail. On peut reprendre cette synthèse en la transposant à l’échelle mondiale pour ce qui concerne la division internationale du travail.

Dans ce schéma théorique, la ville représente le pôle d’attraction par excellence. Attraction des hommes, des fonctions, des pouvoirs, en lien avec le mode de production capitaliste. L’urbanisation en tant qu’extension spatiale de la ville et concentration croissante de population, a lieu aussi d’un point de vue capitalistique en étendant aux campagnes le procès de production capitaliste (mécanisation, augmentation de la productivité, stratégies de rentabilité et de valorisation, etc.) et en y déployant les rapports sociaux de classe (prolétarisation de la main d’œuvre, déclin de la petite bourgeoisie traditionnelle qu’est la paysannerie, affirmation des agriculteurs-entrepreneurs). La ville marque la consécration du capitalisme.

Si dans l’exode rural le rapport avec la ville a lieu dans une relation de proximité (échelle locale, régionale à nationale), l’échelle des migrations internationales sollicite un rapport direct entre le pôle attractif de cette dimension – le pays riche – et le pôle répulsif de l’échelle locale, la campagne. Ce qu’on appelle communément, avec la mondialisation, l’« effacement des frontières », représente la relation directe entre la source de la mobilité de forme antérieure – la campagne de l’exode rural – et la destination de la mobilité de forme moderne – la migration internationale – qu’est le pays riche ou la ville du pays riche. Dans son analyse de la sociologie de la « globalisation », Sassen (2009) a en outre souligné « la

déstabilisation des anciennes hiérarchies d’échelles » et les mises en relation directes entre le

local et le global sans passer par l’échelle intermédiaire100.

Dans les pays pauvres, les systèmes sociaux et productifs ruraux désarticulés représentent l’influence déstructurante du mode de production capitaliste global sur un mode de production pré-capitaliste plus localisé. L’exode rural va grossir les villes et les bidonvilles, mais sans trouver de débouchés d’emplois conséquents (Delcourt, 2007) ; la migration internationale représente alors l’étape successive, vers des pays plus riches, du Nord comme du Sud (Europe occidentale, Amérique du Nord, pays du Golfe), dans le processus de déplacement de la force de travail potentielle vers les espaces de valorisation du capital.

Le besoin de main d’œuvre inhérent au développement du capitalisme industriel dans les pays riches, s’accompagne aussi d’un appel vis-à-vis de populations étrangères. Au contraire de la France qui est un pays d’immigration déjà ancienne, en provenance de pays du continent européen puis d’anciennes colonies, l’Italie ne devient un pays d’immigration qu’à partir des années 1970. Longtemps pays d’émigration, vers les autres pays européens plus riches ou vers le contient américain (Etats-Unis, Argentine), l’Italie s’est retrouvée avec une

100 « Cette modification des échelles ne signifie pas que les anciennes hiérarchies disparaissent, mais plutôt que

des échelles nouvelles surgissent à côté des anciennes, et que celles-là peuvent souvent prévaloir sur celles-ci. Les anciennes hiérarchies d’échelles, formées au cours du développement de l’Etat-nation, continuent d’opérer, mais sur un mode moins exclusif que dans un passé récent » (Sassen, 2009, p 22).

immigration venant des pays pauvres, à l’instar des autres pays de l’Europe capitalistiquement la plus développée.

Chronologiquement, l’Italie est ainsi passée d’une phase nationale où le développement capitalistique du pays reposait sur l’exode rural, surtout des campagnes du Mezzogiorno vers les villes du Nord, à une phase internationale où l’immigration en provenance du Tiers Monde fournit les besoins en main d’œuvre. A la période de l’exode rural massif a succédé l’immigration en provenance des pays pauvres. En quelque sorte, le saut qualitatif du mode de production capitaliste du fordisme au post-fordisme s’est réalisé historiquement en même temps qu’un changement d’échelle du bassin de main d’œuvre, passant du national à l’international101.

3) Les migrations internationales au tournant du siècle

Dans la seconde partie du XXè siècle, on distingue d’habitude deux phases de migrations internationales de masse en direction de l’Europe. Jusqu’aux années 1970 – 1980, les flux venaient surtout des anciens pays coloniaux : les liens politiques et linguistiques déterminaient dans une large mesure les destinations. Par la suite, la sociologie des migrations internationales – qui s’est, il est vrai, développée - a montré une plus grande diversité des flux, une multiplicité des provenances, avec le dépassement des liens coloniaux, de même qu’une plus grande hétérogénéité de la nature et des caractéristiques (modalités, fins) de la migration et des migrants : temporaire/d’installation, légal/illégal, qualifié ou non, de travail/familial/politique, demandeurs d’asile/réfugiés, individuel/familial/communautaire, etc (Ambrosini, 2008a ; Zanfrini, 2004 ; Castles, 2000). La situation internationale actuelle se traduit par un élargissement et une diversification des flux migratoires en direction de l’Europe (Simon, 1995, 2008)102.

Les migrations internationales ont souvent été abordées par le biais des facteurs de répulsion (push) et d’attraction (pull). Pauvreté, troubles politiques, oppressions, etc., incitent au départ ; gisement d’emplois, richesse, paix, démocratie, etc., appellent à l’invitation. La théorie économique classique voit la migration essentiellement comme une quête d’un meilleur revenu et de meilleures conditions de vie. La réalité montre que les raisons, modalités, processus migratoires sont bien plus complexes (Arango, 2000), et qu’il faut souvent se résoudre à adopter des interprétations complémentaires (Zanfrini, 2007a ; Ambrosini, 2008a, p 51). Les sociologues, anthropologues et ethnologues, de même que les géographes (Simon, 2008), ont plus récemment étudié les systèmes migratoires, les diasporas, les logiques et réseaux familiaux, sexués et communautaires, les territoires circulatoires et économies souterraines (Tarrius), la formation de l’identité par la mobilité, etc., ouvrant ainsi

101 En France, l’immigration en provenance des pays pauvres, en particulier des pays à peine sortis de la

colonisation, a eu lieu plus tôt, pour le développement industriel du pays. L’industrie automobile française organisait même des filières d’immigration jusque dans les villages d’Algérie et du Maroc.

102 Cf. aussi Les Cahiers Français (2002) ; Simon G. (1999), “Les mouvements de population aujourd’hui”, in

Dewitte Ph., pp 43-55 ; Daum Ch. (1999), “Migration, lien au pays d’origine et développement”, in Dewitte Ph., pp 385-390 ; Fayolle, 2003.

le champ des migrations et de la mobilité à des logiques qui ne soient pas étroitement économiques mais qui peuvent entretenir avec elles des rapports d’autonomie relative (Ma Mung, 1999 ; Ambrosini, 2008a, pp 79-87).

Le visage des migrants a changé depuis les premières vagues massives vers l’Europe de la seconde moitié du XXè siècle. Il ne s’agit plus tant en effet de migrations de ruraux que d’urbains, souvent relativement qualifiés, qui veulent trouver des perspectives de vie meilleures pour eux, leur famille, voire leur communauté. Ce n’est donc pas « toute la misère

du monde », selon la formule malheureuse (et tronquée) de Michel Rocard lorsqu’il était

Premier Ministre en France, qui cherche à débarquer sur les côtes européennes, mais les individus les plus aptes à mobiliser leur force de travail ou à valoriser leur savoir. Ainsi, contrairement à la représentation commune, ce ne sont pas tant les pauvres des pays pauvres qui partent, vu qu’ils n’en ont pas les moyens, mais ceux qui disposent de ressources non valorisables chez eux mais potentiellement valorisables ailleurs103. D’autant plus que la plus grande partie des migrations internationales se réalisent entre pays ou régions Sud – Sud. Pour ceux qui en ont les capacités, la migration représente la seule solution d’accéder aux revenus