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Le camion entre dans la grande cour, où l’on voit bien la ferme laitière, ainsi que la maison de style typiquement canadien. Derrière les bâtiments, de grands champs s’étendent en bordure des boisés, offrant une vue grandiose du paysage appalachien. Alors que le véhicule se parque dans l’entrée boueuse, le chien se met à courir en sa direction en ABOYANT. [Au même moment, la MUSIQUE disparaît].

Sortent sur la galerie LIONEL (55 ans), le père de Mélina, et DORIS (52 ans), sa conjointe. Ils regardent le jeune couple sortir du véhicule et les saluent chaleureusement. Alors que Doris dévale les escaliers pour aller prendre Mélina dans ses bras, le père observe l’air misérable de sa fille qui le regarde elle aussi, emmitouflée dans les bras de sa belle-mère; ce dernier semble mal à l’aise. Lionel finit par descendre lui aussi de la galerie pour serrer la main d’Éric. Mélina vient ensuite vers son père et ils s’embrassent avec un peu moins d’entrain que les autres, cependant. 50. INT. SALLE À MANGER (MAISON DESORMEAUX) Ŕ JOUR

La pièce est grande, divisée un peu comme l’étaient les maisons anciennes, si l’on exclut les rénovations contemporaines qui lui enlèvent tout son charme rustique. Il y règne néanmoins un bon air de vivre qui fait du bien aux deux arrivants, en train de souper à table, en compagnie des parents.

43 DORIS

Pis, ça fait du bien d’manger des bonnes choses de chez nous ?

Mélina esquisse un léger sourire et hoche légèrement la tête. Éric, un peu embarrassé, pose sa fourchette et regarde les parents.

ÉRIC

Ouais… j’pense qu’avec vos bons soins… pis qu’avec un peu d’repos…

(il regarde Mélina) Ça va i’ faire du bien en tout cas…

Éric croise les bras sur la table et baisse les yeux tout comme sa copine, en arborant un air découragé, incertain. Doris, mal à l’aise, ne sait pas quoi dire pour les réconforter, et interroge Lionel du regard. Le père prend une gorgée de vin, puis ajoute :

LIONEL

C’est pas l’ouvrage qui manque pour t’faire changer les idées, ma fille. J’compte sur toi pour qu’tu m’aides un peu, comme on avait dit. C’est pas l’temps de prendre des vacances, icitte !

Doris lui fait signe d’être plus compréhensif envers sa fille. Cependant résignée, Mélina hoche lentement de la tête en regardant son père, qui la fixe lourdement des yeux. Éric est surpris d’un tel froid entre eux. Doris se lève en soupirant et met sa main sur l’épaule de Mélina, assise à côté d’elle.

DORIS

Écoute-le pas, Mélina… I’ a eu beaucoup d’vêlages ces derniers mois pis i’ est ben fatigué ces temps-ci lui aussi. Repose-toi comme t’en auras besoin. On trouvera d’l’aide, au pire.

(elle regarde Mélina et Éric)

Vous êtes ici chez vous, pis vous v’nez quand vous voulez !

Doris ramasse les plats vides sur la table et va les porter à la cuisine, tout en regardant gravement Lionel du coin de l’œil. Ce dernier gratte son assiette, le regard pensif et préoccupé. 51. EXT. COUR (MAISON DESORMEAUX) Ŕ SOIR

Le jeune couple se promène sur le terrain, silencieux. La nuit est froide et obscure, un LÉGER VENT frais souffle. On entend quelques CHANTS DE GRENOUILLES. Mélina et Éric marchent tout en observant l’environnement et en se lançant des regards discrets.

Ils arrêtent un instant pour regarder le ciel couvert de nuages sombres, se fondant ainsi dans une obscurité dénuée d’astres. Quelques étoiles apparaissent de temps à autre, avant de s’éteindre à nouveau par-dessous les nuages mouvants. Éric tente de se rapprocher de Mélina, de lui attraper la main, mais la jeune femme reste plutôt froide et distante, préférant observer le ciel. Elle recommence à marcher lentement.

MÉLINA

J’ai hâte de r’voir les étoiles. En ville, on peut pas les voir à cause des lumières… Pis ici, on dirait qu’la nature veut s’cacher de moi… J’ai du mal à sentir ou à r’trouver sa force…

Éric arrête pour prendre Mélina dans ses bras de façon douce, mais insistante; il l’entraîne avec lui contre un arbre. Voyant le fil de cuir dans le cou de la jeune femme, il tire dessus et en ressort la turquoise. Mélina le regarde dans les yeux, tandis qu’Éric approche lentement ses lèvres pour lui donner un baiser. Elle se laisse embrasser par lui quelque temps, puis détache son visage du sien, tout en continuant de le regarder profondément dans les yeux.

MÉLINA

(elle lui sourit, la voix et les yeux émus) Bonne nuit…

Elle enlève ensuite lentement les bras d’Éric qui l’enlaçaient, replace le collier à l’intérieur de son chandail et s’éloigne de lui. Il la regarde, encore rempli de désir inassouvi, mais aussi avec compassion :

ÉRIC

La nature, tu la transporteras toujours avec toi. Mélina se retourne vers le jeune homme, tout en retenant ses larmes.

ÉRIC

J’suis sûr que tu vas pouvoir trouver la paix… pis faire des beaux rêves…

Mélina fait oui de la tête avec ses yeux à la fois tristes et remplis de gratitude envers Éric, qui s’approche d’elle. Elle s’avance et le serre très fort dans ses bras. Éric fait de même.

52. INT. CHAMBRE DE MÉLINA (MAISON DESORMEAUX) / EXT. COUR (MAISON