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UNE MANIÈRE DE VIVRE

Dans le document Les écritures de soi (Page 45-52)

J

’ESSAIERAI de montrer que la pratique du journal

doit être envisagée pour elle-même, et pas seulement « utilisée » pour le témoignage que le texte peut donner sur une vie (côté science) ; et qu’elle met en question l’idée de littérature.

Quel est le statut de l’écriture personnelle entre science et littérature ? Je suis professeur de littérature, j’ai beaucoup travaillé sur l’œuvre d’écrivains géniaux et légitimés, de Rousseau à Perec, mais je m’intéresse aussi aux écritures de gens ordinaires, et j’ai fondé une association pour conserver les écrits autobiogra- phiques ordinaires, récits de vie et journaux, et per- mettre aux gens que ça intéresse de se rencontrer. Aussi, dans mon milieu professionnel me regarde-t- on parfois avec stupeur en me demandant : « Mais enfin, pour vous, où s’arrête la littérature ? » Un de mes collègues vient m’interviewer sur mon travail pour un grand magazine : « Je t’interrogerai sur ton travail d’universitaire, sur tes écrits théoriques », et

puis, un peu gêné, il ajoute : « Et puis sur tes dérives actuelles. » Suis-je un poseur de bombe ? Je pense simplement que toute écriture autobiographique a une forme, une présence, un sens, une valeur, et que c’est mon travail de les recueillir et de les étudier. Ma route a été droite, sans dérives : simplement le pay- sage s’est élargi, mes œillères sont tombées. Cette gêne devant le droit de chacun à essayer de dire sa vie n’est pas seulement le fait d’universitaires obsédés par le canon des grandes œuvres. Chez les écrivains eux- mêmes, surtout, l’autobiographie a mauvaise presse. Si vous dites aujourd’hui à un écrivain qu’il est un au- tobiographe, il se sent insulté, vous avez l’air de sug- gérer qu’il n’a pas de talent, qu’il est paresseux. Chris- tine Angot, dans son livre L’Inceste, tout à fait autobiographique, bouleversant et très beau, jette l’anathème sur les lecteurs qui le prendraient pour un témoignage. Mais pourquoi un texte ne serait-il pas à la fois un effort de vérité et une construction esthé- tique ? Laissons les professeurs de littérature et les

écrivains, l’accueil sera-t-il meilleur du côté des sciences humaines ? Oui, sans aucun doute, si je me trouve comme aujourd’hui parmi vous en « sciences de l’éducation », c’est parce que le récit de vie y est vu comme une pratique : on est sur le terrain, on ne perd jamais de vue le Nord, à savoir que le but est de don- ner forme et sens à sa vie pour vivre mieux. Le récit de vie n’y est pas instrumentalisé à des fins de connais- sance qui lui sont étrangères, mais sa

pratique y est éclairée par des connaissances (psychologiques, so- ciologiques) qui se mettent au service d’une écoute et d’un travail. La situa- tion est moins nette quand on quitte le terrain de la formation pour celui de la science. En histoire tradition- nelle, le récit de vie a longtemps été le suspect n° 1, il fallait d’abord le passer au « détecteur de mensonge » – ce qu’on appelle la « critique du té- moignage » – pour évaluer sa fiabilité par rapport à des exigences de vérité tout à fait respectables. Heureuse-

ment, l’histoire des mentalités et l’histoire de la vie privée ont habitué les historiens à prendre les textes autobiographiques comme des faits historiques eux- mêmes intéressants, non plus seulement comme des sources suspectes. En psychologie et en sociologie, on se trouve souvent en situation de réticence : il est plus agréable de travailler sur des données qu’on a re- cueillies directement en fonction d’une probléma- tique, que de devoir détricoter un témoignage avant d’en retricoter certains fils dans un autre contexte. Il y

a une certaine « concurrence » entre l’interprétation naïve que chacun d’entre nous donne de sa vie, et l’élaboration théorique d’un point particulier vu à tra- vers une documentation plus étendue. Le témoignage oral, dans la mesure où il peut déjà être « cadré » par les questions, sera moins délicat à utiliser qu’une écri- ture qui n’obéit qu’à ses propres lois. On se souvien- dra enfin qu’en analyse freudienne classique, l’écriture menée parallèlement à la cure est vue comme une résistance. Mais nous, pauvres autobiographes, pauvres dia- ristes, nous suivons notre chemin en laissant les prétentions littéraires et les exigences scientifiques dire ce qu’elles veulent. Nous ne sommes pas impressionnés. Nous ne courons pas après le prix Goncourt et ça nous est égal d’être de mauvais animaux de laboratoire. Nous ne sommes pas impressionnés non plus quand on nous dit que l’écriture est infidèle à la vie puisque, cela a été rappelé tout à l’heure, notre vie est déjà une écri- ture, nous sommes des êtres de langage. L’acte bio- graphique n’est donc ni une copie de la réalité, puisque la réalité n’existe pas préalablement, ni non plus, comme on le dit, une fiction, une invention, puisque notre vie, quand nous la vivons, est déjà constituée comme récit. Mais c’est un récit multi- forme, complexe, en morceaux. Passer à l’écriture, ce n’est pas aller du non-récit au récit, c’est aller d’un récit multiple, obscur, incertain, à un récit plus simple et plus clair. C’est donner à notre vie une forme at- Chemins de formation au fil du temps…

trayante qui exerce un pouvoir de séduction sur au- trui, et nous aide à construire, pour un certain temps, une identité forte à partir de nos incertitudes. Bien sûr, il y a un danger : celui de s’immobiliser et de se simplifier. Mais très vite, la vie proteste contre les ré- cits qu’on fait d’elle, elle les contredit, les rend obso- lètes. C’est comme un vêtement qu’il faut sans cesse ajuster. Le récit de vie est forcément provisoire.

J’avais choisi le titre de cette causerie, « Tenir un journal, une manière de vivre », pour suggérer qu’en écriture de soi, il y a justement d’autres « chemins de formation » que le récit de vie. Votre revue parle peu du journal. Le dernier numéro que j’ai reçu n’y fait ré- férence qu’à travers un compte rendu de la sympa- thique expérience que certains d’entre vous ont fait de noter, dans des journaux parallèles tenus pour la cir- constance, « les quinze derniers jours du siècle »1. Cela

m’a donné l’idée de vous parler de mon propre chemin de formation en écriture. J’ai oscillé tout au long de ma vie entre les deux formes complémentaires et antino- miques : journal et autobiographie. Cela se voit claire- ment dans mes productions universitaires. Comme jeune chercheur, je me suis lancé, depuis L’Autobio- graphie en France (1971) jusqu’à Moi aussi (1986), dans l’étude de l’écriture autobiographique sous toutes ses formes – sauf le journal, dont pendant quinze ans je n’ai pas dit mot. Je me suis rattrapé depuis : de « Cher cahier… » (1989) jusqu’au livre que j’ai en pré- paration, Un journal à soi. Histoire d’une pratique (à pa- raître en 2003 chez Textuel), l’essentiel de mon acti- vité a porté sur la pratique qui est la mienne, et que j’avais passé de longues années à mépriser – c’est une

aventure ordinaire. Je dis parfois que je ne suis pas un universitaire spécialisé en autobiographie, mais un au- tobiographe qui s’est spécialisé dans l’université. Cette formule devrait être complétée par une autre : je suis un diariste qui a voulu devenir autobiographe, comme la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf. Dieu merci, je me suis arrêté à temps. Voici, en résumé, ce chemin de formation en écriture.

Enfant, comme beaucoup d’autres, j’ai aimé jouer avec les mots sans avoir rien à dire. Je me suis inventé un alphabet, m’a-t-on rapporté, sans doute pour avoir une langue à moi. À partir de neuf ou dix ans, j’ai écrit des poèmes, en imitant ceux qu’on apprenait en classe. Je racontais n’importe quoi, des naufrages, le départ d’un train dans une gare, l’histoire d’une vache qu’on menait à l’abattoir : je me dis maintenant que ce n’était peut-être pas n’importe quoi. J’aimais faire rimer « ombre » avec « sombre », et que mes alexan- drins retombent sur leurs pieds. Mes productions étaient publiques. Ma famille me félicitait en riant sous cape. En quatrième, au lycée, j’ai fondé une asso- ciation avec deux camarades, l’ALC, Association lit- téraire classique, sans doute. J’imitais Victor Hugo et Heredia, et vers treize ans, je flirtais avec la poésie ly- rique. J’y projetais en termes nébuleux de vagues in- terrogations religieuses ou sentimentales. Et puis brusquement, j’ai eu quelque chose à dire. À treize ans et demi, je suis tombé malade et j’ai appris que j’étais mortel. Envoyé en préventorium, j’ai découvert la so- litude et la violence. J’ai perdu le contact avec des pa- rents aimants, aimés mais lointains. D’exil, je leur écrivais des lettres guillerettes que je garnissais de

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minuscules signes graphiques pour me rappeler moi- même, plus tard, mon enfer. Je découvrais le langage secret, sous sa forme la plus élémentaire. Mes poésies, elles, devenaient carrément lyriques, et je continuais à les montrer, leur flou m’autorisant à socialiser mes dé- tresses. Quand je suis revenu d’exil, mes alexandrins n’ont plus suffi. J’avais quinze ans, on m’avait remis au lycée, en première : j’étouffais. J’avais besoin d’appeler un chat un chat, de dire mes angoisses, d’explorer mes idées autrement qu’avec des clichés et des hémis- tiches. Mais comment faire ? Comment m’autoriser à écrire… à personne ? Je me suis mis à m’adresser des lettres à moi-même, poste restante dans mon tiroir. Il m’a fallu du temps pour voir qu’au fond, ce que je fai- sais, ce devait être ce qu’on appelait un « journal ». Une longue aventure commençait : j’ai tenu ce journal une dizaine d’années, dans le secret total. Il était d’abord une sorte de conseil intérieur, de greffier de mes émotions, un lieu où je pouvais me construire une mémoire, m’épancher, m’examiner – avec un cran de recul – et un cran de sécurité – par rapport à la vie réelle. Il est important d’avoir deux espaces, celui de la vie réelle et celui de la vie réfléchie, et de donner à la seconde une sorte de visibilité intérieure. J’ai énormé- ment appris. Mais peut-être cette vie réfléchie était- elle trop solitaire, manquait-elle d’un appui extérieur, d’un dialogue qui m’aurait aidé à mieux guider mes pas dans la vie. Ce n’est pas la faute du journal : il re- flétait ce que j’étais. Le journal n’est pas une thérapie à lui seul, au mieux une hygiène, et qui gagne à s’ac- compagner d’autres échanges. Il m’a aidé à me construire, mais ne m’a pas évité les faux pas. Je lui en ai voulu ensuite, comme à un témoin gênant, peut-

être comme à un conseiller défaillant – c’était de l’in- gratitude. J’ai nourri à son égard d’autres griefs, aussi peu fondés. Je l’ai dit, j’aimais écrire, jouer avec les mots, jouer à être écrivain. J’avais renoncé à mes bal- butiements poétiques. Deux ou trois essais malheu- reux pour maquiller mon vécu en fiction n’allèrent pas au-delà d’une page. Mentir, même vrai, n’était pas mon genre. Il ne me restait que le champ de la vérité nue. De là, ma fascination pour ce que j’ai plus tard appelé le pacte autobiographique. J’ai vite pratiqué la sincérité totale, au point de voir dans une rature un mensonge. Ce spontanéisme désastreux me barrait la littérature – moi qui, comme tant d’autres, rêvais d’être un nouveau Proust ! Heureusement, le journal est tenace : il vous apprend à écrire, malgré vous, par la répétition. Vous ne vous corrigez pas sur le mo- ment. Mais vous vous relisez. Et puis vous lisez. C’est une longue patience. Finalement, vous faites des pro- grès. Un jour, on me donne en classe un sujet de philo correspondant à mes ruminations, pourquoi pas ? – perdu pour perdu, je ressers mon journal et on me fé- licite. Sans doute écrivais-je mieux, mais je n’étais pas plus capable de construire un texte que ma vie. Si bien que j’ai peu à peu abandonné le journal, tout en conservant soigneusement mes piles de feuilles vo- lantes (je n’aime pas les cahiers), avec l’idée que cela me servirait plus tard : un autre Philippe, plus mûr, dans vingt ans peut-être, verrait ce qui m’échappait, redresserait la barre… À certains moments, il faut sa- voir se perdre de vue : les jachères ont du bon. Rares sont ceux qui tiennent continûment un journal au fil de leur vie. J’ai donc plongé dans un silence de plu- sieurs années, le temps de trouver, autrement, ailleurs, Chemins de formation au fil du temps…

mon chemin. Quand j’ai repris pied dans l’écriture, c’était avec l’idée d’acquérir une vraie maîtrise. Plus question de me laisser aller. C’était vers 1969, j’avais trente ans. Pendant un an, j’ai fait, en privé, atelier d’écriture : une page par jour, n’importe quoi, sans corriger, en essayant tout, poèmes, pastiches, dérives, ce qui venait. Et c’est l’autobiographie, au milieu du reste, qui est venue – avec l’idée, que j’ai toujours, que la forme n’est pas mensonge, qu’il y a un art de la vé- rité, et que la fiction n’a pas le monopole de la littéra- ture. Me voilà lancé dans un double projet : construire une théorie de l’autobiographie en lui donnant ses lettres de noblesse (ce que j’ai tenté dans mes livres publiés jusqu’en 1986) ; d’autre part, trouver comment écrire ma vie en évitant le laisser-aller du journal et l’artifice des récits classiques. J’avais rencontré un mo- dèle : Leiris. Pendant des années, j’ai mené de front ces deux chantiers, l’un public, l’autre secret, avec ju- bilation, chacun légitimant l’autre. Le côté normatif, presque sectaire, de mes premiers travaux universi- taires reflète ce désir éperdu que j’avais, au début, de donner une unité au récit de ma vie. J’en suis, heureu- sement, revenu. J’ai appris peu à peu, dans les deux domaines, les dangers de l’auto-imitation et le charme des dérives. La vie, c’est ce qui bouge. Il faut structu- rer sans scléroser, équilibre délicat à obtenir. À dire vrai, j’ai vite découvert mon incapacité à construire de longs textes. Je n’ai pas fait de thèse, et mes livres sont le plus souvent des recueils, côté public. Côté privé, j’ai peu à peu renoncé à l’idée d’écrire une autobiogra- phie : d’abord à regret, puis avec soulagement. J’ai mis longtemps à saisir que mes échecs étaient une chance. « Autobiographie » ne devrait s’employer qu’au plu-

riel. Sans que j’en aie conscience au début, l’accumu- lation, pendant une quinzaine d’années, d’essais auto- biographiques hétéroclites plus ou moins brefs et tou- jours datés, finissaient par reconstituer une sorte de journal. Je revenais, par une autre voie, à la forme que j’avais abandonnée. Ainsi va la vie. Mais je retrouvais l’idée de journal enrichie, métamorphosée. Elle n’était plus incompatible avec l’idée d’art, ou du moins d’éla- boration. Je suis en train de tomber, ici même, dans le piège des récits de vie : la simplification. Car le che- min qui m’a mené, à partir de 1986, à reprendre la pratique du journal puis à m’en faire une nouvelle idée, est autrement compliqué. Ce fut d’abord une nouvelle adolescence où j’écrivais mon journal au kilo- mètre à la machine à écrire – des kilomètres mainte- nant goudronnés par vingt ou trente ans de pratique d’écriture : même vite, j’écrivais propre et efficace – loin des pistes cahotantes et caillouteuses de jadis. Du coup, je me mis aussi à la relecture de mes premiers journaux, saut vertigineux dans le passé, et je décou- vris leur valeur irremplaçable : ils me mettaient défini- tivement à l’abri de l’autobiographie. Ils étaient là, ir- réfutables, étranges, parfois incompatibles avec les histoires que je me racontais. J’entrepris de les reco- pier à la machine et de les gloser. J’avais trouvé aussi un nouveau « maître », Claude Mauriac, qui donnait l’exemple, dans Le Temps immobile, d’une autobiogra- phie qui n’était plus que le journal de relecture d’un demi-siècle de journaux accumulés derrière lui. Là- dessus arrive chez moi, en 1990, le traitement de texte : nouveau bond en avant. En composant en 1991-1992 le journal de travail du Moi des demoiselles, j’apprends qu’on peut écrire son journal non plus au

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kilomètre, mais au millimètre, sans être un imposteur. Je ne suis plus gêné, comme sur le papier, par les traces de mes corrections. Je reste une demi-heure à chercher l’expression juste, j’apprends aussi qu’on peut composer un journal en évitant des répétitions, en mé- nageant des symétries ou des reprises, en organisant des suspenses : on donne ainsi à la vérité de l’instant, sans la trahir, le relief de l’art. Après cet essai destiné à la publication, j’ai transposé dans ma pratique privée ce que j’avais appris. J’ai tenu, pendant plusieurs an- nées, des journaux de toutes sortes, parfois parallèles, parfois à contraintes : ils avaient en commun, à la dif- férence du journal « généraliste » qui n’a d’autre hori- zon que votre mort, que je devais leur survivre : leur fin était programmée. « Journal », comme « autobio- graphie », est un mot à employer plutôt au pluriel. Je me suis beaucoup amusé et réconforté dans mon ar- rière-boutique. On demande souvent si on peut écrire un journal pour soi tout seul. Non, bien sûr, on a tou- jours un ou des destinataires imaginaires : notre moi est hanté. Et c’est parfois l’évanouissement d’un de ces fantômes qui tarit notre inspiration : on ne sait plus à qui parler. Mais il est important pour moi de ne ja- mais montrer à des personnes réelles ce que j’écris : c’est la condition de ma liberté. Sans doute faut-il être fou pour composer comme une œuvre d’art un journal qui n’aura pas de public. Bien sûr, on doit rêver aux générations futures… Mais pour l’instant, on se sent bien : on a, comme lorsqu’on était adolescent, la dou- ceur de s’être libéré du poids de la vie, avec en plus, la satisfaction d’avoir créé quelque chose d’harmonieux : on s’est accompli autant que soulagé. D’une manière générale, la pratique du journal est un élément capital

du rythme de la vie quotidienne. Le diariste rumine, au fil de la journée, le contenu de l’entrée qu’il écrira le soir ou le matin suivant – tri du vécu, élaboration d’une forme qui se font inconsciemment. Quand il ar- rive devant sa feuille, il met au propre rapidement les brouillons mentaux qui se sont accumulés. Tenir un journal donne en outre le plaisir de se sentir accompa- gné, de communiquer secrètement avec la continuité de sa vie parce qu’on écrit en collaboration avec le temps…

J’arrête ce récit de formation, il tourne au prêche… Pourquoi ai-je pris ce ton ? Peut-être parce que nous sommes en France, pays de tradition catholique où le journal a toujours été suspect. En terre protestante, aurais-je eu besoin de dire cela ? Chez nous, beau- coup de gens, y compris des éducateurs, sont réti- cents ou inquiets. Ils ont raison : il y a d’autres ma- nières de s’occuper de soi, et sait-on bien ce qu’on fait

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