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les grandes entreprises semblent jouer un rôle clef dans l’approfondissement du

capital et l’amélioration de la productivité

55 CHAPITRE 2 : Vers une évaluation nuancée du paysage entreprenarial des pays les moins avancés

coûts et des délais de l’immatriculation, un nombre important d’entrepreneurs informels ne voient aucun avantage à tirer du passage à l’économie formelle, et de plus en plus de données permettent de penser que certains d’entre eux n’enregistrent pas leur entreprise tant qu’ils ne sont pas convaincus que leur modèle d’activité donnera de bons résultats après l’immatriculation. Par conséquent, bien qu’il puisse être bénéfique de réduire les coûts de la procédure d’immatriculation et d’en améliorer l’efficacité administrative, il importe tout autant d’accroître les avantages qui en découlent, en favorisant un cercle vertueux de croissance et d’augmentation de la productivité dans les entreprises formelles, et d’aider les jeunes entreprises dans leurs études de marché.

Une approche plus nuancée est également nécessaire dans la perspective du développement des entreprises. La capacité de création brute d’emplois des jeunes pousses, des microentreprises et des PME suscite un enthousiasme compréhensible, mais souvent excessif. Les microentreprises et les PME occupent une place prédominante dans le paysage entreprenarial des PMA et jouent incontestablement un rôle clef dans la création d’emplois, notamment parce que les nouveaux arrivants dont la taille n’est pas optimale doivent se développer pour réaliser des économies d’échelle qui leur permettront de survivre.

Toute une série d’études font toutefois état de taux de survie remarquablement faibles parmi les jeunes entreprises, en particulier les plus petites d’entre elles, ce qui implique la suppression d’un grand nombre d’emplois dont il est rarement tenu compte, à cause du manque de données longitudinales. Les grandes entreprises semblent également obtenir de meilleurs résultats que les petites sur le plan de la croissance de la productivité, sans doute par ce qu’elles réalisent des économies d’échelle appréciables dans différents

secteurs ; cela fait ressortir qu’il importe de remédier au problème du «  milieu absent  » et de mettre en place un réseau d’entreprises plus équilibré, uni par des liens de production plus denses.

Les jeunes entreprises peuvent jouer un rôle clef dans la transformation structurelle, notamment en stimulant la concurrence, en défiant les entreprises existantes et en introduisant des innovations. Dans la pratique, toutefois, rares sont celles qui y parviennent sur une période prolongée. Par conséquent, bien que des mesures politiques universelles comme l’amélioration de l’environnement économique ou le renforcement de la formation à l’entreprenariat aient assurément une certaine utilité, il est également indispensable d’apporter un soutien bien ciblé aux entreprises qui ont un potentiel de croissance élevé pour en favoriser la pérennité. Cela est d’autant plus nécessaire dans les PMA, étant donné leurs sérieuses difficultés budgétaires et le grand nombre de bénéficiaires potentiels de toute subvention implicite ou explicite, en l’absence de critères de sélection adéquats.

Pour que l’entreprenariat contribue davantage à la transformation structurelle, il faut donc élaborer

− outre une description méticuleuse et systématique du paysage entreprenarial dans plusieurs dimensions complémentaires (suivant les méthodes du cadre de mesure de l’OCDE et d’Eurostat, par exemple), qui soit adaptée aux particularités des PMA  − un cadre de politique industrielle dynamique, qui comprenne un dispositif incitant les entreprises à améliorer leurs résultats et qui mette la discipline de marché au service de l’innovation tout en limitant la recherche de rentes. Il faut également adopter des approches audacieuses pour exploiter le commerce et l’investissement internationaux de façon à favoriser la transformation structurelle.

Rapport 2018 sur les pays les moins avancés

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Notes

1 Cela n’est pas nécessairement vrai dans le cas des enquêtes spécialisées qui sont axées sur l’entreprenariat, comme les enquêtes sur la population adulte menées par le Global Entrepreneurship Monitor (GEM).

2 C’est pourquoi le cadre de mesure de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et d’Eurostat, par exemple, ne s’appuie pas sur un indicateur synthétique unique, mais plutôt sur un ensemble articulé d’indicateurs visant à décrire les déterminants de l’entreprenariat, les résultats des entreprises et les incidences qui en découlent (Ahmad and Hoffman, 2007 ; Ahmad and Seymour, 2008).

3 Voir www.doingbusiness.org/data/exploretopics/

entrepreneurship.

4 On utilise le PIB par personne employée de préférence au PIB par habitant pour exclure l’effet de la variation du taux d’activité d’un pays à l’autre.

5 La relation en U postulée entre le taux d’entreprenariat et le PIB par habitant (fig. 2.2 a) et b)) peut s’expliquer au moins en partie par le caractère paramétrique de l’estimation. On suppose que la courbe ajustée de la figure 2.2 c) est également quadratique, comme celles de la figure 2.2 a) et b), mais le coefficient du terme quadratique est proche de zéro et beaucoup plus petit que le coefficient du terme linéaire.

6 Les moyennes non pondérées de la part du travail indépendant dans l’emploi, de l’activité entreprenariale totale au stade précoce et de la densité des nouvelles entreprises dans les PMA sont respectivement de 70  %, de 30  % et de 0,78  %, contre 37 %, 16 % et 4,14 % dans les autres pays en développement.

7 Les principales exceptions à cette tendance sont des pays touchés par des conflits comme l’Afghanistan et la République démocratique du Congo.

8 Les chiffres de l’Érythrée sont très différents des autres, les employeurs y représentant la majorité des travailleurs indépendants, mais cela est probablement lié à des politiques comme la politique relative au service national et à leurs effets sur le marché du travail (Kibreab, 2009  ; Human Rights Watch, 2017 ; Valensisi and Gauci, 2013).

9 Les équipes nationales du GEM réalisent les enquêtes sur la population en utilisant des échantillons nationaux représentatifs d’au moins 2  000  personnes dans différents pays, selon une méthode standard, pour évaluer l’importance et la nature de l’activité entreprenariale dans le monde. Le processus de collecte des données varie légèrement d’un pays à l’autre, mais repose

principalement sur des entretiens effectués par téléphone fixe, auxquels s’ajoutent quelques entretiens réalisés en personne ou par téléphone mobile, dans les zones où le réseau téléphonique fixe est limité.

10 Dans les PMA, 61  % des adultes (moyenne non pondérée) jugent qu’il y a de bonnes possibilités de créer une entreprise, contre 49  % dans les autres pays en développement et 42  % dans les pays développés ou les pays en transition  ; 70  % des adultes des PMA estiment posséder les compétences requises, contre 59  % dans les autres pays en développement et 44  % dans les pays développés ou les pays en transition.

11 Dans les PMA, 35  % des adultes (moyenne non pondérée) affirment qu’ils renonceraient à créer une entreprise à cause de la crainte de l’échec, contre 33  % dans les autres pays en développement et 37  % dans les pays développés ou les pays en transition.

12 Le nombre de sociétés à responsabilité limitée nouvellement immatriculées dans les PMA a presque doublé, passant de 31  896 en 2006 à 61 257 en 2016. Ce dernier chiffre est comparable à ceux de l’Indonésie et des Pays-Bas.

13 Moyennes non pondérées de toutes les régions.

On aboutit aux mêmes conclusions si l’on utilise les valeurs médianes.

14 Les catégories de secteur utilisées dans ce paragraphe sont celles du GEM et diffèrent des catégories standard de la CNUCED. Les enquêtes sur la population adulte du GEM peuvent sous-estimer l’entreprenariat rural parce qu’elles reposent principalement sur des entretiens téléphoniques.

15 Le GEM évalue les cessations d’activité sur la base de la question suivante  : «  Au cours des douze derniers mois, avez-vous vendu, fermé, ou quitté une entreprise que vous possédiez et dirigiez, ou cessé une forme quelconque de travail autonome ou une activité de vente de biens ou de services ? » (voir www.gemconsortium.org/wiki/1184).

16 Cet équilibre hommes-femmes est conforme aux observations faites dans GEM (2017) et GEM (2018), si l’on tient compte des différences en matière de classification des pays.

17 Angola (2010), Burkina Faso (2009), Madagascar (2009), Mali (2010), Myanmar (2014), Népal (2009), République démocratique du Congo (2013), Rwanda (2011).

18 Les chiffres sont les suivants  : 89  % en Angola  ; 60  % au Burkina Faso  ; 79  % au Mali  ; 50  % au Népal ; 56 % ; 51 % en République démocratique du Congo ; au Rwanda.

19 Voir www.enterprisesurveys.org/methodology.

57 CHAPITRE 2 : Vers une évaluation nuancée du paysage entreprenarial des pays les moins avancés

20 Les enquêtes concernant la Gambie (2006) et la Guinée-Bissau (2006) n’ont pas été utilisées, en raison de problèmes de comparabilité.

21 Des enquêtes distinctes ont été consacrées aux microentreprises et aux entreprises informelles dans certains pays, par exemple celles qui sont mentionnées dans la section  D, mais elles ne sont pas comparables aux enquêtes standard car elles se fondent sur des méthodes différentes et comportent souvent des caractéristiques propres au pays en question.

22 La variable correspondante vaut 1 si l’entreprise a déclaré avoir innové aussi bien sur le plan des produits que sur celui des procédés, l’idée étant d’adopter une approche prudente.

23 Une explication plausible de ce résultat concerne le niveau d’instruction des dirigeants et ses liens avec les tendances en matière de participation des

femmes au capital et à la gestion des entreprises.

Toutefois, le manque de données empêche de vérifier formellement cette hypothèse. La présence de femmes propriétaires et/ou de dirigeantes dans l’échantillon semble plus forte dans quelques PMA (Bangladesh, Cambodge, Madagascar, Myanmar, République démocratique populaire lao et Zambie) où le niveau d’instruction est plus élevé et moins marqué par les inégalités entre les sexes. De plus, certaines données portent à croire que l’incidence de l’éducation sur les résultats des entreprises tend à être plus prononcée dans les entreprises appartenant à des femmes que dans celles qui appartiennent à des hommes (De Vita et al., 2014).

24 L’inverse est vrai dans le sous-échantillon des entreprises du secteur des services, mais dans ce cas, le coefficient de signification dépasse à peine le seuil de 10 %.

MODERNISATION DES PRODUITS

MODERN

ISATION DES PROCÉDÉS

MODERNISAT ION FONCTIONNELL

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MODERNISATION