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3.2 L’approche micro´economique

3.2.3 Les effets de demande

Dans les deux mod`eles pr´ec´edents les effets de demande ne jouent aucun rˆole. Dans le mod`ele de Bhagwati, le cˆot´e demande a ´et´e n´eglig´e pour faire ressortir uniquement les ´ecarts de dotations

factorielles. En revanche, pour le mod`ele de Balassa-Samuelson, c’est l’hypoth`ese de mobilit´e internationale parfaite des capitaux qui exclut l’impact de la demande en rendant l’offre des biens non ´echangeables infiniment ´elastique `a leur prix relatif.

En effet, si l’on suppose, par exemple, qu’`a partir d’une situation d’´equilibre, la pr´ef´erence des agents domestiques pour les biens non ´echangeables augmente,une offre suppl´ementaire est n´ecessaire pour restaurer l’´equilibre du march´e. Une hausse du prix relatif des biens non ´echangeables est, alors, n´ecessaire pour inciter les offreurs `a r´eorienter leurs ressources vers ce secteur pour atteindre l’´equilibre.

Si les biens non ´echangeables sont plus intensifs en travail14que les biens ´echangeables, il s’en suivrait une baisse de la r´emun´eration r´eelle du capital. Dans l’hypoth`ese d’une parfaite mobilit´e du capital, cette diminution de r´emun´eration r´eelle du capital est exclue. Elle entraˆınerait une sortie des capitaux et une baisse du stock de capital. Les biens ´echangeables ´etant capital-intensifs, il se produirait une augmentation de la production des biens non ´echangeables qui se poursuivra jusqu’`a ce que leur prix relatif et donc la r´emun´eration r´eelle du capital retrouvent leurs niveaux de d´epart. Ainsi, l’hypoth`ese de mobilit´e internationale des capitaux implique une ´elasticit´e-prix infinie de l’offre qui annule les effets de la demande. Dans la figure 14, l’offre

relative des biens non ´echangeables ´etant infiniment ´elastique au prix relatif PN

PT, la courbe d’offre est plate. Le prix relatif reste fix´e `a p0. Si la pr´ef´erence des consommateurs est modifi´ee en faveurs des biens non ´echangeables, la courbe de demande relative se d´eplace de D0 `a D1. Ce d´eplacement de la courbe n’a pas d’effet sur le prix relatif.

On peut noter, cependant, que la modification des pr´ef´erences des consommateurs peut

14Si ces biens sont intensifs en capital, il y aurait en vertu du th´eor`eme de Stolper-Samuelson, une augmentation de la r´emun´eration r´eelle du capital, le raisonnement serait alors sym´etrique

entraˆıner une variation de la part des biens non ´echangeables dans la d´epense totale15 (α dans l’´equation 3.27).

Dans le cas d’une mobilit´e internationale imparfaite des capitaux, une modification des pr´ef´erences des consommateurs induit un effet sur le RER. Une hausse de la pr´ef´erence en faveur des biens non ´echangeables, qui se traduit dans la figure15 par une d´eformation de la courbe de pr´ef´erence en faveurs de ces biens, entraˆıne une diminution de la pente repr´esentant le prix relatif des biens ´echangeables qui passe de q0 `a q1. Cette baisse du prix relatif va inciter les producteurs `a d´eplacer les ressources vers le secteur des biens non ´echangeables et permettre de restaurer de l’´equilibre sur le march´e des biens. On passe, ainsi, du point d’´equilibre initial E0 au point d’´equilibre final E1 qui correspond `a un RER interne plus bas et donc `a une appr´eciation r´eelle.

Une formalisation diff´erente a ´et´e propos´e par Bergstrand (1991) fond´ee sur l’hypoth`ese ”lind´erienne” de la demande16. Le raisonnement repose sur l’hypoth`ese que les pr´ef´erences des consommateurs ne sont pas homoth´etiques, c’est `a dire le sentier d’expansion du revenu n’est pas lin´eaire g´en´erant une ´elasticit´e revenu de la demande de biens non ´echangeables (assimil´es aux services) sup´erieure `a l’unit´e tandis que celle de la demande de biens ´echangeables est inf´erieure `a l’unit´e. Le niveau des prix sont plus ´elev´es dans les pays ayant un revenu par tˆete plus ´elev´e car les biens non ´echangeables sont des biens sup´erieurs tandis que les biens ´echangeables sont des biens de n´ecessit´e. L’auteur illustre cette caract´eristique par une fonction d’utilit´e du type : U (CN, CT) = (CN − CN)α(CT − CT)1−α (3.30) avec CT et CT respectivement la consommation de subsistance incompressible de biens ´echangeables et non ´echangeables. L’auteur montre, alors, que la demande relative des biens non ´echangeables est croissante si la consommation incompressible (pond´er´ee par 1 − α)) est sup´erieure `a celle des biens non ´echangeables. Ces arguments th´eoriques peuvent ˆetre illustr´es dans la figure 16 suivante : En raison d’une plus forte productivit´e dans les biens ´echangeables ou de dotations factorielles plus ´elev´ees, le pays riche R a une courbe d’offre relative OR de biens ´echangeables par rapport aux biens non ´echangeables, situ´ee a gauche de celle du pays pauvre P. Si les biens non ´echangeables sont des biens `a ´elasticit´e sup´erieure `a l’unit´e (biens de luxe au sens de Engel), le pays qui le plus haut revenu par tˆete a une demande relative pour les biens non ´echangeables plus forte et par cons´equent la courbe de demande DR du pays R est situ´ee plus bas que celle du pays P. A l’´equilibre, le taux de change interne du pays riche est plus appr´eci´e (qR< qP).

15Cette caract´eristique n’entraˆıne, cependant, aucun effet dans les ´etudes empiriques en dynamique, car les RER sont mesur´es `a partir des indices de prix `a la consommation construits avec des pond´erations fixes (de l’ann´ee de base).

16L’hypoth`ese de Linder (1961)sugg`ere les pays a haut revenu par tˆete ont, `a l’´equilibre, des demandes plus fortes pour les biens non ´echangeables qui entraˆınent des prix plus ´elev´es pour ces biens.