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Le point faible des entreprises des PMA est leur capacité de connectivité

97 CHAPITRE 4 : L’entreprenariat dans les pays les moins avancés : Principaux obstacles et cadres directeurs applicables

Figure 4.3

Compétitivité des petites et moyennes entreprises, par capacité, dans certains pays les moins avancés (En pourcentage)

0 10 20 30 40 50 60 70 80

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

Bangladesh Bhoutan Burkina Faso

Cambodge Guinée Madagascar Malawi Népal Rwanda Sénégal Rép.-Unie

de Tanzanie Bangladesh Bhoutan Burkina

Faso

Cambodge Guinée Madagascar Malawi Népal Rwanda Sénégal Rép.-Unie

de Tanzanie Bangladesh Bhoutan Burkina

Faso

Cambodge Guinée Madagascar Malawi Népal Rwanda Sénégal Rép.-Unie

de Tanzanie

Petites entreprises Moyennes entreprises Grandes entreprises Toutes les entreprises Ecosystèmes entreprenariaux Environnement national

a) Compétitivité

b) Connectivité

c) Changement

Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après des données du Centre du commerce international (International Trade Centre, 2017).

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au service de leur production, de leur gestion et de leurs stratégies commerciales. Il est particulièrement nécessaire d’améliorer la capacité de changement au Burkina Faso et en République-Unie de Tanzanie en ce qui concerne l’écosystème entreprenarial, ainsi que la capacité de connectivité en Guinée et la capacité de changement au Bangladesh en ce qui concerne l’environnement national. Dans ces onze pays, les grandes entreprises obtiennent de meilleurs résultats que les petites entreprises pour les trois capacités. Cette constatation concorde avec les données qui montrent une accélération de la hausse de la productivité dans les grandes entreprises (voir chap.  2) et fait écho à l’un des messages centraux du présent Rapport, à savoir qu’il faudrait soutenir les entreprises tout au long de leur cycle de vie, et non pas seulement pendant ses premières phases.

Dans certains PMA d’Afrique, notamment en Guinée, à Madagascar, en République-Unie de Tanzanie, au Rwanda et au Sénégal, c’est dans l’utilisation du courrier électronique et/ou le fonctionnement du site Web que l’écart entre petites et grandes entreprises est le plus large. Les différences entre petites et grandes entreprises sont très variables.

Ainsi, les disparités les plus importantes concernent, au Bangladesh et au Burkina Faso, l’utilisation de technologies étrangères sous licence  ; au Bhoutan et au Malawi, l’obtention de certificats de qualité reconnus au niveau international ; au Cambodge, les états financiers vérifiés  ; et au Népal, l’ouverture de comptes bancaires (International Trade Centre, 2017).

Dans ces 11 PMA, certaines petites entreprises sont en retard pour les indicateurs suivants :

• Certificats de qualité reconnus au niveau international (notamment au Bangladesh, au Bhoutan, en Guinée et au Malawi) ;

• Comptes bancaires (Bangladesh, Cambodge, République-Unie de Tanzanie et Rwanda) ;

• Investissements financés par une banque (Cambodge, Madagascar et Sénégal) ;

• Utilisation du courrier électronique (Bangladesh, Burkina Faso, Népal et République-Unie de Tanzanie) ;

• Gestion d’un site Web (Bangladesh, Bhoutan, Burkina Faso, Guinée, Madagascar, République-Unie de Tanzanie et Rwanda) ;

• États financiers vérifiés (Bangladesh, Bhoutan et Cambodge) ;

• Technologies étrangères sous licence (Bangladesh, Guinée et Népal) ;

• Programmes formels de formation à l’intention des employés (Bangladesh, Madagascar et Sénégal).

Pour le niveau «  environnement national  », trois des quatre PMA d’Asie −  Bangladesh, Cambodge et Népal − et deux PMA d’Afrique − Guinée et Malawi − obtiennent de bons résultats en ce qui concerne l’indicateur relatif aux politiques commerciales. Le Népal et quatre PMA d’Afrique −  Burkina Faso, Madagascar, République-Unie de Tanzanie et Sénégal  − affichent un score élevé pour l’indicateur relatif à l’existence de réglementations techniques.

En outre, le Bangladesh est bien noté pour les indicateurs relatifs aux services publics en ligne et aux écarts entre taux d’intérêt  ; le Bhoutan, pour les indicateurs relatifs à l’accès à l’électricité et à la facilité des échanges transfrontières ; le Burkina Faso pour l’indicateur relatif à la performance logistique et l’indicateur relatif à la facilité de créer une entreprise ; et le Cambodge et le Rwanda pour l’indicateur relatif à la facilité d’obtenir un prêt. La diversité des problèmes auxquels les entreprises font face montre combien il est nécessaire de concevoir des stratégies entreprenariales adaptées au contexte de chaque pays. Il ressort de l’analyse des enquêtes sur la compétitivité que les politiques entreprenariales doivent prévoir des interventions à différents niveaux, notamment au niveaux de l’entreprise, de l’écosystème entreprenarial et de l’environnement national, et renforcer la concurrence statique et dynamique entre les entreprises.

C. Principaux obstacles à l’entreprenariat

On examine dans la présente section différents éléments qui peuvent faire obstacle à la création et à la croissance des entreprises et qui revêtent une importance particulière dans les PMA, à savoir les normes relatives à l’entrée, les procédures et les coûts de formalisation  ; l’accès au financement  : l’accès à l’énergie  ; la connectivité numérique  ; les obstacles liés au genre.

1. Normes relatives à l’entrée ; procédures et coûts de formalisation

Les normes relatives à l’entrée jouent un rôle essentiel dans la structure d’incitation devant aboutir à la création et à la formalisation de nouvelles entreprises ainsi qu’à l’apparition de jeunes entreprises capables de concurrencer les entreprises existantes et de remettre en question leur modèle économique (UNCTAD, 2012a). Certaines normes et dispositions sont justifiées par des objectifs économiques,

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administratifs, sociaux ou environnementaux, mais d’autres pèsent inutilement sur les entrepreneurs potentiels, leur imposant des coûts qui les découragent de lancer et de formaliser leur entreprise.

Dans de nombreux pays en développement, le niveau excessivement élevé des coûts d’entrée est depuis longtemps considéré comme un obstacle à l’établissement d’entreprises (Djankov et al., 2002).

Malgré certains signes d’amélioration, cela reste vrai dans de nombreux PMA.

Sur la période 2015-2017, dans les PMA, le coût médian du démarrage d’une entreprise équivalait à 40  % du revenu par habitant, contre 26  % en moyenne à l’échelle mondiale, et il était supérieur à cette moyenne mondiale dans 33 des 46  PMA pour lesquels des données sont disponibles  ; il était particulièrement élevé en Haïti, en République centrafricaine, en Somalie, au Soudan du Sud et au Tchad (fig. 4.4). Le nombre de démarches à accomplir pour créer une entreprise était supérieur à la moyenne mondiale dans 21 PMA, ce qui donne à penser qu’il

fallait également y consacrer plus de temps. Dans certains PMA (Afghanistan, Bénin, Guinée-Bissau, Soudan et Yémen), les femmes ont encore d’autres démarches à faire pour créer une entreprise, et donc davantage d’obstacles à surmonter pour devenir entrepreneuses. Par exemple, dans certains pays, elles doivent obtenir la permission de leur mari avant de demander un prêt ou de signer certains documents concernant leurs entreprises.

Les coûts élevés à supporter pour respecter les normes relatives à l’entrée peuvent décourager la formalisation des entreprises dans les PMA, mais la décision de formaliser l’entreprise ou non s’explique peut-être par la nécessité d’employer du temps et des ressources à étudier et à découvrir les différentes activités entreprenariales rentables et viables (voir chap.  2). Ces considérations font ressortir les limites des approches classiques qui préconisent la réduction des coûts administratifs et le renforcement des sanctions en cas de non-enregistrement et de non-respect de la réglementation. Il importe certes

Figure 4.4

Coûts à supporter et nombre de démarches à accomplir pour créer une entreprise dans les PMA, par rapport à la moyenne mondiale, 2015-2017

(En pourcentage)

Nombre de démarches à accomplir pour cer une entreprise, par rapport à la moyenne mondiale

Coût de la création d’une entreprise : proportion du revenu national brut par habitant, par rapport à la moyenne mondiale Source : Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après la base de données Doing Business de la Banque mondiale.

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d’améliorer l’efficacité administrative, mais il est également nécessaire de rendre l’enregistrement plus avantageux, tout particulièrement en favorisant l’augmentation de la productivité des entreprises formelles et en améliorant l’accès au financement (voir chap. 5 pour un examen des politiques visant à promouvoir les avantages de l’immatriculation et de la formalisation auprès des entreprises).

De plus, les contraintes réglementaires qui pèsent sur les entreprises risquent de réduire l’impact des autres mesures prises pour faciliter leur entrée et améliorer leurs résultats et leur croissance. Elles peuvent diminuer les effets positifs du commerce sur la croissance économique et, par conséquent, le taux d’entrée et les perspectives de survie des entreprises (Freund and Bolaky, 2008). La portée de la réglementation peut également avoir des effets indirects considérables sur l’entrée des entreprises.

Les effets positifs associés aux compétences, notamment au niveau d’instruction, diminuent considérablement dans les pays où la réglementation est plus lourde, en particulier en ce qui concerne l’entreprenariat d’opportunité (Ardagna and Lusardi, 2010). Certains aspects du contexte réglementaire, comme la protection des droits de propriété ou les règles relatives au capital humain, peuvent avoir des incidences particulières sur tel ou tel type d’entreprenariat (Chowdhury et al., 2015).

2. Accès au financement

L’accès au financement, qui est au cœur des politiques en faveur de l’entreprenariat, est un obstacle majeur au développement des entreprises (UNCTAD, 2012a). Les entreprises informelles, en particulier, ont peu accès aux prêts officiels, comme le montre l’analyse des enquêtes de la Banque mondiale sur les entreprises du secteur informel (fig.  4.5). Dans tous

les PMA pour lesquels des données sont disponibles, les fonds propres sont la principale source de financement des activités courantes, généralement devant les crédits fournisseurs et les prêts accordés par des amis et des proches. Les acteurs financiers, qu’ils évoluent dans le secteur formel, comme les banques et les institutions de microfinancement, ou dans le secteur informel, comme les prêteurs de deniers, jouent toujours un rôle limité. Les institutions de microfinancement, dont on pourrait penser qu’elles répondent aux besoins des clients qui n’ont pas accès au financement bancaire, ne semblent être de quelque importance qu’au Népal et, dans une moindre mesure, au Burkina Faso, à Madagascar et au Rwanda. Même si l’on suppose que l’inclusion financière a progressé quelque peu depuis la réalisation des enquêtes, les résultats mettent en évidence un rationnement non négligeable du crédit et les difficultés qui en découlent pour les entreprises informelles.

L’accès insuffisant au financement compromet en outre la productivité et la survie des entreprises, surtout dans les zones rurales, où la disponibilité et l’accessibilité du crédit sont indispensables au succès des entreprises agricoles et non agricoles (Alemu and Adesina, 2017 ; Gajigo, 2014 ; Osondu, 2014). En Ouganda, par exemple, d’après l’étude de la Banque mondiale sur la mesure du niveau de vie, les principales raisons invoquées par les ménages ruraux pour expliquer la cessation d’une activité entreprenariale concernent des facteurs économiques, comme la rentabilité et le manque de financement (Nagler and Naudé, 2017).

En principe un meilleur accès au financement, particulièrement dans le secteur financier formel, contribue beaucoup à encourager la formalisation.

Toutefois, malgré certains signes d’approfondissement du secteur financier, cet accès reste limité dans les PMA. Les enquêtes sur la compétitivité des PME conduites par le Centre du commerce international font apparaître que les entreprises de certains PMA n’ont pas un accès suffisant aux comptes bancaires et au financement bancaire des investissements.

Le rapport entre le crédit intérieur au secteur privé et le PIB a augmenté dans 36 des 47  PMA entre la période 2004-2006 et 2014-2016 (fig.  4.6), mais sa valeur médiane dans le PMA a stagné à 18  %, ce qui est faible par rapport aux autres pays et inférieur au seuil de profondeur financière au-delà duquel les effets bénéfiques sur la croissance de la production commencent à disparaître3. Il reste donc hautement prioritaire d’approfondir le secteur financier, notamment en favorisant la mise en place d’un secteur bancaire capable de fournir les services

Dans les PMA, les fonds propres