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4.2 Revue analytique des effets de la d´evaluation

4.2.1 Effets sur la demande agr´eg´ee

La courbe de demande des biens ´echangeables (T) est donn´ee par la loi du prix unique :

PT = ePT = e (4.21)

O`u PT est le prix des biens ´echangeables en monnaie nationale, e le taux de change nominal exprim´e `a l’incertain et P

T le prix mondial de ces biens que l’on suppose ´egal `a l’unit´e.

4La traduction du terme Working capital est le fond de roulement. Nous pr´ef´ererons le terme de coˆut du cr´edit car dans la litt´erature ´economique anglosaxonne, c’est cette id´ee qui pr´evaut g´en´eralement.

La demande de biens T est par hypoth`ese syst´ematiquement ´egale `a l’offre, le commerce ext´erieur assurant les ajustements. La demande agr´eg´ee en volume des biens non ´echangeables, not´ee dN est la somme de la consommation des m´enages (cN), de l’investissement (iN) et de la consommation publique de ces biens (gN) :

dN = cN + iN + gN (4.22)

On analysera les effets de la d´evaluation sur chaque composante de l’´equation (4.22). La consommation et l’investissement seront trait´es s´epar´ement tandis que la consommation publique est incorpor´e `a travers la contrainte budg´etaire de L’´Etat. Le taux d’int´erˆet domestique qui affecte les deux premi`eres composantes de la demande est finalement trait´e s´epar´ement `a la derni`ere section.

Effets sur la consommation

On consid`ere une sp´ecification g´en´erale de la fonction de consommation cN que l’on fait d´ependre du taux de change r´eel q d´efini comme suite :

q = PT PN =

e

PN (4.23)

o`u PN est le prix domestique des biens non ´echangeables.

La consommation d´epend aussi du revenu r´eel (y) re¸cu par les m´enages, net des taxes r´eelles t pay´ees par ces derniers, de la richesse r´eelle (z) et du taux d’int´erˆet r´eel (r − π) o`u r est le taux d’int´erˆet nominal et π le taux d’inflation anticip´ee et d’un param`etre δ qui repr´esente des effets de la redistribution des revenus pouvant affecter la consommation. La consommation cN a alors la forme g´en´erale :

cN = c¡q, y − t, r − π, z, δ¢ (4.24)

Effets des prix relatifs

Un changement de parit´e affecte les prix relatifs et par cons´equent la demande des biens localement produits. Il est n´ecessaire de distinguer l’effet des prix relatifs sur la demande des biens non ´echangeables N et celui sur la demande des biens ´echangeables T. La demande totale (domestique et ´etrang`ere) pour les biens ´echangeables localement produits est parfaitement ´elastique et n’est donc pas affect´ee par la variation des prix relatifs. Une d´evaluation affectera la demande des biens produits localement `a travers ses effets sur la demande des biens non ´echangeables. A revenu r´eel constant, une d´epr´eciation r´eelle du change, c’est `a dire, une hausse

du prix relatif q, entraˆıne une hausse de la demande des biens N. Cet effet de substitution implique que la d´eriv´ee partielle Cq est positive (Cq> 0).

Effets sur le revenu r´eel

La d´evaluation entraˆıne aussi des variations du revenu r´eel qui affecte la demande des biens produits localement. Pour analyser ces effets, on d´efinit le niveau g´en´eral des prix comme suite :

P = PNθPT1−θ = PNθe1−θ (4.25)

O`u θ repr´esente la part des biens N dans la consommation. Le revenu r´eel est donc : y = yNPN P + yT PT P = yN PN Pθ Ne1−θ + yT e Pθ Ne1−θ = qθ−1¡yN + qyT¢ (4.26)

O`u yN repr´esente la production des biens N et yT la production des biens T.

L’effet d’une d´evaluation r´eelle sur le revenu est ´evalu´e en diff´erenciant l’´equation (4.26) par rapport `a q, on a :

dy

dq = (θ − 1)q

θ−2yN + θqθ−1yT (4.27)

Si on d´efinit α comme la part des biens N dans l’output total, c’est `a dire : α = PNyN P y = yN yN + qyT L’´equation (4.27) devient : dy dq = q −1y(θ − α) = q−1y(α− θ) (4.28)

avec θ(θ) la part des biens T (biens N) dans la consommation et α(α) la part des biens T (biens N) dans la production.

L’´equation (4.28) montre que l’impact de la d´evaluation r´eelle sur le revenu r´eel d´epend des parts respectives des biens N dans la consommation et la production. Si la part de consommation des biens N (θ) est sup´erieure `a la part dans la production (α), alors le revenu r´eel augmente. Plusieurs configurations sont possibles :

Supposons, par exemple, que toute la demande de biens N se r´eduit `a la consommation (yN = cN avec donc iN = gN = 0), l’effet net r´eel d´epend de l’´ecart entre la consommation des biens T et de la production yT, c’est-`a-dire du solde de la balance commerciale. Dans le cas d’un d´eficit (θ> α), le revenu r´eel diminue car les biens dont les prix relatifs ont augment´e, ont un poids plus important dans la consommation que dans le revenu.

L’incorporation des biens d’investissement et des d´epenses publiques ajoutent plus de com-plexit´e `a ces relations. D’autre part, la demande de biens N peut aussi s’accroˆıtre en raison d’un plus haut niveau de production de biens ´echangeables. La production du secteur T aug-mente g´en´eralement tant que les prix des inputs n’augaug-mentent pas d’un mˆeme montant que la d´evaluation, c’est `a dire que la d´evaluation nominale se traduit par une d´evaluation effective. Comme nous l’examinerons plus tard, cela d´epend du degr´e d’indexation des salaires et des anticipations d’inflation.

Effets des biens interm´ediaires import´es

La pr´esence de biens interm´ediaires import´es est un autre facteur qui peut avoir, suite `a une d´evaluation, un effet n´egatif sur la demande des biens domestiques localement produits. La raison en est que, sous certaines conditions, les intrants import´es rendent plus vraisemblable la baisse du revenu r´eel dont l’effet sera n´egatif.

La modification que les intrants import´es introduisent dans l’analyse ci-dessus, est qu’ils sont soustraits de la production domestique pour obtenir le revenu national. Une d´evaluation r´eelle, affecte non seulement le niveau du revenu r´eel, mais aussi la valeur r´eelle des biens import´es qui subit deux effets oppos´es : d’une part, la d´evaluation r´eelle accroˆıt le prix relatif des biens import´es en termes de biens de consommation et donc la valeur r´eelle du volume initial des biens import´es ; d’autre part, si le salaire n’est pas totalement index´e, le prix relatif des biens import´es augmente et les producteurs sont incit´es `a substituer le travail aux biens import´es5 et par l`a, une r´eduction du volume des biens import´es. L’effet net est finalement ambigu et d´epend du degr´e de substituabilit´e dans la production et de la fa¸con dont la d´evaluation est transmise aux salaires.

Afin d’illustrer ces effets, supposons que les biens ´echangeables T sont produits avec une quantit´e fixe de capital sp´ecifique et du travail. Les biens non ´echangeables N sont produits avec un intrant import´e et du travail selon une fonction CES avec ´elasticit´e de substitution σ.

En utilisant la relation (4.26), le revenu national devient :

y = yNqθ−1+ yTqθ− mqθ (4.29)

o`u m est le volume des biens import´es utilis´es dans le secteur des biens non ´echangeables. L’effet d’une variation du taux de change r´eel sur le revenu national est alors :

dy dq = q

−1y(θ − α) − θmqθ−1− qθdm

de (4.30)

5Dans le cas de l’Alg´erie, l’estimation ´econom´etrique d’une fonction de production du secteur industriel donne une l’´elasticit´e biens interm´ediaires import´es/travail positive de l’ordre de 0,6 sur la p´eriode 74-96, voirKefif M.B

Le premier terme de l’´equation (4.30) est le r´esultat obtenu sans biens import´es (´equation 4.28). Le second terme repr´esente la hausse du volume r´eel des biens import´es et le troisi`eme terme (qθ dm

de) repr´esente l’effet de substitution.

En supposant la minimisation des coˆuts dans le secteur N, on obtient : dm

de = −mq

−1σθL( ˙e − ˙w) ˙q−1 (4.31)

o`u θL est la part des salaires dans le coˆut total de production des biens non ´echangeables N. Or, ˙q n’est pas ind´ependant de ˙e et de ˙w, car comme q = e

PN et PN est le coˆut unitaire de production, en maximisant le profit, on a :

˙q = ˙e − ˙PN = ˙e − θLw − (1 − θ˙ L) ˙e = θL( ˙e − ˙w) (4.32)

Des ´equations (4.30), (4.31) et (4.32), l’effet net sur le revenu r´eel s’´ecrit : dy

dq = q

−1y(θ − α) + mqθ−1(σ − θ) (4.33)

Le deuxi`eme terme est dˆu `a la pr´esence des biens import´es, il contribue `a la r´eduction du revenu r´eel si θ est sup´erieur `a σ. Dans l’article deKrugman etTaylor (1978), comme les biens interm´ediaires import´es sont compl´ementaires `a la valeur ajout´ee (pas de substitution dans la production, σ = 0), l’effet net est n´egatif.

Notons que si les salaires s’accroissent du mˆeme montant que la d´evaluation nominale ( ˙e = ˙w), aucun effet ne s’exerce sur les prix relatifs des biens : une d´evaluation nominale dans laquelle l’indexation des salaires est compl`ete n’a aucun effet sur le revenu r´eel comme l’ont sugg´er´e

GylfasonetRisager(1984).

Dans le cas o`u le secteur des biens T utilise des intrants import´es, la seule diff´erence est que yT doit ˆetre interpr´et´e comme une valeur ajout´ee — plutˆot que la production— .

En r´esum´e, l’effet net sur le revenu r´eel ajout´e par la pr´esence des biens import´es est ambigu. Il est plausible d’avoir un effet n´egatif quand l’´elasticit´e de substitution entre biens import´es et travail est basse (en tout cas inf´erieur `a θ) et quand la part des biens N est ´elev´ee.

Effets redistributifs de la d´evaluation

Un autre facteur fr´equemment mentionn´e comme cause possible de la baisse de la demande pour les biens localement produits est l’effet qu’exerce la d´evaluation sur la r´epartition du revenu.

Alexander (1952) a trait´e de cette possibilit´e et la pr´esente comme l’un des effets directs de la d´evaluation sur l’absorption. L’auteur indique que cet effet est le r´esultat de deux ´el´ements : l’existence de retards d’ajustement (rigidit´e des salaires) aux nouveaux prix qui provoquent une

redistribution du revenu des groupes de salari´es vers le profit et une redistribution du secteur priv´e vers le secteur public en raison de la structure de taxes existantes. Si les d´etenteurs de capital ont une propension marginale `a d´epenser plus faible que les salari´es ou si le secteur public a une propension `a d´epenser plus faible que le secteur priv´e, l’absorption diminue (pour un niveau donn´e de production).

Il est `a noter, cependant, que tandis qu’Alexander ´etait int´eress´e par les effets sur la balance commerciale et a donc examin´e le comportement de la d´epense totale, nous nous int´eressons aux effets sur la demande des biens domestiques et au comportement de la demande pour les biens particuliers.

Cooper (1971),Diaz-Alejandro(1963)etKrugman et Taylor (1978)6 ont ´etudi´e l’effet d’une redistribution au profit des d´etenteurs de capitaux et ont montr´e que cet effet induit une r´eduction de la demande de l’output domestique si la propension marginale `a d´epenser sur ce type de biens est plus faible pour les capitalistes que celle des salaries. Dans le mod`ele pr´esent´e ici, une d´evaluation r´eelle r´eduit les profits dans le secteur des biens N et accroˆıt ceux du secteur des biens T ; Cependant l’effet net sur les salaires r´eels est ambigu : les salaires r´eels s’accroissent en termes de biens N mais d´eclinent en termes de biens T.

Cooper(1971) mentionne aussi la possibilit´e d’une r´eallocation de facteurs engag´es dans la production domestique vers le secteur expos´e qui dans certains cas, peut r´eduire la demande et dans d’autres induire un boom de d´epense. De plus, `a long terme, quand tous les facteurs sont mobiles, la redistribution du revenu peut d´ependre de consid´erations technologiques. Par exemple, dans le mod`ele Hecksher-Ohlin-Samuelson (HOS), les salaires r´eels et les profits en termes des deux biens d´ependent de l’intensit´e factorielle. Une d´evaluation r´eelle accroˆıt, alors, la r´emun´eration du facteur le plus intensif dans le bien ´echang´e et r´eduit la r´emun´eration de l’autre facteur.

Toutes ces consid´erations impliquent que le mode de r´epartition peut ´evoluer `a travers le temps, au fur et `a mesure que l’´economie s’ajuste `a la nouvelle situation. Le processus d’´evolution de la r´epartition du revenu englobe, alors, les diverses situations mentionn´ees ci-dessus. Premi`erement, les salaires nominaux sont fix´es pour une certaine p´eriode apr`es la d´evaluation, puis les salaires s’ajustent au niveau des prix actuels en raison de la mobilit´e du travail et finale-ment le capital qui est secteur-sp´ecifique finit par ˆetre mobile vers les secteurs les plus rentables. En dehors de ces questions th´eoriques, demeure la question de l’ampleur de l’effet sur la

6Diaz-alejandro examine le cas distinct de la propension marginale `a d´epenser et celle de consommer. Krugman et Taylor supposent que la propension marginale `a investir est nulle et distinguent la d´epense sur les biens T et celle des biens N. Ils supposent que toute la demande finale s’adresse au secteur des biens ´echangeables N.

demande de l’intrant domestique qu’exerce la redistribution en faveur des profits. Alexander souligne le fait que ce qui est important, c’est la propension marginale `a d´epenser et que mˆeme si les d´etenteurs des profits ont une propension marginale `a consommer plus faible que celle des travailleurs, des profits plus ´elev´es peuvent stimuler l’investissement, ce qui accroˆıt l’absorption. Par ailleurs, Diaz-Alejandro(1963) indique que la d´epense d’investissement est souvent plus orient´ee vers les biens ´echangeables que la d´epense de consommation de sorte la demande pour les biens domestiques peut d´ecliner.

Effets de la valeur r´eelle des taxes

Dans la mesure o`u la d´evaluation accroˆıt la pression fiscale r´eelle sur le secteur priv´e en-traˆınant une redistribution du revenu vers le secteur public, cet effet de revenu repr´esente un autre canal par lequel la d´evaluation a un effet contractionniste.

Cet effet peut op´erer soit `a travers la demande de biens domestiques soit `a travers l’offre. Krugman et Taylor(1978)ont indiqu´e que dans un grand nombre de PVD, l’´etat tire ses ressources fiscales essentiellement des taxes sur l’exportation et l’importation. Ainsi, une d´evaluation r´eelle, accroˆıt les taxes r´eelles du secteur priv´e. Cependant, ce r´esultat d´epend du type d’imposition (ad valorem ou taxes sp´ecifiques sur le commerce ext´erieur). Dans la mesure o`u la d´evaluation nominale accroˆıt le niveau g´en´eral des prix, la pr´esence des taxes sp´ecifiques pourrait inverser l’effet soulign´e par Krugman et Taylor puisque la valeur r´eelle des taxes sp´ecifiques pourrait diminuer.

D’autre part, un effet Olivera-Tanzi7 (Oliveraet Tanzi (1977)) peut survenir, ce qui induit une diminution de la valeur r´eelle des taxes durant la p´eriode o`u les prix augmentent, et entrainer un effet expansionniste de court terme sur la demande agr´eg´ee.

Un troisi`eme canal `a travers lequel la d´evaluation peut affecter la demande agr´eg´ee via ses effets les taxes r´eelles support´ees par les m´enages, tire son origine de la variation des pr´el`evements fiscaux pour faire face `a la diminution des ressources fiscales caus´ee par la d´evaluation mon´etaire.

Pour illustrer ce point, ´ecrivons les ressources fiscales r´eelles t :

t = t(q, ˙P , τ ) (4.34)

o`u τ est un param`etre qui capte les effets des taxes discr´etionnaires. Les deux premiers termes repr´esentent respectivement l’effet du aux ´echanges ext´erieurs et l’effet Olivera-Tanzi. La contrainte

7L’effet Olivera-Tanzi d´ecrit la situation dans laquelle les retards de collecte des taxes en p´eriode de grande inflation, induisent une diminution des ressources fiscales en valeur r´eelle.

budg´etaire de l’´Etat sera alors :

t = t(q, ˙P , τ ) = gNqθ−1+ gTqθ+ rqθFG− qθ¡ ˙DG

e + ˙FG) (4.35)

O`u gN et gT repr´esentent respectivement les d´epenses publiques en biens N et en biens T, r le taux d’int´erˆet ´etranger nominal, FG la dette ext´erieure et DG la dette publique.

L’effet de la hausse des taxes li´ees au commerce ext´erieur d´epend de la nature des compensa-tions. Si, par exemple, cette hausse entraˆıne une r´eduction des autres taxes τ , l’effet contraction-niste sur la demande agr´eg´ee peut s’annuler. D’autres compensations sont possibles et donnent lieu `a des impacts diff´erents sur la demande agr´eg´ee : une d´evaluation peut potentiellement affecter chaque variable d´ecrite `a droite de l’´equation (4.35). Plusieurs auteurs ont not´e l’impor-tance de l’existence du stock de la dette (Gylfason et Risager (1984)et Edwards (1986)). Une d´evaluation r´eelle entraˆıne une hausse de la valeur r´eelle du service de la dette.

Comme l’indique l’´equation (4.35), le gouvernement peut financer cette d´epense additionnelle soit en augmentant les taxes, soit en r´eduisant sa d´epense soit en augmentant sa dette aupr`es de la banque centrale ou aupr`es des bailleurs de fonds ´etrangers. Les effets sur la demande d´ependront du mode de financement. Si le gouvernement choisit d’accroˆıtre ses taxes discr´etionnaires (τ ), le revenu disponible diminue et les effets sont contractionnistes. C’est l’effet capt´e par les auteurs cit´es ci-dessus (Gylfason, Risager et Edwards).

Si le gouvernement choisit de r´eduire ses d´epenses et que cette r´eduction porte sur les biens non ´echangeables, les effets contractionnistes sur la demande agr´eg´ee vont exc´eder ceux associ´es `a la hausse des taxes (`a moins que la propension `a d´epenser s’approche de l’unit´e) ; si en revanche, la r´eduction porte sur les biens ´echangeables, les effets contractionnistes seront annul´es. Enfin, si le financement se fait par emprunt, les effets contractionnistes n’apparaissent pas, car la contrepartie de ces emprunts consiste soit en une diminution des r´eserves de change dans le cas d’un emprunt domestique, soit en une augmentation de l’endettement externe dans le cas d’un emprunt externe et ceci n’a aucun impact sur la demande agr´eg´ee.

La d´evaluation affecte aussi la valeur r´eelle des d´epenses publiques. Comme la valeur r´eelle de la d´epense en biens T augmente (car le prix PT s’accroit) et que celle en biens N diminue, l’effet total d´epend de la composition de la d´epense : l’effet net serait une hausse de la valeur r´eelle des d´epenses si cette d´epense a une composition fortement orient´ee vers les biens T. Les cons´equences seraient alors comme celles ´etudi´ees dans le cas de la hausse des int´erˆets dus.

Enfin, l’effet de la d´evaluation sur ces taxes discr´etionnaires d´ependra aussi de la politique mon´etaire. Ce canal est capt´e par le dernier terme de l’´equation (4.35). Si la banque centrale fixe ses montants de cr´edit en termes nominaux, la hausse des prix (suite `a la d´evaluation) r´eduitD˙G

et par suite, n´ecessite un ajustement budg´etaire par augmentation des taxes discr´etionnaires. Si en revanche, le flux ˙DG est index´e aux prix, l’ajustement est complet.

Les questions trait´ees ci-dessus requi`erent plusieurs modifications si le principe d’´equivalence ricardienne est valide. Pour explorer la nature de ces modifications, il est n´ecessaire de modifier la fonction de consommation (4.24) :

c(t) = c¡y(t) − t(t), ρ, z(t)¢ o`u ρ est le taux de pr´ef´erence pour le pr´esent (4.36)

Sous l’hypoth`ese d’´equivalence ricardienne, le secteur priv´e utilise la contrainte budg´etaire du gouvernement pour anticiper les taxes futures. Supposons que le d´eficit public soit toujours financ´e par emprunt ext´erieur. Tout choc sur les taxes, les d´epenses ou paiements d’int´erˆets sera compens´e par une variation de la consommation.

L’introduction du principe d’´equivalence ricardienne introduit certaines modifications aux premiers r´esultats. Quoiqu’une d´epr´eciation r´eelle puisse accroˆıtre la valeur r´eelle des taxes sur le commerce ext´erieur (comme dans le mod`ele de Krugman et Taylor) et ainsi r´eduire le revenu disponible, la demande agr´eg´ee r´eelle ne se contractera pas. Les m´enages financent les taxes par l’´epargne.

La mˆeme analyse s’applique `a l’effet Olivera-Tanzi, les taxes r´eelles peuvent diminuer, ce qui requiert un emprunt ext´erieur additionnel dont les paiements d’int´erˆets futurs seront financ´es par l’augmentation des taxes, mais la d´epense priv´ee demeure inchang´ee. Dans le cas d’une dette publique externe, la d´epr´eciation r´eelle est directement transmise `a la demande priv´ee qui diminue mˆeme si la hausse du coˆut r´eel du service de la dette est financ´ee par un endettement ext´erieur additionnel sans accroissement de taxes pr´elev´ees sur le secteur priv´e.

Effets sur la richesse r´eelle du secteur priv´e