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P LUS DE FEMMES , PLUS DE DIPLÔMÉS

Dans le document Bien ou mal payés ? (Page 24-27)

Comment les salariés du public se caractérisent-ils par rapport à ceux du privé1 ? Un premier trait important est la plus forte proportion de femmes.

En 2011, celle-ci s’élevait à 61 % pour l’ensemble des trois fonctions publiques, contre 46 % dans le secteur privé. Le taux de féminisation est très inégal selon les métiers – de 69 % pour les professeurs du secondaire et des écoles, à moins de 20 % chez les policiers ou gardiens de prison, et chez les militaires du rang. Comme dans le secteur privé, les femmes tendent à être nettement sous-représentées en haut de la hiérarchie, et notamment au sein des postes les plus prestigieux et les mieux payés de la fonction publique : leur part était par exemple de seulement 24 % parmi les directeurs d’admi-nistration centrale, 27 % parmi les recteurs, 17 % parmi les ambassadeurs2.

La féminisation importante renvoie à la spécificité de certains métiers regroupant des activités constituées comme plus traditionnellement

« féminines » (éducation, santé, services de soins aux enfants et aux per-sonnes âgées). L’attractivité du public pour les femmes s’explique aussi par la possibilité d’y concilier plus facilement vie professionnelle et vie privée,

contrats des remplaçants sont suspendus pendant les vacances d’été, rompant ainsi la « continuité » exigée. Ainsi, de nombreux enseignants remplaçants dépassent très largement les six années de service sans être « cdéisés ». Il faut noter que la loi du 12 mars 2012 relative à l’accès à l’emploi titulaire et à l’amélioration des conditions d’emploi des agents contractuels dans la fonction publique (dite « loi Sauvadet ») assouplit notamment ce critère, et devrait se traduire par un nombre important de passage en CDI dans l’ensemble des administrations.

1. Par souci de simplification, on désignera ici par « secteur privé » l’ensemble des entreprises et organismes hors fonction publique – et donc y compris les entreprises publiques, les organismes publics hors fonction publique et les organismes privés à financement public prédominant, que nous avons classés plus haut dans le « service public », cf. Figure 1.1.

2. Source : DGAFP ; chiffres de décembre 2011.

notamment du fait d’horaires plus commodes, dans certains métiers du moins, que dans le secteur privé. Les fonctionnaires sont notamment, dans le cas général, libres de choisir de travailler à temps partiel ; la réduction du salaire qui en découle est moins que proportionnelle à la baisse du temps de travail et ils sont libres de revenir à temps plein dès qu’ils le souhaitent1. La conciliation est aussi favorisée par le fait que certains congés liés à des événements familiaux sont en moyenne plus généreux que dans le secteur privé – par exemple un salarié du public peut prendre jusqu’à douze jours de congé dans l’année pour s’occuper d’un enfant malade, alors que le Code du travail fixe le minimum (pour l’emploi privé) à seulement cinq jours. Enfin, sur la période récente notamment, certaines politiques de ressources humaines ont visé à promouvoir l’égalité professionnelle, notam-ment à augnotam-menter la place des femmes dans les postes d’encadrenotam-ment2.

1. Rappelons aussi que la règle générale (sauf pour certains emplois de la fonction publique territoriale) est que les emplois de la fonction publique sont sur une base de plein temps, ce qui fait que le temps partiel involontaire est quasiment nul parmi les titulaires (mais en contrepartie important parmi les non-titulaires), alors qu’il repré-sente environ un tiers du temps partiel dans le secteur privé.

2. Le principe de la parité dans les jurys de concours d’entrée dans la fonction publique a été adopté (mais pas toujours mis en œuvre dans les faits) et, en 2008, une

« Charte pour la promotion de l’égalité dans la fonction publique » a été adoptée, principalement orientée vers la lutte contre les discriminations. Certains ministères (comme celui des Finances et des Affaires étrangères) ont été aussi plus ambitieux notamment dans la politique de promotion des femmes aux postes de haut enca-drement en adoptant des « plans d’action » avec des objectifs chiffrés, également concernant les moyens de faciliter une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. La loi du 12 mars 2012 (dite « loi Sauvadet ») évoquée plus haut intègre des dispositions concernant la lutte contre les discriminations et son décret d’application stipule que les primo-nominations au sein de l’encadrement dirigeant et supérieur de la fonction publique de l’État, de la fonction publique territoriale et de la fonction publique hospitalier doivent compter pour l’année 2013 au moins 20 % de

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Une seconde spécificité de la fonction publique est la part plus impor-tante de travailleurs qualifiés. En 2011, la part des cadres et professions intellectuelles supérieures s’élevait à 20 % des salariés et celle des employés et ouvriers à 50 % – contre respectivement moins de 17 % et environ 58 % dans le secteur privé. La proportion de diplômés est plus forte dans le public : 29 % des salariés de la fonction publique ont un diplôme niveau Bac + 3 ou au-delà, contre seulement 14 % des salariés dans le privé.

C’est dans la fonction publique d’État que l’écart de qualification avec le secteur privé est le plus important – du fait notamment de la proportion élevée d’enseignants, qui représentent à eux seuls environ 40 % des agents (18 % pour l’ensemble de la fonction publique). En revanche, le niveau de qualification est nettement plus faible dans la fonction publique territoriale, avec seulement 8 % de cadres pour 75 % d’ouvriers et employés.

Les jeunes – notamment les jeunes hommes – ont beau être globa-lement sous-représentés dans la fonction publique1, cette dernière joue cependant un rôle majeur dans les débouchés des jeunes diplômés, plus particulièrement universitaires, de niveau Bac + 3 et au-delà. Ainsi, parmi la cohorte des sortants du système éducatif en 2004, trois ans plus tard, soit en 2007, près de 38 % des titulaires d’un niveau de diplôme licence ou équivalent travaillaient dans la fonction publique – et, respectivement, 23 % des titulaires d’un master universitaire et 41 % des titulaires d’un doctorat2.

chaque sexe. La loi et le décret prévoient une montée en charge du dispositif. À partir de 2018, le taux sera fixé à 40 %.

1. En 2010, seuls 16,1 % des moins de 30 ans en emploi travaillaient dans la fonction publique (dont la part dans l’emploi total, on l’a vu, dépassait les 21 %) – cette pro-portion atteignant seulement 10,6 % parmi les jeunes hommes, contre 22,3 % parmi les jeunes femmes.

2. S. Idmachiche, « De la fin des études à l’entrée dans la fonction publique », in DGAFP, Rapport annuel sur l’état de la fonction publique (faits et chiffres, 2009-2010), vol. 1, Paris, La Documentation française, 2010.

Ce n’était le cas en revanche que pour moins de 5 % des diplômés d’une école de commerce ou d’ingénieur de cette même cohorte.

Dans le document Bien ou mal payés ? (Page 24-27)