• Aucun résultat trouvé

Les génératrices

Dans le document La sécurité civile (Page 149-152)

Le 1 800 636-AIDE : une analyse critique

4.5 Les services aux sinistrés

4.5.3 Les génératrices

La panne d’électricité causée par le verglas a paralysé de nombreux équipements essentiels au bon fonctionnement de la société. Le besoin de génératrices touchait tout le monde : agriculteurs, centres de services aux sinistrés, entreprises de télécommunications, particuliers. Très tôt, les demandes pour des groupes électrogènes ont fusé de toute part. L’ampleur des besoins a rendu les génératrices de plus en plus difficiles à obtenir. Le gouvernement a dû intervenir rapidement pour coordonner la demande, en mettant sur pied un « front ».

Tout d’abord gérée à partir du centre de coordination central de la DSC à Sainte-Foy, l’opération génératrices s’est transportée le 13 janvier au centre de coordination d’Iberville425 pour se rapprocher des municipalités sinistrées et assurer une gestion optimale des offres et des demandes. Au plus fort de l’opération, 50 personnes y étaient assignées 24 heures par jour.

L’équipe comprenait des ingénieurs de différents ministères, familiers avec les exigences d’appariement des génératrices et des systèmes à alimenter et capables de conseiller les utili-sateurs426, en dépit du manque de connaissances de ces derniers et de l’imprécision des renseignements disponibles.

Il fallait trouver, distribuer, entretenir et, au besoin, réparer les génératrices tout en respectant un ordre de priorité établi en fonction des circonstances et de la saison. Dans sa recherche de génératrices, la DSC a adressé des demandes à la grandeur du Québec, du Canada et des États-Unis. Les ministères et organismes fédéraux ont été sollicités par l’intermédiaire de PCC et une demande particulière a été faite à Santé Canada. Les établissements de santé ou de services sociaux étaient traités en première priorité, suivis des services d’urgence et des systèmes

424. Mémoires présentés à la Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], 1998 par : Ville de Châteauguay, 14 p. ; Ville de Greenfield Park, 10 p. ; Ville de Brossard, 10 p. ; Ville de Huntingdon, 13 p. ; Office municipal d’habitation de Saint-Jean-sur-Richelieu, 12 p. ; Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], Groupes de discussion réunissant des spécialistes d’organismes publics et privés (des intervenants de services aux sinistrés), août et septembre 1998.

425. Ministère de la Sécurité publique, op. cit., note 228, p. 16-20.

426. Ibid., p. 5 et 7.

de communications, des centres de services aux sinistrés et des autres situations à caractère humanitaire427. Selon les chiffres qu’elle a transmis à la Commission, la DSC a fourni près de 1 200 génératrices, d’une puissance totale de 110 mégawatts.

La distribution des génératrices

La distribution des génératrices a suivi divers cheminements. Certains groupes électrogènes ont été réaffectés jusqu’à quatre fois d’un site rétabli vers un site encore sinistré. Une vingtaine d’employés d’Hydro-Québec ont vérifié sur le terrain les besoins à satisfaire et les possibilités de branchement de même que la sécurité des génératrices. Il a aussi fallu inspecter toutes les génératrices importées pour s’assurer de leur compatibilité avec le réseau électrique québécois428. Outre la DSC, trois ministères ont joué un rôle significatif dans l’opération génératrices.

Le MAPAQ a collaboré avec l’UPA dans l’approvisionnement et la distribution des appareils. Le MTQ a offert ses ateliers de réparation et une main-d’œuvre formée à cette fin429. Quant au MRN, il a coordonné l’acheminement des génératrices fournies par les différentes compagnies forestières vers les régions sinistrées430.

D’autres organisations, comme Industrie Canada, la Corporation de développement commercial de Saint-Hyacinthe et l’UPA, ont également joué un rôle important dans la distribution des génératrices en mettant à profit leur connaissance du milieu et de certains besoins précis. Industrie Canada a localisé plus de 130 groupes électrogènes pour le secteur de la radiodiffusion et des télécommunications, dont au moins 80 groupes offerts au gouvernement du Québec par l’entremise de PCC431.

L’UPA a établi un centre d’urgence ayant comme objectif de minimiser l’impact du sinistre sur les exploitations agricoles et de fournir le soutien nécessaire à celles ayant subi des dommages. Certes, 85 % des agriculteurs possédaient déjà des génératrices. Celles-ci ne sont toutefois pas conçues pour une utilisation continue et prolongée. Le centre de l’UPA a donc coordonné la gestion d’un stock de quelque 1 000 génératrices et le transport de celles-ci à partir de sept postes de distribution432. À Saint-Hyacinthe, l’UPA a mis sur pied trois postes de distribution et d’inspection préventive des génératrices pour ses membres. Les groupes électro-gènes distribués aux agriculteurs provenaient des autres fédérations de l’UPA non sinistrées, d’organisations diverses et d’entreprises du Québec et des Maritimes, puis de PCC et d’Hydro-Québec433. Des employés d’Hydro-Québec, de PCC, de MIL Davie et des FAC ont été prêtés à l’UPA pour expliquer le mode de fonctionnement et d’entretien des génératrices aux agriculteurs.

Dans le secteur privé, des entreprises ont eu recours aux génératrices alors que d’autres ont joué le rôle de fournisseurs434. Certaines compagnies ont mis à la disposition de leurs

427. Ministère de la Sécurité publique, op. cit., note 288, section 11.

428. Ibid.

429. Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], Enquête par entrevues semi-dirigées avec des représentants d’organisations publiques et privées (des représentants du MAPAQ), 1998.

430. Ibid.,(des représentants du MRN), 1998.

431. Industrie Canada (Télécommunications), op. cit., note 105, p. 14.

432. Union des producteurs agricoles, mémoire présenté à la Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], 1998, p. 4-10.

433. Fédération de l’UPA de Saint-Hyacinthe, mémoire présenté à la Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], 1998, p. 7-9.

434. Mémoires présentés à la Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], 1998, par : Génératrices Drummond, p. 3-4 ; Compagnie Motoparts inc./CompressAir Canada, p. 3 ; QuébecTel, p. 2.

employés des génératrices qu’elles possédaient déjà ou qu’elles ont achetées durant le sinistre du verglas435. D’autres en ont prêté aux entreprises avoisinantes.436

Le sondage effectué auprès de la population révèle que 7 % des répondants possédaient une génératrice avant le verglas. Or, durant la tempête, 10 % de la population sinistrée a utilisé une génératrice. De ce groupe, 31 % ont bénéficié du programme de prêt de génératrice du gouvernement. La majorité des gens (89 %) se sont dits satisfaits du service437.

Le tableau qui suit rend compte des initiatives des municipalités pour se procurer des génératrices, selon le sondage de la Commission. Notons que les demandes étaient souvent adressées à plus d’une organisation à la fois et que 34 % des municipalités sondées n’ont pas répondu à cette question438.

Tableau 12

Les demandes de génératrices par les municipalités

Municipalités Moins de 10 000 habitants 10 000 habitants et plus

Municipalités ayant demandé des génératrices 57 % 46 %

Nombre moyen de génératrices demandées reçues demandées reçues

4,48 4,11 7,1 8,0

Sources

Direction de la sécurité civile, MSP 45 % 23 % 32 % 13 %

Détaillants 22 % 24 % 20 % 23 %

Entrepreneurs 14 % 19 % 26 % 27 %

Bénévoles 12 % 18 %

Municipalités voisines 11 % 14 %

Services des travaux publics 15 % 13 %

Livraison en dedans de 2 jours 58 % 42 %

Délai de livraison Même jr 1 jr 2 jrs Même jr 1 jr 2 jrs

18 % 27 % 13 % 14 % 16 % 12 %

Les vols de génératrices

La demande de génératrices étant supérieure à l’offre, celles-ci étaient très convoitées. Nombreuses sont les organisations qui ont été victimes de vols de génératrices439. La surveillance de lieux comme les sites des tours de télécommunications n’était pas facile, compte tenu de leur difficulté d’accès et du manque de ressources. Industrie Canada a dénombré plus d’une trentaine de vols de génératrices au Québec et en Ontario sur les sites des relais de téléphonie cellulaire440.

435. Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], Enquête par entrevues semi-dirigées avec des représentants d’organisations publiques et privées (des représentants de Boheme Filatex et de Nacan), 1998.

436. Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], Enquête par entrevues semi-dirigées avec des représentants d’organisations publiques et privées (un représentant de Montell), 1998.

437. Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], Sondage téléphonique réalisé auprès de 2112 répondants ayant vécu le sinistre, 10 juin au 2 juillet 1998.

438. Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], Enquête par questionnaire auprès d’un échantillon représentatif de 502 municipalités parmi celles affectées, 1998.

439. Mémoires présentés à la Commission scientifique et technique [verglas de janvier 98], 1998 par : Cantel AT&T, p. 12-13 ; Bell Mobilité, p. 12.

440. Industrie Canada (Télécommunications), op. cit., note 105, p. 15.

Sur le plan de la gestion, l’approche centralisée de la DSC a nui à l’efficacité de l’opération génératrices. Recevant par sa ligne sans frais toutes les offres de génératrices au même endroit, la DSC était incapable de répondre rapidement aux demandes. Des organismes et des particuliers qui s’étaient trouvé des génératrices de forte puissance ont vu celles-ci réquisitionnées par la DSC qui les redistribuait, par la suite, selon sa liste de priorité441, suscitant du mécontentement à son égard.

Sur le plan technique, le fonctionnement sécuritaire et efficace d’une génératrice, surtout pendant une longue période, exige que les utilisateurs soient bien informés à l’avance. Il est, par exemple, quasi impensable durant un sinistre de demander au responsable d’un centre de services aux sinistrés d’apprendre le fonctionnement et les particularités d’un tel appareil.

Dans le document La sécurité civile (Page 149-152)