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Construction et reconstruction du « nous »

I.1. Reconstruction d’une nation : l’idéologie de l’Un

I.1.3. Éducation nationale : Gukminhwa

On pourrait sans doute entendre par « éducation nationale » d’une part l’accès à l’éducation pour tous, ou l’égalité des chances, et d’autre part l’éducation contrôlée par le gouvernement afin d’installer la notion de la nation et du peuple de cette nation, donc Gukmin ; ces deux aspects coexistent dans la modernisation et la reconstruction de la Corée du Sud. L’éducation nationale est le lieu de l’articulation des idées contradictoires et celui de leur application. Je l’aborde selon trois axes : la signification de Gukmin, la construction du « nous » et de l’autre, et la division de rôles selon l’ordre masculin. La structure et la fonction de l’éducation nationale touchent toute la société coréenne.

L’école élémentaire, la première à faire l’objet d’une scolarisation obligatoire, pendant l’occupation, est nommée l’école de Hwangguk Sinmin. Après la libération, Hwangguk Sinmin est remplacé par Gukmin, qui signifie presque la même chose : l’école élémentaire a été appelée l’école de Gukmin jusqu’en 1996. Il est difficile de traduire ce terme : Guk signifierait l’État, et Min désigne à la fois la nation, l’ethnie et le peuple, donc le peuple de cet État-nation. Ce nom de l’école résume l’esprit de l’éducation nationale : l’éducation qui forme

63 L’invention de la modernité, la maternité, Au nom de la famille, Séoul : Alternative Culture publishing Co., 2003. Le premier appel officiel de l’État moderne à la femme fut la réévaluation du corps de la femme en tant que corps maternel. Le contrôle du corps de la femme par le gouvernement ne cesse pas. Par exemple, dans des années soixante-dix, le mouvement Saemaeul (nouveau village mouvement) dans lequel il y a eu l’opération directe sur le corps de la femme sous forme de contrôle des naissances, comme la stérilisation chirurgicale. À cette époque, c’était pour la réduction du taux de naissance (le taux de naissance était de 4.53 pour l’année 1970), en revanche le gouvernement coréen actuel qui s’inquiète du taux de naissance essaie de l’encourager (le taux de naissance 1.17 pour l’année 2002, 1.22 pour l’année 2010). Statistic Korea.

le Gukmin. Gukminhwa signifie la fabrication du peuple par l’éducation nationale, qui correspond à l’idée de la Nation : « S’il n’y avait pas de nation, moi je ne serais pas non plus, c’est pourquoi je dois tout à la Nation64. » Cette même logique justifie le sacrifice des ouvriers pour le développement économique, par exemple. Grâce au sacrifice du peuple, la Corée du Sud parvient relativement vite, en à peine trente ans, à sortir de l’extrême pauvreté après la guerre de Corée, et à accéder à un certain niveau de développement économique. Ironiquement, si les Coréens se sont beaucoup sacrifiés pour l’indépendance de la Corée, cette période dictatoriale a également connu beaucoup de sacrifices sanglants du peuple coréen65.

Cette idée de la priorité de la Nation est incarnée dans le Gukmin Gyoyuk Heonjang, une sorte de déclaration des devoirs du Coréen, parmi lesquels celui de la fidélité à la Nation, de l’apprentissage et de la prospérité pour la Nation. Sous le régime militaire dictatorial, les élèves sont encouragés à le mémoriser. C’est un héritage de l’Hwangguk Sinmin Seosa, déclaration d’allégeance à l’Empire du Japon, sa nation et son armée, que les élèves étaient forcés de mémoriser pendant l’occupation. On peut ainsi trouver beaucoup d’empreintes de l’occupation dans la société coréenne.

Les manuels scolaires sont tous contrôlés par le gouvernement : les étudiants sont tous éduqués de la même manière avec les mêmes matériaux, qui diffusent le nationalisme. Selon Seungsook Moon, la plupart des Coréens ont également intériorisé le nationalisme par les

64 Dans ce processus de Gukminhwa, les femmes ont été exclues de tout, sauf la procréation. Je prends un autre exemple pour l’expliquer : à l’époque, on a appelé les parents des élèves Hakbuhyeong qui signifie le père (bu) et le frère aîné (hyeong) de l’élève (hak) au lieu de Hakbumo (mo : mère). C’est le père qui est responsable de tous les actes civils, y compris pour l’enfant, même pour une discussion, l’enseignant ne s’adressait qu’au père. Si le père était absent, c’est le frère aîné qui le remplaçait, ou d’autres parents, pas la mère. Il en est de même pour l’enregistrement de l’état civil ; la famille est hiérarchisée sous l’ordre du chef de famille qu’on appelle Hoju (le maître du foyer). Ce système s’appelle Hojuje (le système patriarcal de désignation du chef de famille auprès de l’état civil) : si le père est mort, c’est le fils aîné qui le remplace, quel que soit son âge ; au cas où l’homme n’existerait pas dans la famille concernée, un des frères du chef de la famille le remplace. Dans l’ordre de la famille et de la société, la mère ne peut pas être une représentante. Ce système a été jugé comme inconstitutionnel en 2005, et finalement été aboli en 2008. Dans la logique du nationalisme, les femmes, qui n’ont pas d’obligation de service militaire, sont considérées comme des citoyennes de seconde zone.

65 J’entends par sacrifice sanglant les morts des ouvriers du fait des conditions de travail atroces ou de leur résistance au régime militaire dictatorial. Par exemple, de nombreux habitants de l’île Jeju et de Gwangju, et des étudiants qui se sont révoltés contre le régime militaire ont été sacrifiés.

médias, sous contrôle du gouvernement66. La langue coréenne, qu’on apprend sous le nom de Gukeo (la langue de la nation), est donc le vecteur de transmission de cette l’idée67.

Parmi les manuels scolaires, il y en a au moins deux qui se chargent ouvertement de la diffusion du devoir en tant que Gukmin : Doduk (Morale), pour les élèves en bas âge, Guk-minyunlee (Éthique nationale) pour les étudiants du collège et du lycée. Dans la même logique nationalisme, les élèves apprennent Guksa (Histoire de la Nation). Son titre révèle son point de vue : le but de cette éducation est de mettre l’accent sur la fierté nationale à travers la continuité de l’identité nationale coréenne68 ; cette fierté est construite en rabaissant les autres, dans un rapport de rivalité aux autres, par exemple avec le Japon69. Dans l’éducation nationale, l’éducation idéologique, Bangonggyoyuk (éducation anticommuniste) occupe une place capitale : cela fait partie de devoirs de Gukmin. Il s’agit plus exactement de l’opposition à la Corée du Nord : les élèves apprennent la haine contre l’autre Corée avec une violence marquée. Par exemple, on demande aux élèves en bas âge de dessiner et d’écrire sur le sujet de l’anti-Corée du Nord, en les encourageant à y montrer une haine violente contre l’adversaire désigné.

Cette rivalité s’applique également aux élèves. L’éducation nationale, qui est ouverte à tous, est en effet un long processus de compétition, dans le but d’être sélectionné, pour avoir une meilleure vie dans la société coréenne : c’est donc le résultat qui est important70. Ne pas être sélectionné signifie donc ne pas réussir dans la vie, et cela est en partie vrai dans une

66 Seungsook Moon, op. cit., p. 79. Le Gukmin Gyoyuk Heonjang n’a pas que concerné aux élèves, mais aussi à Gukmin, car il a été imprimé sur la première page de toutes les publications du gouvernement, et exposé dans tous les lieux publics avec la photo de président Park. Ibid., p. 59.

67 En ce qui concerne le caractère de la langue coréenne et son rôle dans la reconstruction, j’y reviendrai dans le chapitre prochain : I.1.4. « Mogukeo » : langue de la matrie.

68 Pour une autre leçon de l’histoire que Guksa, Jie-Hyun Lim a publié Lettes de l’histoire

internationale pour la nouvelle génération (Séoul : Humaniste, 2010) ; il l’a écrit dix ans avant sa date

de publication, au moment où il écrivait des articles pour un journal sous forme de lettre adressée à sa fille adolescente, pour qu’il puisse expliquer autrement l’histoire que le manuel scolaire considéré comme « la bible », auquel on ne peut adresser aucune critique. Les manuels d’histoire doivent susciter la fierté de la nation, et ceci dans chaque cas la nôtre face aux autres : l’histoire de la Corée contre le Japon encouragera la fierté nationale.

69 Jie-Hyun Lim analyse le nationalisme par rapport au thème du mouvement social à travers l’histoire du mouvement d’émancipation de la Corée et par rapport au Marxisme à travers l’Europe de l’Est dans Le Nationalisme est réactionnaire, Séoul : Sonamoo, 1999. Il dépasse la dichotomie imposée par les nationalistes en montrant que les relations deviennent multilatérales. Il argumente que le nationalisme, qui rabaisse les autres, et l’histoire ne peuvent coexister. Cf. Jie-Hyun Lim, « The Antagonistic Complicity of Nationalisms – On ‘Nationalist Phenomenology’ in East Asia », conference à l’EHESS, Centre de recherche sur la Corée, Paris, le 14 janvier 2011,

disponible sur http://actualites.ehess.fr/nouvelle4235.html.

70 Dans le système d’éducation, c’est le bulletin scolaire qui est important. Les programmes scolaires ne demandent pas de penser soi-même, seulement de bien mémoriser pour réussir l’examen et finalement accéder aux bonnes universités qui sont la promesse d’une vie réussie.

société enchevêtrée dans les attaches universitaires et régionales. Se sentir supérieur à l’autre en le rabaissant ou en l’éliminant est un procédé du nationalisme, basé sur une logique binaire et oppositionnelle. En même temps, ce fonctionnement doit être dissimulé dans l’identité du « nous », une seule ethnie du sang. Comme les titres de ces manuels scolaires le montrent, la valeur nationale et la morale en général ne distinguent pas entre moi-individu, famille et nation. La philosophie de l’Asie traditionnelle n’est pas souverainiste : l’individu existe dans la relation aux autres, donc dans un rôle déterminé71. La tradition et l’éducation nationale se mélangent dans le processus de Gukminhwa.

L’éducation nationale est, de plus, différemment structurée selon la division de rôles : par exemple, durant leur scolarisation, les filles suivent une formation intitulée Foyer, et les garçons un enseignement nommé Technique. Cette situation perdure aujourd’hui et a été accentuée par l’ordre masculin imposé jusqu’au niveau de l’armée dans la société. Le régime dictatorial de Park a construit la nation selon l’ordre masculin et le militarisme, et a imposé cette idée à travers l’éducation nationale. Les Coréens sont mobilisés pour les activités militaires dès le lycée, en excluant les femmes : les lycéens suivent la discipline militaire, qui s’appelle Gyoryeon qui signifie le discipline militaire ; en revanche, les lycéennes suivent un enseignement les préparant à être infirmières militaires. Les enseignants de cette discipline sont d’anciens soldats de l’armée, qui sont également en charge de la discipline de l’apparence et du comportement, comme la coiffure, les vêtements et les bonnes manières. Cette discipline existe toujours actuellement72.

L’éducation nationale associée au système militaire a véhiculé la socialisation sexuée et militaire : l’exclusion les femmes est liée au privilège des hommes, parce que ce sont les hommes qui ont le plus de devoirs. Si l’école fonctionne comme un lieu de fabrication de

71 Cet aspect se manifeste dans la langue. Dans la langue coréenne le pronom « je » est multiple : il est modifié et choisi en fonction de l’interlocuteur : d’ailleurs le « je » a une tendance à s’effacer dans le rapport et dans la phrase. Il faut donc d’abord se situer pour prononcer le « je » ou avant de prendre la parole par rapport à l’interlocuteur, sans ce positionnement, il n’y a pas d’énoncé. En coréen, pour ainsi dire, on ne s’adresse pas directement à la personne ni en tant que personne, pas de « je » ni de « tu, vous » qui sont déjà déterminés : le sujet doit se qualifier par rapport au rôle ou à l’âge comme dans la structure parentale ainsi que dans la structure de la langue coréenne. En bref, l’individu n’existe que dans le réseau humain et social : un rapport entre des individus ne peut que se former dans le réseau. Peut-être y aurait-il un certain rapport entre la langue et la culture ou le mode de pensée que l’on doit aborder avec beaucoup de précautions pour ne pas être pris au piège d’un certain essentialisme. Il faut aborder cette question comme thème qui permet de l’analyser. J’y reviendrai à travers le texte d’Adorno dans Chapitre V.2. Exilé dans la langue maternelle.

72 « Le gouvernement changera le nom de cette discipline en 2012, et elle ne serait plus obligatoire ». « Gyo-ryeon du lycée entre l’histoire… le changement du nom », Journal Hankyoreh, le 28 Jan 2007 : disponible sur http://www.hani.co.kr/arti/society/schooling/186952.html. Je traduis.

Coréens dociles, l’armée devient un lieu d’hyper-masculinisation73 pour les Coréens, qui ont le devoir de faire le service militaire. Cette continuité de la discipline masculine traduit l’exclusion des femmes dans l’activité sociale en général. L’éducation et la société sont organisées selon le modèle militaire ; le système militaire est étendu jusqu’à la vie quotidienne74. Le rôle de la femme reste souvent de soutenir l’homme. Cette logique montre un autre aspect de la société, le modèle de la famille, dans lequel la femme s’occupe de la famille et l’homme travaille. En Corée du Sud, où l’on pense en général que la paix ne peut être garantie que par la force militaire, même le pacifisme est d’abord associé au nationalisme militaire, de manière à renfoncer l’identité nationale masculine, et en dévalorisant le rôle des femmes qui sont exemptées du service militaire dans le pacifisme75. Cet ordre est justifié à travers le discours de dispositifs comme celui de l’éducation nationale, avec la formation du Gukmin. « Nous » est un effet de l’opposition violente ; et même si le nationalisme tente de dissimuler le fonctionnement de cette logique binaire, elle se manifeste déjà dans la langue coréenne dite Gukeo ou Mogukeo.

I.1.4. Mogukeo : la langue de la matrie

La formation de la nation moderne est liée à la légitimation de la « langue maternelle76 ». Quels rapports à la mère, à la langue et à la communauté cela suppose-t-il ? Quelles définitions du « maternel » une telle notion suggère-t-elle ? La langue maternelle peut être entendue comme la langue de la mère du fait de l’adjectif « maternel ». L’origine du mot nation est liée au motif de la naissance : la nation donne la vie comme une mère, ce qui suppose un lien affectif naturel semblable à celui qui lie la mère et l’enfant ; d’ailleurs, le mot

73 Cf. Klaus Theweleit, Male fantasies Vol n°1 : Women floods bodies history, University Minnesota Press, 1987 ; Male fantasies Vol n°2 Male bodies : psychoanalyzing the white terror, University Minnesota Press, 1989.

74 In-Sook Kwon analyse comment la logique militaire est répandue en Corée sur tous les plans sociaux culturels dans son livre, La Corée du Sud est une armée, Séoul : Cheognyeonsa, 2005.Dans un livre collectif Le Fascisme en nous, les auteurs démontrent comment le fascisme institutionnel s’est profondément installé dans la vie quotidienne, et même jusqu’au cœur de chacun à travers la guerre froide, la guerre de Corée, la division de la Corée, l’éducation et l’Histoire. Selon ce livre, c’est notre fascisme propre qui nous empêche de nous libérer du fascisme institutionnel. AA.VV, Le Fascisme en

nous, Séoul : Samin, 2000.

75 Cf. In-Sook Kwon , La Corée du Sud est une armée, Séoul : Cheognyeonsa, 2005, p. 20-55.

76 Pour le cas de la France, voir : Pierre Boutan, « Langue(s) maternelle(s) : de la mère ou de la patrie ? » Revue de didactologie des langues-cultures 2003/2 - N°130, p. 137-151, disponible sur http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=ELA&ID_NUMPUBLIE=ELA_130&ID_ARTICLE= ELA_130_0137

« nature-naturel » provient du latin natura, action de faire naître, comme le mot « nation »77. La nation et la langue de la nation partagent en effet la métaphore de la mère qui donne la vie, à l’origine de la vie. On suppose d’ailleurs que la mère est toujours capable de reconnaître son enfant : l’origine – la Nation –, reconnaît son enfant – ses ressortissants. Et à partir de cette espèce de fantasme, l’identité est construite comme identité individuelle, ethnique et nationale.

La langue « maternelle » s’est développée en se différenciant des autres comme langue secondaire, dialectale ou étrangère dans le contexte de la formation de l’État moderne ; quand la langue nationale et la langue maternelle ne sont pas les mêmes, l’unification de la langue est plus difficile à obtenir, ce à quoi s’ajoutent d’autres complications : la langue même dite maternelle est elle-même en principe porteuse de violence, parce que la loi, la norme, l’ordre passent par la langue.

La Corée du Sud s’est re-construite en tant que nation moderne en s’appuyant sur la centralisation du pouvoir et sur l’uniformité de la langue, ce qui a entraîné la marginalisation des dialectes régionaux. Dans la reconstruction de l’identité et de la fierté nationales coréennes, le lien naturel créé entre la Corée du Sud, la nation fondée sur le soi-disant « sang pur » et la langue coréenne a joué un rôle important.

La langue coréenne, Hangukeo, la langue de Hanguk (Corée du Sud) est pour les Coréens la seule langue que l’on pourrait qualifier de « maternelle ». Dans la langue coréenne, la « langue maternelle » serait traduite par Mogukeo : Mo signifie la mère, et Guk l’État-nation ; Moguk signifie donc le pays natal, la matrie. Eo signifie la langue et le langage ; Mogukeo signifie donc littéralement la langue de la matrie78. On apprend cette langue à l’école sous le nom de Gukeo (la langue de l’État-nation).

La langue coréenne est utilisée exclusivement dans le territoire coréen et uniquement par les Coréens79 ; elle a ses propres lettres, considérées également comme uniques en leur

77 Cf. Paul Robert, texte remanié et amplifié sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey, Le

Petit Robert, Edition le Robert, 2011.

78 J’évoquerai ultérieurement le rapport entre la langue et le pays natal en analysant le terme de la langue du pays natal, et la langue nationale en les distinguant de la « langue maternelle » à travers le texte de Thérèse Hak Kyung Cha dans le quatrième chapitre. J’avancerai dans le rapport entre langue et écriture qui permet redéfinir la langue maternelle dans son texte.

79 Daniel Nettle, anthropologue et Suzannz Romaine, linguiste analysent la disparition de la langue dans Vanishing Voices (Daniel Nettle & Suzannz Romaine, Vanishing Voices: The Extinction of the

World's Languages, Oxford University Press, 2000 ; trad. de l’anglais par Jung-Hwa Kim, Séoul : EJ

Book’s, 2003). Selon ce livre, plus de la moitié des langues a disparu depuis ces derniers 500 années et cela se poursuit sans cesse. Et ce phénomène n’est évidemment pas quelque chose de naturel. S’il y a environ 200 pays, il n’y a pas moins de 6000 langues. La moitié de la population du monde utilise environ 15 langues. La langue coréenne occupe la 12e position de la langue dans monde entier (p. 59).

genre ; pour ces raisons, la langue coréenne incite fortement à la « fierté nationale ». Ce n’est pourtant pas une langue pure ; elle a connu une certaine hybridation, comme d’autres langues, elle a été touchée par des politiques diverses, et a subi de grands changements pendant et après l’occupation. Elle a été toujours un lieu de conflit entre les pouvoirs, l’oral et l’écrit ; en fait la construction de l’identité de la langue est elle-même un processus violent.

Or, pour analyser l’attachement à la langue coréenne, qui est un premier support pour le nationalisme coréen, et l’« identité coréenne », il faut comprendre la création de l’alphabet coréen à travers le rapport du pouvoir avec la culture chinoise, et le rapport de pouvoir entre le roi, les dirigeants et le peuple. La création des lettres de l’alphabet coréen a en effet permis