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Section 3 : L’étendue du développement local généré par le secteur des transports

2. Importance des infrastructures de transport pour le développement

2.2. Les infrastructures de transport, une condition de développement

La question du lien de causalité entre l’implantation d’une nouvelle infrastructure de transport et le développement économique a suscité beaucoup de débats depuis plus de deux décennies. La relation infrastructures de transport/croissance n’est donc pas une analyse récente, elle remonte aux travaux d’Adam SMITH qui la présentait sous le raisonnement suivant : Infrastructure → Transport → Echange → croissance. Toute amélioration de la dotation infrastructurelle va améliorer, en premier lieu, la qualité du service de transport rendu auquel elles serviront de support matériel.

Toute progression du niveau d’infrastructures vise essentiellement à réduire les distances et les retards et à améliorer la qualité, la sécurité et le confort durant les déplacements. Cette évolution des conditions de mobilité va favoriser à son tour les échanges, or plus ces conditions progressent, plus les échanges auront lieu et seront même possibles dans des espaces là où ils ne l’étaient pas. Et donc, toute augmentation des échanges finie par générer une croissance économique à travers les économies d’échelle, les avantages comparatifs et baisse des coûts de production. Ce sont ces mêmes raisonnements qui caractérisent le processus d’échanges du niveau international, central jusqu'à l’unité territoriale la plus réduite où l’absence ou la faiblesse de l’échange revient en principe aux coûts de transport élevés et à l’indisponibilité de l’infrastructure adéquate.

Les études qui portent sur cette relation sont nombreuses et se caractérisent par un large éventail de méthodes venant de domaines différents, comme l’économie régionale, l’économie géographique, le calcul économique, le management public, etc. Les recherches inscrites dans cette problématique sont passées par trois principales étapes1. Au départ, elles se sont intéressées à l’évaluation simple des effets d’une infrastructure de transport sur le développement économique, c'est-à-dire lorsque l’infrastructure complète seulement le niveau       

1 PLASSARD., (1995), « les effets des grandes infrastructures de transport, modèles et paradigmes », In Symposium international Grandes Infrastructures de transport et territoire, INRETS-TRACES, Lille, p.12

de développement déjà existant. Puis, elles se sont spécifiées à l’étude des transformations spatiales qui accompagnent et qui suivent cette implantation. Plus tard, elles ont fini par inclure les mutations sociales de l’espace.

Les économistes ont initié deux méthodes qui servent à évaluer les effets engendrés par une infrastructure de transport. L’une est dite « la méthode ex-ante » qui est utilisée pour estimer la rentabilité économique d’un projet de construction d’une infrastructure de transport avant sa réalisation. L’autre est la méthode « ex-post » qui vise à dresser un bilan des effets de l’infrastructure. Cependant, toutes les méthodes ont en commun une logique comparative entre la situation d’avant et après l’implantation de l’infrastructure de transport.

L’estimation des effets issus de cette implantation peut se faire en suivant plusieurs approches. Il existe des approches économétriques qui se basent sur des analyses coûts/avantages, inputs/outputs et des approches spatialisées sur lesquelles nous nous basons et qui tentent de détecter et de repérer d’éventuelles évolutions, au sein du territoire d’étude, qui accompagnent le développement du niveau infrastructurel. Il s’agit, en principe, de comparer les situations antérieures et postérieures et d’identifier et/ou confirmer le rapport de causalité entre les mutations du milieu local qui accompagnent la mise en place de nouvelles infrastructures de transport. D’après Urs WEBER1, à travers leurs différents effets, les infrastructures de transport rendent la croissance possible. Cette dernière constitue le résultat de l’évolution de l’emploi et de l’accroissement de la productivité. Un emplacement d’une nouvelle infrastructure peut créer des emplois (qui seront des contribuables), engendre une croissance de l’activité, facilite et accélère les échanges des biens et la mobilité des personnes et permet aussi l’élargissement du périmètre des marchés.

Des confusions liées à la notion d’ « effets »sont présentes dans l’analyse des effets d’une infrastructure de transport sur le développement. Dans la littérature, il existe une multitude de connotations relatives à ce concept. Il est utilisé pour désigner à la fois les effets en amont, les effets en aval, les effets externes, les effets de développement, les effets de distribution etc. La nomination qui nous convient le plus est issue de la classification classique scindée en effets directs et effets indirects.

Les effets directs de développement regroupent les effets ressentis à court terme, lors de la construction de l’infrastructure. Nous citons les emplois créés dans le secteur du bâtiment et des travaux publics et les autres secteurs qui y sont liés. En revanche, les effets indirects, perceptibles sur une moyenne et longue période, sont liés à l’accroissement de la       

1 Secrétaire général du département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, Berne, Suisse.

compétitivité globale du territoire par la diffusion spatiale des surplus de consommation (les revenus, les échanges, etc.), par l’attraction de nouvelles implantation (entreprises) et enfin par la diversification et l’enrichissement du tissu local.

En effet, « les effets des infrastructures ne sont pas mécaniques, encore moins généralisables »1, car ils sont dépendants des spécificités et des potentialités locales de développement ainsi que des stratégies et politiques d’accompagnement instaurées par les acteurs. Les infrastructures de transport influencent les dynamiques territoriales de diverses manières. En se référant au recueil des résultats des travaux antérieurs portant sur les théories de la croissance endogène (ROMER 1986, LUCAS 1988, BARRO 1990)2, il est cohérent d’assembler les différents effets générés par les infrastructures de transport à travers les effets multiplicateurs, le rôle des facteurs de production, l’amélioration de l’accessibilité et l’amélioration de l’utilité individuelle.

Evaluer les effets multiplicateurs des infrastructures de transport revient à évaluer les effets induits par la réalisation d’une nouvelle offre de transport sur les indicateurs représentatifs de la croissance économique. Le rôle de facteur de production est apparent lorsque toute amélioration de la dotation infrastructurelle implique une augmentation de la production.

Dans les modèles macro-économiques, le niveau infrastructurel d’un territoire est fortement lié à son niveau de production où ASCHAUER (1989)3 considère ces infrastructures comme étant une ressource. Elles participent fortement à l’amélioration de l’accessibilité par le fait qu’elles constituent un support d’échanges entre les agents économiques appartenant à de différentes zones géographiques et assurent une mobilité fluide des biens et des personnes.

Ces équipements sont considérés comme un facteur d’amélioration de l’utilité individuelle à travers le gain de temps et de coûts de transport, l’amélioration de la sécurité, etc. L’utilité individuelle doit se traduire en utilité collective pour assurer le développement car « plus l’utilité collective est forte, plus les niveaux de développement sont élevés »4.

Etant donnée l’importance des infrastructures de transport pour le développement économique, les avantages tirés différent d’un mode de transport à un autre, nécessitant chacun des infrastructures spécifiques et particulières :

      

1 COLLETIS-WAHL Kristian., et MEUNIER Corinne., (2003), « Infrastructures de transport et développement économique en espace rural. Quelles méthodes pour quels effets », INRETS, France.

2 GUELLEC Dominique., (1992), « Croissance endogène : les principaux mécanismes », Economie et prévisions, n°106, Développements récents de la macro-économie, p. 41-50.

3 ASCHAUER D.A., (1989), « Is public expenditure productive? », Journal of monetary economics, vol. 23.

4 QUINET Emile., (1992), « Infrastructures de transport et croissance », Economica, Paris.

2.2.1. Importance des infrastructures de transport aérien : l’aéroport est un moyen qui permet à l’économie nationale de pénétrer dans l’économie régionale voire même mondiale. Il constitue un facteur grandissant de croissance du territoire sur lequel est localisé, c’est un véritable outil de développement économique au service de sa région d’implantation suite au nombre exponentiel d’emplois qu’il procure et des activités qu’il génère.

La nécessité de mieux répondre aux demandes des passagers et la diversification des offres de services proposés impulse la création et la modernisation des différentes activités liées à cette infrastructure. Ce qui œuvre dans le développement de la région et la croissance du pays. Ses retombées économiques significatives se résument par la création d’emplois de qualité, création de richesse, développement de l’industrie touristique et enfin, l’attractivité et la notoriété du territoire sur lequel l’aéroport est implanté.

2.2.2. Importance des infrastructures de transport maritime : Une ville qui dispose d’un port bénéficie d’un avantage concurrentiel. Cette infrastructure maritime lui permet d’avoir un potentiel d’échanges et de s’ouvrir sur le reste du pays, de la région et même du monde.

L’implantation d’un port implique le développement de plusieurs activités portuaires et autres activités induites. En bref, une entité territoriale possédant une infrastructure portuaire profite d’un double effet. D’une part, le port peut être un moteur de la relance économique grâce aux échanges qu’elle permet. D’autre part, il est un facteur clé d’ouverture, de l’interconnexion et de l’intégration des autres marchés.

2.2.3. Importance des infrastructures de transport ferroviaire : Le développement économique constitue la principale justification pour la construction d’un chemin de fer. En plus d’assurer à l‘arrière pays une meilleure accessibilité, la construction elle-même de la voie ferrée crée de l’emploi. Cette infrastructure reste l’une des plus importantes innovations du 19ème siècle. Grâce à elle, l’économie de plusieurs pays a émergé par l’élargissement des marchés et l’accessibilité qui a permis l’exploitation des ressources. D’ailleurs, plusieurs études d’opportunité et de faisabilité ont bien démontré l’impact d’une voie ferrée sur le développement, tant sur le plan social qu’économique.

2.2.4. Importance des infrastructures de transport routier : la construction de route est l’un des « prérequis indispensable à l’avènement d’une économie développée »1. Un réseau routier fiable joue un rôle crucial dans l’essor socio-économique d’un pays. Il optimise la mobilité et les échanges commerciaux, il permet l’accès à l’emploi et aux services de base etc.

      

1 www.industrie.economie-afrique.com consulté le 20/02/2018

Où PRUD’HOMME le confirme par cette citation : « la route du développement passe par le développement de la route ».

Au final, toute amélioration des infrastructures de transport entraine une intensification des échanges et de la croissance. Et toute dégradation ou insuffisance en dotation infrastructurelle va générer inévitablement une régression des échanges et de la croissance qui va avec.

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