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Chapitre 3 : Le protocole d’expérimentation

1.1. Les procédures de travail Pas du tout

3.3.3.3. Méthode d’analyse des relations entre climat de sécurité et comportements propices à la sécurité

Dans le but d’analyser les relations entre les différentes variables inputs et outputs, nous réalisons une analyse des correspondances multiples (ACM). Le choix de cette méthode d’analyse est justifié par deux raisons : la nature des variables et le nombre important de mesures utilisées. En effet, lorsqu’on prend en compte uniquement les 5 premières modalités des variables, elles peuvent être considérées comme des variables qualitatives ordinales, les notes 1, 2, 3, 4 et 5 codant dans l'ordre un niveau d’accord a priori de plus en plus élevé. Cependant, nous avons décidé d’intégrer dans l’analyse une sixième modalité « Pas d’avis » ou « Pas concerné » dont le code est [6]. Il devient dès lors insensé de considérer les variables comme étant ordinales puisque la sixième modalité ne renseigne aucunement d’un niveau d’accord supérieur à la cinquième. Par conséquent, les

variables sont traitées comme des variables catégorielles74 pour lesquelles l’ACM

est la méthode d’analyse la mieux appropriée. À cause de cette sixième modalité, nous allons donc oublier ici le caractère ordonné de nos variables pour les traiter comme des variables purement nominales. La deuxième raison ayant milité en faveur du choix de l’ACM est le nombre important de mesures utilisées pour

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Les variables catégorielles ou variables qualitatives nominales sont des mesures qui correspondent à des noms ou des valeurs sans qu’il n’y ait un ordre précis entre elles. Ce sont seulement des mots et peu importe l’ordre dans lequel on les présente. Par exemple, le sexe a 2 modalités possibles : féminin ou masculin.

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évaluer les concepts mis en relation dans cette étude. Ici nous avons 45 facteurs explicatifs, c'est donc l'occasion d'utiliser l'analyse des correspondances multiples. Une correspondance simple est la présence de deux modalités de deux facteurs différents chez le même individu. Par exemple, l’analyse peut permettre d’observer qu’il y a un nombre anormalement grand de travailleurs qui sont à la fois des membres de l’organisation 3 et des personnes qui sont tout à fait d’accord que leur façon de travailler est conforme aux procédures. Autrement dit, les travailleurs de l’organisation 3 sont aussi ceux qui se conforment le plus aux procédures. Une correspondance multiple est la présence simultanée de m modalités de p facteurs différents chez le même individu. La description du mode d'assemblage des modalités chez les individus relève de l'analyse des correspondances simples (2 facteurs) ou multiples (plus de 2 facteurs). L’A.C.M. décrit les relations deux à deux entre p variables qualitatives à travers une représentation des groupes d’individus correspondant aux diverses modalités. Le principe de l’analyse consiste à repérer les modalités importantes à la formation des axes et regarder ensuite leur positionnement sur le graphique. La proximité entre des modalités renseigne de la liaison entre elles.

Dans cette étude, nous avons réalisé plusieurs ACM à partir du logiciel Statistica version 10. Dans un premier temps, toutes les variables ont été considérées comme des variables actives. Ensuite, d’autres ACM sont réalisés en considérant cette fois les facteurs comportementaux comme des variables supplémentaires qui ne participent pas au calcul des valeurs propres et vecteurs propres. Notre analyse s’est limitée aux trois premiers axes pour lesquels le pourcentage cumulé d’inertie expliquée était supérieur à 24%. Le plus souvent, comme l’illustre le tableau ci- dessous, le facteur suivant avait une valeur propre nettement inférieure aux trois premiers.

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Tableau 12: Illustration de la décroissance des valeurs propres

Nombre de Dims.

Valeurs Propres et Inertie de toutes les Dimensions (Toutes les organisations ensemble) Table d'Entrée (Lignes x Colonnes) : 99 x 99 (Table de Burt) Inertie Totale = 4,2105

ValSing. Values ValProp. Values %age Inertie %age Cumulé Chi² Squares 1 0,674496 0,454945 10,80494 10,8049 3335,961 2 0,554511 0,307482 7,30270 18,1076 2254,666 3 0,523380 0,273927 6,50576 24,6134 2008,615 4 0,418625 0,175246 4,16210 28,7755 1285,025 5 0,386274 0,149208 3,54368 32,3192 1094,092 …

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Dans ce chapitre, nous avons évoqué deux principales raisons pour justifier que les hypothèses issues du champ du climat de sécurité soient applicables en contexte universitaire. Tout d’abord, parce que l’université est une entreprise comme une autre menant une réflexion stratégique en vue de maximiser sa performance. Par conséquent, comme toute autre entreprise, elle gère les risques susceptibles d’affecter sa réputation et donc sa performance. De plus, les hypothèses du climat de sécurité ont été appliquées dans différents secteurs d’activités et pour des problématiques de sécurité très différentes. Dès lors, du moment où les installations et les activités des laboratoires et centres de recherches universitaires les amènent à faire face à des menaces similaires à celles observées dans les différents secteurs industriels et qu’en outre l’université subit les mêmes exigences de conformité que toute entreprise privée, elle constitue elle aussi un terrain d’expérimentation de ces hypothèses. Plus important encore, la diversité des activités et donc des problématiques de sécurité de l’université fait d’elle le terrain d’expérimentation par excellence d’une approche comparative de la culture de sécurité, dans laquelle différentes problématiques de sécurité sont abordées à partir d’un même modèle. Bien qu’ayant été testées pour des problématiques de sécurité très différentes, les hypothèses formulées par Griffin & Neal (2000) ont rarement servi à la comparaison de problématiques de sécurité différentes dans un même environnement institutionnel.

Enfin de compte, quatre entités organisationnelles ayant des activités différentes, des problématiques de sécurité différentes et se situant à des niveaux différents de maturité du SGS sont retenues pour l’étude expérimentale. Le choix de ces entités se justifie par le besoin de comparer des organisations situées à différents niveaux de maturité du SGS. Au final, notre échantillon se constitue (i) d’un service de radiothérapie universitaire engagé depuis bientôt 10 ans dans un processus d’amélioration continue de la qualité/sécurité ; (ii) un centre de recherche spatial universitaire dont le SGS est guidé par des normes de certifications externes, des

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exigences réglementaires et des attentes des clients ; (iii) un centre de recherche en neurobiologie cellulaire dont le SGS est prioritairement focalisé sur la gestion de la conformité du fonctionnement et des équipements aux exigences légales en matière de risques radioactifs et (iv) le pôle équin d’une clinique vétérinaire universitaire dont le SGS se limite à la mise en conformité du matériel et des locaux après des inspections ou des sanctions administratives .

Dans ce chapitre, nous décrivons également les deux méthodes de recherches empiriques (étude cas et enquête par questionnaires) et les différentes sources de données (questionnaire, entretien, site internet et intranet des entités, documentation interne) utilisées pour enrichir les résultats de cette recherche et renforcer leur validité par une triangulation des sources d’informations. Nous réalisons d’abord une étude de cas unique dans le service de radiothérapie dans lequel des entretiens et l'analyse de la documentation interne servent à comprendre les éléments du SGS de cette entité. Les résultats de cette étude combinés à la littérature empirique sur le climat de sécurité servent à construire un questionnaire pour évaluer les perceptions des travailleurs à l’égard du SGS et leurs comportements en lien avec la sécurité. Ensuite, sur la base du modèle EFSM, un questionnaire générique d’évaluation de la culture de sécurité et d’analyse des interactions entre ses dimensions est développé. D’autres entretiens sont réalisés afin d’adapter le questionnaire général de mesure de la culture de sécurité et de l’utiliser pour une évaluation comparative de la culture de sécurité dans les quatre entités universitaires.

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Chapitre 4 : Résultats de l’expérimentation et discussions

Ce chapitre présente les résultats de l’expérimentation menée en deux étapes suivant la démarche présentée au chapitre précédent. La première section est consacrée à la présentation des résultats de l’analyse approfondie de la culture de sécurité du SRT (4.1.). Ensuite, nous détaillons les résultats de l’analyse comparative de la culture de sécurité dans les quatre organisations participantes (4.2.). Enfin, une discussion de l’ensemble des résultats est proposée. Cette dernière permet de mettre en évidence l’existence de sous-cultures en radiothérapie et d’identifier de nouvelles variables antécédentes et déterminantes de la performance individuelle de sécurité (4.3.).