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3. LES NOUVELLES POLITIQUES LINGUISTIQUES AU KAZAKHSTAN ET LEURS

3.1 Les nouvelles politiques linguistiques depuis l’Indépendance

L’émergence de nouveaux Etats indépendants en remplacement de l’ex-Union soviétique a donné naissance à des politiques linguistiques qui nécessitent d’appréhender les répercussions de ces nouveaux aménagements linguistiques sur le statut des langues locales et étrangères et de leur enseignement. C’est pourquoi il nous semble indispensable de nous arrêter sur les politiques des langues, mises en œuvre conformément à la Constitution de la République du Kazakhstan, qui comprennent les textes de loi suivants :

- la Loi sur les langues (15 juillet 1997) ;

- le Programme d’État du fonctionnement et du développement des langues pour la période 2001-2010 ;

- le Concept du Trilinguisme (2006) ;

- le Concept d’enseignement des langues étrangères du Kazakhstan (2010) (Kunanbayeva, Ivanova, Chaklikova, Duisekova)

- le Programme d’État de fonctionnement et le développement des langues pour la période 2011-2020.

Nous exposerons et commenterons ces différents textes en ne retenant que les documents, lois et mesures pertinents pour notre sujet.

3.1.1. La Loi sur les langues (15 juillet 1997)30 « Қазақстан Республикасындағы тiл туралы » Қазақстан Республикасының 1997 жылғы 11 шiлдедегі N 151 Заңы

La Loi sur les langues (15 juillet 1997)

4-бап. Қазақстан Республикасының мемлекеттiк тiлi

- Қазақстан Республикасының мемлекеттiк тiлi - қазақ тiлi.

- Мемлекеттiк тiл - мемлекеттiң бүкiл аумағында қоғамдық қатынастардың барлық саласында қолданылатын мемлекеттiк басқару, заң шығару, сот iсiн жүргiзу және iс қағаздарын жүргiзу тiлi.

- Қазақстан халқын топтастырудың аса маңызды факторы болып табылатын мемлекеттiк тiлдi меңгеру - Қазақстан Республикасының әрбiр азаматының парызы.

- Үкiмет, өзге де мемлекеттiк, жергiлiктi өкiлдi және атқарушы органдар:

-Қазақстан Республикасында мемлекеттiк тiлдi барынша дамытуға, оның халықаралық беделiн нығайтуға;

-Қазақстан Республикасының барша азаматтарының мемлекеттiк тiлдi еркiн және тегiн меңгеруiне қажеттi барлық ұйымдастырушылық, материалдық- техникалық жағдайларды жасауға;

-қазақ диаспорасына ана тiлiн сақтауы және дамытуы үшiн көмек көрсетуге мiндеттi.

5-бап. Орыс тiлiн қолдану

Мемлекеттiк ұйымдарда және жергiлiктi өзiн-өзi басқару органдарында орыс тiлi ресми түрде қазақ тiлiмен тең қолданылады.

6-бап. Мемлекеттiң тiл жөнiндегi қамқорлығы Қазақстан Республикасының азаматының ана тiлiн қолдануына, қарым-қатынас, тәрбие, оқу және

Article 4. La langue officielle de la République du Kazakhstan

- La langue officielle de la République du Kazakhstan est la langue kazakhe.

- La langue officielle est la langue de l'administration publique, de la législation, du contentieux, de la gestion des documents et d'exploitation dans tous les domaines des relations sociales à travers l’Etat.

- Tout citoyen de la République du Kazakhstan doit maîtriser la langue officielle, en tant que facteur principal de l'unité des citoyens du Kazakhstan.

- Le gouvernement, les autres organismes de l’État, les instances représentatives et exécutives locales sont dans l’obligation de :

-développer au maximum la langue officielle de la République du Kazakhstan, en consolidant ainsi son pouvoir international;

-créer toutes les conditions organisationnelles nécessaires, matérielles et techniques, pour l'apprentissage non limité et libre de la langue officielle par tous les citoyens de la République du Kazakhstan; - prêter assistance à la diaspora kazakhe, dans le maintien et le développement de sa langue maternelle.

Article 5. L’usage de la langue russe

Dans l’établissement de l’Etat, la langue russe est officiellement utilisée avec la langue kazakhe.

Article 6. La préoccupation de l'Etat pour les langues Tout citoyen de la République du Kazakhstan a le droit d'utiliser sa langue maternelle, de choisir librement la langue de communication, d'éducation et d'apprentissage

шығармашылық тiлiн еркiн таңдауына құқығы бар. Мемлекет Қазақстан халқының тiлдерiн оқып-үйрену мен дамыту үшiн жағдай туғызу жөнiнде қамқорлық жасайды. Ұлттық топтар жинақты тұратын жерлерде iс-шаралар өткiзiлген кезде олардың тiлдерi пайдаланылуы мүмкiн. 8-бап. Тiлдердiң қолданылуы

Мемлекеттiк тiл Қазақстан Республикасы мемлекеттiк органдарының, ұйымдарының және жергiлiктi өзiн-өзi басқару органдарының жұмыс және iс қағаздарын жүргiзу тiлi болып табылады, орыс тiлi ресми түрде қазақ тiлiмен тең қолданылады.

Мемлекеттiк емес ұйымдардың жұмысында мемлекеттiк тiл және қажет болған жағдайда басқа тiлдер қолданылады.

L'Etat doit s'occuper des conditions pour l'étude et le développement des langues des peuples du Kazakhstan. Dans les endroits où sont concentrés les groupes nationaux, leurs langues peuvent être employées dans la conduite de leurs activités.

Article 8. L’utilisation des langues

- La langue nationale officielle, le kazakh, ainsi que le russe sont utilisés dans le cadre du travail et de la communication avec les administrations de l'Etat.

- Dans le travail des organisations non gouvernementales, l'Etat peut exiger, si cela est nécessaire, l'emploi d'autres langues.

Figure 7 : http://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/kazakhstan-loi.htm

Dans ce texte, il ressort que trois langues sont officielles :

- le kazakh, langue officielle de l’Etat titulaire, comme facteur d’unification nationale, de contact avec les diasporas kazakhes ;

- le russe, langue officielle de communication au niveau national et comme facteur d’entente interethnique ;

- l’anglais, langue étrangère de communication internationale, comme facteur d’internationalisation politique et économique du pays ;

Il ressort également que les instances administratives nationales et locales doivent tout faire pour mettre œuvre sur le plan éducatif afin que chaque citoyen puisse acquérir ces trois langues et pour maintenir leurs langues et cultures premières dans de bonnes conditions.

3.1.2. Le Programme d’État du fonctionnement et du développement des langues 2001-201031 relayé par le Programme 2011-202032

Pour mener à bien les réformes, il faut créer des écoles et des centres pour apprendre ces langues et la culture des groupes minoritaires. Il est à noter que les minorités linguistiques présentes au Kazakhstan sont principalement des Allemands (3 %), des Ukrainiens (2,9 %), des Ouzbeks (2,2 %), des Tatars (2 %), des Kirghiz (1,9 %), des Ouïgours (1,7 %) et des Biélorusses (1,1 %). On compte aussi des Coréens, des Azerbaïdjanais, des Tchétchènes, des Polonais, des Turcs, des Grecs, des Bachkirs, des Kurdes et des Tadjiks, entre autres.

On peut alors dire que le Kazakhstan est composé d’un grand nombre de groupes linguistiques. Le groupe le plus nombreux est celui des langues turciques. Ce dernier représente 60% langues présentes dans le pays, tels que le kazakh, l’ouzbek, le tatar, le kirghiz, l'ouïgour, l'azerbaïdjanais et le turc. Ensuite, viennent les langues slaves qui, elles, font partie des 34,6% des langues du Kazakhstan. Elles sont composées du biélorusse, du russe et de l’ukrainien. Il reste encore 4,9% d’autres langues qui sont pratiquées au Kazakhstan.

Selon le principe de non-discrimination concernant l’appartenance nationale et religieuse, chacun a le droit d’employer sa langue maternelle. Ce qui signifie que chaque Kazakhstanais a la possibilité d’exercer librement ses droits confessionnels, de disposer de publications périodiques dans sa langue maternelle, d’avoir son centre culturel, de bénéficier du droit d’association et du droit d’être représenté à l’Assemblée nationale.

En 1995, une Assemblée des peuples du Kazakhstan, rattachée à l’administration du Président, a été créée. Toutes les minorités et ethnies sont représentées par leurs élus dans cette Assemblée composée de 382 membres. Le Conseil qui entérine les décisions compte 56 membres, à la fois représentants de la nation tout entière et des Centres culturels par langue. Actuellement, il y a des écoles où les enseignements du primaire et du secondaire sont effectués dans les langues des minorités. Ainsi, il y a 77 écoles qui offrent des enseignements en ouzbek, 13 en ouïgour, 6 en tadjik, en ukrainien et en allemand. La question clé dont s’occupe l’Assemblée des peuples est la question de « la sauvegarde de l’identité culturelle et linguistique des minorités », en se fondant en priorité sur l’éducation. L’originalité du système d’écoles des minorités réside dans le fait que l’enseignement se fait dans chaque école dans la langue maternelle avec l’obligation d’apprendre le kazakh, le russe et l’anglais.

31 Approuvé par un décret du Président du Kazakhstan Noursultan Nazarbaev le 7 Février 2001 32 Approuvé par un décret du Président du Kazakhstan Noursultan Nazarbaev en 29 juin 29 2011

L’idée est que chaque groupe ethnique peut ainsi « entretenir ses racines », « apprendre l’histoire et la culture de son peuple » à côté de la langue, ainsi que « l’histoire et de la culture du pays où il réside ». Par exemple dans les endroits peuplés majoritairement par telle ou telle ethnie, il existe des classes dans les langues des minorités (mentionnées ci-dessus) où les disciplines scolaires sont enseignées dans la langue de ces minorités mais où les programmes d’études et le contenu des disciplines sont les mêmes sur tout le territoire du Kazakhstan.

Dans les zones d’habitation où sont concentrées des ethnies peu nombreuses, l’enseignement de la langue maternelle est dispensé dans la langue maternelle des ethnies en question, surtout dans les « écoles du dimanche ». Celles-ci furent créées dans le but d'enseigner les langues minoritaires et leur culture. Dans la plupart de ces écoles, l'enseignement se déroule dans la langue maternelle, en plus des cours de kazakh et de russe. Ils peuvent aussi suivre des cours de langues étrangères. C’est l’Assemblée des peuples du Kazakhstan qui s'est proposée pour aider à la création de ces « écoles du dimanche ». Grâce à cette concertation, 196 centres ont été développés où les 30 langues reconnues minoritaires sont enseignées.

Quant aux médias, ils ne sont pas seulement produits en langue russe et kazakhe. Il existe aussi des journaux, des stations de radio et des chaînes de télévision qui émettent dans onze langues, dont l’ukrainien, le polonais, l'allemand, le coréen, l’ouïgour, le turc et le doungan. De plus, au Kazakhstan, plusieurs théâtres nationaux organisent des représentations en kazakh, en russe, en ouzbek, en ouïgour, en allemand et en coréen.

3.1.3. Le « Concept du Trilinguisme officiel » (2006)

Le « Concept du Trilinguisme officiel » fut annoncé par le Président, Noursultan Nazarbaev, pour la première fois en octobre 2006 lors de la Session XII de l'Assemblée des peuples du Kazakhstan, devenu depuis un concept prioritaire dans la politique linguistique du Kazakhstan. L’objectif du président était de faire percevoir le Kazakhstan comme un pays hautement scolarisé. L’apprentissage d’une deuxième langue étrangère ou plus (français, allemand, chinois, turc, arabe etc.), selon l’offre des universités, revient à la seule décision de l’usager. Cette conception de trois langues obligatoires fut tout d'abord conçue par nécessité. En effet, par les connaissances de langues reconnues dans le monde entier - notamment l’anglais - le Kazakhstan peut avoir l’ambition d’entrer dans l’arène internationale. L’autre idée qui sous-tend le Concept du Trilinguisme est que parler plusieurs langues favorise la compétitivité du pays car les citoyens seront ainsi plus concurrentiels sur le marché du travail.

Muhammed a déclaré que : « La réalisation de ces objectifs devrait permettre d’atteindre vers 2020 les résultats suivants: la proportion de Kazakhstanais qui connaissent la langue officielle passe de 60 à 95%". En outre, le ministre veut maintenir la langue russe à environ 90%, et la langue anglaise à 20%. Pour atteindre ces objectifs officiels, il fallait actualiser les méthodes d’enseignement des langues, moderniser les conceptions et démarches pédagogiques à tous les niveaux de l’éducation et pour ce, élaborer de nouveaux manuels scolaires et matériaux didactiques, tout en incluant les nouvelles technologies dans la classe. Les concepteurs ont donc introduit de nouveaux modèles éducatifs dans les écoles et à l’université. Pour cela, le ministère de l’éducation a mis à disposition de gros moyens pour réaliser ces nouveaux programmes d’enseignement des langues étrangères, qui sont calqués sur le modèle du Cadre européen commun de référence pour les langues, d’autant plus que le Kazakhstan a adopté le système de Bologne, impulsé par l’Union européenne pour faire en sorte que les diplômes kazakhstanais puissent être reconnus en Europe et au-delà.