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l’investissement étranger direct C

La principale voie d’accès des PMA aux chaînes de valeur mondiales est

l’investissement étranger direct C

V M

Encadré 3.2 Évolution des investissements étrangers directs dans les PMA

Les investissements étrangers directs sont orientés à la baisse depuis 2012. En 2017, les entrées d’IED ont représenté 21 % des entrées totales de capitaux dans les PMA, soit une baisse de 17 %. En revanche, les entrées d’IED dans les PMA asiatiques et les PMA insulaires ont augmenté de 20 %, les progressions les plus rapides étant enregistrées par le Myanmar (+45,2 %) et le Cambodge (+ 12,5 %). En comparaison, les entrées d’IED ont chuté (-18 %) pour la deuxième année de suite en République démocratique populaire lao, en raison du fléchissement des investissements chinois. Même si les entrées globales d’IED dans les PMA africains et Haïti ont diminué de 31 %, principalement à la suite d’un net recul des investissements miniers en Angola et au Mozambique, les perspectives d’IED dans les PMA africains restent bonnes. Les PMA ne captent qu’une faible part (4 % en 2017) des entrées d’IED dans l’ensemble des pays en développement, mais les IED représentent souvent une large part du PIB − par exemple, au Cambodge, à Djibouti, au Lesotho, au Libéria et en Sierra Leone, en 2016.

Sources : UNCTAD, 2018b ; UNCTAD, 2018d.

Figure de l’encadré 3.1

Cinq principaux PMA bénéficiaires d’IED au regard a) du montant (en milliards de dollars), en 2017 et b) du pourcentage du PIB, en 2016

4,3 3,6 2,8 2,3 2,2

a) b)

Myanmar Éthiopie Cambodge Mozambique

Bangladesh 20

13 10

8 7

Libéria Sierra Leone Cambodge Djibouti Lesotho

face à des obstacles au commerce qui sont liés à leurs spécificités, c’est-à-dire l’absence de littoral, l’éloignement par rapport aux grands marchés dynamiques et l’exiguïté des marchés intérieurs, qui limitent les possibilités d’économies d’échelle. Ces dernières décennies, les circonstances ont rendu encore plus difficile pour les PMA d’échapper au piège du sous-développement (UNCTAD, 2016b).

La participation des PMA aux chaînes de valeur mondiales est dans une large mesure freinée par les accords de commerce et d’investissement. La progressivité des droits de douane7 pose un sérieux obstacle, à la fois aux activités de transformation des produits agricoles et aux activités manufacturières, et des crêtes tarifaires restent applicables dans des secteurs et des sous-secteurs importants, dont ceux de l’agriculture, des vêtements, des textiles et des articles en cuir. Un accès préférentiel aux marchés est donc indispensable. Les PMA bénéficient d’un traitement préférentiel au titre d’accords commerciaux bilatéraux, unilatéraux ou internationaux tels que l’Initiative « Tout sauf les armes » de l’Union européenne ou, pour certains d’entre eux, de la loi des États-Unis d’Amérique sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique8. Cependant, tous ces accords commerciaux multilatéraux, régionaux et bilatéraux érodent progressivement les marges préférentielles, jusqu’à rendre ces marchés

moins compétitifs. De plus, les accords commerciaux et les préférences qu’ils accordent sont souvent de portée régionale et font primer le commerce intrarégional sur le commerce interrégional. Or, les accords commerciaux régionaux n’ont pas tous la même capacité de promouvoir les échanges et, par extension, l’entreprenariat.

La principale voie d’accès des PMA aux chaînes de valeur mondiales est l’IED, même si celui-ci a un rôle moins important dans le secteur agricole (encadré 3.2).

Malgré une phase descendante depuis 2012, l’IED

Rapport 2018 sur les pays les moins avancés

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a représenté 21  % des entrées totales de capitaux dans les PMA en 2013-2017 (UNCTAD, 2018b).

Selon la plateforme de la CNUCED sur les politiques d’investissement (http://investmentpolicyhub.unctad.

org/), presque tous les PMA sont parties à des accords bilatéraux d’investissement ou à des accords contenant des dispositions relatives aux investissements.

Si les PMA ont vu leurs exportations croître de 276 % en volume entre 2000 et 2016, leur participation aux chaînes de valeur mondiales reste limitée et n’a progressé que de 2 % par an entre 2010 et 2017. De plus, leurs exportations comptent la plus faible part de valeur ajoutée étrangère (9 %) de l’ensemble des pays en développement (UNCTAD, 2018b). Les PMA sont les principaux pourvoyeurs de matières premières qui serviront, dans d’autres pays et dans plusieurs secteurs, à la fabrication de produits destinés à l’exportation. Autrement dit, leur intégration en aval surpasse leur intégration en amont (fig.  3.3), et ils sont donc tributaires des exportations de produits primaires, y compris de produits primaires issus des océans dans le cas des PMA insulaires. Ces PMA sont toutefois mieux intégrés en amont, compte tenu de l’importance de leurs exportations de services, principalement touristiques. La proximité de l’« usine Asie », qui concentre les activités de production des chaînes de valeur mondiales, et en particulier du pôle de croissance que constitue la Chine, pourrait bien accélérer l’intégration des PMA asiatiques dans les chaînes de valeur régionales et mondiales, d’autant que la hausse des coûts de main-d’œuvre ou la pénurie de personnel incitent de plus en plus les entreprises chinoises, japonaises, thaïlandaises et vietnamiennes à relocaliser ou à externaliser leurs activités dans des pays à moindres coûts salariaux.

Il reste que, dans les PMA asiatiques, la production

destinée aux chaînes de valeur mondiales dépend beaucoup d’entreprises étrangères qui agissent essentiellement en aval, ce qui porte à croire que ces pays ont tiré peu d’avantages de leur intégration.

Rien n’indique qu’une « usine Afrique », comparable à l’« usine Asie », soit sur le point de voir le jour. Les PMA africains sont moins intégrés dans les chaînes de valeur mondiales et, pour beaucoup d’entre eux, demeurent cantonnés dans des segments à faible valeur en amont de la chaîne d’approvisionnement9. En tant que participants aux chaînes de valeur mondiales, les PMA se caractérisent aussi par une production concentrée sur des biens marchands dont l’achat peut être différé facilement10, ce qui constitue souvent pour eux un facteur d’instabilité et les rend particulièrement sensibles aux variations de la demande mondiale (Baldwin, 2009 ; ILO and World Trade Organization, 2011).

2. Participation des PMA aux chaînes de valeur mondiales dans le secteur agricole

Le secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche est le premier employeur dans les PMA, et il confirme de plus en plus sa domination dans certains d’entre eux (UNCTAD, 2015a). S’il contribue généralement peu aux exportations, il est souvent la principale source de moyens de subsistance (UNCTAD, 2015a  ; UNCTAD, 2017i). Au Cambodge, par exemple, l’agriculture représente un tiers du PIB et 80 % des emplois (International Finance Corporation, 2014). De même, au Vanuatu, 77  % des ménages participent aux activités de pêche artisanale11. La pêche, si importante dans les PMA insulaires, est principalement artisanale. La pêche industrielle, pratiquée par des flottes étrangères et dont les produits sont parfois transformés par des entreprises locales, a peu de chances de devenir une activité pérenne dans la plupart des PMA insulaires. Au Vanuatu, la pêche artisanale est pratiquée par 77  % des ménages. En comparaison, au Bangladesh, l’industrie de la pêche contribue pour 4,4 % au PIB et fait vivre, directement ou indirectement, 15 millions de personnes (UNCTAD, 2017i). Dans les PMA, l’agriculture est le secteur qui fait intervenir la plus grande part de valeur ajoutée locale. Cependant, indépendamment des disparités régionales, le secteur se caractérise généralement par une faible productivité. À cet égard, même les PMA asiatiques, qui présentent la productivité agricole la plus élevée, sont largement devancés par la plupart des autres pays asiatiques en développement. La productivité du travail agricole dans les PMA insulaires, même si elle est généralement plus élevée que dans les PMA asiatiques et les PMA africains, est en baisse (UNCTAD, 2015a).

Figure 3.3

Intégration des PMA dans les chaînes de valeur mondiales, par groupe, 2017

(En pourcentage des exportations totales)

Source : Base de données UNCTAD-EORA.

9

Intégration en amont Intégration en aval

69 CHAPITRE 3 : La dimension de l’entreprenariat local dans les systèmes de production mondiaux

Le secteur agroalimentaire et l’agro-industrie se rapportent aux activités de commercialisation et d’ajout de valeur dans le secteur agricole qui sont exercées par des entreprises de préproduction et de postproduction, et à l’établissement de liens entre ces entreprises (FAO, 2013a). Le secteur agroalimentaire recouvre toute la chaîne d’activités, depuis les fournisseurs d’intrants agricoles, les producteurs, les transformateurs, les distributeurs, les négociants et les exportateurs, jusqu’aux détaillants et aux consommateurs12. L’agro-industrie renvoie à la création de liens entre les entreprises et les chaînes d’approvisionnement dans le but de développer, de transformer et de distribuer des intrants et des produits agricoles.

Si les chaînes de valeur mondiales jouent un rôle plus limité dans l’agroalimentaire et l’agro-industrie que dans d’autres secteurs, elles y sont de plus en plus présentes dans le secteur, en raison de l’augmentation des prix mondiaux des produits alimentaires, qui est à la fois une cause et une conséquence de la redistribution de l’activité économique mondiale en direction des pays en développement. Leurs liens avec les secteurs agricole et manufacturier rendent les chaînes de valeur agroalimentaires mondiales particulièrement utiles pour l’entreprenariat et la transformation structurelle dans les PMA.

La dynamique des chaînes de valeur agricoles mondiales varient beaucoup selon les produits et les pays, ce qui empêche toute généralisation à l’échelle du secteur ou à l’échelle des PMA. L’évaluation de la participation des PMA aux chaînes de valeur agricoles mondiales est également rendue difficile par le fait que les études par pays ou par produit offrent une couverture de données hétérogène, renseignent peu sur l’entreprenariat et mettent l’accent sur la modernisation dans des secteurs à faible intensité technologique (DiCaprio and Suvannaphakdy, 2017).

Pourtant, bien que les PMA se caractérisent par l’importance de leur agriculture et qu’ils possèdent un avantage comparatif manifeste dans la production agricole, leur participation aux chaînes de valeur mondiales semble plus limitée dans le secteur agricole que dans d’autres secteurs (Asian Development Bank, 2013). Selon les données de l’Observatory of Economic Complexity (2016) et des études nationales et régionales13, les PMA font surtout partie de chaînes de valeur agricoles nationales et régionales, ce qui s’explique en partie par la prédominance des petites exploitations, de l’agriculture de subsistance et des activités artisanales. En Asie, ce sont généralement les PMA de la région qui fournissent des intrants primaires aux chaînes de valeur régionales centrées

sur les pays en développement asiatiques, dans une région qui constitue le plus important marché au monde pour les produits alimentaires (Timmer, 2013).

Une situation comparable, bien que moins marquée, est également observable en Afrique. Dans le cas des PMA insulaires, l’isolement géographique entrave à la fois l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales et le développement de chaînes de valeur régionales, tandis que le nombre peu élevé d’habitants accentue les difficultés structurelles de ces pays lorsqu’il s’agit d’être compétitifs et d’attirer les investisseurs étrangers.

Cette situation résulte en partie des différences dans les caractéristiques des produits concernés et des mesures appliquées (OECD, 2017c). Au niveau mondial, l’agriculture bénéficie d’importantes mesures de soutien public, dont le ratio coûts-avantages est toutefois contesté14  ; dans les PMA, le soutien à l’agriculture est rendu très difficile par le manque de ressources. De plus, les produits agricoles exportés par les PMA sont souvent transformés dans les pays de destination à des fins de réexportation (OECD, 2017c).

Même si son pouvoir de valorisation est abondamment mentionné dans la littérature économique, la participation des PMA aux chaînes de valeur agricoles mondiales se restreint généralement à des chaînes de valeur nationales peu étendues et à des activités de transformation limitées  ; l’agriculture est le plus souvent dominée par de petites exploitations familiales peu modernisées, comme l’attestent les chaînes de valeur nationales de quatre PMA exportateurs de produits alimentaires et agricoles (encadré  3.3). En conséquence, le signe d’une intégration réussie dans les chaînes de valeur mondiales réside essentiellement dans l’augmentation des volumes d’exportation.

Le choix des politiques et le soutien des pouvoirs publics peuvent avoir un effet sensible sur les chaînes de valeur agricoles. Par exemple, le Rwanda est parvenu à hisser son café du rang de simple produit de base à celui de spécialité gastronomique (World Bank, 2016a). En Guinée-Bissau, en revanche, malgré l’importance économique des noix de cajou, le développement du secteur n’a pas été possible, faute d’un cadre législatif et réglementaire pour structurer le marché (Catarino et al., 2015).

Les préférences commerciales jouent un rôle très important dans la participation des PMA aux chaînes de valeur agricoles mondiales, les droits sur les produits agricoles étant généralement bien plus élevés que ceux qui sont applicables aux articles manufacturés et aux ressources naturelles. Le commerce des produits agricoles, notamment dans les segments de

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niche à forte valeur ajoutée qui présentent un intérêt pour les PMA, pâtit sérieusement de mesures non tarifaires, notamment des normes d’hygiène et de santé, des normes éthiques et environnementales privées et nationales, des obligations de traçabilité et des dispositions réglementaires concernant la taille, la forme et la couleur des produits. Les possibilités de différenciation des produits sont souvent conditionnées par des mesures non tarifaires ayant trait à la certification (Humphrey and Memedovic, 2006 ; UNCTAD, 2015b).

Si l’application de mesures non tarifaires dans le secteur agricole engendre des coûts de mise en conformité pour les entrepreneurs locaux, qui pourront avoir besoin de bénéficier d’une assistance technique et de recourir aux technologies modernes, elle a aussi des effets sur les chaînes de valeur mondiales. Le secteur agroalimentaire est de plus en plus dominé par des chaînes de valeur mondiales qui s’apparentent à celles ordinairement observables dans le secteur manufacturier et qui sont

organisées selon différentes formes de coordination verticale (programmes de plantations satellites, agriculture contractuelle, gestion de produits par les fournisseurs de la grande distribution et contrats de commercialisation) (Humphrey and Memedovic, 2006), ce qui peut aggraver le risque d’abus de position dominante. Par exemple, la traçabilité rapide et précise des produits a pris une importance telle que les entreprises chefs de file des chaînes de valeur mondiales usent de leur influence pour que les producteurs satisfassent à ce critère. Au Malawi, où le tabac est surtout cultivé dans de petites exploitations, les négociants de feuilles de tabac ont pris des mesures en vue de garantir la traçabilité et de maîtriser les coûts de mise en conformité qui sont à l’origine d’une tendance à l’intégration verticale (Moyer-Lee and Prowse, 2012). Ils ont également fait pression pour que le système dynamique et compétitif de vente aux enchères, qui assure des prix plus élevés aux agriculteurs, soit supprimé et laisse place à une agriculture contractuelle.

Encadré 3.3 Chaînes de valeur nationales des principales exportations agricoles de certains PMA exportateurs de produits alimentaires et agricoles

Guinée-Bissau

Les noix de coco, les noix du Brésil et les noix de cajou ont représenté 40,5 % des exportations totales en 2016.

La culture des noix de cajou est principalement le fait de petites exploitations familiales et de coopératives ou d’entreprises de production. Les noix sont vendues à des acheteurs de l’arrière-pays qui sont organisés en réseau et en relation avec des acheteurs dans les zones urbaines, puis sont transportées dans des entrepôts, où elles pourront être séchées, conditionnées et regroupées en lots, ou sont expédiées directement dans la capitale en vue de leur exportation. La quasi-totalité de la production est exportée, à l’état brut, en Chine, en Inde et au Viet Nam pour être transformée, avant d’être commercialisée dans les pays développés.

Malawi

Le tabac brut, surtout cultivé par des petits exploitants et des métayers, a représenté 29 % des exportations totales en 2016. Il est acheté par des négociants internationaux en feuilles de tabac dans le cadre de ventes aux enchères ou de contrats directs à long terme qui instaurent différentes formes de relations avec les cultivateurs de tabac et qui influent donc diversement sur la modernisation des produits et des procédés.

Îles Salomon

Le bois brut a représenté 37  % des exportations en 2016. Les plantations de teck constituent une ressource potentielle non négligeable et au vu des estimations qui ont été faites depuis le début de la culture de ce bois d’œuvre, dans les années 1980, les petits agriculteurs devraient continuer de figurer parmi les principaux producteurs, aux côtés des plantations d’État et des grandes plantations commerciales qui datent des années 1960. Le bois de teck est principalement exporté à l’état brut en Chine, en Inde et au Viet Nam, par l’intermédiaire d’un réseau d’acheteurs internationaux. Une faible proportion du bois est légèrement transformée par des entreprises locales, avant d’être exportée par des négociants et de subir une transformation plus poussée dans les pays de destination. Les Îles Salomon sont aussi le deuxième exportateur mondial de coprah (noix de coco séchée), derrière l’Indonésie. La noix de coco est majoritairement cultivée par de petits exploitants.

Somalie

La Somalie exporte surtout des animaux destinés à l’alimentation, principalement élevés par des pasteurs. Les exportations de viandes réfrigérées sont facilitées par un réseau de courtiers qui font le lien entre les producteurs, les petits négociants et les représentants des exportateurs.

Sources : Australian Centre for International Agricultural Research, 2015  ; Catarino et al., 2015  ; FAO and International Bank for Reconstruction and Development/World Bank, 2018 ; Moyer-Lee and Prowse, 2012 ; Negassa et al., 2012 ; news24, 2017 ; Unfairtobacco, 2016.

71 CHAPITRE 3 : La dimension de l’entreprenariat local dans les systèmes de production mondiaux

Les supermarchés et les autres acteurs de la grande distribution jouent un rôle de plus en plus important dans les chaînes de valeur agricoles mondiales, si bien que l’agriculture contractuelle s’est considérablement développée en réaction aux coûts de transaction élevés sur les marchés étroits et imparfaits des PMA et à la faiblesse des institutions de marché. L’agriculture contractuelle fait l’objet d’une vive controverse ; elle préoccupe en ce qu’elle s’accompagne du risque que les petits agriculteurs ne soient lésés à cause de leur faible pouvoir de négociation, que les producteurs ne soient exploités par des intermédiaires (négociants, courtiers et acheteurs) et que les chaînes de valeur mondiales n’encouragent un entreprenariat destructeur. En réponse à ces préoccupations, les pays ont tenté de resserrer les chaînes de valeur nationales en reliant les producteurs directement aux exportateurs ou aux fabricants et de favoriser le développement de coopératives de producteurs (International Institute for Environment and Development and Sustainable Food Lab, 2011  ; Sustainable Organic Agriculture Action Network, 2013  ; Struthers, 2017  ; Wiegratz, 2016).

L’importance de l’agriculture contractuelle varie beaucoup selon les produits concernés, les marchés de destination et les types d’acheteurs (Minot and Ronchi, 2014). Les coûts fixes élevés de la production sous contrat et les économies d’échelle propres à certaines cultures donnent l’avantage aux moyens et grands exploitants. Cependant, la fragilité de certains produits de grande valeur complique la mécanisation, ce qui peut profiter aux petits exploitants (Bamber et al., 2014)  ; il est en outre établi que l’agriculture contractuelle permet aux petits agriculteurs d’avoir plus sûrement accès à des intrants tels que les semences et les engrais15. Mais des problèmes demeurent. Les plus pauvres et les plus marginalisés sont rarement gagnants et bien peu parviennent à se moderniser ; leur exposition au risque d’être exploités par des tiers contractants sans scrupules fait craindre que les chaînes de valeur mondiales n’encouragent un entreprenariat destructeur (Bamber et al., 2014 ; Women in Informal Employment  : Globalizing and Organizing, 2013 ; Dihel et al., 2017 ; Ethical Trading Initiative, 2005 ; Wiegratz, 2016).

Le fait que les grandes entreprises emploient généralement des techniques plus efficaces et soient mieux à même de respecter les normes publiques et privées contribue à une plus grande concentration à tous les stades de la chaîne de valeur, ce qui a des conséquences pour l’entreprenariat et influe sur les rapports de forces. Au stade des facteurs

Le fait que les grandes entreprises emploient généralement des techniques plus efficaces et soient mieux à même de respecter les normes publiques et privées contribue à une plus grande concentration à tous les stades de la chaîne de valeur, ce qui a des conséquences pour l’entreprenariat et influe sur les rapports de forces. Au stade des facteurs