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3. Entrée dans la maladie 1 Le contexte

3.3. Attitude initiale

3.3.2. Les premières initiatives

3.3.2.1. L’examen clinique et l’attitude

Deux médecins se sont examinés après avoir ressenti un symptôme.

« Je pense à ça « c’est pas normal que tu sois essoufflé pour monter des escaliers et euh… que tu sois

à 120 pulsations par minute alors que là t’es au repos ». Parce que je me reprends le pouls, et puis je redescends, je suis allé chercher l’appareil à tension, je me prends la tension, bon une tension de 15 alors que d’habitude j’ai 13 et un rythme un peu rapide » Dr G

« J’ai pensé quand même à la dissection aortique, je me suis palpé les pouls fémoraux » Dr G Au sujet de sa tumeur du sein : « j’ai essayé de palper mais non, bah rien » Dr A

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« Enfin, je l‘analyse comme ça moi, parce que je me suis pas examiné » Dr G

Après avoir fait immédiatement son diagnostic, l’un des médecins adopte le comportement qu’il juge être le plus adapté.

« En fait quand j’ai fait mon infarctus, j’ai pas du tout eu peur. Le diagnostic je l’avais, mais c’était

pas très fort. Je savais qu’il fallait se calmer. J’ai réagi en me détendant au maximum. J’ai jamais fait de yoga mais je suppose que ça doit être ça. On se décontracte » Dr B

3.3.2.2. Le déclic qui pousse à agir 3.3.2.2.1. L’anomalie détectée

La détection d’un symptôme ou d’une anomalie a poussé la majorité des médecins à initier une prise en charge, que cela soit au travers d’examens complémentaires ou d’une consultation.

« J’ai eu un peu mal au début euh mais j’étais gêné au karaté, justement à l’époque, il y a 10 ans, je

faisais du karaté et sur le tatami, dès qu’il fallait donner des coups comme ça, des coups de pied comme ça, j’avais mal, j‘avais des douleurs » Dr I

« En courant j’ai senti une pression sur le sein, inhabituelle, je me suis dit je ne suis pas cardiaque,

j’ai palpé, j’ai rien senti euh mais j’ai avancé la radiographie Mathilde » Dr A

« J’ai été pris d’une douleur thoracique. Donc ça me serrait […] et j’ai appelé les pompiers, j’ai fait

le 15 » Dr B

« Mais quand même, je me suis dit « qu’est-ce que c’est que cette douleur dans le dos. Je me dis « si

ça se trouve tu t’es cassé une vertèbre, ou tu t’es fissuré… donc il faut que tu ailles faire une radio »

Dr G

3.3.2.2.2. L’intervention extérieure

Deux médecins ont été sommés de constater les anomalies quand elles leur ont été présentées au travers de photographies. Ils avaient auparavant choisi eux-mêmes de ne pas s’en préoccuper.

« Il se trouve qu’il y avait un copain accompagnateur qui prenait des photos. Et sur le profil de la

photo, je suis comme ça, je me suis dit « tiens ça a augmenté » » Dr C

« Ma femme me dit « bon quand même, t’as un truc bizarre, il faudrait que tu vois un dermato » […]

Jusqu’au jour où elle l’a pris en photo avec son smartphone et où elle me l’a collé sous le nez. Je me suis dit « ah, oui je vais y aller quand même, ça a l’air très moche ». Donc j’ai trainé des années »

Dr F

3.3.2.2.3. L’incompréhension

Face à ces manifestations intenses ou pesantes au quotidien, deux des médecins se sont orientés vers un confrère pour obtenir un avis.

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« Il y a de l’arthrose, pas de fracture et cætera. Bon pfff … euh… je me dis « c’est ton arthrose »,

m’enfin euh… quand même, je tique. Dans ma tête… » Dr G

« À 12h30, passe dans le couloir un de mes confrères, avec qui j’ai travaillé comme généraliste et qui

est praticien hospitalier, qui est un très bon praticien. Je le vois passer, je lui dis « mais… viens, viens écoute il m’est arrivé quelque chose cette nuit, écoute, je comprends pas, j’ai besoin de ton avis parce que je ne comprends plus » » Dr G

« Là pour le coup je suis allée voir une copine [copine médecin] « écoute, je voudrais pas me plaindre

mais je suis vraiment anormalement fatiguée, il y a un truc qui va pas ». Donc elle m’a dit « écoute on va faire un bilan sanguin basique et on va voir » Dr H

3.3.2.2.4. L’absence d’évolution positive

Pour plusieurs médecins, c’est l’absence d’amélioration qui les a conduits à entamer une démarche de soins. Le temps d’attente est variable, dépendant de la gêne occasionnée ou de la pathologie.

Au sujet de son intoxication au CO : « A ce moment-là, je sors, bon je respire dehors, ça n’allait pas

mieux… j’appelle le 15 » Dr G

Au sujet du diabète : « Le gars du laboratoire me disait « est-ce que tu étais bien à jeun ? » « oui

j’étais bien à jeun… » « ah tu devrais faire attention ». Au début c’est 1,20 puis 1,25 puis 1,30… et ça monte. Donc… Quand même, au bout d’un moment, je me traite, j’essaie de faire attention, j’essaie de faire le régime plus ou moins bien » Dr G

« Ca a évolué sans trop de repos, tu as le lumbago et puis après tu as la lombosciatique et après tu as

la sciatique. Là tu te dis qu’il va falloir aller faire un scanner » Dr K

Au sujet du rhumatisme psoriasique : « J’ai eu un peu mal au début euh mais j’étais gêné au karaté

[…] j‘avais des douleurs. Là j’ai eu des radios... » Dr I

Au sujet d’un urticaire : « Et en fait, j’ai été hospitalisé à l’hôpital de la ville de mes parents, parce

que j’étais chez mes parents au retour des vacances, vu l’état dans lequel j’étais ils m’ont dit « non, ça ne peut plus continuer », en plus, j’ai fait un malaise » Dr D

Deux médecins évoquent des conséquences très importantes sur le travail, ce qui leur a imposé de réagir.

« Comme c’était des petites périodes, deux jours par ci, deux jours par-là, bon, c’était supportable. Et

puis à un moment, c’est devenu insupportable. Il y a un matin où je n’ai même pas pu aller bosser. J’ai essayé trois psychiatres et la troisième était la bonne je pense » Dr E

« Mes courriers s’entassaient, enfin c’était… je n’arrivais plus à scanner, c’était le délire. Je suis

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3.3.2.3. Les démarches initiales 3.3.2.3.1. L’automédication

Les types de traitements sont très variés avec des antalgiques jusqu’au palier 3, des antibiotiques, des antidépresseurs, des antidiabétiques, des anti inflammatoires, une chimiothérapie, des traitements hormonaux, des anti hypertenseurs et pour l’un d’entre eux une infiltration. L’initiation des traitements n’est pas critiquée, à une exception près.

« Je me suis traité seul en me faisant des infiltrations dans les épaules, en me regardant dans la glace

et en m’injectant les produits dans les épaules » Dr D

« Il y a pas de doute possible, j’ai une prostatite aiguë. Je me suis traitée par une triple

antibiothérapie, direct » Dr D

« J’ai fait faire des analyses qui ont confirmé que j’avais un taux d’hormones mâles effondré. Donc je

me suis traité tout seul. Donc après avoir fait ça, je me suis mis à prendre des hormones » Dr D

« Après la mort de mes deux enfants. J’ai pris des antidépresseurs, tout seul » Dr D « Les antidépresseurs, je les ai pris en moyenne à chaque fois une année entière » Dr D

« C’était pas très élevé, 15-16, c’est pas la peine, je me suis dit, je ne prends pas de risques. Je

ramène ma tension à des chiffres normaux » Dr D

« La Caryolysine, c’était une chimiothérapie qu’on utilisait en local parce que ça marchait vachement

bien sur le psoriasis. Qu’est-ce que j’ai fait, j’ai utilisé la Caryolysine. Horrible, je me suis traité, ça marchait bien » Dr D

Au sujet de ses douleurs liées au rhumatisme inflammatoire : « J’ai eu plusieurs mois avec des anti

inflammatoires mais au coup par coup euh. Je me traitais un peu comme ça » Dr I

« Et puis, ça allait de mal en pire quand même. J’avais des gros coups de barre, pendant 2 jours, je

n’avais qu’une envie, c’était de dormir, je baillais toute la journée […] Moi je m’étais auto traité aussi à une époque j’avais pris des traitements » Dr E

« Ça n’est peut-être pas la maladie qui me fatigue, c’est peut-être les médicaments, donc j’arrêtais les

médicaments, j’en prenais un autre. J’ai fait des essais, beaucoup d’essais » Dr E

« Et puis je me dis « oui, le diabète, voilà… t’as un rythme un peu rapide, t’es un peu essoufflé, tu as

peut-être une cardiomyopathie ou… » des trucs comme ça, vaguement. Bon, pfff… « qu’est-ce que tu peux faire ?» Je descends, je trouve un bêta-bloquant dans ma trousse, donc je prends un bêta- bloquant, ce qui est particulièrement intelligent (ton ironique) » Dr G

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3.3.2.3.2. L’autoprescription

Les examens complémentaires que le médecin se prescrit lui-même font partie des habitudes relevées. « J’ai cherché des trucs médicaux, enfin organiques. Je me suis fait faire une prise de sang, maladie

de Lyme. Je me suis fait faire un scanner ou une IRM du cerveau et puis voilà. J’ai fait un bilan standard de maladie inflammatoire, qui pourrait me fatiguer » Dr E

« J’avais vraiment un truc, un gros nodule là, donc je suis allé voir bah mon correspondant

d’imagerie » Dr F

« J’ai un petit adénome de prostate, je suis obligé de me lever 1 à 2 fois la nuit. Je suis allé faire une

échographie » Dr D

« J’ai fait faire des analyses qui ont confirmé que j’avais un taux d’hormones mâles effondré » Dr D « J’avais passé des radios qui montraient des déformations de l’orteil » Dr I

« Je me dis « si ça se trouve tu t’es cassé une vertèbre, ou tu t’es fissuré… donc il faut que tu ailles

faire une radio […] je vais faire une radio le lendemain » Dr G

3.3.2.3.3. La surveillance

L’un d’entre eux fait le choix de se surveiller sur le plan biologique.

« Le gars du laboratoire me disait « est-ce que tu étais bien à jeun ? » « oui j’étais bien à jeun… » «

ah tu devrais faire attention ». Au début c’est 1,20 puis 1,25 puis 1,30… et ça monte » Dr G

3.3.2.3.4. Le recours aux confrères ou aux services d’urgence

Le recours à un confrère d’emblée se retrouve pour cinq des pathologies évoquées, avec trois occurrences vers un service d’urgence et deux vers un médecin spécialiste d’organe.

« Et puis là on marchait sur la plage, j’ai été pris d’une douleur thoracique. Donc ça me serrait, je

me suis rapproché d’une digue […] je me suis rapproché de ça et euh… et j’ai appelé les pompiers, j’ai fait le 15 » Dr B

« A ce moment-là, je sors, bon je respire dehors, ça n’allait pas mieux… j’appelle le 15 » Dr G « Je me suis fracturé […]une fracture du 5eme méta […] Aux urgences du P, c’est juste à côté. J’en ai

pas parlé à ma famille, j’ai quitté le club, je suis allé là, on me fait la radio » Dr I

« Bah nodule du testicule égal cancer donc je savais très bien que j’avais un cancer. Immédiatement,

j’ai su que j’avais un cancer donc j’ai pris rendez-vous avec un chirurgien » Dr D

« Et sur le profil de la photo, je suis comme ça, je me suis dit « tiens ça a augmenté ». Alors je suis

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