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Figure I - Facteurs de la violence masculine

Selon la figure I, les facteurs clés de la violence masculine sont les suivants : la socialisation masculine, la complicité entre les hommes, l’impunité des agresseurs, la domination masculine, la culture, la théologie patriarcale, la précarité économique, la croyance religieuse, la tolérance envers la violence, le cléricalisme, la soumission et le silence des femmes, la résistance à la violence et la solidarité avec les femmes.

Groupe 1 Socialisation masculine Complicité entre les hommes Impunité des agresseurs Groupe 2 Précarité économique Culture Groupe 3

Cléricalisme Soumission etsilence des femmes Facteurs de la violence masculine Croyance religieuse Domination

masculine patriarcaleThéologie Résistance àla violence

Solidarité avec les femmes Tolérance envers la violence

3.3.1 Analyse de la carte 3.3.1.1 Premier groupe

Le premier groupe est composé de socialisation masculine, la complicité entre les hommes, l’impunité des agresseurs et la domination masculine. Dans ce groupe, il s’agit d’un groupe d’hommes unis dans la complicité, à la fois pour protéger l’impunité des agresseurs et pour maintenir la domination masculine sur les femmes (voir la section 2.2.2). D’après ce qui est dit dans les récits des entrevues, il est évident que ces 4 facteurs du premier groupe perdurent et nourrissent la violence masculine envers les femmes dans les familles et dans les Églises en Haïti.

3.3.1.2 Deuxième groupe

Le groupe 2 est composé de la culture, la théologie patriarcale, la précarité économique, la croyance religieuse et la tolérance envers la violence. Selon ce qui est dit dans les récits, si la culture fait de l’homme un dominant, la théologie patriarcale renforce une telle conception. Ce qui implique que la culture et la théologie patriarcale privilégient l’homme par rapport à la femme.

Par ailleurs, il faut bien reconnaître que la culture ne renforce pas seulement la domination masculine, mais qu’elle peut aussi provoquer une certaine tolérance chez les femmes envers la violence masculine, surtout celles qui sont en précarité économique et celles qui ont une croyance religieuse selon laquelle le prêtre est le représentant de Dieu. Dans une certaine mesure, on peut évoquer l’idée que la culture crée de l’espace pour que les hommes socialisent dans la complicité en vue de maintenir la domination masculine tout en protégeant les agresseurs. Sur ce point, on peut entrevoir que le deuxième groupe est en lien direct avec le premier groupe.

3.3.1.3 Troisième groupe

Le troisième groupe est composé du cléricalisme, la soumission et le silence des femmes, la résistance à la violence et la solidarité avec les femmes. Il est question d’un groupe d’hommes qui profitent de leur statut religieux (le cléricalisme) et qui imposent une attitude de soumission et de silence aux femmes à leur égard. Cependant, selon ce qui est dit dans les récits, on peut aussi trouver un groupe d’hommes minoritaires qui non seulement résistent à la violence contre

les femmes, mais aussi qui sont solidaires avec les femmes dans la lutte pour leur émancipation et leur autonomie.

3.3.1.4 Résumé de l’analyse des facteurs de la violence masculine

En résumé, dans la figure I, on peut noter que tous les facteurs sont liés entre eux. Ces derniers se divisent en trois groupes.

Les liens entre ces facteurs peuvent s’expliquer de la façon suivante :

- la culture et la théologie patriarcale qui, par rapport aux femmes, privilégient les hommes qui en profitent à travers une socialisation favorisant la complicité entre eux afin de maintenir la domination et la violence masculine en toute impunité ;

- les femmes, en raison de leur précarité économique et de leur croyance religieuse, gardent souvent le silence et tolèrent la violence masculine en participant de façon consciente ou inconsciente à l’impunité des agresseurs cléricaux et laïcs ;

- le cléricalisme espère toujours voir la soumission et le silence des femmes à son égard. Voilà les liens des treize facteurs-clés qui alimentent la violence masculine à l’égard des femmes dans les Églises en Haïti. Ces facteurs-clés sont tous liés entre eux. Parmi ces treize facteurs, nous en retenons cinq qui figurent dans la carte ci-dessous :

Figure II - Les cinq facteurs retenus

Il est à noter que ces cinq facteurs retenus seront repris dans le chapitre d’interprétation.

5 facteurs

retenus

socialisation

masculine

Culture

patriarcaleThéologie

Précarité

Conclusion

Après avoir problématisé la violence masculine à l’égard des femmes en Haïti, ce qui est un premier niveau d’analyse à partir des cinq fonctions d’élaboration, il ressort un certain nombre d’éléments à travers lesquels on a identifié les causes, les motivations et les treize facteurs-clés qui alimentent cette violence masculine. Parmi ces treize facteurs, nous retenons, pour le second niveau d’analyse, cinq d’entre eux qui sont les suivants : la socialisation masculine, la culture, la théologie patriarcale, la précarité économique et le cléricalisme.

À partir de ce premier niveau d’analyse, nous retenons plusieurs éléments nous permettant d’avoir une nouvelle compréhension sur le phénomène que nous explorons.

Parmi les éléments appris, nous citons :

- la violence masculine comme réalité matérielle considérée, d’une part, en tant qu’une violence sociale qui reproduit la violence ecclésiale et vice versa, d’autre part, en tant qu’une violence multiple et complexe ;

- le cléricalisme qui entretient un sentiment de pouvoir (pouvoir symbolique) et de contrôle sur les fidèles peut se voir imposer une limite grâce à la résistance et à la solidarité des victimes et des gens de l’entourage. C’est dans ce sens qu’on pourrait se rapprocher d’une éthique évangélique, c’est-à-dire d’un rapport plus juste entre les hommes et les femmes ;

- L’endurance de la résistance des femmes contre la violence masculine est un grand défi non seulement pour leur dignité et leur intégrité, mais aussi pour leur émancipation, leur autonomie et leur libération ;

- le groupe des membres du clergé et celui des hommes laïcs, privilégiés de la culture et de la théologie patriarcale, sont considérés comme des groupes qui souvent se socialisent dans la complicité pour maintenir la domination et la violence masculine ; alors que le groupe des femmes souvent se socialise dans la solidarité pour réduire la violence masculine à l’égard des femmes ;

- les gens de l’entourage réagissent souvent avec complicité envers les agresseurs et ils sont plus solidaires avec ces derniers qu’avec les femmes victimes de violence masculine ;

- même au niveau de la relation à Dieu sur le plan collectif, les hommes sont toujours dans une situation dominante et de supériorité, alors que les femmes se trouvent dans une situation de domination et de soumission ;

- l’existence d’un groupe minoritaire de membres du clergé qui résiste à la violence masculine à l’égard des femmes et qui exprime sa solidarité avec celles-ci.

Au bout du compte, les cinq facteurs retenus vont revenir dans l’interprétation pour une analyse de second niveau à partir d’auteur.e.s du domaine des sciences humaines.

Chapitre 4

Herméneutique interdisciplinaire et théologique