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1. LES TRAITÉS JURIDICO-POLITIQUES

1.3. Les traités dix-huitiémistes sur la Pologne

Significativement, Stanislas Leszczyński (1677-1766) ouvre ce corpus de Polonica. C’est un personnage qui a fortement marqué son époque en tant que gentilhomme polonais doublement élu roi de Pologne et doublement déchu, beau-père de Louis XV depuis 1725, au centre de la guerre de Succession de Pologne dans les années 1733-1738, et dernier duc de Lorraine et de Bar jusqu’en 1766129. Ce dernier rôle lui a apporté une certaine popularité. Architecte créatif et

Louis de Voyer de Paulmy » in ARABEYRE Patrick, HALPÉRIEN Jean-Louis, KRYNEN Jacques (dir.), Dictionnaire

historique des juristes français, op. cit., p. 21.

125 Il est successivement conseiller du parlement de Paris et censeur (1716), maître des requêtes (1718), conseiller d’État puis intendant du Hainaut et du Cambrésis (1720), conseiller d’État ordinaire (1728), chancelier et garde des sceaux du duc d’Orléans (1742), conseiller royal des finances et enfin ministre et secrétaire d’État dans les affaires étrangères (1744). En 1747, il est contraint de démissioner. Sur ce parcours : BALAZS Péter, La philosophie politique et

morale du marquis d'Argenson (1694-1757), thèse de doctorat, Université Panthéon-Sorbonne, 2004, p. 15-17 ;

BONIN P., « ARGENSON René-Louis… », op. cit., p. 21 ; MAUREPAS Arnaud (de), BOULANT Antoine, Les Ministres et les

ministères, op. cit., p. 140-141. 126

Sur la pensée d’Argenson, nous renvoyons à la thèse suivante : BALAZS Péter, La Philosophie politique et morale du

marquis d'Argenson, op. cit. Nous y reviendrons au chapitre 5. 127

Voir les directives données par d’Argenson à Louis-Adrien Duperron de Castéra, alors résident français en Pologne : ZIELIŃSKA Zofia, Walka Familii o reformę Rzeczypospolitej 1743-1752, Warszawa, PWN, 1983, p. 85.

128

BELISSA Marc, « La République polonaise dans le débat politique des Lumières », op. cit., p. 34.

129

Beaucoup de travaux ont été consacrés à Stanislas Leszczynski et à son activité en France, parmi lesquels on peut citer (sans prétendre à une exhaustivité complète) : FORYCKI Maciej, Stanisław Leszczyński. Sarmata i Europejczyk

1677-1766, Poznań, WBPiCAK, 2006 ; MURATORI-PHILIP Anne, Stanislas Leszczynski : aventurier, philosophe et

mécène des Lumières, Paris, Robert Laffont, 2005 ; MURATORI-PHILIP Anne, Le Roi Stanislas, Paris, Fayard, 2000 ;

KUK Leszek, « Le double destin de Stanislas Leszczynski, roi de Pologne et duc de Lorraine » in CONIO Gérard (dir.),

Figures du double dans les littératures européennes, Lausanne, L’Age d’Homme, 2001, p. 111-120 ; SCHER

-ZEMBITSKA Lydia, Stanislas Ier. Un Roi fantasque, Paris, CNRS, 2002 [1re édition : 1999] ; ROSSINOT André,

53

entrepreneur acharné, il fait rebâtir et embellir Nancy. Jardinier ingénieux, il étonne ses invités et ses sujets avec ses créations, tels le Kiosque ou le Trèfle. Mécène, il participe au développement des lettres et des arts130 et contribue à l’innovation agricole131. Il s’occupe du développement intellectuel de ses duchés, en fondant à Nancy la première bibliothèque publique et une académie132. Sa cour de Lunéville devient un centre important, où se côtoient penseurs français et polonais, et où il accueille Montesquieu et Voltaire133. La bonhomie du personnage lui vaut la sympathie de ses sujets134. Tous ces éléments contribuent à créer une légende Leszczyński, roi exilé, constant dans l’épreuve et bienfaisant dans ses œuvres135. Dès son vivant, une littérature hagiographique voit le jour136. Joseph de la Porte s’en fait l’écho dans son ouvrage de 1764,

Kraków, ZNiO, 1994 ; LEVRON Jacques, Stanislas Leszczyński : un roi philosophe au siècle des Lumières, Paris, Perrin,

1984 ; CABOURDIN Guy, Quand Stanislas régnait en Lorraine, Paris, Fayard, 1980 ; TOPOLSKI Jerzy, « Stanisław Leszczyński – ideologia polityczna i działanie », op. cit. ; VERSINI Laurent, « Stanisław Leszczyński et les Lumières… », op. cit. ; DOSCOT Gérard, Stanislas Leszczynski et la cour de Lorraine, Paris, Rencontre, 1969 ; ROSTWOROWSKI Emanuel, « Stanislas Leszczyński et les Lumières à la polonaise » in FRANCASTEL Pierre (dir.), Utopie

et institutions au XVIIIe siècle. Le Pragmatisme des Lumières, Paris, La Haye, Mouton et co, 1963, p. 15-24 ; FABRE

Jean, « Stanislas Leszczyński et le mouvement philosophique en France au XVIIIe siècle », op. cit. ; FELDMAN Józef,

Stanisław Leszczyński, Warszawa, PWN, 1959 ; GARÇOT Maurice, Stanislas Leszczynski : 1677-1766, Paris,

Berger-Levrault, 1953 ; LECHICKA Jadwiga, Rola dziejowa Stanisława Leszczyńskiego, Toruń, Nakł. Tow. Naukowego, 1951 ; BOYÉ Pierre, Un Roi de Pologne et la couronne ducale de Lorraine : Stanislas Leszczynski et le troisième traité de

Vienne, Nancy, Imp. Berger-Levrault, 1898. Sur l’historiographie et l’évolution de l’image de Leszczyński au long des

siècles voir : FORYCKI Maciej, Stanisław Leszczyński, op. cit., p. 204-212 ; VERSINI Laurent, « Stanisław Leszczyński et les Lumières… », op. cit., p. 309-311 ; ROSTWOROWSKI Emanuel, « Stanislas Leszczyński et les Lumières… », op. cit., p. 23-24. En bref, après une première période hagiographique à la fin du XVIIIe siècle, les historiens, avec Pierre Boyé en tête, ont adopté un point de vue critique vis-à-vis du roi Stanislas, perçu comme mauvais philosophe et politique. De nos jours, l’historiographie réhabilite partiellement Stanislas et sa pensée, en montrant ses apports dans la pensée politique française et polonaise et adoptant une voie moyenne entre l’hagiographique du XVIIIe et l’hypercritique du XIXe et du début du XXe siècle.

130

FRANZ Thierry, « Stanislas Leszczyński ou l’esprit de la rocaille en Lorraine » in DUMANOWSKI Jarosław, FIGEAC Michel (dir.), France-Pologne, op. cit., p. 311-319 ; MOUQUIN Sophie, « Stanislas Leszczyński : le goût d’un prince européen » in CHALINE Olivier, DUMANOWSKI Jarosław (dir.), Le Rayonnement français, op. cit., p. 407-425 ; FORYCKI Maciej, Stanisław Leszczyński, op. cit., p. 156, 177-182, 186-187 ; MURATORI-PHILIP Anne, Stanislas Leszczyński,

op. cit., p. 207-305 ; FERATON Yves (dir.), La Vie culturelle à l'époque de Stanislas, Langres, Guéniot, 2005 ; FRANCE

-LANORD Albert, Emmanuel Héré, architecte du roi Stanislas, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1984 ; OSTROWOSKI Jan, L'œuvre architecturale du Roi Stanislas en Lorraine 1737-1751, thèse de doctorat, Université de Nancy II, 1972.

131

DURBAS Małgorzata, « Les innovations dans le secteur agricole des années 1756 à 1762 à Nancy - sujet du discours scientifique à l’Académie de Stanislas Leszczynski » in Les Dynamiques du changement dans l’Europe des Lumières.

IIe Rencontre franco-polonaise des dix-huitiémistes, [en cours de publication].

132 MURATORI-PHILIP Anne, Stanislas Leszczyński, op. cit., p. 305-510. Au sujet de l’Académie de Nancy, voir :

DURBAS Małgorzata, Akademia Stanisława w Nancy (1750-1766), Kraków, Libron, 2013 ; BONNEFONT Jean-Claude (dir.), Stanislas et son académie : colloque du 250e anniversaire, 17-19 septembre 2001, Nancy, Presses

universitaires de Nancy, 2003. Les événements de l’académie étaient régulièrement publiés, par exemple : Discours

prononcés le III. fevrier MDCCLI. a la premiére assemblée de la Société littéraire, fondée dans la ville de Nancy, par le roi de Pologne, duc de Lorraine & de Bar, Nancy, Pierre Antoine, 1751 ; Mémoires de la Société royale des sciences et belles-lettres de Nancy, Nancy, 1754-1759.

133

BOYÉ Pierre, La Cour de Lunéville en 1748 et 1749, op. cit. FORYCKI Maciej, Stanisław Leszczyński, op. cit., p. 173,

176-177. À noter que Voltaire a écrit des vers au roi Stanislas au sujet du théâtre de Lunéville. Voir : MALINOWSKI Wiesław, STYCZYŃSKI Jerzy (dir.), La Pologne et les Polonais, op. cit., p. 102-103.

134

FORYCKI Maciej, Stanisław Leszczyński, op. cit., p. 154-155. 135

Jean Fabre parle de cette popularité et d’une « légende du philosophe bienfaisant » : FABRE Jean, Stanislas Auguste

Poniatowski et l’Europe des Lumières, op. cit., p. 81. 136

Sur cette hagiographie du vivant du roi Stanislas, voir : MURATORI-PHILIP Anne, Stanislas Leszczynski op. cit., p. I ; ROSTWOROWSKI Emanuel, « Stanislas Leszczyński et les Lumières à la polonaise », op. cit., p. 23. La biographie de Leszczyński et de ses ancêtres insérée dans la préface de l’éditeur des Œuvres du Philosophe Bienfaisant (Paris, 1763, p. I-LXII) participe déjà de cette hagiographie. On peut également citer l’imprimé suivant :CANTILLON Philippe (de), CHEVRIÈRES Jean Guillaume (de), Histoire de Stanislas I. roi de Pologne, Francfort, Compagnie de Jésus, 1740. De nombreux éloges funèbres suivent sa mort en 1766 : BOISGELIN DE CUCÉ, Oraison funèbre de Stanislas Ier, roi de

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L’Esprit des monarques philosophes. L’auteur compte Stanislas parmi les rois éclairés, épris des

lettres, éducateurs et dévoués au bonheur de leurs sujets137.

Leszczyński participe aux discussions de son temps. Il engage une polémique avec Rousseau au sujet du Discours sur les sciences et les arts138. Il s’intéresse aux domaines de la religion, de la morale, de la philosophie et de la politique. La plupart de ses écrits sont rassemblés dans les quatre tomes des Œuvres du Philosophe Bienfaisant publiées en 1763139. Le texte qui va nous occuper est La Voix libre du citoyen, éditée à Amsterdam en 1749140, rééditée en 1753 puis en 1763-1764 dans les Œuvres. C’est le principal ouvrage de Stanislas au sujet de la

Rzeczpospolita141. Ce livre est d’abord paru en langue polonaise dans les années 1734-1735 sous

le titre de Głos wolny wolność ubezpieczający, et s’est inscrit dans l’histoire de ce pays comme un

des projets de réforme les plus aboutis de l’époque saxonne142. Il a ensuite été traduit et édité en français avec l’aide de Pierre-Joseph de La Pimpie, chevalier de Solignac (1687-1773), secrétaire du roi exilé. Cette collaboration entre les deux hommes a conduit des historiens, dont Boyé, à mettre en doute la paternité de Leszczyński, thèse qui a depuis été démenti143. Surnommé le « teinturier du roi », Solignac est par ailleurs l’auteur d’une Histoire générale de la Pologne (1750)144.

Le traité de Leszczyński a joué un rôle important dans le renouveau de la pensée républicaine française. Cette influence se reflète chez un autre écrivain de notre corpus. Il s’agit de Gabriel Coyer (1707-1782), abbé, jésuite entre 1733 et 1736, enseignant puis précepteur, aumônier de cavalerie (en 1743), serviteur du duc de Bouillon et homme de plume en contact

Hérissant fils, 1766 ;DUVAUCEL, Épître au Roi sur la mort du roi de Pologne, de Mgr le Dauphin et du duc de Parme, Paris, Grangé, 1766 ; GODARD Étienne, Ode sur la mort de Stanislas Leczinski, roi de Pologne, duc de Lorraine et de

Bar, Paris, J. T. Hérissant, 1766 ; MAURY Jean-Sifrein, Éloge de très haut, très puissant et très excellent prince

Stanislas le Bienfaisant, roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar, Paris, A. Desventes de la Doué, 1766. 137

LA PORTE Joseph (de), L’Esprit des monarques philosophes, Marc-Aurele, Julien, Stanislas et Frederic, Amsterdam (Paris), Vincent, 1764, p. 127-200.

138

Réponse au discours qui a remporté le prix de l’Académie de Dijon par le Roi de Pologne, Paris, Noël-Jacques Pissot, 1751. Voir à ce sujet : FORYCKI Maciej, L’Anarchie polonaise, op. cit., p. 131-132.

139 LESZCZYŃSKI Stanislas, Œuvres du Philosophe Bienfaisant, Paris, 1763.

140

LESZCZYŃSKI Stanisław, La Voix libre du citoyen, ou Observations sur le gouvernement de Pologne, Amsterdam, 1749.

141

Sur les autres œuvres de Stanislas, comme son projet de paix universelle ou son Entretien d’un Européen avec un

insulaire du royaume de Dumocala, qui ne font pas directement partie de notre corpus, voir entre autres : FORYCKI

Maciej, L’Anarchie polonaise, op. cit., p. 127-130.

142 Sur cet écrit de Stanislas, son contexte d’écriture et sa réception : OLSZEWSKI Henryk, Doktryny prawno-ustrojowe

czasów saskich, Warszawa, PWN, 1961, p. 259-281. FORYCKI Maciej, L’Anarchie polonaise, op. cit., p. 116-133.

FORYCKI Maciej, Stanisław Leszczyński, op. cit., p. 173-174.BERNACKI Włodzimierz, Myśl polityczna I Rzeczpospolitej, op. cit., p. 281-296.

143

Sur ce débat, cf. ROSTWOROWSKI Emanuel, « Stanislas Leszczyński et les Lumières à la polonaise », op. cit., p. 24 ; VERSINI Laurent, « Une utopie réalisable et en partie réalisée : le programme de La Voix libre du citoyen et de

Dumocala » in HATZENBERGER Antoine, Utopie des Lumières, Lyon, ENS Éditions, 2010, p. 63-65. À noter qu’en

Pologne, des chercheurs attribuaient le Głos wolny aux frères Załuski.

144

Au sujet de Solignac, nous renvoyons aux travaux de Małgorzata Durbas qui prépare une monographie à son sujet : DURBAS Małgorzata, « Obraz sejmu polskiego w świetle pracy P.J. Chevaliera de Solignac » in STROYNOWSKI Andrzej (dir.), Kultura parlamentarna epoki staropolskiej, Warszawa, DiG, 2013 ; DURBAS Małgorzata, « Rzeczpospolita Wazów w świetle pracy Histoire générale de Pologne Pierre’a Josepha de Solignaca » in ACHREMCZYK Sławomir, KORYTKO Andrzej, KRYSZTOPA-CZUPRYŃSKA Barbara (dir.), Rzeczpospolita Wazów

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avec les grandes personnalités de son temps145. Il publie en 1761 l’Histoire de Jean Sobieski, roi

de Pologne146. Stricto sensu, il s’agit là d’une histoire. Néanmoins, celle-ci devient un prétexte

pour développer une véritable pensée politique. Ce texte qui fait l’éloge du gouvernement républicain suscite une vive réaction de la part de la monarchie. L’ouvrage est condamné, l’imprimeur poursuivi, l’auteur envoyé en exil. Ce dernier trouve un refuge passager auprès du roi Stanislas à Nancy, où il est reçu à l’Académie147. Il est également accueilli à Ferney par Voltaire qui soutient sa candidature à la Royal Society de Londres, que l’abbé intègre en 1763148. Quelques années plus tard, sous l’influence de Ramsay, Coyer entre dans la franc-maçonnerie qu’il quitte néanmoins dès 1779149. Par ailleurs, l’abbé est connu pour d’autres œuvres politiques, sociales et économiques, en particulier pour ses Dissertations pour être lues : la première sur le vieux mot de

patrie ; la seconde sur la nature du peuple (1755) et pour sa Noblesse commerçante (1756), qui

ont engendré une très vive polémique150. Par ailleurs, il collabore indirectement à l’Encyclopédie. Le chevalier de Jaucourt s’inspire de ses textes pour rédiger les articles « Pologne », « Patrie » et « Peuple »151.

*

Trois ans après la publication de ce Polonica paraît un autre texte exclusivement consacré à la Rzeczpospolita : l’Essai politique sur la Pologne (Varsovie, 1764)152. La paternité de cet écrit anonyme a fait débat. Il a été attribué au père Boscovitch, à l’abbé de Polignac, à Éon de Beaumont ou encore au comte de Broglie. L’abbé Berga argumente de façon convaincante en faveur de Louis Adrien Duperron de Castéra (1707-1752), un des principaux initiateurs du Secret du Roi153. L’ouvrage se présente comme une description très détaillée du fonctionnement des institutions et de la vie politique sarmates. C’est que l’auteur est allé en Pologne et s’est révélé

145

COYER Xavier, « Gabriel COYER (1707-1782) » in Dictionnaire des journalistes (1600-1789), en ligne, URL : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/204-gabriel-coyer [consulté le 21 août 2017]. COYER Xavier,

Les Idées politiques de l’abbé Coyer (1707-1782), mémoire de maîtrise, Université Paris X Nanterre, 1982, p. 3-11. 146

COYER Gabriel, Histoire de Jean Sobieski, roi de Pologne , Varsovie, Paris, 1761.

147

Ce dossier a été soigneusement mis au jour par Jean Fabre : FABRE Jean, « Stanislas Leszczyński et le mouvement philosophique […] », op. cit., p. 34-39.

148

COYER Xavier, « Gabriel COYER (1707-1782) », op. cit.. COYER Xavier, « L'Élection de l'abbé Coyer à la Royal Society of London : deux lettres inédites de Voltaire et de d'Alembert », Studies on Voltaire and the Eighteenth

Century, 249, 1987, p. 379-380.

149 COYER Xavier, Les Idées politiques de l’abbé Coyer, op. cit., p. 7-8.

150

Sur la vie, l’œuvre et la pensée de cet auteur : ibidem ; DZIEMBOWSKI Edmond, Un Nouveau Patriotisme français,

1750-1770. La France face à la puissance anglaise à l’époque de la guerre de Sept Ans, Oxford, Voltaire Foundation,

1998, p. 337-340, 366-367 ; CHEMINADE Christian, L'Abbé Gabriel François Coyer (17071782), un "philosophe"

républicain et réformateur au dix-huitième siècle, Lille, A.N.R.T., 1990 ; MALIBRAN Georges, Un Ami de la

"philosophie" : l'abbé Coyer (1707-1782) : sa vie, son œuvre, thèse de doctorat, Université de Paris, 1952. 151

JAUCOURT, « Pologne » in Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Neufchastel, chez Samuel Gfaulche, 1765, t. XII, p. 924-934. Cette reprise des idées et des passages de Coyer dans l’Encyclopédie a été étudiée et signalée par de nombreux historiens, auxquels nous renvoyons : BELISSA Marc, « La République polonaise dans le débat politique des Lumières », op. cit., p. 53-54 ; FORYCKI Maciej, L’Anarchie polonaise, op. cit., p. 145-157 ; DZIEMBOWSKI Edmond, Un Nouveau Patriotisme français, op. cit., p. 340 ; WOLFF Larry, Inventing

Eastern Europe, op. cit., p. 186-189 ; FABRE Jean, Stanislas Auguste Poniatowski et l’Europe des Lumières, op. cit.,

p. 8, 22-23, 26, 82, 96 ; KOT Stanisław, Rzeczpospolita Polska w literaturze politycznej Zachodu, op. cit., p. 196.

152

DUPERRON DE CASTÉRA Louis Adrien, Essai politique sur la Pologne, Varsovie, Psomka, 1764.

153

BERGA (abbé), « Un problème de bibliographie historique : l’auteur de l’Essai politique sur la Pologne (1764) »,

56

être un fin observateur de ce pays. À son arrivée, il devient le précepteur des fils du prince Czartoryski. Néanmoins, l’abbé entretient une correspondance active avec les opposants de la

Familia, dont Czartoryski était un des principaux chefs. Après l’échec de ce dernier à la diète de

1744, Castéra devient suspect et perd sa position. Toutefois, dès janvier 1745, il occupe le poste de résident puis de chargé d’affaires auprès de l’ambassade française, avec laquelle il participe à la paralysie des diètes et des réformes promues par ses anciens patrons. L’abbé reste dans cette charge jusqu’à l’arrivée du comte de Broglie en mars 1752. Duperron décède la même année « d’une erreur médicale ou d’un empoisonnement »154. L’Essai était d’abord destiné aux services diplomatiques français. L’abbé Berga suppose que le texte a par la suite été volé puis édité par le chevalier d’Éon, alors qu’en 1764 s’ouvrait un nouvel interrègne155.

Pyrrhys de Varille (1708-1800), noble normand issu d’une famille aux racines italiennes, était alors en Pologne-Lituanie156. Mécontent de sa carrière en France, où ses mérites n’auraient pas été récompensés, il se rend au pays sarmate dès 1755. Il y reste jusqu’à sa mort, avec une interruption dans les années 1772-1777. Grâce à la médiation du comte de Broglie, il devient précepteur chez les Sanguszko jusqu’en 1791, date de la mort de Barbara, mère de ses élèves157. En outre, il écrit des traités politiques au sujet de son pays d’accueil. Le Compendium politicum,

seu, brevis dissertatio de variis Poloni Imperii vivibus est édité une première fois en 1760, puis

réédité en 1761. Il est traduit et publié en polonais en 1762 et 1763158. En 1764, Pyrrhys de Varille fait paraître un nouvel imprimé : les Lettres historiques et politiques à son Altesse le Prince Jean

Sanguszko, rééditées en 1771 sous un titre légèrement modifié : Lettres sur la constitution

actuelle de la Pologne159. Les deux écrits sont souvent considérés comme deux œuvres distinctes,

mais il s’agit en fait du même texte, à ceci près que l’éditeur de 1771 présente dans la préface la

154

MARTY Michel, Voyageurs français en Pologne, op. cit., p. 349-350. Pour la biographie de l’auteur et son activité en Pologne : ibidem ; BERGA (abbé), « Un problème de bibliographie historique… », op. cit. ; ZIELIŃSKA Zofia, Walka

Familii, op. cit., p. 85, 203-204, 236, 239-240, 280 ; FRĄCZYK Tadeusz, Adam Kazimierz Czartoryski. Biografia

historyczno-literacka na tle przemian ideowych polskiego Oświecenia, Kraków, Księgarnia Akademicka, 2012, p.

71-74.

155 BERGA (abbé), « Un problème de bibliographie historique […] », op. cit., p. 298-299.

156

Sur les origines de Pyrrhys de Varille, nous renvoyons tout particulièrement à : FRAIN Édouard, Un Français à la

cour de Pologne : le chevalier de Pyrrhis, 1757 à 1775, Vitré, Jules Guays, 1883, p. 5-7, 27-45. À noter qu’en revanche

cette étude est très incomplète au sujet de l’expérience polonaise du chevalier.

157 À ce sujet, voir la thèse d’Agnieszka Rydzewska-Jakuboszczak, consacrée au salon de Barbara Sanguszko : RYDZEWSKA-JAKUBOSZCZAK Agnieszka, L'Influence française dans les salons polonais au milieu du XVIIIe siècle : l'exemple de Barbara Sanguszkowa, thèse de doctorat, Université Paris 7 Diderot, 2006, p. 156-157, 180, 228-230, 242.

Voir également : MARTY Michel, Voyageurs français en Pologne, op. cit., p. 360. JAKUBOSZCZAK Agnieszka, SAJKOWSKI Wojciech, « Rzeczpospolita szlachecka w oczach francuskich preceptorów w drugiej połowie XVIII wieku » in MIKOŁAJEWSKA Anna, ZIENTARA Włodzimierz (dir.), Rzeczpospolita w oczach podróżników, op. cit.,

p. 74 ; WOŁOSZYŃSKI Ryszard, « Pyrrhys de Varille (Pyrhus de Varille, Pyrrhus de Varille, Pyrrus Warylleusz) César Félicité h. własnego (1708-ok. 1800) » in Polski słownik biograficzny, t. XXIX, Wrocław, Warszawa, Kraków, Gdańsk, Łódź, ZniO, PAN, 1986, p. 515-517.

158

PYRRHYS DE VARILLE César Félicité, Compendium politicum, seu, brevis dissertatio de variis Poloni Imperii vivibus, 1760. Sur ce texte voir : STASIEWICZ-JASIUKOWA Irena, « Jean-Jacques Rousseau czy John Locke? Nad traktatem C. Pyrrhysa de Varille », Analecta, 1999, 8/1 (15), p. 7-14.

159

PYRRHYS DE VARILLE César Félicité, Lettres historiques et politiques a Son Altesse le Prince Jean Sanguszko sur les

interregnes de Pologne depuis l'establissement des pacta conventa ou l'election libre des Roys. Ecrites de Lubartow à

Varsovie, 1764. PYRRHYS DE VARILLE César Félicité, Lettres sur la constitution actuelle de la Pologne, et la tenue de

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vie de l’auteur et ses liens avec la Pologne. Il évoque de façon pittoresque l’indigénat accordé au chevalier par la diète de 1764. Cet anoblissement est présenté comme une récompense pour les traités politiques du noble normand160. Ce dernier reçoit par ailleurs un village entier de la part des