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L’histoire entre déni et transmission

II.2. Construction d’un lieu d’écriture des femmes

II.2.1. Un lieu textuel comme lieu du témoignage

d’abord sur le rapport entre le corps et la voix, la singularité et l’universalité de l’expérience des femmes. Ensuite, j’aborde la question de l’expérience et l’écriture des témoignages des « femmes de réconfort » à travers un des ouvrages de témoignages publiés.

Moi, malgré le désaccord de ma famille, je voulais en parler. Oui, le Japon est mauvais cependant je déteste plus les Coréens qui ont collaboré. J’ai beaucoup de choses à dire contre le gouvernement coréen. Le gouvernement coréen doit nous donner une compensation, nous demander pardon184.

Une telle parole n’a pas eu de place dans l’écriture de l’Histoire, elle n’est pourtant pas complètement étouffée non plus. Je voudrais utiliser les paroles des survivantes comme sources de l’écriture de l’histoire ; c’est pour introduire des femmes en tant que sujet d’écriture dans l’écriture de l’histoire, ce qui leur a été d’une certaine manière interdit. J’analyse la construction d’un autre texte où l’expérience des femmes est entendue et transmise.

II.2.1. Un lieu textuel comme lieu du témoignage

Dans l’histoire du féminisme et de la pensée féministe, The Korean Council for the women drafted for military sexual slavery by Japan185 a été crée en 1991 par différentes associations féministes. Cette association a pour but de faire connaître l’esclavage sexuel des

183 Je renvoie par cette image àun carré d’étoffe utilisé traditionnellement par des femmes pour porter des choses. Cette image de la flexibilité, me semble-t-il, convient à cette image du corps des paroles. Le carré d’étoffe a été souvent fabriqué avec des textiles inutilisables ; il a été souvent transmis de la mère à la fille avec des souvenirs ou il a été échangé entre femmes. Yong Soon Min réalise une œuvre intitulée Mother Load qui comporte quatre parties : un collage d’anciennes photos à la fois personnelles et emblématiques de l’histoire ; un costume traditionnel de la femme fabriqué par des uniformes usées de l’armée après la guerre de la Corée ; des vêtements et des sous-vêtements contemporains : un carré d’étoffe emballe tous ces vêtements. « Mother Load, Photo essay »

Dangerous Women : Gender and Korean Nationalisme, New York : Routledge, 1997, p. 223-228 ;

trad. de l’anglais par Eunmi Park, Séoul : Samin, 2001 ; 271-275. Cette œuvre témoigne l’histoire d’une Américaine d’origine coréenne.

184 Le témoignage de Dukjin Kim, in The Korean council for the women drafted for military sexual slavery by Japan, Femmes de réconfort qui ont été désignées de force 1, Séoul : Hanoul, 1993, p. 57. On a traité le silence comme instrument de l’intériorisation de l’idélologie et de la honte dans II.1.1.

Une longue histoire de silence. Là, on voit une envie de s’exprimer et de témoigner : elle est refoulée

mais elle n’a pas été éffacée. Ce désir surgit en face des écoutantes qui sont pêtes à l’écouter.

185 Quant à l’histoire de l’association, on peut se référer au site officiel suivant : http://www.womenandwar.net/english/menu_012.php Je désigne désormais cette association, The

Korean council for the women drafted for military sexual slavery by Japan The Korean council

femmes coréennes en Corée du Sud et au Japon, de révéler la vérité, de punir les criminels, d’indemniser et de réhabiliter les victimes186 ; elle a permis de connaître, peu à peu, à partir d’autres points de vue, l’histoire des survivantes d’un crime nommé « femme de réconfort ». The Korean Council recueille les témoignages des femmes de réconfort depuis 1992, et les a publiés dans plusieurs livres parus dans la collection intitulée Femmes de réconfort qui ont été désignées de force187.

Afin de réfléchir sur le mode d’analyse et d’écriture de l’expérience des femmes, je voudrais analyser un de ces livres de témoignages, Femmes de réconfort qui ont été désignées de force, vol. n° 4, sous-titré L’histoire qu’on réécrit avec la mémoire188. Il s’agit de construire un lieu textuel qui accueille l’expérience des femmes, qui la soutienne et en atteste. Ce lieu est construit par les survivantes de la « maison de réconfort » et par les jeunes chercheuses qui les écoutent, enregistrent leur récit et écrivent avec leurs mémoires. Dans ce lieu, la Femme, comme absence dans l’écriture de l’Histoire, n’existe pas, mais ce lieu est un lieu de la subjectivation des femmes.

Face à l’absence de volonté politique du Japon et à la campagne d’envergure des révisionnistes, qui se sont manifestés dès l’apparition publique des victimes, un tribunal a été mis en place à Tokyo en décembre 2000. Ce Tribunal international des crimes de guerre contre les femmes, a pour objectif de juger les responsables de l’armée japonaise. En fait, ces crimes n’ont jamais été officiellement reconnus. Le Tribunal a néanmoins reconnu l’« esclavage sexuel » comme un des crimes de guerre du Japon, et a pris en compte la relation entre sexualité, domination et colonisation. Je voudrais attirer l’attention sur le fait que ce tribunal a eu lieu dans une réalité géopolitique particulière, Tokyo ignorant l’existence des victimes. Ainsi, les femmes de réconfort ont montré leur existence réelle à travers ce tribunal créé par les femmes.

Dans le but de préparer un événement symbolique, un groupe temporaire de recherche, intitulé simplement Team de Témoignages, a été organisé en 1999. Les membres en sont de jeunes chercheuses émanant de différents domaines de recherches. Leur premier objectif était

186 Voir le site de The Korean council : http://www.womenandwar.net/english/menu_01.php

187 Les livres de témoignages : Femmes de réconfort qui ont été désignées de force n°1 (1993), n°2 (1997), n°3 (1999), n°4 (2001) sous-titré L’histoire qu’on réécrit avec la mémoire, n°5 (2001). Le sixième livre de témoignages a été publié en reprenant partiellement la méthode du quatrième volume, sans le titre de la collection en 2004 : il est intitulé, Les récits qui fabriquent l’histoire, Édition Femme et le Droit de l’homme.

188 Team de Témoignages de The Korean Council for the Women Drafted for Military Sexual Slavery by Japan, Commission Coréenne du Tribunal International des Crimes de Guerre contre les Femmes pour 2000, Femmes de réconfort qui ont été désignées de force 4, l’histoire réécrite par les mémoires, Séoul : Pulbit, 2001.

de recueillir le plus possible de témoignages des survivantes : à ce jour, The Korean Council a rassemblé les récits de 60 femmes parmi les 155 supposées survivantes189. Les paroles des témoins ont été enregistrées après des entretiens approfondis. La recherche qualitative a duré un an et demi, et a donné lieu à trois entretiens par personne, conduits par deux chercheuses.

Le nombre des survivantes qui y ont participé était, au départ, d’environ trente personnes. Le Team de Témoignages voulait inclure tous les entretiens dans ses ouvrages, mais n’a pu finalement recueillir que les témoignages de neuf survivantes dans celui-ci. C’était en partie prévisible, sachant que cette enquête a eu lieu soixante ans après ces crimes, et que l’âge de la plupart des survivantes se situait entre 70 et 80 ans190. Toutes les difficultés pratiques révèlent le poids du temps du silence, et de la souffrance de la vie ; il s’agit donc d’un combat, avant tout, contre le temps du silence forcé. Ce travail du Team de Témoignages a été publié dans le quatrième volume dans la collection Femmes de réconfort militaire du Korean Council.

La forme de l’ouvrage exprime l’idée d’écouter la vie des témoins. La couverture de l’ouvrage collectif de témoignages comporte une photo du premier témoin, Hak-Soon Kim, décédée. L’écriture des témoignages commence avec les deux photos actuelles des témoins191

qui ne montrent pas particulièrement les souffrances des « femmes de réconfort militaire » : une photo prise dans la vie quotidienne, accompagnée d’un petit curriculum vitae qui s’étend sur deux pages ; la suivante se focalise sur un visage qui remplit une page entière. Ces photos, qui remplacent le titre fonctionnent comme une porte d’entrée de l’histoire des survivantes ; elles nous rappellent implicitement que la lecture de cet ouvrage collectif doit être l’écoute d’une vie.

Le texte du témoignage commence par des guillemets qui ne se ferment qu’à la fin du texte ; ils rappellent que les survivantes parlent aux chercheuses, donc qu’il s’agit d’une scène de représentation des entretiens entre témoins et chercheuses. Le texte du témoignage est construit uniquement avec les paroles des survivantes sans les questions des chercheuses ; on change de phrase par un autre guillemet ouvert, et de paragraphe par le signe suivant «  ». La transcription de l’oral à l’écrit de cet ouvrage collectif est assurée avec le langage corporel en signes : « les signes oraux et éditeurs : “ ” : les paroles de témoins ; ‘’ : les citations directes de témoins ou le monologue ; , : rythme de pause entre les paroles ; . : la fin de phrase

189 Ibid., p. 11.

190 Ibid., p. 11-15.

191 Les photos de témoins sont publiées avec leurs autorisations : sept témoins sur neuf ont autorisé la publication.

certitude ou de sens ; — : met en accent très long ; ~ : accent très prononcé à la fin des paroles ; <> : la question de l’interviewer ; [ ] : insertion de vocabulaire qui est supprimé dans le processus verbal ou qui peut aider le sens et le contexte de la part des éditrices »192.

L’ouvrage collectif Femmes de réconfort qui ont été désignées de force vol n° 4, L’histoire qu’on réécrit avec la mémoire est une tentative à la fois de recueillir le témoignage des survivantes, contraintes au silence, comme autant de ressources pour l’écriture de l’histoire, et d’écrire l’histoire d’une manière collective, par les femmes, qui font partie en même temps d’une même et différente langue. Le témoignage n’est pas seulement paroles, ou récit narratif, mais aussi présence des femmes qui ont brisé le silence et qui sont sorties de la place de la métaphore ; elles témoignent et écrivent avec leur corps marqué de la souffrance et de la force de vie. La voix étouffée commence à s’inscrire dans le texte qui n’a pas eu de place pour elle.

Ce texte a été construit et élaboré en collaboration, non seulement entre chercheuses, mais aussi avec des « témoins ». Ces témoins n’ont pas existé dans l’Histoire, d’ailleurs, la plupart d’entre elles sont illettrées : ces femmes âgées ignorées et effacées ne disposent pas de moyens de produire des documents écrits. Je me demande donc comment ces femmes peuvent entrer dans l’écriture de l’histoire avec leurs langages oraux, qui sont également dévalorisés par le discours nationaliste de l’histoire. Il s’agit d’abord d’enregistrer leurs expériences et mémoires dans les documents écrits et ainsi de pouvoir les transmettre. Cela correspond au processus de construction de l’histoire, cela permet de réfléchir à des documents et à des sources pour l’écrire. L’expérience des femmes n’a été traitée que partiellement dans les documents écrits, ce qui révèle que l’écriture de l’histoire est un système partial de savoir et d’écriture. Ainsi, l’écriture de l’histoire à partir de l’histoire orale des femmes commence par démontrer et contester une certaine écriture de l’histoire qui prétend à l’objectivité193.

Est-ce qu’il faut savoir écrire ? C’est encore un autre problème. Si on prend les exemples de témoignages religieux, de révélation ou d’attestation sacrale, la dissociation entre le parler et l’écrire peut devenir très aiguë. Mahomet était supposé ne pas savoir écrire, ce qui ne l’empêchait pas de parler et de témoigner par sa parole. Cela dit, ce qui est indispensable, même pour un témoin qui ne sait pas écrire, au sens courant et trivial du mot, c’est qu’il soit capable d’inscrire, de tracer, de répéter, de retenir, de faire ces actes de synthèse qui sont des écritures. Il lui faut donc quelque pouvoir-écrire, à tout le moins quelque possibilité de tracer ou d’engrammer dans un élément quelconque194.

192 Ibid. p. 31. J’utilise le signe suivant  pour distinguer de ceux du Team de témoignages au cas où il nécessiterait des explications supplémentaires de ma part.

193 Cf. Reinharz, « Feminist Oral History », Feminist Methods in Social Research, Oxford University Press, 1992. Gerda Lerner, The Majority Finds Its Past. Oxford University Press, 1979.

En évoquant une question immense et difficile à aborder de l’essence du témoignage, Derrida aborde la question de la langue comme un des critères du témoignage dans laquelle le témoin doit pouvoir porter le témoignage et les autres le comprendre. Effectivement, cette question de la langue est compliquée, d’abord parce qu’il n’est pas évident de confirmer que l’on parle la même langue : par exemple, dans ce texte, peut-on considérer que les témoins et les chercheuses parlent dans la même langue, même si on sait déjà qu’elles parlent dans la langue coréenne, qui est aussi leur langue « maternelle » ? Peut-on considérer qu’une personne qui maîtrise l’écrit et une autre qui ne le maîtrise pas vivent de la même manière dans la langue ? J’y reviendrai195, mais pour le moment, je me tourne vers le début de la citation ci-dessus. En dehors de cette question de la langue, pourvoir témoigner pose des questions concernant des critères comme la culture, ou le niveau de scolarité, ou l’âge, ou encore l’état mental. Et savoir écrire est un autre problème. Le témoignage exige-t-il de savoir écrire ? Derrida prend les exemples de témoignages religieux pour affirmer que la dissociation entre le parler et l’écrit est floue. Ce qui est important pour témoigner, c’est la capacité « d’inscrire, de tracer, de répéter, de retenir, de faire ces actes de synthèse qui sont des écritures ». En ce sens, un certain « pouvoir-écrire » est nécessaire pour témoigner.

Ce pouvoir-écrire demande une certaine capacité de « pourvoir-écouter » : de lire à écrire. D’une part, les survivantes n’ont pas eu le moyen de venir à l’écriture de l’Histoire, car le sujet, « nous » du discours et de l’écriture de l’histoire de la Corée du Sud fait le choix de les effacer. D’autre part, elles n’ont pas pu produire les écrits historiques contre cette position à cause d’une absence de « savoir écrire », qui est lié au « pouvoir » de l’écriture. Cependant, considérant l’écriture dans un autre sens, l’écriture des témoignages est toujours en cours, comme ce texte des témoignages Femmes de réconfort qui ont été désignées de force le montre : elles interprètent sans cesse l’expérience et se reconstruisent en permanence au cours de leur vie. Ainsi l’écriture a eu lieu dans leurs vies. Ce pourvoir-écrire rencontre enfin un pouvoir-écouter qui réalise ses possibilités d’« engrammer » et d’être enregistré et transmis. Une fois que les témoignages des survivantes ont été prononcés, ils se répètent, sans cesse, de plusieurs manières : dans l’enregistrement, dans le travail de l’édition, dans des citations et dans le lecteur. Ainsi les paroles des survivantes laissent les traces dans les archives.

Les survivantes et les chercheuses ont une relation de parole qui forme un lieu textuel où l’écriture phonétique et alphabétique est liée à la voix et la parole. Cette relation est basée sur la capacité d’écouter l’expérience des femmes, qui n’ont ni parole, ni écriture, et luttent

contre la grammaire du système de la langue. L’expérience écoutée est transformée en écrit par les chercheuses, qui ont la capacité de la convertir en écrit alphabétique soumis à certaines règles internes de la langue, à l’adresse de celles qui ont témoigné de leur vie. C’est une lutte pour inscrire la vie des femmes dans le texte en tant que sujet de l’énoncé et de l’écriture.

L’introduction de la voix des survivantes signifie aussi l’introduction de certains « je » dans l’écriture de l’histoire. Je tiens à rappeler la remarque d’Irigaray :

Mais la science ne dit pas « je », ni « tu », ni « nous ». Elle se dispense de cette polémique, elle l’interdit. Son sujet sera « on ». Qui on ?  Or le « je » est parfois plus vrai que le « on » ou le « il ». Il est plus vrai parce qu’il dit ses sources.196

Si on prend l’exemple de l’Histoire de la Corée du Sud, on pourrait dire que l’histoire est la plus partiale des sciences ; cette histoire est écrite par le « nous » qui est en effet « il(s) » contre « elles ». Je tente donc d’introduire, à travers l’ouvrage de témoignages, le « je » des femmes comme sujet de l’écriture de l’histoire, qui a d’ailleurs été interdit doublement : au nom de l’objectivité, dans l’écriture et dans la science le « je » n’a pas été autorisé ; et dans les conditions historiques coréennes, le « je » d’une femme n’a pas pu exister non plus. Ces dernières ne se limitent pas effectivement au cas de la Corée du Sud. Le « je » du texte de témoignages dispose de ses propres sources et réfléchit.

Le « je » de l’écriture de l’histoire, en disposant de ses propres sources, donc de la vie entière du « je », qui se poursuit, est en effet toujours lié aux autres ainsi qu’à leurs sources historiques. La vie des témoins se transmet tout au long des entretiens avec les jeunes chercheuses ; leurs témoignages d’une vie sont envisagés par les chercheuses qui reçoivent et partagent ainsi leurs vies qui s’entremêlent. En tant qu’autres qui ont présenté des témoins dans la scène de l’«autoreprésentation197 », les chercheuses non seulement écoutent les paroles, mais les enregistrent, pour ainsi dire, dans leurs corps. Cela commence par leurs efforts pour prendre en compte les langages corporels, qui ne sont pas enregistrés, comme un moment de silence associé à un geste et à une expression du visage, de petits sourires silencieux, des gestes, qui contredisent les paroles et qui les nuancent ; il faut s’en souvenir. Le corps, en tant que lieu d’expérience, qui ne peut pas être totalement saisi par tel ou tel enregistrement de l’appareil, s’expose à l’un à l’autre. Les chercheuses deviennent ainsi petit à petit les témoins de ces témoignages, et ce processus s’installe dans l’écriture du texte ; elles s’en souviennent par cœur ; elles en témoignent. C’est en quelque sorte un contact corporel

196 Luce Irigaray, Parler n’est jamais neutre, Paris : Édition Minuit, 1985, p. 8-9.

comme écriture dans le corps ; les témoignages enregistrent dans la mémoire des chercheuses, et ainsi la mémoire se transmet. En ce sens, il s’agit d’une sorte d’enregistrement corporel.

L’expérience des survivantes laisse ses traces dans la vie des chercheuses. Présentes pour recueillir les témoignages, elles sont devenues des témoins affectés par les expériences entendues : une affection se noue dans ce lieu textuel. La bio-graphie est construite sur le papier par la voix des témoins en passant par les mains des chercheuses avec la mémoire et les traces dans le corps. La vie laisse traces comme mémoire dans l’autre vie. L’écriture du texte n’est pas donc une simple transcription, mais un des résultats du rapprochement profond entre générations, entre les différentes cultures et langues. Ce texte de témoignages crée un monde textuel sous la forme de l’écriture orale et corporelle, où les paroles des femmes s’entendent entre elles, où les deux langues coréennes s’ouvrent ; ainsi, il déconstruit la hiérarchie des langues produite par la standardisation de la langue coréenne.

Le « je » des femmes s’écrit pour l’une et l’autre ; le « je » parle et le « je » écoute ; il s’écoute et il s’écrit. Le « je » du texte de témoignages s’enchaîne dans un seul lieu textuel