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3. D IDACTIQUE DE LA PRONONCIATION EN CONTEXTE FLE/S

4.3 Analyses et discussions

4.3.2 Locuteurs et langage verbal

L'analyse des liens entre locuteurs et langage verbal sera basée sur les résultats des questionnaires à échelle d'attitude et à choix multiples des panels LPR et LPNR. Ils seront présentés sous forme de tableaux (Tableau 34 et Tableau 35) suivis d'une analyse complète.

LPR LPNR Tout à

fait Plutôt Moyen Plutôt

pas

Pas du tout

Tout à

fait Plutôt Moyen Plutôt

pas

Pas du tout

Parler comme un natif est le plus important pour bien parler

une langue étrangère

22% 36% 26% 11% 5% 20% 44% 27% 8% 2%

Transmettre des émotions est le plus important pour bien parler

une langue étrangère

18% 50% 25% 6% 2% 15% 37% 34% 12% 3%

Quand je parle dans ma langue maternelle, je pense aux différentes caractéristiques de

la langue

16% 19% 21% 26% 19% 13% 19% 13% 23% 32%

Avant d'utiliser une langue

étrangère à l'oral, je pense aux différents éléments qui la composent: prononciation,

intentions, etc.

17% 34% 20% 18% 11% 16% 44% 21% 13% 5%

Avant de lire un texte dans une langue étrangère, je pense aux

différents éléments qui la composent: prononciation,

intentions, etc.

14% 29% 20% 22% 16% 11% 27% 23% 28% 10%

Il est plus difficile de lire un texte que de parler spontanément en langue

étrangère

9% 14% 15% 28% 34% 10% 17% 18% 22% 34%

Ma prononciation est meilleure

quand je parle spontanément à

l'oral.

20% 28% 24% 20% 10% 18% 32% 23% 20% 7%

Ma prononciation est meilleure

quand je lis un texte.

12% 33% 27% 19% 9% 12% 31% 29% 19% 8%

J'ai l'impression que ce que j'entends quand je parle n'est

pas la même chose que ce qu'entendent mes

interlocuteurs.

9% 27% 23% 25% 16% 12% 32% 30% 19% 7%

Lorsque je parle/lis un texte en langue étrangère, je ressens des

différences physiques par rapport à lorsque je parle/lis un

texte en langue maternelle.

29% 36% 17% 12% 7% 30% 34% 18% 15% 4%

La lecture m'aide à mieux

prononcer.

24% 35% 23% 13% 5% 21% 42% 18% 12% 6%

La timidité influence la qualité

de l'oral.

54% 30% 8% 5% 3% 64% 21% 7% 6% 2%

Quand je parle en langue étrangère, je ne pense pas en

même temps.

10% 18% 26% 24% 22% 5% 21% 26% 28% 20%

Tableau 34: Résultats synthétiques en pourcentages de réponses au questionnaire à échelle d'attitude des panels LPR et LPNR. En gras et surligné gris : pourcentages X > 30% ; en gras : pourcentages 30% = ou > X > 20%.

Lorsque je change de langue, j'ai l'impression:

D'agir différemment avec les autres

D'être la même personne De changer de personnalité LPR 37% 43% 20% LPNR 36% 50% 15% Lorsque je change de langue, j'ai l'impression:

D'être dans le même état d'esprit. De changer d'état d'esprit.

LPR 47% 53%

LPNR 52% 48%

Je pense que l'écriture et l'oral

Sont naturellement liés Fonctionnent de la même manière Fonctionnent différemment LPR 38% 4% 58% LPNR 40% 4% 56% Selon moi, le plus important pour bien parler

c'est:

Être compris et à l''aise A l'aise même si

erreurs La qualité de la forme

LPR 47% 30% 23%

LPNR 57% 28% 16%

Quand je change de langue:

Intégrer les éléments culturels de la LE

Garder mon identité personnelle

Garder mon identité culturelle

LPR 40% 40% 20%

LPNR 33% 45% 22%

Tableau 35: Résultats synthétiques en pourcentages de réponses au questionnaire à choix multiples des panels LPR et LPNR. En gras surligné gris : pourcentages X = ou > 50% ; en gras : pourcentages 30% =ou < X.

De manière générale, nous pouvons affirmer que sur les points étudiés, à savoir l'influence de la pratique régulière d'au moins une langue étrangère en contexte naturel sur les représentations sur le langage verbal, très peu de différences peuvent être remarquées entre les deux panels.

Sur le plan socio-culturel, les deux panels sont homogènes avec un apprentissage de la première LE entre 0 et 15 ans même s'il semblerait que les LPNR aient commencé proportionnellement plus tardivement que les LPR. Ils parlent majoritairement le français avec leur famille et/ou dans la vie de tous les jours et ont appris comme langue étrangère principalement l'anglais, l'espagnol, l'allemand et l'italien ce qui correspond aux langues étrangères les plus enseignées

en France68. Au sein de cette homogénéité, nous constatons qu'il semblerait que la variable de

la pratique en contexte naturel ne modifie pas de manière considérable les représentations liées au langage verbal.

En effet, dans les deux cas, pour « bien » parler une langue étrangère, il est plutôt important de parler comme un natif mais également de transmettre des émotions. De ce fait, nous avons pu constater que lorsque les locuteurs-plurilingues changent de langue, ils n'ont pas l'impression de changer de personnalité mais pensent être la même personne tout en agissant

68 Rapport d'information n°63 délivré au Sénat par Legendre, J. en 2003 au nom de la commission des affaires culturelles sur l'enseignement des langues étrangères en France.

différemment avec les autres. Néanmoins, il est intéressant de remarquer qu'il n'y a pas de tendance importante pour les LPR et les LPNR sur le fait qu'ils changent d'état d'esprit ou non quand ils changent de langue. Il leur importe peu de garder leur identité culturelle ; ce qui importe c'est de garder leur identité personnelle mais aussi d'intégrer les éléments culturels de la LE. Cette ambiguïté se retrouve lorsque les deux panels montrent une tendance modérée contre le fait qu'ils pensent aux différentes caractéristiques de la langue lorsqu'ils parlent leur(s) langue(s) première(s). Nous remarquerons que cette tendance est plus forte chez les LPNR. À l'inverse, les deux panels sont plutôt favorables au fait de penser aux caractéristiques de la langue lorsqu'ils parlent une langue étrangère. Cependant, il n'y pas de tendance remarquable au fait de penser aux caractéristiques de la langue avant de lire un texte en langue étrangère. Dans les deux panels, nous n'avons pas de tendance remarquable sur le fait de penser en même temps qu'ils jouent.

Concernant les formes sonore et écrite du discours, il ne serait pas plus difficile de lire un texte que de parler spontanément en langue étrangère. Une tendance modérée montre que la prononciation serait meilleure quand ils parlent spontanément à l'oral mais également quand ils lisent un texte. Cependant, nous pouvons constater (Tableau 36) qu'une majorité des sondés (environs 60%) chez les LPNR et le LPR ont répondu avec 1 ou 2 degrés de différence dans leurs réponses. Il semblerait, par conséquent, que ceux qui trouvent que leur prononciation est meilleure lorsqu'ils parlent, pensent qu'elle est également meilleure à l'écrit.

Degré de différence

0 1 2 3 4

LPNR 17% 31% 32% 11% 8%

LPR 19% 30% 31% 12% 8%

Tableau 36: Degré de différence entre les réponses au questionnaire à échelle d'attitude pour les affirmations : « Ma prononciation est meilleure quand je parle spontanément à l'oral » et « Ma prononciation est meilleure quand je lis un texte ». Le résultat correspond à la valeur absolue de la différence entre les deux attitudes d'un même sondé. Les données ont été calculées sur la base de « tout à fait d'accord » = 1 ; « Plutôt d'accord » = 2 ; « moyenne d'accord »= 3 etc. Les formules utilisées ont été « SI », « NB.SI » et « ABS ». Un degré 2 de différence dans le tableau correspond par exemple à « tout à fait d'accord »-« moyennement d'accord ». 0 correspond à un degré similaire pour les deux affirmations et 4 correspond à deux réponses totalement opposées.

Toutefois, une large majorité pense que la lecture aide à mieux prononcer. Malgré ce constat, nous pouvoir voir qu'une grande majorité des LPR et LPNR pensent que l'écriture et l'oral fonctionnent de manière différente même si une majorité modérée pense qu'ils sont également naturellement liés.

Dans les deux cas, il y n'y pas de résultats remarquables sur la prise de conscience sur les différences acoustiques et perceptives entre ce que le locuteur produit et ce que les interlocuteurs perçoivent. Le plus important pour eux, pour « bien » parler, étant d'être à l'aise dans la production en facilitant la compréhension et ce même s'il y a des erreurs. La qualité de la forme n'était pas leur préoccupation principale. Cette qualité pouvant être largement influencée par la timidité comme une très large majorité des sondés le pense. Au niveau individuel, les locuteurs-plurilingues perçoivent très fortement une différence physique lorsqu'ils changent de langue (L1/LE(s)).