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L’histoire entre déni et transmission

II.2. Construction d’un lieu d’écriture des femmes

II.2.3. Donner la prééminence aux témoins

Le récit de vie qui est raconté depuis la fin des années 1970, selon Philipe Lejeune, est un domaine plus interdisciplinaire qui désigne le terrain commun aux littéraires et aux

199 Cette méfiance doit être vue par rapport au développement du discours féministe et du mouvement contre la violence sexuelle faite aux femmes à l’époque qui ont autant progressé que varié.

spécialistes des sciences humaines200 : « Littéraires ou scientifiques, les enquêtes fondées sur le récit de vie ont beaucoup de points communs201 ». Effectivement, ce serait impossible de classer la vie dans un tel ou tel genre. C’est pourquoi il prend les exemples des deux côtés pour évoquer un sujet qui porte sur l’histoire d’un récit de vie. Il se garde de l’illusion de la fidélité aux paroles du « modèle » dans la recherche ethnologique menée par la méthode qualitative ; l’« enquêteur » prend la parole au lieu de donner la parole au « modèle ». D’ailleurs, c’est toujours possible202.

Si l’on passe par la parole du modèle, c’est donc moins pour la lui donner, que pour la lui

prendre. Là est l’ambiguïté de toute tentative ethnologique : l’acte qui fixe et préserve la

mémoire d’une société « orale » en même temps l’aliène, la récupère, et la réifie. On interroge le modèle pour qu’il livre sa mémoire telle quelle, et non pour qu’il en fasse lui-même quelque chose. Et si, comme cela arrive parfois, l’enquête éveille chez lui une vocation autobiographique, et qu’il achète un cahier pour écrire lui-même sa vie, l’enquêteur aura le sentiment d’être à son tour court-circuité, et considèrera d’un œil agacé ou attendri cet effort pour reprendre en main sa vie203.

Philippe Lejeune se méfie de l’enquête orale faite par l’« homme d’écriture » de la communauté de la science. Il précise dans la note :

Je parle ici d’enquête orale, faite auprès de gens qui n’ont pas la pratique de l’écriture. Un autre cas, tout différent, peut se présenter : celui d’une enquête écrite, par questionnaire, qui éveille chez les sujets questionnés, une fois la plume à la main, l’envie de répondre par un récit d’ensemble de leur vie204.

Le choix des mots « enquêteur » et « modèle » me semble problématique. Il existe une distance infranchissable entre l’objet et le sujet de recherche, donc entre le modèle et l’enquêteur, ainsi qu’entre paroles et écrits. Les paroles et les expériences restent comme les matériaux de l’écriture normalement réservés pour l’homme d’écriture. En conséquence, Lejeune pense que si le « modèle » ne transmet pas ses propres paroles par lui-même, il est privé de ses propres « matériaux ». D’une certaine manière, cette critique n’est pas forcément

200 Philippe Lejeune, Je est un autre, l’autobiographie de la littérature aux médias, Paris : Seuil, 1980, p. 26. Je cite les réflèxions de Lejeune afin de penser à un certain rapport entre la littérature et les sciences humaines à travers l’écriture « autobiographique ». Mon hyphothèse est que la frontière entre ces domaines n’est pas toujours très claire, même si chaque écriture est soumise à ses consignes, surtout quand cette écriture touche à la vie. En ce sens, je reviendrai encore une fois à la défintion de l’autobiographie de Lejeune dans le chapitre intitulé « L’autobiographie : un genre hros du genre » : ce serait pour réfléchir à un rapport entre l’écriture littéraire et l’écriture phiolosophique.

201 Ibid., p. 277.

202 Je rappelle l’analyse d’Hyun Sook Kim (1997), « Yanggonju as an Allegory of the Nation: Image of Working-class Women in Popular and Radical texts», trad. par Eunmi Park de l’anglais, Dangerous

Women : Gender and Korean Nationalism, Séoul : Samin, 2001, p. 217-247. Bien qu’il s’agisse d’un

documentaire, le réalisateur et la féministe ont pris, par avance, les paroles et les réflexions de Yeun-Ja Kim.

203 Philippe Lejeune, Je est un autre, l’autobiographie de la littérature aux médias, op. cit., p.267.

injuste : effectivement, c’est possible, mais un autre rapport entre parole et écrit, chercheuses et survivantes ou témoins, ou encore participants, est également possible.

Quant au rapport hiérarchisé entre l’« enquêteur » et le « modèle », on peut tenter d’admirer la souveraineté de leurs expériences en tant qu’interprètes. Cathy Winkle205

chercheuse, victime de violence sexuelle, souligne que les victimes de violences sexuelles peuvent réellement comprendre ce qui s’est passé sans aliénation d’expérience. C’est important, selon elle, parce que la victime est la seule capable d’expliquer le début du contexte du traumatisme ; il faut donc écouter ses paroles en l’encourageant à se situer en tant que chercheur pour ses propres expériences. Elle souligne l’importance du point de vue de la chercheuse-victime : un double point de vue qui est à la fois celui de l’intérieur et celui de l’extérieur, subjectif et objectif. Ce que je voulais souligner n’est pas le privilège du savoir de la victime ou de la victime-chercheuse qui est supposée comprendre mieux les victimes par le fait de l’avoir vécu comme l’évidence de l’expérience, ou l’importance de l’accord par l’écriture d’autobiographie entre les propres vécus et le sujet de ses vécus, mais la subjectivation de la victime et son rôle dans les recherches.

Le Team de Témoignages a mis en place des orientations de recherche pendant un mois ; ainsi il a construit les modalités ouvertes de l’entretien206 qui accordent aux témoins le pouvoir de diriger l’entretien. Le recueil de témoignages est orienté vers l’écoute d’une vie qui dépasse le cadre du témoignage juridique ; les chercheuses ont pu écouter l’expérience extrêmement différente et variée des survivantes.

Nous voulons nous méfier des deux méthodologies ; d’une part de la méthodologie empirique qui assimile les paroles aux faits eux-mêmes ou à la vérité elle-même ; d’autre part, de la méthodologie positiviste qui ne choisit soi-disant que ‘les faits démontrés scientifiquement’, et ensuite qui les manipule207.

Le Team de témoignages s’est longuement penché sur la méthodologie de recherche et a soigneusement gardé ses distances avec la tendance de l’époque et le terrain de recherche

205 Cathy Winkle et Kate Winkle, « Rape Trauma : Contextes of Meaning », Embodiment and

experience, Cambridge Univercity Press, 1994.

206 L’entretien a été mené avec les onze questions suivantes : la situation personnelle, la situation de la mobilisation forcée, la situation de la maison de réconfort, la mémoire des violences, la mémoire de l’expérience corporelle, les mesures prises contre les dangers, le processus de retour en Corée, la vie en Corée du Sud, la vie familiale, les effets psychiques et physiques de l’expérience en tant que femme de réconfort, la motivation de la déclaration et le changement après. Le Team de Témoignages,

Femmes de réconfort qui ont été désignées de force n° 4, l’histoire réécrite avec les mémoires, op. cit.,

p. 255-256.

207 Ibid., p. 22. Cette mise en garde rappelle la position de Scott dans Joan W. Scott, « L’évidence de l’expérience », Théorie critique de l’histoire, trad. de l’anglais par Claude Servan-Schreiber, Paris : Fayed, 2009, p. 65-126.

féministe qui commençait alors à s’attacher à l’expérience des femmes208. Je pense que cette méfiance du Team de Témoignages est elle-même un héritage de l’histoire du féminisme209. Je cite l’introduction de l’ouvrage collectif des témoignages, écrite une fois la recherche terminée.

Les contenus de l’ouvrage des témoignages ne se limitent pas aux expériences de la maison du réconfort ou de la procédure de la mobilisation forcée des femmes de réconfort. Même s’il y a des différences personnelles, les témoins parlent de l’expérience des victimes par rapport à l’histoire de leurs vies entières et actuelles. Certaines ont des souvenirs douloureux profondément marqués par la faim pendant la guerre de Corée210

autant que des expériences en tant que victime. Une survivante parle de façon plus importante d’une fraude actuelle des loyers que du passé en tant que victime. Cette tendance aurait, peut-être, pu être davantage activée par notre principe de donner l’hégémonie aux témoins en faisant attention à leur vie entière y compris leur vie actuelle. Or, peut-on considérer que ce genre d’histoire de vies n’est pas du tout lié aux expériences en tant que femme de réconfort militaire ? De plus, selon nos expériences d’écoute, les témoignages en tant que femme de réconfort militaire révèlent également soi-disant des problèmes similaires. L’une parle plus gravement de la peur sous le bombardement aveugle des États-Unis quand elle vivait dans une maison de réconfort que du viol permanant dans cette maison, ou l’autre témoigne plus d’effroi sur la peur de la perte de la vie et de l’échec du bateau en chemin vers l’autre maison de réconfort211.

La recherche se focalise sur le sens donné par les témoins à leurs expériences de victimes ; les chercheuses tentent ainsi d’entrer dans l’expérience des victimes. Le principe de « donner l’hégémonie aux témoins » est une nouvelle approche pour recueillir le témoignage des anciennes femmes de réconfort, afin de les situer dans les vies des victimes qui ont survécu des années au silence imposé.

Donner l’hégémonie aux témoins signifie d’abord les considérer comme égales aux chercheuses, qui possèdent en plus les clés de l’interprétation. Le recueil des témoignages de Team de Témoignages est un lieu de narration et d’interprétation de l’expérience. L’expérience des survivantes est partagée, interprétée, dans ce recueil de témoignages, qui devient un lieu de l’histoire afin de réécrire l’histoire. L’entretien est un espace dans lequel analyser l’ensemble de l’expérience des survivantes qui est à la fois déjà interprétée par les

208 En Corée du Sud, beaucoup de professeurs de « Women’s Studies » ont eu une formation d’anthropologie (pour la première génération, la sociologie), qui sont donc familières d’une telle méthode de recherche. Autrement dit, depuis le début de l’institutionnalisation de « Women’s Studies », cette méthode a été employée non seulement pour les professeurs et les chercheurs mais aussi pour les masterants et les doctorants.

209 Il faut rappeler, ici aussi, le surgissement de nouvelles voix, depuis les années 1990 en Corée du Sud, dans le féminisme que j’ai évoqué dans le chapitre précédent I.2.1. Émergence des mouvements

et des pensées féministes, autocritiques et en rupture avec les mouvements sociaux masculins. Cette

condition était importante pour prendre ses distances avec le discours nationaliste.

210 La guerre de Corée a eu lieu entre 1950 et 1953, l’occupation a eu lieu entre 1910 et 1945.

survivantes, mais qui doit encore être interprétée à travers les langages des témoins dans cet espace. En ce sens le recueil de témoignages est l’histoire en cours d’analyse elle-même.

Dans un autre sens, ce principe signifie reconstruire l’« expérience des femmes de réconfort ». En effet, cette expérience de la victime a eu lieu il y a longtemps. Cette condition de recherche oblige à s’interroger sur ce que signifie écouter le témoignage après tant d’années passées, ainsi que sur la mémoire traumatique : en quoi construit-elle l’expérience en tant qu’« ancienne » « femme de réconfort » ? Quand les chercheuses les ont contactées et sont venues pour écouter une des anciennes femmes de réconfort militaire, la plupart d’entre elles ont commencé souvent à parler de leur « expérience » en tant que « femmes de réconfort militaire » : les victimes ont jugé que les chercheuses étaient venues pour les écouter. Mais cette expérience n’avait pas, pour ainsi dire, de forme fixée.

Elle a jugé que nous voulions écouter l’expérience en tant que femme de réconfort militaire, c’est pourquoi elle a commencé d’abord à nous parler de cette expérience. […] Pourtant la mémoire de l’expérience de la victime n’était pas détaillée, elle a dit qu’elle voulait oublier. Et si on posait des questions pour savoir les détails de l’expérience, elle ne voulait pas répondre et a commencé à parler d’autre chose, car on aurait dû donc à nouveau poser les questions (p. 166).

Que suppose-t-on par l’expérience des « femmes de réconfort militaire » ? Que suggère cette chercheuse en évoquant « les détails » ? Ces questions concernent les chercheuses autant que les témoins. L’avancement de l’entretien a permis d’approfondir des questionnements radicaux qui étaient vagues au début. Les témoignages ne se limitent pas à une définition déjà faite de l’expérience de la « femme de réconfort » dans cette recherche. Le terme de témoignage élargit le sens juridique de témoignage dans cette recherche ; il signifie la vie des anciennes femmes de réconfort et la mémoire du trauma qui a eu lieu il y a environ 60 ans. Cette position de recherche souligne le fait que les survivantes ont reconstruit leurs vies et leurs expériences de victimes ; les victimes essaient de surmonter leurs difficultés à vivre dans la société sud-coréenne, à travers lesquelles elles ont dû re-construire sans cesse leurs expériences.

II.2.4. Mémoire

Cet ouvrage collectif de témoignages l’histoire réécrite avec les mémoires tente l’écriture de l’histoire en s’appuyant sur la mémoire des survivantes ; leurs expériences sont devenues la mémoire, alors qu’elles survivaient dans des conditions défavorables sous le

pouvoir dictatorial. Or, le témoignage est essentiellement un acte de mémoire qui risque d’oublier, ou de se confondre, ou encore de modifier, car quand on témoigne, on n’est plus dans la situation que l’on relate. On ne peut pas à la fois attester et voir ; on affirme que l’on ne peut plus voir ce que n’est pas présent, en dehors de l’ordre de la vision. On n’entend pas non plus, on ne vit plus, mais on s’en souvient. On témoigne principalement par sa mémoire, en sollicitant ou en suscitant l’adhésion de l’autre auquel on s’adresse.

Je voudrais commencer par le rapport entre mémoire, témoignage et écriture à travers la réflexion de Primo Levi sur la mémoire de l’histoire traumatique des camps de concentration de juifs. Les témoignages de Primo Levi et ceux des « femmes de réconfort militaire » se situent à la même époque, la Deuxième Guerre mondiale212. Primo Levi écrit un des premiers témoignages sur les camps de concentration des juifs ; il affirme d’ailleurs que son texte était déjà écrit avant d’être couché sur le papier213. Il témoigne du camp de concentration des juifs de façon détaillée et précise ; cette mémoire « chimique », selon sa propre expression, lui qui est chimiste de métier, touche à la question de la mémoire. L’imprécision de la mémoire est liée, selon lui, à la « déshumanisation », parce que les choses impensables restent gravées dans la mémoire jusqu’à ce qu’elles soient comprises et interprétées. Le souvenir d’une expérience traumatique est lui-même traumatique : « L’oppresseur reste tel, et la victime aussi214 » et que les revenants des camps de concentration affrontent ce problème de manière très différente.

On a remarqué, par exemple, que de nombreux rescapés des guerres ou d’autres expériences complexes et traumatisme ont tendance à filtrer inconsciemment leurs souvenirs : en les évoquant entre eux ou en les racontant à des tiers, ils préfèrent s’arrêter un peu sur les trêves, sur les moments de répit, les intermèdes comiques ou curieux ou de détente, et passer plus rapidement sur les épisodes plus douloureux. On ne puise pas volontiers ces derniers dans le réservoir de la mémoire, aussi ont-ils tendance à s’obscurcir avec le temps et à perdre leurs contours215.

212 Ce n’est pas pour justifier la comparaison entre eux ; leurs situations restent irréductibles l’une à l’autre. Je voudrais seulement souligner le contexte de leurs expériences traumatiques qui est la guerre et qui justifie des choses injustifiables. Peut-être, est finie l’époque de la grande guerre, mais la guerre n’a jamais cessé et elle concerne le monde entier. Autrement dit, la guerre ou la situation dite urgente de tel ou tel État-nation justifie toujours l’injustifiable. Quand le Nazi a organisé les camps de concentration, le Japon a organisé une sorte de groupe subordonné à l’armée et qui l’accompagnait. Et une telle violence n’a pas cessé depuis la deuxième guerre mondiale.

213 « En fait, celui-ci était déjà écrit, sinon en acte, du moins en intention et en pensée dès l’époque du Lager. » Primo Levi, « Préface », Si c’est un homme, trad. de l’Italien par Martin Schruoffeneger, Julliard (pocket), 1987, p. 8.

214 Primo Levi, Les Naufragés et les Rescapés, Paris : Gallimard, 1989, p. 25.

Cette citation d’un rescapé des camps nous montre les enjeux de la mémoire chez les victimes, les survivants du traumatisme. La mémoire n’est pas inchangeable. Elle change. Elle filtre, choisit, et ajoute ou modifie pour s’adapter et survivre.

Boris Cyrulnik dit que « quand la mémoire est saine, une représentation de soi cohérente et apaisante se construit en nous216 » ; en revanche, « une mémoire traumatique ne permet pas la construction d’une représentation de soi sécurisante puisque en l’évoquant on fait revenir en conscience l’image du choc217 ». Il explique comment la mémoire, qui n’est pas un simple passé, mais qui est toujours vivante, intervient au présent, dans la vie actuelle sans avoir un lien apparemment logique, au sens commun du terme, mais selon la logique de cette mémoire. Il prend l’exemple d’une jeune femme juive, seule survivante parmi les membres de sa famille : quelques années après, un ami l’invite à dîner, et lui demande « Tu as faim ? ». Elle lui répond, « Non, ça va, maintenant je mange tous les jours218 ». Parce que pour cette jeune femme qui a souffert de la faim, cette question connote et suscite la mémoire vivante.

Il explique un autre aspect de la mémoire vivante qui travaille sur un certain trou de la mémoire comme après un traumatisme : quand les victimes de l’attentat du 11 septembre 2001 ont été interrogés tout de suite après l’événement, se sont montrées confuses ; elles n’avaient pas saisi ce qui venait de se produire. Quelques jours plus tard, elles ont commencé à construire leurs récits et ainsi ont mieux répondu ; et leurs récits ont été complétés avec le temps avec d’autres images et témoignages. C’est une tentative pour donner de la cohérence à l’impensable219.

Le livre de Primo Levi n’est pas la simple répétition du passé raconté par un témoin survivant de l’enfer, sous les livres successifs, ce qui pourrait se justifier au nom de « récit vécu », comme une « évidence de l’expérience ». Il est conscient du fait que les souvenirs s’altèrent à force d’êtres racontés et que tout récit autobiographique, loin d’être une simple répétition du passé, comporte une reconstruction du passé. En traversant les diverses étapes de l’autoanalyse, la mémoire devient pour Primo Lévi un problème central. Celui-ci se manifeste d’emblée par la double perception des souvenirs qui resurgissent lors de l’écriture, qui permet à la fois de préserver la mémoire contre l’oubli et de s’interroger sur la mémoire et sur l’écriture de la mémoire. L’écriture de souvenirs insensés et traumatisants est en effet une

216 Boris Cyrulnik, Sauve-toi, la vie t’appelle, Paris : Odile Jacob, 2012, p. 47.

217 Ibid., p.48.

218 Maria Nowark, La Banquière de l’espoir, Paris : Albin Michel, 1994, p.126, in Boris Cyrulnik,

Ibid., p. 64. 219 Ibid., p. 66-67.

reconstruction de soi. La mémoire de la déshumanisation, restée indicible dans l’absence de norme, ou plutôt la suspension de la pensée, est analysée dans un chemin d’écriture. Interpréter des choses indicibles, c’est donner du sens pour se libérer des choses inexplicables qui rendent l’expérience encore plus traumatisante.

La mémoire est une interprétation de l’expérience. En un autre sens, une certaine mémoire traumatique est elle-même traumatisante pour les personnes qui les ont vécues,