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à des activités entreprenariales en théorie, mais leur contribution à la

transformation structurelle est limitée

que, pour mener à bien la transformation structurelle des PMA, il faudra sans doute consolider le paysage entreprenarial grâce à la création d’emplois dans des entreprises plus productives et plus innovantes, afin de fournir des emplois salariés aux travailleurs indépendants qui mènent des activités de survie.

2. Caractéristiques des activités entreprenariales dans les pays les moins avancés

On s’accorde de plus en plus à dire qu’il est impossible de pleinement comprendre le rôle de l’entreprenariat dans le développement sans bien distinguer les diverses contributions apportées par différents types d’entrepreneurs (Hessels and Naudé, 2017  ; Margolis, 2014 ; Quatraro and Vivarelli, 2015). À cette fin, on caractérise généralement l’entreprenariat au moyen de dichotomies comme le caractère formel ou informel des entreprises et la motivation fondée sur l’opportunité ou la nécessité. Ces distinctions sont très pertinentes dans les PMA, où elles sont particulièrement marquées. Dans la pratique, cependant, il est problématique de distinguer les entreprises à des fins d’analyse sur la base de critères administratifs ou essentiellement subjectifs, tels que ceux fondés sur la motivation, et le passage d’une catégorie à une autre n’est aucunement un fait rare. Les entreprises informelles peuvent devenir formelles, tout comme les entrepreneurs agissant par nécessité peuvent, avec le temps, développer des entreprises mues par l’opportunité. En outre, bien qu’elles soient étroitement liées, les distinctions entre formalité et informalité et entre opportunité et nécessité ne sont absolument pas coextensives (Amin and Islam, 2015  ; Desai, 2011). Si elle est bien contextualisée et interprétée, la comparaison de différents indicateurs de l’entreprenariat peut néanmoins fournir des indications importantes sur la nature de l’entreprenariat dans les PMA.

a. Formalité et informalité

La distinction la plus évidente est celle entre entreprises formelles et entreprises informelles. L’absence de données systématiques et complètes fait obstacle à une évaluation formelle, mais il est possible d’évaluer indirectement la présence de l’entreprenariat informel d’après la taille de l’économie informelle dans les PMA. Selon une étude récente portant sur 158 pays, l’économie souterraine (définie comme l’ensemble des activités économiques dissimulées aux autorités officielles pour des raisons financières, réglementaires ou institutionnelles) représente, en moyenne, environ 35 % du PIB des PMA, contre une moyenne mondiale de 27,7 % (fig. 2.8). Cependant, la taille généralement

plus petite des entreprises informelles donne à penser qu’elles représentent une proportion nettement plus grande des entreprises.

La prédominance des petites entreprises et des entreprises informelles dans les PMA est également démontrée par l’écart entre les indicateurs de l’entreprenariat résultant d’une conception fondée sur le travail et la densité des nouvelles entreprises mesurée par le nombre d’enregistrements de sociétés à responsabilité limitée. Contrairement aux chiffres concernant les activités entreprenariales, la densité des nouvelles entreprises reste très faible dans les PMA par rapport à ce que l’on observe à l’échelle mondiale, malgré quelques signes de dynamisme12. Les mesures de l’entreprenariat fondées sur les entrepreneurs naissants et débutants sont généralement près de 10 fois plus élevées que celles qui s’appuient sur la densité des nouvelles entreprises, ce qui signifie que la grande majorité des nouvelles entreprises ne relèvent pas de cette dernière catégorie (Acs et al., 2008 ; Desai, 2011).

b. Opportunité et nécessité

La distinction entre les entrepreneurs motivés par l’opportunité et ceux qui agissent par nécessité revêt une importance particulière dans les PMA, étant donné le rôle clef des premiers dans la transformation structurelle (African Development Bank et al., 2017 ; Brixiova, 2010  ; Struthers and Nziku, 2018). Bien qu’étroitement liées, les dichotomies formel/informel et opportunité/nécessité ne sont en aucun cas équivalentes, puisque de nombreuses entreprises motivées par l’opportunité peuvent décider de rester dans le secteur informel afin de ne pas s’exposer (Amin and Islam, 2015 ; voir sect. D).

Il existe des variations d’un PMA à l’autre, mais dans l’ensemble, l’indice de motivation est particulièrement faible dans ces pays, ce qui s’explique par la proportion relativement élevée d’entrepreneurs mus par la nécessité. En moyenne, les nouveaux entrepreneurs sont 1,7 fois plus nombreux à se déclarer motivés par l’opportunité que par la nécessité dans les PMA, alors que ce rapport est de 2,8 fois dans les autres pays en développement et de 3,6 dans les pays développés

Rapport 2018 sur les pays les moins avancés

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Figure 2.8

Part de l’économie souterraine dans le produit intérieur brut, 2013-2015 (En pourcentage)

0 10 20 30 40 50 60

Angola Bangladesh nin Bhoutan Burkina Faso Burundi Cambodge p. centrafricaine Tchad Comores p. dém. du Congo Érythrée Éthiopie Gambie Guinée Guinée-Bissau Haïti p. dém. populaire lao Lesotho Libéria Madagascar Malawi Mali Mauritanie Mozambique Myanmar pal Niger Rwanda négal Sierra Leone Îles Salomon Togo Ouganda p.-Unie de Tanzanie men Zambie

Moyenne mondiale

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après des données du Fonds monétaire international (International Monetary Fund, 2018).

et les pays en transition (fig. 2.9). Au niveau national, la proportion d’entrepreneurs au stade précoce qui sont motivés par la nécessité va de 22 %, en Éthiopie, à 47 %, au Malawi et à Vanuatu.

Il convient d’interpréter ces chiffres avec une certaine prudence, étant donné la taille réduite de l’échantillon et, surtout, le caractère subjectif de la distinction entre ces deux catégories de motivation, qui dépend des perceptions des sondés (encadré 2.1). Ainsi, une femme qui vend du maïs ou du café dans la rue ou un homme qui attend un passager à transporter en moto sur un marché exploitent peut-être des possibilités commerciales, mais leurs activités ne sont pas novatrices et sont peu susceptibles de déboucher sur des gains de productivité appréciables. Ces entreprises s’apparentent davantage au sous-emploi tel que décrit dans Lewis (1954) qu’à des entreprises porteuses de transformation.

c. Innovation

Globalement, la place de l’innovation parmi les nouveaux entrepreneurs est semblable à celle de

la motivation, quels que puissent être le degré de dépendance à l’égard du point de référence et les perceptions éventuellement faussées du caractère innovant des produits. Les études de cas menées dans les PMA africains montrent ainsi que les

«  entreprises mimétiques  », fondées sur l’imitation d’activités existantes, prédominent quand le niveau de développement est faible et constituent la voie la plus courante pour les entrepreneurs qui agissent selon une logique de survie (GEM, 2015 ; Herrington and Kelley, 2013 ; Wyngaard, 2015). En moyenne, seuls 15 % des jeunes entrepreneurs des PMA déclarent avoir lancé un nouveau produit ou service qui est offert par peu d’autres entreprises, ce qui est nettement inférieur à la proportion de 24 % observée dans les autres pays en développement et à celle de 28 % constatée dans les pays développés et les pays en transition13. Les activités entreprenariales à l’initiative d’employés, entre autre le fait de mettre au point ou de lancer de nouveaux biens ou services et celui de créer de nouvelles unités d’entreprise, sont aussi moins fréquentes généralement dans les PMA que dans les autres groupes de pays.

35 CHAPITRE 2 : Vers une évaluation nuancée du paysage entreprenarial des pays les moins avancés

Figure 2.9

Indice de motivation dans certains PMA et par groupe de pays, dernière année pour laquelle des données sont disponibles

0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0

Angola Bangladesh Burkina Faso Éthiopie Madagascar Malawi Sénégal Ouganda Vanuatu Zambie Pays les moins avancés Autres pays en développement Pays développés et pays en transition

PMA considérés individuellement Moyenne non pondérée par groupe de pays

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données du GEM.

Note : Le GEM définit l’indice de motivation comme le rapport entre le nombre de personnes motivées par l’opportunité et le nombre de personnes agissant par nécessité, parmi l’ensemble des entrepreneurs comptabilisés dans l’activité entreprenariale totale au stade précoce.

d. Composition sectorielle

Le manque d’innovation transparaît dans la composition sectorielle des activités dans les PMA, où l’on a une prépondérance des activités dont l’accès est peu restrictif et qui demandent des compétences limitées14. Dans les neuf PMA pour lesquels des données sont disponibles, la plus grande partie des activités sont des services aux consommateurs (services personnels, services sociaux et récréatifs, commerce de détail, activités liées aux véhicules automobiles, services d’hébergement et de restauration, santé et éducation), qui occupent en moyenne 63  % des nouveaux entrepreneurs et 57 % des entreprises établies (fig. 2.10). À l’inverse, les activités qui constituent la pierre angulaire de la transformation structurelle − celles que le GEM classe dans le secteur de la transformation (construction, activités manufacturières, transports, communication, services d’utilité publique et commerce de gros) et les services aux entreprises (finance, assurances, immobilier et tous les autres services fournis aux entreprises) − jouent un rôle beaucoup plus modeste.

Seulement 15  % des nouveaux entrepreneurs et 20 % des entreprises établies opèrent dans le secteur de la transformation et seulement 6  % et 3  %, respectivement, dans les services aux entreprises.

Les secteurs extractifs (agriculture, sylviculture, pêche et activités minières) ne semblent occuper une place importante qu’au Burkina Faso, en Ouganda et au Yémen et, dans une moindre mesure, au Bangladesh et à Vanuatu.

Cette situation est très différente de celle que l’on observe dans les autres pays en développement et les pays développés, où le secteur de la transformation et les services aux entreprises occupent une place bien plus grande. Dans les autres pays en développement, en moyenne, 23  % des nouveaux entrepreneurs travaillent dans le secteur de la transformation (parmi les PMA, seul le Bangladesh affiche une proportion aussi élevée) et 10  %, dans les services aux entreprises. Le contraste avec les pays développés et les pays en transition est encore plus marqué  : en moyenne, 25  % des nouveaux entrepreneurs y travaillent dans le secteur de la transformation et 27 %, dans les services aux entreprises.

Ces résultats tiennent pour beaucoup à ce que la diversification économique a peu progressé jusqu’à maintenant dans les PMA et au fait que la création d’emplois non agricoles est concentrée dans des services à faible productivité, ce qui se traduit par une augmentation faible ou nulle de la productivité du travail (UNCTAD, 2015a  ; UNCTAD, 2016a). Depuis

Rapport 2018 sur les pays les moins avancés

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Figure 2.10

Composition sectorielle de l’entreprenariat au stade précoce et des entreprises établies dans certains PMA, dernière année pour laquelle des données sont disponibles

(En pourcentage)

a) Entreprenariat au stade précoce b) Entreprises établies

83

58 47

59 84

49 63

55 79

0 25 50 75 100

Angola Bangladesh Burkina Faso Éthiopie Malawi Ouganda Vanuatu men Zambie

Services aux entreprises Services aux consommateurs Secteur extractif Secteur de la transformation 80

52 40

50 59

31

66 62 78

0 25 50 75 100

Angola Bangladesh Burkina Faso Éthiopie Malawi Ouganda Vanuatu men Zambie

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données du GEM.

Note : Les chiffres se fondent sur les données nationales complètes de la base de données du GEM.

Les entreprises d’imitation constituent