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2.4 Des outils et une démarche adaptés aux contraintes médiales

2.4.3 Le relevé des occurrences de DD

2.4.3.2 Méthodologie adoptée pour le relevé du DD

Les indices de DD relevant des deux ordres (graphique/phonique) n’étant pas tous les mêmes (cf supra 2.3), la méthodologie adoptée pour identifier et relever les occurrences de DD n’a pas été tout à fait similaire.

Pour effectuer nos relevés dans les données orales, il n’a pas été possible de

procéder à une recherche automatique95, au risque de laisser échapper un trop

grand nombre d’occurrences. Il fallait faire un relevé manuel dans les transcrip-tions, qui une fois transformées en fichier texte, peuvent comporter des dizaines et des dizaines de pages.

De plus, nous devions écouter les enregistrements en parallèle de notre relevé parce que certaines occurrences qui n’apparaissaient pas de façon évidente comme étant du DD à la lecture étaient désambiguïsées à l’écoute.

95. Typiquement, nous aurions pu lancer une recherche avec le verbedireet tous ses dérivés conjugués mais en pratique, comme nous l’avons exposé dans le chapitre précédent, toutes les occurrences de DD ne correspondent pas à la structure canonique des grammaires tradition-nelles : dire + discours cité. Nous avons également vu qu’il existe une multitude de verbes différents qui sont employés en tant qu’introducteurs et que l’absence de verbe introducteur est très fréquente (cf chapitre 1). Il nous semble qu’aucun critère ne permette un relevé automa-tique du DD sans faille dans un corpus oral lorsque celui-ci n’a pas été annoté au préalable. Et même si c’est le cas, il est nécessaire de procéder à une relecture pour d’éventuels oublis ou des interprétations différentes.

A l’écrit, les difficultés sont moins nombreuses parce que dans la plupart des cas, le repérage du DR est facilité par des signes typographiques. Nous avons pu lancer une recherche sur les guillemets, ce qui a permis de relever bon nombre d’occurrences, mais un relevé manuel a été nécessaire pour les formes de DD non marquées typographiquement. Un tri a également dû être fait pour écarter les

guillemets ne marquant pas un DD96.

Il convient également de préciser que, pour les forums, nous n’avons pas pris en

compte, ce que M. Marcoccia (2004b) appelle des « citations automatiques97 » :

« Les logiciels de courrier électronique ou de forum de discussion permettent une forme d’insertion automatique de discours rapportés : lorsqu’on répond à un message, l’utilisation de la procédure automa-tique de réponse va insérer le message auquel on répond dans son propre message. Cette forme particulière de discours rapporté est di-rectement liée au dispositif technologique et peut ainsi être qualifiée de "citation automatique" ; c’est en fait une automatisation de la pro-cédure bureautique du "copier-coller" ».

La capture d’écran suivante illustre ce procédé. Le post de cardamine38 auquel réagit alexi92 est directement (et automatiquement) intégré au début de sa ré-ponse :

Figure 2.4.3 – Capture d’écran du forum Plus belle la vie

Concernant les données IRC, nous n’avons pas non plus tenu compte des copiés-collés. Bien qu’il ne s’agisse pas ici d’un procédé automatique, comme c’est le cas dans les forums, nous avons fait le choix de ne pas les intégrer à nos analyses.

96. Comme dans l’exemple suivant relevé sur VDM : « Aujourd’hui, arrivées devant mon immeuble et d’humeur taquine, je pousse mon amie et me rue vers l’ascenseur, n’omettant pas le "coucou" de la main et le rire machiavélique lorsque les portes se referment devant elle. L’ascenseur est tombé en panne. VDM ».

97. A. Garcea & C. Bazzanella (2002) se sont notamment intéressées à ce phénomène dans les courriers électroniques : « [. . . ] le DR peut être inséré, [. . . ] automatiquement et représenter une ‘base dialogique’ pour l’échange des messages suivants » (p. 244). Même si cette remarque est formulée pour le DR dans le cadre des courriers électroniques, elle peut tout de même s’appliquer aux forums (et aux données IRC) dans la mesure où l’insertion automatique est un « support » de réponse pour l’internaute.

L’exemple ci-dessous, dans lequel nous avons encadré le passage « collé », illustre l’intégration d’une interaction antérieure dans l’interaction en cours et la façon dont elle se manifeste :

(25)

(22 :34 :37) X :kikiou toi

(22 :34 :48) X :j’ai vu passer un truc sur irc

(22 :34 :48) X :Coucou !

(22 :34 :56) X :Oui ?

(22 :34 :59) X :Quoi ?

(22 :35 :10) X : j’me suis dit, je le garde dans un coin et je le c/c à XX quand je la vois

(22 :35 :18) X :Ouhla

(22 :35 :28) X :Raconte

(22 :35 :29) X :tkt c’est rien de grave

(22 :35 :44) X :juste pour rapeller que les gens parlent ... (22 :35 :52) X :hop : ' & $ % (22 :35 :55) X :(19 :48 :14) Xxx : XX, coquin

(22 :35 :55) X :(19 :48 :18) Xxx : X m’a dit que t’étais sexy (22 :35 :55) X :(19 :48 :23) Xxxx : pas mon genre

(22 :35 :55) X :(19 :48 :59) Xxxx : j’aurais pas fait ça dans ton dos (22 :35 :55) X :(19 :49 :14) Xxx : Sisi, il est assez fros pour ça (22 :35 :55) X :(19 :49 :15) Xxx : gros*

(22 :35 :55) X :(19 :49 :57) Xxxx : ah c’était donc ça (22 :35 :55) X :(19 :50 :02) Xxx2 : Sexy- XX *.*

(22 :35 :55) X :(19 :50 :46) ***Xxxx iradie de mille feux *.* (22 :35 :55) X :(19 :51 :21) Xxx2 : :D

(22 :35 :55) X :(19 :51 :34) Xxx : irradie* (22 :35 :55) X :(19 :51 :57) Xxxx : GENRE (22 :35 :55) X :(19 :52 :29) Xxx : :)

(22 :35 :55) X :(19 :56 :18) Xxxx a quitté le salon (quit : Connection reset by peer)

(22 :36 :17) X :that’s all (IRC, Joueur 1, conversation 1)

Outre l’emploi explicite du terme de c/c (copié-collé) par l’internaute, nous voyons que l’heure de la conversation intégrée (19 :48 :14) est différente de celle de l’in-teraction en cours (22 :35 :55). La temporalité est, elle aussi, différente, puisque dans la conversation intégrée, il se passe presque 8 minutes entre le premier « tour de parole » et le dernier alors que le report de cette conversation se fait en moins d’une seconde (22 :35 :55). Cette action serait impossible si l’internaute avait dû taper un à un les énoncés rapportés. Notre choix de ne pas prendre en compte

ce type d’occurrences repose principalement sur un argument : il n’y a pas de

procédé comparable à l’oral98.