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peuvent contribuer à renforcer la crédibilité des entreprises participantes

125 CHAPITRE 5 : Des mesures en faveur d’un entreprenariat porteur de transformation

Encadré 5.1 Finlande : Une perspective historique des mesures en faveur de l’entreprenariat à forte croissance L’expérience finlandaise en matière d’élaboration de mesures en faveur de l’entreprenariat à forte croissance montre qu’une politique judicieusement conçue peut influer sur le développement des nouvelles entreprises. Il en ressort en outre que la mise en œuvre de programmes très sélectifs fondés sur la soif de croissance, sur l’apport d’un soutien à chaque étape de la réalisation des objectifs fixés et sur une collaboration active public-privé peut favoriser l’essor des nouvelles entreprises.

Le développement économique, et notamment la transformation structurelle, dépendent du dynamisme des entreprises, lequel repose sur l’innovation. Étant donné que toutes les nouvelles entreprises ne contribuent pas dans la même mesure au développement économique, l’accent devrait être mis sur les nouvelles entreprises innovantes. Pourtant, le déficit de financement et de compétences, en particulier les difficultés d’accès aux sources de financement et aux ressources d’exploitation, entravent la croissance de ce type d’entreprises. En Finlande, par exemple, trop peu de professionnels expérimentés choisissent l’entreprenariat. Les pouvoirs publics finlandais se sont donc employés à remédier au déficit de financement et de compétences dans l’entreprenariat et à aider ainsi les nouvelles entreprises innovantes à croître plus rapidement.

La politique finlandaise de l’entreprenariat est unique en ce sens qu’elle s’inscrit dans un système cohérent. Les programmes publics ne sont pas élaborés et mis en œuvre séparément les uns des autres. Au contraire, ils se complètent et se soutiennent mutuellement. Leur processus de planification et de mise en œuvre est mené en étroite collaboration avec les pouvoirs publics, les investisseurs en capital-risque et les entrepreneurs. Deux programmes phares, le programme Young Innovative Company (« jeunes entreprises innovantes ») de l’Agence finlandaise de financement de la technologie et de l’innovation et le programme Vigo Accelerator du Ministère de l’emploi et de l’économie sont mis en œuvre depuis 2007 et 2009, respectivement. Ils sont complémentaires l’un de l’autre.

Le programme Young Innovative Company propose des services de renforcement des capacités de croissance et des services de transition. Il permet de financer les services de consultants spécialisés portant sur la planification de l’activité, l’élaboration de stratégies de croissance et le renforcement des compétences de gestion. Il vise en outre à faciliter la mise en réseau des participants, l’établissement de liens avec des investisseurs nationaux et internationaux en capital-risque, ainsi que l’échange d’expériences et de bonnes pratiques. Il fonctionne comme un mécanisme de certification qui renforce la crédibilité des participants. L’Agence finlandaise de financement de la technologie et de l’innovation sélectionne les candidats sur recommandation d’un groupe externe composé d’experts en création d’entreprises et d’investisseurs en capital-risque. Elle fixe des objectifs intermédiaires précis que les candidats sélectionnés devront atteindre pour continuer à bénéficier du programme. Les participants sont tenus, dans un premier temps, de démontrer leur capacité à être compétitifs sur les marchés internationaux. Ils présentent ensuite leurs résultats à un comité d’évaluation composé d’investisseurs en capital-risque, d’investisseurs providentiels et de dirigeants d’entreprise. La deuxième étape consiste à attirer des financements extérieurs et des ingénieurs ainsi qu’à maintenir une croissance rapide. Le programme Young Innovative Company, qui met l’accent sur la sélection, la volonté de croître, le renforcement des capacités, l’apport d’une aide concrète, le travail en réseau, la collaboration public-privé et l’établissement d’objectifs de résultat, présente toutes les caractéristiques essentielles d’une initiative publique de promotion de l’entreprenariat à forte croissance.

Le programme Vigo Accelerator, quant à lui, vise essentiellement à soutenir la constitution d’un vivier de nouveaux chefs talentueux d’entreprises à forte croissance. Dans cette optique, un groupe d’investisseurs en capital-risque participe aux projets des nouveaux entrepreneurs. Des fonds suffisants doivent provenir des secteurs public et privé. Soutenu par des établissements de recherche, de grandes entreprises et des établissements d’enseignement qui apportent tout un éventail d’innovations technologiques et autres, le programme a de bons résultats qui se traduisent par des retombées bénéfiques dans les domaines social et économique et par la création de nouvelles entreprises à forte croissance, dès lors que tous les facteurs sont réunis.

Le programme Vigo Accelerator est étroitement lié au programme Young Innovative Company. Les entreprises privées participantes investissent dans des entreprises à fort potentiel de croissance qu’elles contribuent à gérer, en apportant leur expérience, leurs connaissances et une aide pratique. Elles investissent leurs propres fonds en prenant des participations dans les entreprises à fort potentiel de croissance qui figurent dans leur portefeuille et sont censées contribuer à lever des fonds propres supplémentaires auprès d’autres investisseurs. Des organismes du secteur public proposent des services de coordination et aident les entreprises participant au programme à obtenir des aides publiques, comme dans le programme Young Innovative Company. À l’image de ce dernier, le programme Vigo Accelerators a été conçu et est mis en œuvre dans le cadre d’un dialogue continu entre les secteurs public et privé. En mettant en relation de nouveaux entrepreneurs avec des professionnels expérimentés, il encourage le développement des entreprises faisant partie du portefeuille d’investissements et stimule l’intérêt des investisseurs.

Une analyse empirique confirme que les résultats supérieurs obtenus par les participants au programme Young Innovative Company sont essentiellement liés à leur participation au programme et pas seulement au fait que les meilleures entreprises y prennent part, et qu’ils peuvent être attribués à une confiance accrue en soi et à la certification.

Rapport 2018 sur les pays les moins avancés

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La Finlande a également encouragé activement l’enseignement et la formation techniques et professionnels ainsi que l’apprentissage tout au long de la vie. L’éducation à l’entreprenariat a également été généralisée à tous les niveaux de l’enseignement. Le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède ont mis en place un modèle d’éducation à l’entreprenariat qui se distingue de ceux d’autres pays et présente les caractéristiques communes suivantes : une coopération interministérielle est en place ; les organisations de jeunes entrepreneurs et de jeunes entreprises jouent un rôle clef  ; les établissements éducatifs sont pleinement autonomes, sous réserve que les cours dispensés se conforment au cadre national d’acquisition des qualifications ou aux orientations générales de l’éducation à l’entreprenariat ; les entreprises participent activement ; des cours d’entreprenariat sont dispensés à tous les niveaux et dans tous les types d’enseignement ; les enseignants font office de facilitateurs.

Sources : Clement et al., 2016 ; Rannikko and Autio, 2015.

Encadré 5.1 (suite)

ouvrent des marchés d’autre part. Ainsi, l’initiative Make in India, qui vise à élargir les débouchés commerciaux pour les jeunes entreprises indiennes, complète l’initiative Start-up India qui a pour but de favoriser l’innovation. L’objectif de la politique commerciale rwandaise « Made in Rwanda » est de favoriser le développement du marché intérieur et de soutenir la transformation économique du pays. Il est plus particulièrement de renforcer la compétitivité de l’économie rwandaise et d’améliorer la balance commerciale du pays en reconquérant une partie du marché rwandais des importations et en renforçant la compétitivité des producteurs rwandais sur les marchés d’exportation afin de créer des emplois productifs dans des entreprises dynamiques et résilientes (Rwanda, 2017).

Le cas du Chili montre combien il importe d’assurer la continuité des programmes eu égard à l’évolution de la situation politique nationale, mais aussi de faire preuve de flexibilité face aux défauts de conception des programmes. Le programme Start-up Chile est resté inchangé et a vu son budget augmenter constamment malgré les changements de gouvernement. Dans le même ordre d’idées, le programme Scale a été créé dans le cadre de Start-up Chile pour remédier au faible taux de rétention des entrepreneurs diplômés.

En confiant à un seul organisme autonome un mandat clair, il est possible de s’affranchir de toute ingérence politique. Il est essentiel de garantir l’indépendance, la transparence et la responsabilisation pour empêcher la récupération par des groupes d’intérêts : les décisions concernant la sélection des entreprises et leur maintien dans les programmes d’appui devraient être aussi objectives et impartiales que possible, notamment en faisant appel, comme en Finlande, à des groupes tiers, ou en renforçant les mécanismes de gouvernance pour le développement.

La recherche-développement joue un rôle essentiel à toutes les étapes de la vie d’une entreprise. Outre les innovations radicales qui entraînent la création d’entreprises, les innovations graduelles sont aussi des facteurs essentiels de la croissance et de la

survie des entreprises. Les pôles d’apprentissage, d’innovation et de créativité qui regroupent des universités, des écoles, des instituts de recherche et de formation professionnelle et des laboratoires de recherche peuvent apporter aux entreprises de nouvelles idées tout au long du cycle de vie de ces dernières. Les quatre pays examinés ont établi des réseaux de parties prenantes qui soutiennent le développement de l’entreprenariat. Il peut être utile d’encourager les regroupements d’entreprises dans les secteurs économiques considérés comme prioritaires au titre des plans nationaux de développement et des politiques industrielles, à l’exemple de la Creative Economy Valley de Pangyo au sud de Séoul (UNCTAD, 2013a).

Toutes ces études de cas montrent clairement que les investisseurs en capital-risque jouent un rôle crucial dans le développement de l’entreprenariat.

Dans le contexte des PMA, il convient donc d’élaborer une stratégie claire de mobilisation des ressources permettant de recenser les sources de capital de lancement provenant des secteurs public et privé et de prendre des mesures visant à attirer les investisseurs en capital-risque nationaux, régionaux et internationaux, dans le cadre d’une stratégie globale de développement du secteur financier.

Les programmes de développement de l’entreprenariat devraient aussi prévoir une stratégie de sortie pour les jeunes entreprises et les entreprises en faillite. En République de Corée, le plan de développement de l’économie créative, mené par l’Administration des petites et moyennes entreprises (Small and Medium Business Administration), est axé sur la création d’un cycle vertueux de « démarrage, croissance, amortissement des investissements et redémarrage ». Le troisième élément du programme vise à améliorer les régimes de manière à favoriser la clémence en cas de faillite et à faciliter le redémarrage. L’Administration des petites et moyennes entreprises a pour objectif de réformer les dispositifs qui ont fait obstacle au redémarrage des entreprises (UNCTAD, 2013a).

127 CHAPITRE 5 : Des mesures en faveur d’un entreprenariat porteur de transformation

Encadré 5.2 République de Corée : Revitalisation de l’économie grâce aux petites et moyennes entreprises En République de Corée, le modèle de développement économique, largement fondé sur les grands groupes industriels, a commencé à montrer ses limites dans les années 1990. Depuis, le Gouvernement accorde une attention croissante au rôle que peuvent jouer les PME dans la politique industrielle et technologique et dans le développement de nouveaux moteurs de croissance du pays, en mettant l’accent sur la création de jeunes pousses et sur le renforcement des PME existantes.

Le Gouvernement a mis en place un système de certification et de soutien des sociétés de capital-risque. La loi spéciale visant à promouvoir ces sociétés a été promulguée en 1997 et les modalités de certification ont fait l’objet d’une réglementation établie par l’Administration des petites et moyennes entreprises. Les sociétés sont certifiées sur la base de critères relatifs aux investissements, aux dépenses de recherche-développement et au bilan d’activité.

De plus, le Gouvernement sélectionne et soutient les entreprises qui sont considérées comme innovantes et actives depuis au moins trois ans, en fonction des critères définis dans le Manuel d’Oslo, établi par l’OCDE et Eurostat, qui ont trait notamment à la capacité d’innovation, à la commercialisation et à la gestion des innovations ainsi qu’aux résultats en matière d’innovation. Ces entreprises peuvent demander à bénéficier d’une série de mesures de soutien public. Le système de certification des entreprises de capital-risque innovantes que le Gouvernement a adopté vise trois des principaux objectifs de l’action en faveur des PME. Ces objectifs sont les suivants : aider en priorité les entreprises admissibles, volontaires et capables de se conformer aux orientations publiques ; faire de ce soutien un moyen de communication et de promotion des orientations publiques ; et inciter les entreprises à évoluer volontairement vers le type d’entreprise que le Gouvernement souhaite développer conformément à son programme industriel et technologique.

L’Administration des petites et moyennes entreprises joue un rôle central dans le soutien aux PME et aux jeunes pousses et reçoit dans ce cadre l’appui des ministères ci-après : Ministère de la culture, des sports et du tourisme ; Ministère de l’éducation ; Ministère de l’emploi et du travail ; Ministère de la science, des TIC et de la planification ; Ministère de la stratégie et des finances ; et Ministère du commerce, de l’industrie et de l’énergie. En République de Corée, le soutien aux jeunes entreprises est assuré tout au long de leur cycle de vie et comprend deux volets : la recherche-développement et la commercialisation. Le processus de sélection et de commercialisation des idées se divise en six étapes : choix d’une idée commercialisable, élaboration du concept, planification de la recherche-développement, activités de recherche-recherche-développement, commercialisation et publicité. Étant donné les ressources nécessaires aux activités de recherche-développement, les quatre premières étapes sont coordonnées par le Ministère de la science, des TIC et de la planification. Les deux dernières étapes sont coordonnées par le Ministère de la stratégie et des finances. L’Administration des petites et moyennes entreprises intervient dans différents domaines, notamment en mettant en œuvre des programmes de financement direct des activités de recherche-développement des jeunes entreprises, en élaborant des modèles d’activité, en soutenant financièrement les activités des jeunes pousses et en leur apportant indirectement un soutien grâce à des mesures qui visent à améliorer l’environnement commercial et les infrastructures. Les programmes d’appui du Ministère des sciences, des TIC et de la planification sont axés sur la promotion et la commercialisation des innovations fondées sur les TIC ainsi que sur le renforcement des infrastructures en vue de favoriser l’éclosion d’idées et de faciliter leur commercialisation. Les autres ministères se consacrent aux questions plus particulières relevant de leur mandat qui sont liées aux nouvelles entreprises et aux autres entreprises. Ainsi, le Ministère du commerce, de l’industrie et de l’énergie soutient les jeunes entreprises du secteur de l’énergie.

Les investisseurs en capital-risque