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3. Entrée dans la maladie 1 Le contexte

3.4. Les démarches de soins vers un confrère

3.4.1. L’initiateur de la consultation

A l’exception de deux d’entre eux, tous les médecins se sont au moins une fois orientés spontanément vers le médecin d’une autre spécialité.

L’un des deux qui n’a évoqué aucun recours direct à un confrère est le Dr J, qui a suivi les consignes du professionnel paramédical durant la seule pathologie évoquée. L’autre est un médecin qui abordé deux situations nécessitant le déplacement des services d’urgence.

3.4.2. Les raisons

3.4.2.1. Les limites de l’auto-suivi

Les médecins ont spontanément évoqué ce qui les pousse à limiter leurs pratiques de soins personnels habituels. Selon leurs critères, certains choisissent de recourir à un tiers pour les aider dans la gestion de leur santé.

3.4.2.1.1. La gravité de la pathologie

La pathologie tumorale ou aiguë grave impose le recours à un tiers. A plusieurs occasions, la notion de maladie grave est revenue comme un impératif pour consulter un confrère.

« On ne peut pas se suivre tout seul, une angine ça va mais… » Dr A

« De toute façon, on ne peut pas se soigner sur des pathologies importantes » Dr G

« Les bobos oui mais si c’est quelque chose de sérieux, je vais tout de suite demander un avis. Je

connais mes limites » Dr I

3.4.2.1.2. Le manque de recul

Cette notion est très importante pour eux et leur apparait comme une évidence. Le manque d’objectivité justifie le recours à une autre personne pour une prise en charge correcte.

« On ne peut pas se soigner tout seul parce qu’on n’est pas objectif » Dr I

« C’est une aberration de se soigner tout seul, pour moi. On peut se faire des petites ordonnances ou euh mais on ne peut pas se voir de l’intérieur » Dr I

« Le problème, c’est l’objectivité quoi » Dr H

« Il y a des évidences qui ne sautent pas aux yeux » Dr G

« On n‘est pas plus lucide sur soi quand on est médecin que quand on n’est pas médecin. Et le regard

de quelqu’un d’extérieur » Dr G

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3.4.2.1.3. La nécessité

Les possibilités personnelles sont limitées par les techniques qui requièrent un opérateur extérieur. « Je suis allé chez l’ophtalmo pour qu’elle me fasse un fond d’œil parce que là au moins, j’ai un

renseignement que sinon je n’ai pas » Dr D

Lorsque les interrogations sur les traitements apparaissent, l’auto-suivi n’est plus possible.

« Quand les hypoglycémiants classiques euh… Diamicron et Glucophage marchent plus, on

commence à se gratter la tête, de se dire « est-ce que je passe à l’insuline, est-ce que je passe pas à l’insuline ? » » Dr G

3.4.2.2. La demande d’un avis

La principale raison qui incite les médecins généralistes à se tourner vers un confrère est la demande d’un avis pour obtenir des informations du domaine d’une autre spécialité ou non, pour une aide, pour explorer, ou face à une incompréhension.

« J’avais besoin de quelqu’un euh d’hyperspécialisé pour confirmer » Dr I

Au sujet du traitement chirurgical de sa fracture : « J’appelle mon ami à S qui me dit « ah non la vis,

ça n’ira pas, il vaut mieux mettre une plaque en titane ». Bon finalement, j’avais confiance en lui. Je suis allé le voir. Il m’a mis la plaque le vendredi, donc ça a mis très peu de temps » Dr I

Au sujet de son apnée du sommeil : « J’en ai parlé à la pneumologue au cours d’une réunion comme

ça un soir où c’était le sujet. Je lui ai dit « bah moi effectivement j’ai ces petits problèmes là » »Dr L

« - Ça c’est la neurochir.

- A quel moment tu es allée la voir ? (question de l’enquêteur)

- J’y suis allée euh quand ça n’allait pas puisque ça ne passait pas » Dr K

« Ma femme me dit « bon quand même, t’as un truc bizarre, il faudrait que tu voies un dermato » […]

je vais y aller quand même, ça a l’air très moche » Dr F

« Je le vois passer, je lui dis « mais… viens, viens écoute il m’est arrivé quelque chose cette nuit,

écoute, je comprends pas, j’ai besoin de ton avis parce que je ne comprends plus » » Dr G

« Quand les hypoglycémiants classiques […] marchent plus, on commence à se gratter la tête » Dr G « Là pour le coup je suis allée voir une copine [médecin] « écoute, je voudrais pas me plaindre mais

je suis vraiment anormalement fatiguée, il y a un truc qui va pas ». Donc elle m’a dit « écoute on va faire un bilan sanguin basique et on va voir » » Dr H

« j’ai été voir une fois un médecin généraliste pour lui déballer tout, en lui disant est-ce que je ne suis

pas en train d’oublier quelque chose, ça fait du bien d’avoir un regard un peu extérieur » Dr E

L’un des médecins explique qu’il se résout à faire appel à un médecin d’une autre spécialité car il ne peut obtenir ces informations par lui-même.

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« Je suis allé chez l’ophtalmo pour qu’elle me fasse un fond d’œil parce que là au moins, j’ai un

renseignement que sinon je n’ai pas » Dr D

3.4.2.3. La rigueur

« Et le fait de devoir revoir quelqu’un avec son dossier, ça donne de la rigueur » « et qui met un peu

euh de… de rigueur. C’est-à-dire « tu fais un électrocardiogramme… tu fais ton fond d’œil euh… ton hémoglobine glyquée tu la fais au moins tous les trois mois. Et tu fais pas chier et cætera. Tu reviens me voir dans 1 an ou dans 6 mois » Dr G

« On fait un peu plus attention à son régime le mois avant d’aller la voir, on se dit « aïe aïe aïe » Dr G

3.4.3. Le type de consultation

Lorsque des consultations ont eu lieu, tous ont été reçus dans un bureau à au moins une reprise. Cependant, deux autres types de consultations ont été évoqués : les consultations téléphoniques, et les consultations dans un cadre extérieur au lieu de consultation.

« J’ai appelé Dr A, mon copain » Dr I

« J’ai quand même appelé l’endocrinologue, Mme L, avec qui je travaille des fois, pour lui dire « j’ai

ça, comment je module mon… traitement » » Dr H

« J’ai cherché à entrer en contact avec elle qui m’a répondu très gentiment et très simplement » Dr K « J’ai même téléphoné à Paris pour savoir si les doses euh… qu’on me préconisait étaient vraiment

celles… qui… étaient justifiées à cette époque-là » Dr D

« Je l’avais croisé à un EPU, je lui avais dit que j’avais repris. Voilà. Il m’a dit « revenez me voir

quand vous avez besoin » » Dr I

« J’en ai parlé à la pneumologue au cours d’une réunion comme ça un soir où c’était le sujet. Je lui ai

dit « bah moi effectivement j’ai ces petits problèmes là » » Dr L

3.4.4. La prise de rendez-vous 3.4.4.1. Le délai

Pour plusieurs médecins, le ressenti a été que le délai pour obtenir le rendez-vous avait été plus rapide que pour un autre patient.

« Ce que j’aurais pu faire en trois mois je l’ai fait en trois semaines » Dr L

« Je me blesse le mardi soir […] il m’a mis la plaque le vendredi, donc ça a mis très peu de temps » Dr I

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« Ça c’était le jeudi et j’ai eu rendez-vous à Baclesse le lundi suivant » Dr A Une seule personne évoque un délai normal.

« 1 mois et demi, c’était un délai normal » Dr K

3.4.4.2. Présentation en tant que médecin

Un participant explique qu’en se présentant en tant que médecin, il a pu obtenir un rendez-vous précocement.

« Je me suis présentée en tant que médecin, enfin que voilà, j’avais passé une mammo et que il fallait

que je voie quelqu’un rapidement. Donc j’ai eu un rendez-vous très tôt le matin, le lundi » Dr A

3.4.4.3. L’intervention du médecin consulté lui-même

Durant les entretiens, trois médecins ont évoqué l’intervention directe du médecin qui sera consulté pour ajouter un rendez-vous sur son planning.

« C’est lui-même qui m’a fixé rendez-vous pour me voir au scanner le lendemain » Dr L

« Je connais quelques radiologues dont le docteur… je ne vais plus avoir le nom, a bien voulu me la

faire » Dr A

« Viens, je te prends demain en plus » Dr L

3.4.4.4. L’intervention d’un tiers

A une occasion, la rapidité du rendez-vous a été permise par l’intervention d’un ami qui connaissait le médecin consulté. Pour un autre médecin, c’est grâce à l’action d’une secrétaire que le rendez-vous a été avancé.

« J’ai un ami médecin qui lui a mis un petit mot » Dr C

« Je connaissais aussi la secrétaire de la chirurgie en sénologie, elle avait été secrétaire ici, donc

j’avais demandé un rendez-vous et quand elle a vu mon nom, elle m’a rappelée pour me dire qu’elle l’avançait » Dr A

3.5. Le choix des soignants et des soins