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Les investisseurs en capital-risque jouent un rôle crucial dans

le développement de l’entreprenariat

L’approche chilienne, qui a ses limites, se distingue par son objectif d’attirer des talents entreprenariaux venant de l’étranger (chap. 3). Les progrès accomplis par le Chili montrent que les pays peuvent renforcer leurs capacités entreprenariales en tirant parti des compétences et de la créativité des entrepreneurs étrangers, qui peuvent transférer leurs connaissances, leur savoir-faire et leurs compétences aux travailleurs locaux. Le programme Start-up Chile comprend un volet social qui vise à changer et à améliorer la culture entreprenariale au Chili. Les bénéficiaires étrangers du programme Start-up Chile doivent participer à l’écosystème commercial local en menant des activités ayant un impact social. Un système novateur d’évaluation de la rentabilité (« return value agenda ») a été mis en place pour mesurer l’impact social que peuvent avoir les entrepreneurs grâce

aux conférences, ateliers, tutorats et autres activités organisés sur la création d’entreprises et l’innovation à destination des acteurs locaux.

Certains pays, dont l’Inde, ont fait des investissements étrangers directs l’un des piliers de leurs programmes de promotion de l’entreprenariat. L’Irlande a adopté quant à elle une approche faisant appel à la diaspora mondiale. Parmi les PMA, le Bangladesh et l’Éthiopie ont fait de leurs diasporas des atouts à exploiter

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En 2013, la République de Corée a lancé une initiative de promotion de l’économie créative, le Plan d’action pour l’économie créative, et a pris des mesures visant à instaurer un écosystème économique qui favorise la créativité, en s’appuyant pour cela sur les six stratégies suivantes : récompenser adéquatement la créativité et créer un écosystème qui favorise la création de jeunes pousses ; renforcer le rôle des nouvelles entreprises et des PME dans l’économie créative et leur capacité à pénétrer les marchés mondiaux ; créer des moteurs de croissance pour ouvrir de nouveaux marchés et développer de nouvelles industries ; favoriser le développement de talents créatifs de niveau international, capables de surmonter leurs difficultés et de concrétiser leurs aspirations ; renforcer la capacité d’innovation du secteur de la science, de la technologie et des TIC qui sont le fondement même de toute économie créative et promouvoir, avec le concours de la population, une culture de la création. L’initiative a conduit à la mise en place de trois programmes : Creative Economy Town (ville de l’économie créative), Centres for Creative Economy and Innovation (centres de l’économie créative et de l’innovation) et Idea Innovation Six Months Challenge Platform (plateforme visant à concrétiser les idées innovantes en six mois). Cette dernière a été élaborée en 2015 pour permettre aux entrepreneurs de réaliser en six mois un processus complet de démarrage d’une entreprise. Cent jeunes pousses ont été sélectionnées à partir du millier d’idées que des particuliers et des aspirants entrepreneurs ont présentées par l’intermédiaire des projets Creative Economy Town et Centres for Creative Economy and Innovation. La plateforme visait à soutenir les jeunes pousses sur une période de six mois, grâce à l’aide de spécialistes des jeunes entreprises, dans les domaines de l’élaboration de modèles d’activité, de l’enregistrement et de l’application des droits de propriété intellectuelle et de l’établissement de plans d’activité. Des spécialistes ont aussi été recrutés par les centres de l’économie créative et de l’innovation et par une entreprise spécialisée pour faciliter la commercialisation des idées. Une fois les idées sélectionnées, la plateforme a permis d’accélérer le processus de commercialisation grâce au soutien systémique apporté par l’intermédiaire d’un réseau d’acteurs essentiels de la création d’entreprises : ministères, instituts de recherche publics, universités, sociétés holding privées, centres de recherche-développement et autres entreprises individuelles, tous ayant un rôle bien défini.

Sources : Chiang, 2016 ; Jung and Kim, 2017 ; OECD and Eurostat, 2005 ; UNCTAD, 2013d.

Encadré 5.3 Chili : L’immigration au service de l’entreprenariat

Le programme Start-Up Chile a été lancé par le Gouvernement chilien en 2010 pour promouvoir la culture entreprenariale au Chili et faire du pays le centre de l’innovation en Amérique latine (voir www.startupchile.org/

economic-impact/). La société Production Development Corporation, qui a élaboré le programme, a été créée en 1939. Elle a pour principal objectif d’anticiper et de planifier les prochaines étapes du développement du Chili.

Le programme, dont chaque cycle dure six mois, est ouvert à 100  jeunes pousses du monde entier qui sont sélectionnées après examen de leur dossier de candidature. Les bénéficiaires obtiennent 40 000 dollars en fonds propres, un visa temporaire d’un an, des bureaux et des services de tutorat et d’accompagnement. La procédure d’immatriculation des entreprises au Chili est l’une des plus rapides du monde. Les jeunes pousses doivent ensuite obtenir 4 000 points de capital social en tenant des ateliers, en conseillant les entrepreneurs locaux, en donnant des cours et en organisant des hackathons. Plus de 1 200 jeunes pousses de 72 pays ont suivi le programme Start-up Chile, qui leur a permis de lever plus de 100 millions de dollars et grâce auquel plus de 1 500 emplois ont été créés.

Plus de 200 000 Chiliens ont en outre profité des activités de sensibilisation organisées localement par les jeunes pousses. Il s’est avéré difficile de trouver des investisseurs locaux en capital-risque et de retenir les participants au Chili. Aussi le Gouvernement a-t-il mis au point le programme Scale qui a permis à trois des 30  participants d’obtenir, à l’issue d’un cursus de trois mois, environ 100 000 dollars de nouveaux financements. L’octroi des fonds ne donne pas lieu à une prise de participation, mais les bénéficiaires doivent se constituer en société au Chili et y exploiter une entreprise. Depuis, 50 pays ont suivi l’exemple du Chili en mettant en place des programmes similaires.

Depuis 2016, le programme Start-Up Chile vise à faire en sorte que le Chili reste un centre mondial de l’innovation technologique et soit considéré comme un moteur de la création d’entreprises technologiques bénéfiques pour l’économie nationale. Trois programmes d’accélération distincts sont mis en œuvre  : le programme de préaccélération S Factory destiné aux jeunes pousses dirigées par des femmes, qui permet chaque année à deux groupes composés chacun de 20 à 30 entreprises de suivre une formation de quatre mois et de recevoir environ 15 000 dollars ; le programme d’accélération Seed, destiné aux entreprises disposant d’un produit fonctionnel et pour lesquelles une première certification a été accordée ; et un programme de financement ultérieur à l’intention des entreprises les plus performantes constituées au Chili et souhaitant se développer en Amérique latine ou ailleurs.

En 2016, Start-Up Chile a mené une enquête pour mesurer l’impact économique du programme. Sur les 71  % des jeunes entreprises ayant répondu à l’enquête, 51,1 % de celles ayant participé au programme d’accélération étaient encore en activité en 2016. Sur ces 51,1 %, 55,4 % étaient des entreprises chiliennes. Le taux des jeunes entreprises ayant participé au programme qui restent dans le pays était de 34 %. Les jeunes pousses avaient levé au total 30,5 millions de dollars de capitaux, dont 29 % provenaient de fonds publics et 71 % de fonds privés. Le programme aurait créé environ 5 162 postes dans le monde, dont 30 % au Chili, et les salaires mensuels moyens se situaient entre 1 216 et 2 280 dollars (voir www.startupchile.org/). Le Chili a obtenu la troisième place du classement Encadré 5.2 (suite)

129 CHAPITRE 5 : Des mesures en faveur d’un entreprenariat porteur de transformation

Encadré 5.4 Inde : À la recherche de perturbateurs créatifs pour favoriser une culture de l’entreprenariat et de l’innovation L’Inde donne un bon exemple de lancement d’un ensemble d’initiatives ambitieuses et diverses visant à favoriser l’innovation dans un certain nombre de secteurs, en collaboration avec des universités, les différents secteurs d’activité, des investisseurs, des petites et des grandes entreprises, des organisations non gouvernementales et les groupes sociaux les moins favorisés, en accordant une attention particulière au rôle des femmes. Le Gouvernement veut mettre les femmes au cœur de l’entreprenariat indien en leur donnant accès aux prêts, aux réseaux, aux marchés et à la formation. Dans le Global Accelerator Report 2016 de Gust, l’Inde se classe au dixième rang pour ce qui est du montant des investissements provenant des jeunes pousses et du nombre de celles ayant bénéficié d’un programme d’accélération. Le présent encadré décrit quatre initiatives nationales.

Start-up India

Lancée en 2016, cette initiative vise à promouvoir l’entreprenariat en conseillant, en soutenant et en suivant les jeunes entreprises tout au long de leur cycle de vie. Le Gouvernement a publié un plan d’action décrivant les trois piliers de l’initiative, qui sont : la simplification et l’accompagnement ; le soutien financier et les incitations financières ; les partenariats industrie-université et les pépinières d’entreprises. L’initiative, qui repose sur une approche à 360°

visant à faciliter le démarrage des entreprises, comporte un programme gratuit de formation en ligne de quatre semaines. Des parcs de recherche, des pépinières d’entreprises et des centres de création d’entreprises ont été mis en place dans tout le pays avec le soutien d’un réseau d’organisations industrielles et universitaires. Un fonds a également été créé pour aider les jeunes pousses à accéder à des sources de financement. Cette initiative est assortie de mécanismes visant notamment à reconnaître en ligne les jeunes pousses, à dispenser des formations, à faciliter les dépôts de brevets, à simplifier les normes de conformité, à assouplir les normes relatives aux marchés publics, à soutenir les pépinières, à élaborer des programmes axés sur l’innovation à l’intention des étudiants, à octroyer un soutien financier et des avantages fiscaux et à régler les questions réglementaires. Le plan d’action comporte une série de slogans promotionnels destinés à faire connaître aux investisseurs les principaux avantages de l’initiative, comme « un écosystème sans les pièges du système », « pas de tunnel − seulement de la lumière »,

« perturbateurs recherchés », ou encore « pépinières disponibles ».

Make in India

Lancée en 2014, cette initiative vise à faire de l’Inde un centre mondial de conception et de fabrication. Elle repose sur quatre mesures : promouvoir l’industrie manufacturière nationale ; attirer l’investissement étranger direct ; stimuler les innovations et la commercialisation des droits de propriété intellectuelle ; et encourager les nouvelles initiatives, notamment la création de couloirs industriels et de 21  nouvelles villes nodales. Elle a notamment pour objectif de remplacer des cadres obsolètes et obstructifs par des systèmes transparents et faciles à utiliser, afin de faciliter la mobilisation des investissements. Le Gouvernement veut que les politiques locales de passation des marchés publics promeuvent la fabrication de biens et la prestation de services sur place dans le cadre du développement de l’industrie manufacturière.

Atal Innovation Mission

Cette initiative a pour objectif de promouvoir une culture de l’innovation et de l’entreprenariat et d’établir une plateforme en vue d’encourager le développement de pôles mondiaux de l’innovation, le lancement de grands projets, ainsi que la création d’entreprises et le soutien aux autres activités indépendantes, notamment dans les domaines stimulés par la technologie. Des ateliers pratiques Atal ont été créés dans tout le pays : ils sont conçus comme des espaces de travail dotés d’outils et d’équipements où les étudiants peuvent acquérir une formation pratique dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques. Des centres d’incubation Atal ont en outre été créés pour permettre aux jeunes entreprises innovantes de devenir des entreprises capables de se développer et de perdurer. Ils comprennent des pépinières dotées de l’infrastructure matérielle nécessaire, notamment de biens d’équipement et d’installations, et donnent accès à des experts de différents secteurs, à un appui en matière de planification des activités, à des capitaux de démarrage, à un réseau d’entreprises partenaires ainsi qu’à des formations, dans le but de favoriser la création de jeunes pousses innovantes.

Digital India

Cette initiative vise : à moderniser l’économie indienne afin de rendre tous les services de l’administration accessibles en ligne  ; à doter la société indienne de compétences numériques et à créer une économie du savoir, tout en assurant un accès universel aux biens et aux services  ; à tirer parti du passage au numérique pour transformer le pays. Elle repose sur neuf piliers, notamment la mise en place de réseaux haut débit, la généralisation de la connectivité mobile, la mise en œuvre d’une gouvernance électronique, la fabrication de produits électroniques et la prestation de services en ligne.

Sources : Global Entrepreneurship Summit, 2017 ; Gust, 2016.

Gust dans son rapport Global Accelerator 2016, qui mesure la valeur des investissements dans les jeunes pousses, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni, et la sixième place en ce qui concerne le nombre de jeunes pousses accélérées, derrière les États-Unis, le Royaume Uni, la France, Israël, le Mexique et le Brésil.

Sources : Egusa and O’Shee, 2016 ; Gust, 2016 ; The Economist, 2012b ; West and Karsten, 2015.

Encadré 5.3 (suite)

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dans le cadre de leurs programmes de promotion de l’entreprenariat. Les mesures pouvant être prises pour attirer la diaspora (chap.  3) sont notamment l’octroi de la double nationalité, la mise en œuvre de programmes de soutien aux diasporas, la possibilité donnée à ces dernières de disposer de comptes bancaires locaux en devises étrangères et la réduction du coût des transferts de fonds.

Le passage au numérique et la passation des marchés publics locaux peuvent être mis au service du développement de l’entreprenariat. L’Inde et la République de Corée ont estimé que le secteur des TIC pouvait contribuer à dynamiser l’entreprenariat dans de nouveaux secteurs économiques. Les PMA doivent se positionner de manière à tirer davantage parti des possibilités commerciales offertes par les TIC, soit pour appuyer la transformation structurelle dans des secteurs économiques tels que l’agriculture et l’industrie manufacturière, soit en tant que secteur économique à part entière (UNCTAD, 2017a). Les programmes de passation de marchés publics peuvent en outre servir à stimuler la demande de produits et de services des PME, pour autant qu’ils s’accompagnent de lois et de réglementations appropriées afin d’éviter toute récupération politique.

Le Ministère finlandais du commerce et de l’industrie a fait réaliser une étude internationale des meilleures pratiques (Autio et al., 2007) dans laquelle sont recensés un certain nombre de principes essentiels propres à guider la mise en œuvre de mesures en faveur des PME à forte croissance :

• Être très sélectif, notamment aux derniers stades du développement des entreprises ;

• Exiger des participants qu’ils soient résolus à développer leur entreprise ;

• Détecter précocement les entreprises prometteuses ;

• Aborder les questions de motivation et de compétences en matière de gestion de manière cohérente ;

• Collaborer étroitement avec les prestataires privés de services ;

• Faire preuve de professionnalisme, de compétence et d’une certaine forme d’exclusivité ;

• Maintenir et cibler l’action en faveur du développement ;

• Mener des programmes personnalisés de perfectionnement en gestion qui soient axés sur le partage de l’expérience et l’interactivité ;

• Subordonner la participation et l’octroi de subventions aux aspirations des participants et à la réalisation des objectifs intermédiaires en matière de croissance ;

• Accepter qu’il puisse y avoir des pertes ;

• Associer des gestionnaires chevronnés ayant déjà travaillé dans des entreprises en croissance rapide.

3. Cadre d’action national

Pour créer, soutenir ou dynamiser un entreprenariat porteur de transformation structurelle dans les PMA, il convient de mettre en œuvre un ensemble de politiques verticales et horizontales. Les politiques verticales visent des (types d’) entreprises, des activités ou des secteurs précis qui contribuent notablement à la transformation structurelle et sont au cœur de la politique de l’entreprenariat (au sens strict), dont il est question au chapitre  C de la présente partie. Les politiques horizontales peuvent toucher tous les secteurs, toutes les activités économiques et toutes les entreprises. La section D traite de l’entreprenariat dans le cadre des politiques horizontales, plutôt que de la question des politiques horizontales en général. Cet éventail de politiques, de stratégies et de programmes doit être conçu et mis en place par un État développementiste qui intègre les caractéristiques d’un État entreprenarial.

Le tableau  5.1 présente un cadre d’action national visant à promouvoir un entreprenariat porteur de transformation dans les pays les moins avancés.

Ce cadre est conforme au Cadre directeur pour l’entreprenariat élaboré par la CNUCED.

Le Cadre directeur pour l’entreprenariat de la CNUCED a été lui-même conçu pour faciliter la mise en place d’initiatives, de mesures et d’institutions destinées à favoriser l’entreprenariat, en particulier

Les PMA peuvent faire